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François de Pierson, baron de Courval, colonel au service de la Hollande, trouva fort inconvenantes les plaisanteries que s'étoit permises l'auteur du Congé des troupes d'Hollande. Afin de donner plus de poids à sa réfutation, il la dédia au prince d'Orange, et y ajouta un avis au lecteur, ainsi que six pièces de vers françois, signées par des poëtes fort inconnus au Parnasse, mais dans lesquelles on exalte le courage militaire et les talents littéraires du colonel. Il paroît que le baron de Courval étoit tombé en disgrâce près du prince d'Orange; car on lit dans la dédicace : « Sans votre << protection, ce petit ouvrage seroit exposé à la fureur des médisans, tout ainsi que son auteur..... Je scay que la croix est mon lot, et je rend grâce à mon testateur du don qu'il m'a faict, puisque sa volonté est « telle.... Ce sera sur ce pied-là que je m'efforceray cy-après de marcher, ⚫ afin de pouvoir à l'advenir mériter mieux les grâces de Vostre Altesse, << que je n'ay fait par le passé. On lit encore dans la Prédiction sur l'horoscope de M. le baron de Courval, tirée par deffunt le grand et sçavant M. de Gassendi, l'an 1648 :

L'an mil six cents septante neuf,

En despit de la médisance,
Courval aura un habit neuf

Et sortira de l'indigence.

Courval, tu rentreras en grâce,
Tes ennemis fileront doux,

Te voyant chéry du Parnasse.

La réfutation du colonel Pierson pourroit bien être une réclame renforcée par les éloges hyperboliques que renferment les pièces liminaires. L'auteur avoue, dans l'avis au lecteur, qu'il est un poëte à la douzaine; il auroit pu ajouter que la langue françoise lui étoit peu familière. « Je m'estois « oublié de t'advertir que si je puis apprendre que ma façon d'escrire te « soit agréable, je te donneray dans peu l'histoire véritable des avantures de ma vie, sous le tiltre du baron avanturier, où tu trouveras des ⚫ enchasnements remarquables de bonne et de mauvaise fortune. Il est à croire que les encouragements ont manqué à l'auteur, et que la'postérité a été privée des Mémoires du baron aventurier.

La seconde réfutation est plus sérieuse et mieux écrite que celle du baron de Courval. L'auteur anonyme de cette satire critique tour à tour le Congé des troupes d'Hollande et la réfutation du colonel hollandois. Voici comment il traite dans sa préface les panégyristes de la réfutation : « Si je ⚫raille un peu les approbateurs de la réfutation, ils doivent s'en prendre « à eux-mesmes, puisqu'ils semblent avoir affecté de se rendre ridicules << par leurs expressions, afin de rehausser la beauté des vers de leur héros « par la bassesse de leur style. » On trouve dans cette pièce de vers des détails historiques assez remarquables.

Ces trois opuscules sont d'une grande rareté, et il est difficile de les trouver réunis.

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307. DISCOURS Satyriques et moraux, ou satyres générales (par Louis le Petit). Imprimé à Rouen et se vend à Paris, 1686, in-12, veau fauve, fil., tr. dor.(Niédrée.) Ce petit volume, dont l'auteur a été brûlé et pendu en place de Grève, contient douze satires précédées d'une lettre en vers, à Monseigneur le duc de Montausier. « Cette lettre est une espèce de satyre, où l'auteur dit « qu'on ne peut rien écrire qui soit nouveau, toutes sortes de matières ⚫ étant épuisées. Qu'il n'y a que le tour que l'on donne aux pensées qui les • fait paroître nouvelles........... » Immédiatement après vient la première satire. Elle est contre l'ambition, contre l'avidité des richesses et contre ⚫ la volupté.... » — Satire II. Elle est contre beaucoup de défauts et de ⚫vices en général; et par les portraits d'un médisant de profession et de ⚫ celui d'une dame déterminée à faire toujours l'amour, l'autheur fait voir que l'on ne se corrige guère des vices d'habitude. Satire III. L'autheur y fait voir que la vie de la cour n'est pas la plus heureuse; qu'il faut avoir une grande force d'esprit pour s'y gouverner en hommé sage, et que la vertu y court de grands risques. Satire IV. Elle roulle sur ces paroles du Sage: Le nombre des fous est infini. L'autheur dit que la folie gouverne souverainement l'esprit de l'homme, que sans elle il n'auroit pas de quoy s'occuper, et par diverses peintures des professions que l'on embrasse, il montre que tout est folie. » - Satire V, en forme de dialogue, Chrysante, Léonce. On y voit, sous le nom de Chrysante la peinture de ces gens de la lie du peuple devenus riches en peu de temps, insatiables de biens, insolens dans leur bonne fortune; et sous celui de Léonce, la peinture d'un homme de qualité, sage et content de la fortune médiocre. » - Satire VI. — « C'est une peinture de la vie libertine de certains abbez, qni font un mauvais usage du bien d'Église; et l'autheur fait voir que le désordre des mœurs vient de ce que l'on embrasse des conditions sans examiner si l'on y est propre. - Satire VII. « Elle roule sur la misère de l'homme, le plus à plaindre de tous les animaux, qui a mille ennemis à combattre, qui s'en fait tous les jours de nouveaux, et qui est bien hors du bon sens d'aimer passionnément la vic, et de faire tout ce qui la détruit. » - Satire VIII. « Maugis, Urgande. Cette satyre est contre les vieilles coquettes. Satire IX. Elle est contre la Critique. »Satire X. « Contre la guerre. » Satire XI. Contre le mensonge dont le monde fait profession, et que l'autheur fait voir par la peinture de diverses sortes de menteurs. » Satire XII. Elle est contre la Mode. L'autheur en fait voir les abus, et que non-seulement elle règne sur quantité de choses indifférentes, mais qu'elle s'étend aussi sur les mœurs, et mesme sur les choses les plus sacrées. » A la suite de ces satires, on trouve une lettre morale (en vers) à Melle ***, dont la fortune n'estoit pas bonne, et des stances satyriques contre les mensonges et les extravagances des poëtes.

