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parle pas, le droit de litre dans l'église des Feuillants, comme acquéreur des droits de la maison de Vaquey, sur les fonds de laquelle ladite église avoit été bâtie. (Arrêt du Parlement rendu en 1601, à propos du chapitre de Saintes, communiqué par M. Delpit.) (1).

Montaigne dit, au sujet des lettres de bourgeoisie romaine : « N'étant bourgeois d'aucune ville, je suis bien aise de l'être. « de la plus noble qui fut.... » M. Grün semble admettre que Montaigne se trompe ici, car, dit-il : « L'élection à la mairie de «Bordeaux supposoit nécessairement le droit de bourgeoisie. » Je ne sache pas que cette dernière opinion soit prouvée; rien n'indique que MM. de Lansac, Matignon, Biron fussent bourgeois de Bordeaux, et le dire de Montaigne est positif (2).

M. Delpit pense que Montaigne, fils, petit-fils, arrière-petitfils de bourgeois, doit être regardé comme bourgeois de Bordeaux, mais il ne juge pas que cette qualité fût nécessaire pour être élu.

M. d'Etcheverry, si compétent sur l'histoire de Bordeaux, et qui connoît si bien les pièces confiées à sa direction, a la bonté de me transmettre une note dans laquelle je trouve : « Les « jurats s'empressoient d'offrir, gratuitement et sans enquête, « des lettres de bourgeoisie aux maires, lieutenants généraux « de la province, etc. On trouve dans les registres de 1761 les « lettres de bourgeoisie offertes à M. de Ségur Cabanac, sous

(1) LITRES ou Ceintures funèbres, bandes ou traits de peinture noire d'une largeur de deux pieds au plus, mises tout autour d'une église ou chapelle, en dedans ou en dehors, en signe de deuil du patron ou du seigneur haut justicier, sur lesquelles les écussons des armes sont peints de distance en distance. Le patron et le haut justicier jouissoient seuls de cette prérogative refusée aux seigneurs moyens et bas justiciers féodaux ou censiers.

(2) Parmi les nombreuses sources citées par M. Grün au sujet de la mairie de Bordeaux, je ne me rappelle pas avoir vu l'ouvrage spécial intitulé: Recherches historiques sur l'office de maire de Bordeaux, par Marie de Saint-Georges de Montmerci, 1785, in-8, lequel a été reproduit textuellement dans une série de feuilletons du Mémorial bordelais, en 1837, par un jeune enthousiaste de nos vieilles chroniques, qui a oublié de nommer l'auteur dont il reproduisoit le travail.

«maire; en 1769, à M. le maréchal duc de Richelieu, gou<< verneur, etc.

En 1762, un descendant de Bussaguet (l'oncle de Michel Montaigne), justifie de sa qualité de bourgeois, en arguant « qu'il descend de Grimon Eyquem, qui l'étoit. En 1663, «Guillaume de Montaigne ayant perdu les lettres de bour«geoisie de la famille, prouve dans le même but sa descen« dance de Grim. Eyquem. (Tabl. des Bourgeois, tom. II.) (1).

Ce qui précède montre donc l'hérédité pour le droit de bourgeoisie. A ce titre Montaigne devoit être bourgeois de Bordeaux, mais cette qualité n'étoit pas nécessaire pour la mairie. Comment se perdoit-elle ? Montaigne habitant le Périgord l'avoit-il perdue? A cette occasion, M. Grün auroit pu annoncer à ses lecteurs une nouveauté qui n'est pas sans intérêt. Un très petit nombre de personnes supposent, d'après un renseignement inexact donné par Haenel (2), que l'original des Lettres patentes de bourgeoisie romaine se trouve à la bibliothèque de l'Arsenal. Malheureusement il n'en est rien, la pièce en question est une traduction faite en 1686, je ne sais dans quel intérêt, par un interprète de Bruxelles, dont la qualité et l'écriture sont constatées et légalisées. En tête se trouve un joli dessin des armoiries, mais inexactement reproduites; la patte étant placée en pal au lieu d'être en fasce. Seroit-ce celles des Montaigne des Essarts?

