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ples, pour les rendre plus malheureux encore, arriva du fond de l'Hibernie, et fit croire au régent du du royaume, qu'il trouverait les trésors du nouveau monde, dans les guenilles d'une nation que dévorait la misère.

On veut en effet que ces guenilles tiennent la place des écus, et aussitôt tout le monde est riche; chacun s'empresse d'échanger sa fortune contre les précieux billets, qui reprennent presqu'aussitôt leur première forme dans la main des dupes, assez simples pour s'imaginer que réellement ils avaient de l'or.

Quoique cette opération n'ait point opéré de révolution dans la forme du gouvernement, celle qui frappa les fortunes, fut presqu'universelle. Des fripons, des escrocs de toute· espèce chassèrent les honnêtes gens du rang qu'ils occupaient, prirent fièrement leur place, et y firent siéger avec eux tous les vices. Ce furent ces hommes

qui, s'étant emparés de toutes les issues qui conduisaient aux fonctions publiques, les couvrirent de leur déshonneur et de leur bassesse. Tout fut vendu dans la maison du prince, jusqu'à la place du dernier de ses valets; on acheta tout, jusqu'à l'expectative. Le privilége de devenir un jour sangsue publique, fut mis à prix, et payé des sommes considérables (1)..

Il n'y eut plus de système dans l'établissement des impôts, plus de fixité dans leur base, plus de justice dans leur répartition.

Le gouvernement estimait que que telle contribution devait coûter aux redevables une somme déterminée, et le traitant trouvait le moyen de la doubler à son profit; de sorte que les sujets payaient effectivement une somme double de celle que le gouvernement avait eu intention de leur faire payer.

(1) Les bons de fermiers généraux.

du

Dans certaines provinces, les agens fisc étaient avec les peuples dans un continuel état de guerre, et les droits ne pouvaient s'y percevoir qu'à coups de fusil. Dans d'autres, les impositions n'étaient pas calculées sur les productions du pays, mais sur le caractère laborieux de ses habitans: plus ils travaillaient, plus on augmentait la charge; et on ne craignait pas de dire qu'on n'agissait ainsi, que parce qu'on les savait assez forts pour là porter.

Les traitans dévoraient la plus grande partie des richesses qui provenaient de toutes ces charges, et de l'accroissement qu'ils avaient su leur donner, tandis que le gouvernement ne pouvant suffire à ses dépenses, succombait sous le poids de la dette qu'il avait contractée et contractait tous les jours, sans intelligence et sans combinaison raisonnable. A cette époque, le grand homme d'état était toujours celui qui fesait avoir le plus d'argent:

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l'on était si avide de le dépenser, qu'on n'avait pas le temps d'examiner si les

moyens qui l'avaient procuré, n'étaient pas plus ruineux pour le gouvernement qui le recevait, que l'embarras momentané dont on le tirait, ne lui eût été funeste.

La manie des emprunts d'état nous était venue d'Angleterre. Elle était une mode pour nos financiers, comme les autres travers de cette nation que nous avons l'air de détester, étaient une sorte de besoin pour le reste de nos compatriotes; car c'est toujours les travers des Anglais que nous avons soin d'imiter, et jamais leur sagesse. La question dont il s'agit, démontre.cette bizarrerie jusqu'à l'évidence.

Lorsque le gouvernement Britannique emprunte, c'est pour avoir sur-lechamp à sa disposition, les sommes nécessaires au succès de quelque opération qu'il médite; et sous ce point vue, le système des emprunts peut

de

produire un très-grand bien; mais aussitôt que l'emprunt est légalisé, il ne manque jamais de faire établir un impôt dont la quotité soit égale à l'inté– rêt des fonds empruntés; et en même temps une partie des revenus publics est employée à amortir le plus qu'il est possible de dettes antérieures. C'est une roue qui tourne sans cesse, et il n'y a que de grandes calamités qui puissent en arrêter le mouvement.

En France, au contraire, on eût dit que les ministres n'avaient d'autre but que de ruiner le gouvernement emprunteur, et les particuliers qui lui prêtaient. On n'établissait pas de nouveaux impôts pour payer les intérêts de l'emprunt; car on empruntait parce qu'on ne pouvait plus imposer. Le service de ces intérêts était tout simplement assis sur les anticipations des revenus futurs, c'est-à-dire, sur les nouveaux emprunts qu'on devait faire, et en dernière analyse, sur le chaos. Un pareil

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