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308. GACHET D'AVRIGNY. Relation de ce qui s'est passé

dans une assemblée tenue au bas du Parnasse, pour la

réforme des belles-lettres. Ouvrage curieux et composé de pièces rapportées, selon la méthode des beaux esprits de ce temps (par Gachet d'Avrigny). Amsterdam, 1739; 1 vol. pet. in-8, relié...

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Le Parnassse réformé et la Guerre des auteurs, par Guéret, trouvèrent promptement des imitateurs. En 1687, de Caillère publia son Histoire poétique de la guerre entre les Anciens et les Modernes; en 1704, l'abbé de La Bizardière fit imprimer ses Caractères des auteurs anciens et modernes. Ces deux critiques suivirent le plan adopté par Guéret, mais ils ne surent point repandre dans leurs ouvrages l'enjouement qui distingue le Parnasse réformé. Enfin, parut, en 1739, la Relation d'Antoine Gachet d'Avrigny, chanoine, né à Vienne (Dauphiné) le 8 novembre 1706, et mort le 6 mai 1776.

Voici comment d'Avrigny parle de son livre : « J'ai travaillé sur le plan de ces auteurs (Guéret, de Caillère, etc.), et je me flatte d'avoir réussi. « L'idée que j'ai suivie, la variété des matières, la finesse des pensées, le « tour de l'expression, tout plaira à un lecteur éclairé. Ce qui surprendra le plus est la vaste érudition qui règne dans cet ouvrage. Pour s'en con« vaincre, il n'y a qu'à jeter les yeux sur la table qui suit cette préface : on y verra avec étonnement les noms de près de 500 auteurs. » Faut-il prendre au sérieux ces phrases fort peu modestes, ou n'est-ce qu'un badinage? Nous n'osons décider la question. Toujours est-il que cet ouvrage contient des anecdotes curieuses sur plusieurs écrivains anciens et modernes, que la critique est judicieuse, et que la Relation de Gachet d'Avrigny est un supplément indispensable au Parnasse réformé de Guéret.

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Un passage de ce volume intéresse les bibliophiles, et par ce motif, nous nous empressons de le citer: «Inutilement nous direz-vous qu'il faut bien a que votre ouvrage soit excellent (le chef-d'œuvre d'un inconnu), puisqu'il a été acheté dix écus pour la bibliothèque du cardinal de Rohan ; « la cherté d'un livre n'en prouve nullement la bonté. N'a-t-on pas vu des « curieux pousser la folie jusqu'à donner quatre louis de l'Histoire et plaisante Chronique du Petit-Jehan de Saintré? L'ouvrage intitulé Liber « conformitatum, etc., auth. Bartholomeo de Pisis, est hors de prix, et « valoit 50 écus du temps de Scaliger. Deux petits volumes de Servet «furent vendus 450 livres à la vente de la bibliothèque de M. Du Fay. Avec « quel empressement ne recherche-t-on pas les Pensées de Simon Morin, « le Teatro Jesuitico, les Très merveilleuses victoires des femmes du nouveau « monde, de Guillaume Postel; les Euvres de Marot, de l'édition de • Nyort, l'Athénée de Marolle, dont on ne tira que vingt-cinq exemplaires, ⚫et cent autres ouvrages pareils, qui ne sont recommandables que par « leur rareté. »

La Relation de l'assemblée tenue au bas du Parnasse a été imprimée avec les Mémoires d'histoire, de critique et de littérature, du même auteur; Paris, Debure, 1749-56; 7 vol. in-12.