Mais M. Grün a laissé sur ce point de la bourgeoisie une lacune importante: postérieurement à l'époque à laquelle Montaigne disoit ne la posséder dans aucune ville, il devint BOURGEOIS DE LIBOURNE; les papiers de la famille Ferrand, cités par Souffrain, portent que LE SEUL Michel de Montaigne obtint des

(1) Au xvIe siècle, la qualité de bourgeois se payoit 4 à 5 écus, et cet argent étoit ordinairement donné aux pauvres; cependant on trouve quelquefois dans les registres : «MM. les jurats ont donné un bourgeois (c'est-àdire l'argent reçu pour la réception d'un bourgeois) à M. le sous-maire, etc. (M. D'ETCHEVERRY.) (2) Catalogi libr. manuscript. qui in Biblioth. Galliæ, Helvetiæ, Britan niæ M. asservantur, Lipsia, 1830, in-8, col. 339, n. 179.

Lettres de bourgeois d'honneur, qu'il accepta avec reconnaissance. Cette bourgeoisie conféroit un grand avantage les bourgeois avoient seuls la faculté de faire entrer leurs vins sans payer aucun droit au roi, et les vins autres que ceux de la sénéchaussée ne pouvoient descendre à Libourne que vers Noël, afin de donner le temps aux Libournois de se défaire des leurs.

Dans un livre où l'histoire générale occupe tant de place, c'eût été le cas de faire ressortir une circonstance fort remarquable à laquelle Montaigne fait allusion dans une phrase que cite M. Grün, page 52: « Souvienne-vous en quelle bouche « cette année passée l'affirmative d'icelle (s'il est permis de << s'armer contre son prince) estoit l'arc-boutant d'un party, « la négative dequel autre party c'étoit l'arc-boutant : et oyez « à présent dequel quartier vient la voix et instruction de « l'une et de l'autre....... » Montaigne fait allusion évidente à ce revirement d'opinion des catholiques et des protestants, à l'occasion de la mort du duc d'Anjou, en 1584, indiqué par Bayle (Art. Sainctes), Labitte (Prédicat de la Ligue), Mézerai, et pour une époque antérieure par Bossuet (Variat.)

La réforme, quoique d'origine aristocratique (c'est l'avis de Châteaubriant), s'appuyoit, en France, sur la démocratie et soutenoit que le peuple peut déposer les rois et tuer les tyrans, afin de faire arriver à la couronne un prince qui n'étoit pas dans la ligne héréditaire; les catholiques, de leur côté, pour éloigner du trône un prétendant protestant défendoient le principe de l'hérédité linéale. La mort du duc d'Anjou renversa les rôles. Les opinions jusque-là défendues par les protestants pouvoient être invoquées en faveur du duc de Guise contre le roi de Navarre, qui avoit alors la légitimité pour lui; les catholiques, au contraire, se trouvoient, en soutenant la légitimité, favoriser un hérétique; chaque parti abdiqua donc son opinion passée pour prendre celle de son adversaire, et c'est ainsi que Montaigne a été amené à écrire la phrase ci-dessus, et la preuve que cette interprétation est exacte, c'est que la phrase

ne se trouve pas à l'édition de 1580, et qu'on la rencontre à celle de 1588; le duc d'Anjou étoit mort dans cet intervalle de temps.

Page 248, M. Grün mentionne la lettre de recommandation en faveur de M. de Verres, adressée par Montaigne à Claude Dupuy, mais il ne s'en occupe pas davantage.

