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« première séance aux Jacobins de Bordeaux, dans laquelle « Loyseau, qui faisoit la charge d'avocat du roi, dit entre au<< tres choses qu'ils étoient venus, présidents et conseillers, « pour remettre l'autorité de la justice en ce que les troubles « l'avoient anéantie et y étoit du tout morte, et il déprima <«< entièrement toute la justice du Parlement. » Le Parlement de Paris n'avoit pas à s'émouvoir, car Loisel le met au-dessus de tous les autres et dit : « Parlement qui est demeuré quasi« seul, ferme et stable au milieu des troubles et orages de ce « royaume. » Ce fut la Cour de Bordeaux qui s'émut, et les registres portent : « Le Parlement se plaignit, Loyseau nia ou « expliqua son discours, et les deux corps s'accommodèrent. » Il est probable qu'en faisant imprimer cette remontrance, Loisel retrancha ce qui avoit blessé le Parlement de Bordeaux. Mais on y trouve encore cette phrase conforme au récit du registre : « Afin de renforcer et raffermir l'œil de la justice qui commen« çoit à se ternir et altérer. » M. Grün a interprété la dédicace par laquelle Loisel adresse à M. de Harlay cette première remontrance, deux mois après l'avoir prononcée. Le premier président avoit pu désirer la connoître, sachant l'effet qu'elle avoit produit, mais c'est à Bordeaux que l'émotion s'étoit fait sentir, et non à Paris.

J'arrive à la seconde partie de mon analyse, celle que j'ai annoncée sous le titre de LACUNES.

Pour fixer la naissance de Montaigne, M. Grün cite les Essais qui indiquent le dernier jour de février, mais la durée de ce mois est variable; or, en l'année 1533 il avoit 28 jours, et le dernier étoit un vendredi, c'est donc le vendredi 28 février 1533 que Montaigne est né ; l'annotation des Éphémérides confirme cette date. Peut-être cût-il été bon de rappeler ce fait rare, bien que les exemples de naissances tardives soient assez nombreux, que Montaigne prétend être né après onze mois de gestation. (Liv. II, ch. x.)

M. Grün rappelle que Pierre Montaigne envoya nourrir son fils à un pauvre village des siens; un biographe auroit pu nous

donner le nom de ce lieu, puisqu'il est connu : c'est le hameau de PAPESSUS, composé seulement de quelques maisons, et situé au nord du château. On y voyoit encore il y a quelques années une maison de meilleure apparence que les autres, et la tradition prétendoit qu'elle avoit appartenu à un ancien garde du château; ce pourroit bien être celle qui a abrité Montaigne.

A l'occasion des parrain et marraine de Michel Montaigne, choisis parmi des gens de la plus abjecte condition, M. Grün auroit pu faire ce rapprochement intéressant, que les choses se sont ainsi passées pour Montesquieu, qui eut pour parrain un mendiant. (Notice sur La Brede, par Latapie.)

Dans un ouvrage consacré à étudier Montaigne homme public, il eût été à propos de donner quelques détails sur la première condition de la position sociale qu'il occupoit, sur la terre qui le constituoit SEIGNEUR, cela eût été plus à sa place que ces longs règlements qui remplissent tant de pages et qui sont étrangers à Montaigne.

Pierre Eyquem étoit seigneur de Montaigne et de Balbeyron ou Balveyon, pour lesquels il rendoit hommage à l'archevêque de Bordeaux. Le partage qui eut lieu entre quatre de ses enfants (sur cinq) à sa mort, prouve qu'il possédoit la maison de Montaigne, qui échut à l'aîné, Michel; le fief de la Brousse (1), qui fut dévolu à Pierre; la maison noble de Beauregard (2), dévolue à Thomas; et des biens dans l'île de Macau (3), qui furent le partage d'Arnaud; il devoit posséder aussi la terre des Marrous, qui fut appelée plus tard Mattecoulon (4), laquelle avoit, selon toute apparence, été remise avant la mort de Pierre, à Bertrand Charles, puisqu'il ne figure pas au partage; à moins que cette terre ne lui soit arrivée par alliance; mais M. de Caze

(1) La Brousse étoit situé paroisse d'Estaringnes, juridiction de Montravel. (2) Beauregard étoit dans la paroisse de Merinhac, près Bordeaux. (3) L'ile de Macau, près du Bec d'Ambès, à 18 kil. N. de Bordeaux. (4) Mattecoulon existe dans la commune de Montpeyroux, il appartient encore à la descendance de Bertrand, Charles de Montaigne (famille de Cazevave).

