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C'est peut-être en revenant de quelque mission de ce genre et encore en train de parler aux princes et aux seigneurs, qu'il s'arrêta devant le château de Gaillon, où étoit de retour de Rome le cardinal de Bourbon, à qui il fait un peu hyperboliquement sa cour, le comparant au soleil, comparaison dont les poëtes ont usé et abusé. Que le cardinal de Bourbon soit le soleil, la preuve en est qu'il a suffi de son absence pour faire geler les vignes cette année. Mais voici qu'à son retour, en ce mois de septembre 1555, partout le raisin mûrit, nouvelle preuve de la justesse de la comparaison :

Gaillon, Louviers et Duroule les costes,

Aïant senti ce soleil revenu,

Ja desja présentent aux hostes

Le raisin tout noir devenu.

A ce même prélat et dans la même élégie, le poëte exprime d'une façon assez gentille les sentiments de la Normandie quand les conclaves l'appellent à Rome. Cette Normandie est alors comme une mère inquiète de son fils absent, et qui sur le rivage interroge les mariniers, sans oublier les cierges qu'elle voue et fait brûler dans les églises.

Terminons cette revue de Jean Doublet en mentionnant une de ses plus gracieuses élégies. C'est une antique comparaison que celle que l'on a faite des poëtes à la cigale: comme elle, ils chantent en effet, et, comme elle, arrivent sans prévoyance, sans soin de l'avenir, à l'hiver, c'est-à-dire à leur dernière saison :

La cigale ayant chanté

Tout l'été,

Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.

Jean Doublet, nous l'avons vu, avoit de quoi braver l'hiver, grâce à ce petit fonds normand et à cette vigne dont il nous a

parlé; il ne s'en compare pas moins à la chanteuse des prés. << Toi, dit-il à un médecin, son ami, à qui son élégie est adressée, toi, tu t'immortalises en prolongeant la vie humaine; nous, chétifs, qui ne nous plaisons qu'aux sons de cette lyre dont Apollon nous tient affolés, nous ressemblons

A la chanteresse cigale

Qui l'hiver dur ne prévoit pas.

« Sous le doux ciel qui rousoïant l'abreuve,
Elle, sans soin, criquète jour et nuit,

Tout autant que la saison brève

D'un clair esté sur elle luit. »

Mais voici qu'aux beaux jours succèdent les frimats et la neige :

La malprovide, alors être abusée,
Tard s'aperçoit, tard accuse ses chants :

Plus ne lui tombe la rousée,

Plus rien ne se recouvre aux champs.

De faim donc meurt, et avec elle à l'heure
Mène en mourant son importun cri-cri.
Hélas! s'il faut qu'ainsi je meure,
Au moins vive ce que j'écri.

Que le souhait du poëte s'accomplisse! Nous ne sommes pas de ceux qui ont la puissance de tirer les morts du sépulcre de l'oubli; nous n'en sommes pas moins heureux d'avoir pour un moment rendu sa voix à la pauvre cigale de la falaise dieppoise; et espérons, lecteurs, que son cri-cri ne vous aura pas paru importun.

Souvenons-nous, pour apprécier le mérite de Doublet, qu'il est l'émule plutôt que l'imitateur des poëtes du règne de Henri II, et que ses élégies parurent en 1559. Ce recueil d'élégies n'est point son seul ouvrage on a aussi de lui une traduction des

Mémoires de Xénophon, imprimée chez Denys Duval en 1582, traduction écrite d'un style qui, pour la fluidité, se rapproche de celui d'Amyot, le grand maître du genre. Ce rapprochement, que des citations justifieroient, seroit un nouveau titre pour notre Dieppois.

Nous ne savons quand est mort Jean Doublet, mais il vivoit encore en 1582, et datoit du 7 septembre de cette année l'épître liminaire de sa traduction de Xénophon, adressée à Charles de Bourbon, archevêque à Rouen.

VICOMTE DE GAILLON.

VARIÉTÉS

SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES ANGLOIS (1).

La Société des bibliophiles de Londres (Philobiblon Society) publie depuis deux ans un recueil de mélanges qui mérite, même de ce côté-ci du détroit, d'attirer l'attention des érudits et des lettrés. Quelques-unes des pièces de ce recueil sont d'ailleurs écrites en françois. Elles sont en général d'un choix excellent et d'une variété agréable. Bibliographie, histoire, philologie, mémoires, curiosités typographiques, recherches originales et documents inédits, rien n'y manque. La Société est composée de trente-cinq membres, sous le patronage du prince Albert (2). Elle a d'abondantes ressources. Son recueil annuel est un fort beau volume que sa magnificence seule

(1) Cet article a été publié dans le Journal des débats du 23 juin. (2) Voici la liste des membres de la société des Philobiblon, 1855-56 : H. R. H. Prince Albert, patron.

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HOLFORD (Robert S.) M. P.
LABOUCHERE (Right Hon. Henry)M.P.
LONGMAN (Thomas).

MILMAN (The Very Rev. H. H.)

Dean of St-Paul's.

MILNES (Richard Monckton) M. P.
MURRAY (John).

PERRY (Sir Thomas E.) M. P.

Powis (Earl of).

RAY (Henry B.)

SHIRLEY (Evelyn P.) M. P.

SIMEON (Sir John), Bart.

SNEYD (Rev. Walter).

STIRLING (William) M. P.
STONOR (The Hon. Thomas E.)
VAN DE WEYER (His Excellency
Mons. S.)

WELLESLEY (Rev. Henry) D. D.

feroit rechercher. Il n'est tiré qu'à un petit nombre d'exem-
plaires, mais sa rareté est le moindre de ses mérites.

Le volume publié en 1856 (1) contient une quinzaine de
pièces dont quelques-unes sont de simples recherches d'érudi-
tion bibliographique, telles que le Catalogue des livres de Ri-
chard de Gravesend, évêque de Londres, 1303, par M. Milman,
le savant doyen de Saint-Paul; - l'analyse d'un manuscrit
grec du xe siècle, illustrée d'un curieux fac-simile, par
M. Walter Sneyd, et une dissertation sur la première Bible
en langue angloise, par M. Beriah Botfield.

-

La plupart des autres pièces du recueil se rapportent à l'his-
toire et à la biographie. Dans ce nombre on remarque une série
de documents relatifs à Charles-Quint, donnés par M. William
Stirling, secrétaire de la Société. Cet intéressant travail se
rattache aux deux années qui précédèrent la retraite de l'em-
pereur (1555-1556); il est tiré presque entièrement des dépê-
ches de Frédéric Badoër, ambassadeur de Venise à la cour de

(1) Contents of Miscellanies of the Philobiblon Society, 1855-56.
(Vol. II). Fort vol. in-8°.

Rev. Walter Sneyd.

Dr Milman..

B. Botfield...

H. R. H. The Duke of Aumale...

W. Stirling...

E. Cheney..

J. Murray.

W. Stirling.

O. Delepierre.

R. M. Milnes...

Some account of a rare Greek MS.
Catalogue of the books of Richard de

Gravesend, bishof of London, 1303.
Bibliotheca Membranacea Britannica.
Notes et documents relatifs à Jean, roi
de France.

Notices of the Emperor Charles V.
1555-1556. From the Despatches of
Federigo Badoer.

Notices of Sansovino: l'Historia di casa
Orsini, Venet: 1565.

Unpublished letters of Laurence Sterne.
A few spanish proverbs about Friars.
De la littérature Macaronique, et de
quelques raretés bibliographigues de
ce genre.
Boswelliana.

And a few more contributions, of which there are in all 15, from 12 of
the Members.

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