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entier en est instruit, et des milliers d'échos la redisent dans toute l'étendue de la postérité. Qui ne croirait que des résolutions unanimes, des

Je crois que tel est l'inconvénient du système de ceux qui, craignant de voir écrire les déplaisantes vérités qui les touchent, voudraient qu'elles ne fussent écrites par personne, ou au moins, qu'elles ne pussent être rapportées que dans un temps où l'on pourrait. avec raison, les prendre pour des contes de la Bibliothèque bleue.

La portion la plus authentique de notre ancienne histoire, est celle que nous devons à Philippe de Comines; et il a écrit les faits qui se sont passés de son temps. L'histoire la plus sûre de la révolution sera écrite par les contemporains, parce qu'ils rapporteront des faits qui pourront être contredits par d'autres contemporains. S'ils écrivent avec passion, on trouvera dans leurs ouvrages le caractere distinctif de leurs partis; ca qui est une vérité importante sans doute, et une leçon aussi utile pour la postérité, que la manière plus sage de l'arrière-petit-neveu, souvent obligé, pour remplir son livre, de substituer les rêves d'une imagination brillante aux terribles oracles de la vérité.

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mesures invariables vont être prises pour prévenir les calamités qu'entraînèrent ces bouleversemens? Espoir frivole! inconcevable fatalité? c'est à la lueur des feux du Vésuve que Portici s'élève sur la lave et les cendres qui engloutissent Herculanum et Pompéia: Lisbonne est rebâtie sur les ruines de Lisbonne, et Lima, sur la bouche de l'abyme qui dévora Lima.

Tous les écrivains de l'antiquité.ont développé avec une sagacité profonde, les causes diverses de la ruine des Romains, des Grecs, et de leur honteux avilissement: tous les historiens, tous les poètes de nos jours ont commenté, chanté les leçons de ces grands maîtres; et l'on n'a pas plus profité des leçons en vers, que des documens en prose. Chacun est convenu que tout cela était beau, sublime, aussi solidement prouvé que merveilleusement discuté; mais la conduite anathematisée est précisément celle qu'on a te

nue, et les inconséquences démontrées sont toujours les principes qu'on a posés. Aussi, en retraçant les événemens dont la plus grande partie s'est passée sous mes yeux, en appliquant à l'état de choses qui les a fait naître, aux hommes qui les ont provoqués ou immédiatement dirigés, soit les remarques faites sur des événemens semblables, soit des réflexions produites par des intrigues ou combinaisons nouvelles, je n'ai pas l'orgueilleuse prétention de croire que je rendrai plus sages ceux à qui cet écrit est adressé.

Ce que n'ont pu faire sur la génération présente, les grands hommes que l'espèce humaine avait reconnus pour ses oracles, je n'espère pas le produire sur celle qui doit naître. Il n'est pas au pouvoir des hommes d'ar_ rêter les révolutions que la révolution des siècles entraîne dans son cours. Il faut que ce qui a commencé, finisse;

telle est la loi générale de l'univers. Ni les états, ni les individus qui les composent, ne peuvent, quoi qu'on en dise, suivre une ligne droite et indéfinie de perfectibilité: ils s'agitent, se tourmentent, et meurent en décrivant une courbe circulaire qu'il leur est impossible de dépasser. Ce n'est pas la perfection qu'on doit s'attendre à trouver au-delà de cette barrière d'airain; elle nous sépare du chaos. En vain d'orgueilleux pygmées voudront élever leur vol plus haut que les quatre ou cinq hommes d'état qu'ont vu naître sept à huit siècles; toujours faudra-t-il qu'ils le rabattent dans l'atmosphère nébuleuse qui fut leur élément; et bien qu'ils aient bouleversé le monde par les plus éclatans désordres, la partie la plus mémorable de leur histoire sera toujours leur épouvantable chute.

Si la nature a des lois constantes qu'elle ne peut vaincre, les sociétés

civiles sont dominées par des habitudes, asservies à des usages qui ne sont autre chose que le développement de ces lois : ces usages ne peuvent se détruire que par la destruction de ceux qui les ont adoptés, et les imprévoyans régénérateurs qui entreprennent de ramener leur vieille patrie à sa primitive jeunesse, ressemblent à ces filles insensées qui dépecèrent par morceaux leur père décrépit, s'imaginant que de ses membres bouillis dans un vase d'airain, il pourrait naître un brillant et vigoureux jeune homme.

Non, les novateurs qui forment de semblables entreprises, ne sont pas des philosophes, des amis de l'espèce humaine; ils en sont les extermina

teurs.

C'est à des peuples sortant des mains de la nature, que peuvent être applicables des institutions nouvelles ; mais on ne doit espérer de prolonger l'exis

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