Il seroit curieux de savoir quel est ce personnage nourri en la maison de Montaigne, qui lui étoit fort ami. Ce nom n'appartient pas au Midi, ne seroit-ce pas M. de Guerre ? Celui-ci est un nom de la province (Martin Guerre, à Toulouse); une famille qui le portoit étoit très liée avec celle de Montaigne, elle est restée amie et elle a contracté des alliances avec la descendance de Mattecoulon. Un de Guerre figure au contrat de mariage d'un membre de cette branche, Jacques de Cazenave, en 1746. On sait que dans nos provinces méridionales on substitue volontiers le V au G. Montaigne lui-même dit Walles pour Galles. Cette transformation se retrouve d'ailleurs fréquemment dans les langues étrangères en latin Vasco, Gascon, vastare, gâter; Vulpillus, Goupillon; etc. En allemand Winner, gain; Wafer, gaufre; les Picards ont toujours prononcé le G comme le V: Wede, pour Guede; WERRE, pour GUERRE. Cette opinion est tout à fait celle de M. de Caze

nave.

J'arrive enfin au 3o paragraphe de cet examen, celui que j'ai consacré aux Erreurs.

M. Grün se plaint qu'on ait voulu ravaler l'origine de Montaigne; il s'indigne contre Scaliger, qui a dit que le père étoit vendeur de harengs! Et quel mal y auroit-il donc à ce qu'il en fût ainsi? Il me semble que Montaigne n'auroit rien à y perdre, et que les marchands de harengs auroient seuls à y gagner! Scaliger pouvoit être mauvaise langue, mais ce n'étoit pas un sot, et il eût été par trop maladroit de risquer une allégation qui pouvoit être démentie par un grand nombre de contemporains; il a pu se tromper sur le degré d'ascendance; mais malheureusement il n'a pas erré sur

le fait principal, et Montaigne compte des marchands parmi ses ayeux (1).

Ramon Eyquem, grand-père de Pierre, est qualifié marchand et bourgeois de Bordeaux dans un contrat d'acquisition de terre du 8 mars 1452. En 1457 et 1475 il est, dans des actes de même nature, qualifié seulement honorable homme; dans son testament, écrit en 1473 et ouvert en 1478, on lit: « Jo Ramon Ayquem, marchant, parropiant de la gleysa de Sent Miqueu et borgues de Bordeu. »

Un frère de Ramon Eyquem, Ramon de Gaujac, alias Locodot, est, dans un contrat de vente du 18 novembre 1467, qualifié marchand, de la paroisse Saint-Michel.

Le reste de la famille semble être dans la même position. D'un acte de partage en date du 15 novembre 1508, il résulte qu'Ysabeau de Verteuil, nièce de Grimon Eyquem et cousinegermaine de Pierre, étoit mariée à un Dufleys, fils de Bern. Dufleys, marchands et paroissiens de Saint-Éloi.

(Ces divers actes m'ont été communiqués par M. Delpit.)

Il ne reste donc plus à discuter que la qualité de la marchandise; mais M. Grün n'y tient probablement pas plus que moi, et j'avoue que j'aimerois mieux apprendre que Montaigne a été luimême marchand de poisson, que d'être obligé de croire à la flétrissure de sa carrière administrative.

Quant à l'ancienneté de la noblesse, M. Grün se borne à dire que Montaigne est de bonne famille. Ce n'est pas assez, puisqu'enfin ce titre de SEIGNEUR est un des principaux de sa vie

(1) Bernadau (Viographe bordelais) fait dire à Scaliger ce que je ne trouve pas dans l'édition du Scaligerana que j'ai sous les yeux : « Que Montaigne descendoit d'un pêcheur breton qui se fit vendeur de harengs à la Roussette (quartier de Bordeaux) »; Bernadau trouve la chose probable, parce que près du port il existoit une impasse du nom de Montaigne. Prunis conteste l'exactitude de cette révélation; il dit avoir vu des titres qui remontoient jusqu'à 1400, et que les ancêtres de Montaigne, tous gentilshommes, y sont constamment nommés damoiseaux, domicelli (gentilshommes qui n'étoient pas chevaliers); il est probable que Prunis aura vu des pièces relatives aux possesseurs antérieurs de la terre (à des MONTANHA), mais non aux Eyquem.

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