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en elles-mêmes, le gouvernement trouva le moyen de rejeter toute la faveur publique sur une autorité secondaire, que son imprudence avait rendue sa rivale, de faire du siége suprême de la justice, le principe de la désobéissance à l'autorité suprême, et un appel séditieux à tous les désordres populaires.

1787.

Avant de continuer notre récit, il convient de jeter un coup d'œil sur les institu- 1788. tions passagères dont nous venons de parler, en mettant en même temps sous les yeux du lecteur, les motifs qui furent donnés pour leur établissement.

On avait représenté au roi, avec quelle opiniâtreté, et sur-tout quel dangereux succès pour le maintien du pouvoir et des prérogatives

«< cœur la justice avec l'humanité, consolées par le << retour du duc d'Orléans, effaceront un exemple « qui finirait par opérer la destruction des lois, la dégradation de la magistrature et le triomphe des << ennemis du nom français. >>

On fit répondre le roi à ces remontrances, après quelques phrases de protocole, qu'il ne devait compte de ses résolutions à personne; et insinuer en même temps, que le parlement ne devait pas associer la cause particulière de ceux qu'il avait punis, avec l'intérêt général de ses sujets.

1788.

royales, les parlemens résistaient à ses édits;
et il s'était décidé à les priver d'une attri-
bution qui arrêtait l'exécution de tous les
projets que son conseil et lui pouvaient croire
nécessaires; il avait résolu d'affaiblir en même
temps la prodigieuse influence que ces cours
avaient acquise sur l'esprit des peuples, par
l'administration immédiate de la justice
suprême. Tels furent les motifs de la créa-
tion des grands bailliages et de la cour plé-
nière cette cour, qui n'a jamais été en
activité, devait être exclusivement chargée
de l'enregistrement des édits, avec la préro-
gative de faire à ce sujet, au monarque,
les remontrances qu'elle croirait convena-
bles, attribution qui, jusqu'alors, avait été
exercée par les seuls parlemens. La cour
plénière devait être composée des princes
du sang, des pairs, tant ecclésiastiques que
laïques, de plusieurs membres des parle-
mens, et autres personnes les plus notables
de l'état; ses fonctions bornées à l'examen
des lois, avant leur promulgation, et aux
affaires d'administration générale, ne devaient
avoir aucun rapport avec la distribution de la
justice proprement dite, qui restait aux par-
lemens, saufla distraction qu'on en avoit faite
pour former l'emploi des grands bailliages

Les ministres, pour populariser leur invention, répandaient dans le public, et fesaient prouver, par quelques citations de nos vieilles chroniques, qu'ils rétablissaient une des plus salutaires et des plus augustes institutions de noslois constitutionnelles.Les grands bailliages devaient être établis dans plusieurs villes importantes, et y juger en dernier ressort toutes les causes criminelles ordinaires et toutes les affaires civiles dont l'objet en litige, n'excéderait pas vingt mille livres.

On disait avec raison, que des établissemens de cette nature, devaient être extrêmement avantageux pour un grand nombre de justiciables obligés de faire à Paris de longs voyages, à la suite d'un malheureux procès qui les ruinait le plus ordinairement, soit qu'ils le gagnassent, soit qu'ils le perdissent. Cette vérité ne fut pas entendue, parce que déja l'esprit de parti défendait d'écouter. Les grands bailliages furent hués dans la plupart des lieux où ils furent momentanément établis; lorsqu'il était naturel de croire qu'ils y introduiraient de l'argent et ameneroient l'aisance des habitans du Mais pays. ce fut dans les provinces d'états, en Dauphiné, et sur-tout en Bretagne, où ils excitèrent des révoltesque le gouvernement n'osa pas vaincre.

1788.

1788.

En vain le plus grand secret fit gardé pour l'exécution des mesures qui devaient opérer la réforme; des membres du parlement de Paris en eurent connaissance et ne manquèrent pas d'en donner avis, tant dans la capitale que dans les provinces. Un d'entr'eux (1) se vanta publiquement, toutes les chambres assemblées, d'avoir séduit, à prix d'argent, les imprimeurs du gouvernement, et obtenu d'eux un exemplaire des nouveaux édits; cette séduction fut approuvée par la compagnie. Les intentions du roi étant ainsi découvertes, on mit tout en œuvre pour les traverser. Les déclamations les plus violentes contre son autorité, partirent du temple de la justice même; toute la jeunesse attachée au palais de justice, fut excitée à la révolte; l'esprit dont on l'avait animée fut bientôt celui de la populace. Tous ceux qu'on soupçonnait agens de la police, étaient désignés, poursuivis, assommés : lorsqu'on les rencontrait dans la foule, on leur fe

(1) M. Duval Despremenil, conseiller de grandchambre, depuis, un des plus véhémens défenseurs de toutes les prérogatives royales. La conduite de ce magistrat offre un des premiers contrastes dont la révolution a, depuis, donné de si nombreux exemples.

sait une marque derrière le dos, pour les dévouer à la fureur générale: plusieurs personnes qui n'appartenaient point à la police, furent désignées de cette manière, et accablées d'outrages et de coups. La garde ordinaire de Paris fut insultée, battue, dispersée et mise dans l'impossibilité de continuer son service, pour défendre son exis

tence.

Mais le moyen de la révolte directe ne fut pas le seul mis en usage pour rendre nulle l'autorité du monarque ; les plus odieux pamphlets circulèrent par-tout, contre sa personne : on célébrait la célébrait la gloire d'Henri IV; on adressait de ridicules et séditieux hommages à la statue de ce prince, sur le Pont neuf, pour faire remarquer à la masse du peuple, la différence qu'on avait soin d'établir entre ce grand roi et son trop faible descendant. On portait en triomphe, on déclarait sauveur du peuple, un simple magistrat, parce qu'il attaquait avec la dernière violence, les actes de son souverain, qui se vit forcé de lui abandonner la victoire. M. Despremenil était regardé alors, par les habitans de Paris, comme le premier défenseur de la liberté; il fut relégué dans une prison d'état, et

1788.

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