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eux, il est vrai, de détruire la religion chrétienne dans laquelle il avait été élevé : il fut un grand philosophe, sans doute, dans le sens qu'on donne aujourd'hui à ce mot, mais il ne poussa pas le délire jusqu'à vouloir faire des nations de philosophes. Il rappela ses sujets au culte de leurs antiques divinités, il détruisit le temple du vrai Dieu, mais il releva les autels de ceux que beaucoup de nations croyaient encore véritables; et cela pouvait être raisonnable dans la politique d'un prince que les vérités évangéliques n'avaient pu toucher; car il suivait la maxime posée depuis par Montesquieu: Rappeler les hommes aux maximes anciennes, c'est ordinairement les rappeler à la vertu. Ceux qui ont eu le plus de part à la révolution de France, ne voulaient point détruire une religion véritable pour en établir une fausse; ils feignaient de vouloir laisser aux hommes la liberté de con

science, mais leur projet reconnu par leurs actions, fut d'anéantir tous les cultes, et par conséquent toutes les religions, qui ne peuvent se soutenir sans culte. Quel pouvait être le résultat d'une pareille entreprise? il était impossible de le prévoir, car elle n'est appuyée d'aucun exemple.

Toutes les nations qui ont été révolutionnées, soit par une force extérieure, soit par l'intrigue de quelquesuns de leurs sujets, ont reçu avec des lois nouvelles, un culte positif; et ce culte est devenu l'appui dé leur nouyeau système de sociabilité. Supposons un vide indéfini, et qu'on y précipite une masse quelconque, elle roulera éternellement : abandonnons au vague de la moderne philosophie, une nation désorganisée; il est impossible qu'elle reprenne jamais aucune stabilité. Il faut savoir d'où l'on vient et où l'on va (1), pour voyager dans la vie; elle n'est sans cela qu'une vaste et ténébreuse forêt où l'on reste conti

(1) Expression de l'homme qui joue aujourd'hui le principal rôle dans l'Europe.

Marche de la

nuellement égaré en vain on se jette dans mille chemins, on ne peut rencontrer d'issue, et l'on se retrouve, épuisé de fatigue, accablé de misère, dévoré par le désespoir, précisément au point d'où l'on était parti. Tel est le sort inévitable de toutes les nations qui ont pris le masque de la sagesse pour la sagesse elle-même,et l'ombre des vertus pour leur réalité. Jetons un coup d'œil rapide sur la marche de la révolution de France; le spectacle qu'elle nous présentera, sera plus démonstratif que tous les pénibles argumens que je pourrais faire sur ce sujet.

Des principes de justice paraissent révolu-développés par une logique forte et tion. raisonnable; mais les conséquences positives qu'on en tire, n'offrent par-tout que des contradictions monstrueuses.

Le chef du gouvernement reçoit sans cesse des témoignages de respect et d'amour; si ce ne sont pas ses qualités personnelles qui les commandent, c'est

le salut de l'empire qui en fait la loi : on le prouve, on le démontre, et les mêmes hommes qui font de tels aveux, sont ceux qui bouleversent la monarchie, ou la mettent dans une situation si misérable, qu'il lui est impossible de se soutenir. Le monarque est proclamé Restaurateur de la liberté française, et quelques jours après avoir reçu un si beau titre, il est assiégé dans son palais, et confiné dans une sorte de prison, du consentement de ceux qui le lui ont déféré. On ne parle que de constitution, un dévouement absolu se manifeste pour elle avant qu'elle soit connue, on jure de la maintenir avant son existence (1); et elle est à peine en activité, qu'elle est déchirée en mille pièces par ceux qui se sont constitués ses amis, ses exclusifs défenseurs (2).

(1) Le 4 février 1790.

(2) Les Jacobins, avant le 10 août, avaient pris le titre d'Amis de la constitution.

Tous les ecclésiastiques subalternes sont proclamés les consolateurs du peuple et les soutiens de sa morale; on se plaint de la parcimonie qu'on a observée à leur égard; le règne de ⚫ la justice doit améliorer leur sort (1); et bientôt après, leurs prétendus amis ne leur laissent ni la faculté d'exercer leur ministère, ni de moyens pour exister.

On ne parle que de respect pour les propriétés, et d'obéissance aux lois; et ceux qui tiennent cet honorable langage, ne cessent d'exciter ou de protéger ceux qui les violent toutes.

Une assemblée de sept cent cinquante législateurs (1) fait le serment solemnel, en face du ciel et de toutes les nations de l'univers, qu'elle ne souffrira jamais qu'un gouvernement républicain s'établisse en France: trois ou

(1) Motion d'Adrien Duport, dans la nuit du 4 août 1789.

(2) L'assemblée législative.

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