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309. GARNIER. Briefue et claire confession de la foy chrestienne, contenant cent articles, selon l'ordre du symbole des apostres, faicte et declairée l'an 1549, par Jehan Garnier. S. l. n. d. (Strasbourg?); 1 vol. pet. in-8, chagr., fers à froid, tr. dor. (Clarke.)... 40- » J. Garnier avoit professé la religion catholique avec tant de zèle, qu'il s'accuse d'avoir persécuté (voire jusques à la mort) ceux qui enseignoient ce mesme que maintenant il croit et confesse. C'étoit sans doute un moine défroqué qui vint se réfugier à Strasbourg. Il dédie son livre à toute la petite église françoise de Strasburg, assemblée pour l'Évangile. Cette profession de foi calviniste est une longue paraphrase du Symbole des Apôtres que l'auteur publie pour servir de modèle à tous ceux qui voudront entrer dans la petite église; attendu qu'avant d'être admis, chaque candidat étoit tenu d'exposer publiquement ses principes religieux. Au-dessous du titre, est placée cette épigraphe: Le cueur croyt pour justice, mais la bouche confesse à salut. Rom. 10. · Quand sera-ce? On lit encore ces môts à la fin du volume: Quand sera-ce? question qui fait notre désespoir. A chaque désir, à chaque projet que nous formons, une voix ironique murmure à notre oreille: Quand sera-ce? Et, impuissants que nous sommes, nous nous taisons, car Dieu seul peut répondre.

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310. GUERET. Le Parnasse réformé et la guerre des auteurs, par Gueret, avocat au parlement de Paris. La Haye, 1716, 1 vol. in-12, fr. gr., relié......

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Gabriel Gueret, né à Paris, en 1641, mourut dans la même ville, le 22 avril 1688. Les écrits qu'il a publiés, donnent une idée avantageuse de son goût et de ses talents. Le Parnasse réformé fut imprimé pour la première fois, à Paris, 1668; la Guerre des auteurs parut en 1671. C'est une satire ingénieuse, pleine d'érudition et de bonnes plaisanteries. On y trouve, en outre, de curieux détails sur un grand nombre d'auteurs anciens et modernes, ainsi que sur leurs œuvres. Des citations bien choisies ajoutent encore à la gaieté de cet ouvrage. (Voyez Gachet d'Avrigny, no 308.) 311. L'HISTOIRE et discours au vray du siége qui fut mis

devant Orléans par les Anglois, le mardi xi jour d'octobre 1428,... avec la venue de Jeanne la Pucelle, et comment elle fist lever le siége de devant aux Anglois (par Léon Trippault). Orléans, Oliv. Boynard, 1611, pet. in-12, mar. r. tr. dor. (Rel. angl.)...... 48-->>

Au verso du titre se trouve un charmant portrait de Jeanne d'Arc. Bel exemplaire.

312. HISTOIRE macaronique de Merlin Coccaie, prototype de Rabelais, etc. Paris, Toussaint Dubray, 1606, 2 vol. pet. in-12, d.-rel. mar. rouge. (Bel exempl.).. 24-»

Théophile Folengo, d'une noble famille de Mantoue, né en 1490, d'abord bénédictin du Mont-Cassin, jeta le froc aux orties et se mit à courir l'Italie avec une femme qu'il aimoit, composant des poésies dites macaroniques dont il est probablement l'inventeur et où il n'a point d'égaux. C'est un mélange de latin, d'italien et surtout de mantouan, mais toujours avec des terminaisons latines, et qu'il publia sous le nom de MerlinusCoccaius. Folengo mourut après être rentré dans les ordres, en 1544.

L'auteur de cette traduction n'est point connu; elle m'a paru fort peu exacte, autant que j'en ai pu juger; d'ailleurs le patois de Mantoue est très difficile à comprendre.

Cependant l'original contient une petite pièce pastorale, intitulée : Zanitonella, qui m'a paru un véritable chef-d'œuvre de naïveté et de grâces: le traducteur l'a entièrement passée sous le silence. Il s'est borné aux aventures d'un héros imaginaire nommé Baldus, et à la longue description d'une bataille entre les mouches et les fourmis.

Théophile Folengo est auteur Della vita di Cristo, Venise, 1578. C'est un poëme en dix chants par octaves, illustré de figures en bois fort jolies. (VIOLLET-LE-Duc.)

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313. Les jeux de l'incognu. Paris, au Palais, 1630. Le Herti, ou l'Universel, 1630. La Blanque des marchand meslés. A très déliée, très menue et très maigre demoiselle. (Sans date.) - Discours académique du ris, prononcé en l'Académie de Philarètes, et discours du ridicule. (Sans date.) Réunis en un seul vol. in-8, v. fauve......

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« Bien que la dédicace de ce livre singulier, adressée au prince Henri de Savoie, duc de Nemours et d'Aumale, soit signée Devaux, l'ouvrage est d'Adrien de Montluc, comte de Cramail, petit-fils du célèbre maréchal de Montluc. Mathurin Régnier lui a adressé sa deuxième satire. C'étoit un honnête homme et un homme d'esprit. Il est auteur de la comédie des Proverbes et des Jeux de l'inconnu. On ne pouvoit préluder plus gaiement à un dénouement plus triste et plus malheureux ayant encouru l'animadversion du cardinal de Richelieu, le comte de Cramail subit à la Bastille une détention de douze années; il n'en sortit qu'infirme en 1642, et mourut en 1646 âgé de soixante-quatorze ans.

Il est difficile de trouver réunies toutes les pièces qui composent ce volume. Les Jeux de l'inconnu sont des satires en prose contre le style

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