Par occasion, je dirai que ce frère de Michel, auquel M. Grün donne avec raison le titre de gentilhomme de la chambre du roi de Navarre, étoit aussi

nave me dit que Mattecoulon a toujours passé pour un démembrement de la terre de Montaigne; la terre devoit comprendre encore Lagorde, des terres sur la paroisse d'Aysines, etc. (1).

Montaigne, malgré les appréhensions de son père, n'a pas ruiné son domaine, au contraire, il l'a augmenté par deux acquisitions d'une certaine importance:

1o En 1578, une forêt sise sur les paroisses de Montpeyroux et de Saint-Clau, contenant 110 journaux, et appartenant jusque-là à l'archevêque de Bordeaux, pour laquelle Montaigne devoit perpétuellement foi et hommage à l'archevêque, une paire de gants apprêtés et cinq sols tournois pour une fois payés à muance de vassal. C'est probablement la forêt dite de Bretanord, aujourd'hui Saint-Clau, celle dans laquelle a chassé le roi de Navarre.

2o En 1579, une rente de 500 francs bordelais que lui cèdent les MM. Pichon, qui avoient prêté à la ville de Libourne 3300 qu'elle avoit dû payer au roi (2).

J'ajouterai quelques chiffres qui pourront donner une idée de la fortune de Montaigne.

gentilhomme de la chambre du roi de France (j'ai des actes qui le prouvent); il étoit seigneur de Mattecoulon, de la Gasquerie et de Théaujan. Ainsi les deux frères avoient les mêmes titres auprès du roi de France et du roi de Navarre. Aujourd'hui on dit plus communément Chateau de Montpeyroux que Mattecoulon.

J'ajoute ici deux notes intéressantes relatives au titre de gentilhomme de la chambre. De ce fait que Montaigne place en tête de ses livres son titre, M. Lapeyre conclut qu'il devoit avoir la moitié des émoluments attachés à cette charge; c'est l'induction qu'on doit tirer de cette partie de l'ordonnance de Henri III, donnée à Paris en 1576, dans laquelle il est fait défense de prendre le titre d'officier de la maison du roi si l'on n'est actuellement servant ou résidant dans la maison à moitié gages. (Conférences des ordonnances, par Girard, p. 1447.) M. Grun place entre 1570 et 1580 la nomination de Montaigne comme gentilhomme de la chambre; il l'étoit déjà en 1578. (Achat d'une forêt du temporel de l'Église; 2 juillet.)

(1) Mme de Montaigne possédoit, et son mari a sans doute possédé, la forêt de Certes en Buch, car le 6 mai 1604 elle fait don aux Feuillants de 25 pieds d'arbres à prendre dans cette forêt. (Les Feuillants de Bordeaux, par M. Lamothe.)

(2) Montaigne, sincère en tout, dit dans les Essais, en parlant de cette prédiction de son père : « Il se trompa, me voici comme j'y entrai, si NON UN PEU MIEUX. On voit qu'il dit vrai.

A son décès la succession a été estimée 90 mille livres, savoir 60 mille livres pour la terre, et 30 mille livres de créances, ce qui confirme ce que Montaigne dit dans les Essais que le meilleur de son revenu est manuel, c'est-à-dire en biens fonds; en prenant pour base de l'intérêt payé à Montaigne le taux fixé par une des sentences du procès qu'a engendré son testament, savoir: 1826 13 s. 4 d., pour 27,400 *, c'est-à-dire à peu près 6 fr. 67 pour cent, le revenu des 30 mille francs de créances devoit produire 2000 fr. par an, lesquels joints au revenu de la terre, estimé à plus de 4000 fr., constituaient les six mille francs de rente, ou à peu près, dont Montaigne parle dans les Essais.

Lorsque la terre sortit de la famille, au commencement de ce siècle, elle fut vendue 120 mille francs; trente ans plus tard, elle fut estimée 224 mille francs; elle vaut aujourd'hui plus du double de cette somme.

Éléonore de Montaigne a reçu 20,000 de dot.

Sa mère, Françoise de La Chassaigne, avoit apporté à Montaigne 7000 fr.; une sœur de ce dernier, Marie, qui épousa M. de Cazelis, reçut une dot de 1500 écus à 60 sols pièce; cette somme avoit été payée par Michel de la manière suivante : « Six vingt-deux écus d'or sol, six vingt-dix-neuf écus pistolets, << douze ducats, mille retz, cinq cents guarnes de testons, mille « francs d'argent de vingt sols pièce faisant en tout ladite somme de 1500 écus. >> (M. FRANCISQUE MICHEL.) Jeanne sœur de Montaigne et Jeanne de Bussaguet sa nièce apportèrent chacune 4000 fr. de dot.

Lorsque la terre sortit de la descendance de Montaigne elle se composoit des domaines de Gondoy, Sidon, Manége, Letang, Claudy, Fourquet, Pagnac, Marcon et la Thuilerie; la contenance étoit d'environ 850 journaux (représentant en moyenne 350 hectares, selon qu'on compte en journaux de Périgueux ou en journaux de Velines). (Renseignements de M. DELPIT.) Une autre lacune non moins importante est relative aux PATRONAGES. M. Grün a vu dans les Essais que Montaigne pos

sédoit, avec le baron de Caupène, le droit de patronage sur la cure de Lahontan; il y avoit à ce sujet quelque chose à dire, car c'étoit encore là une position publique. On pouvoit au moins indiquer la situation de Lahontan (département des Basses-Pyrénées, arrondissement d'Orthez, canton de Salies; Lahontan, Cauna et Caupène sont voisins). Ce fut cette terre de Lahontan qui constitua la baronnie du célèbre voyageur du XVIIIe siècle. Mais ce baron de Caupène! qu'est-ce donc? Ce n'étoit rien moins que le fils de MONTLUC, Pierre Bertrand, dit le Capitaine Perrot (et plus tard le fils de celui-ci). La femme du premier, Marguerite de Caupène, fille unique et héritière de François de Caupène et de Françoise de Cauna, lui avoit apporté ces deux seigneuries. Le baron de Caupène, dont parle Montaigne dans les Essais, étoit le deuxième fils de celui-là, Charles, seigneur de Caupène, qui testa en 1595.

Il paroît d'ailleurs que ce droit de patronage sur la cure de Lahontan a donné lieu à beaucoup de difficultés, car parmi les pièces originales fort intéressantes que je possède sur ce droit, il en est une de 1572 par laquelle Charles IX renvoie devant le parlement de Toulouse la dame de Caupène (veuve alors) et Michel Montaigne, la première agissant pour : « sujet du ⚫ patronage qu'elle prétend avoir de la cure de l'église paro«chiale de Lahontan, à l'encontre de maître Antoine Brisseau, << prêtre, soi-disant curé de ladite cure, ne faisant que prêter << son nom à maître Pierre Eyquem, chanoine de l'église cathé«drale de Saint-André de Bordeaux, et Micheau Eyquem, << seigneur de la Montaigne (sic), conseiller de la cour, pré<< tendant être patrons. » Et antérieurement, en date du 25 novembre 1533, Guillaume Carot, vicaire général de l'archevêque d'Auch écrit une lettre (communication de M. Delpit) en faveur de Ramon Eyquem, licencié en droit, auquel il accorde la cure de Lahontan, à laquelle il avoit été présenté par Pierre Eyquem et Anne de la Forcade, patrons de ladite église, et que refusoit d'admettre l'évêque de Dax.

Mais Montaigne possédoit encore un droit dont M. Grün ne

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