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tence d'une nation antique et corrompue, qu'en la rappelant à celles qu'elle avait oubliées.

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Il y a beaucoup à gagner, en fait

« de mœurs, dit le célèbre Montes

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quieu (1), à garder les coutumes an«< ciennes. Comme les peuples corrom"pus font rarement de grandes choses,

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qu'ils n'ont guère établi de sociétés, « fondé de villes, donné des lois; et qu'au contraire, ceux qui avaient des << mœurs simples et austères, ont fait << pour la plupart, des établissemens, rappeler les hommes aux maximes <<< anciennes, c'est ordinairement les rappeler à la vertu.

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De plus, s'il y a eu une révolution, «< que l'on ait donné à l'état une forme « nouvelle, cela n'a guères pu se faire qu'avec des peines et des travaux infinis, et rarement avec l'oisiveté et « des mœurs corrompues. Ceux mêmes « qui ont fait la révolution, ont voulu la

(1) Esprit des Lois, liv. v, chap. 7.

« faire goûter; et ils n'ont guères pu "Y réussir que par de bonnes lois. « Les lois anciennes sont donc ordi«< nairement des corrections, et les nou« velles, des abus. Dans le cours d'un << long gouvernement, on va au mal « par une pente insensible, et l'on ne «< remonte au bien que par un effort. »

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Ce que dit Montesquieu sur cette importante question, est appuyé par le sentiment de J. J. Rousseau; et dans l'état où se sont trouvés les esprits et les choses, à la fin du dixhuitième siècle, et même dans notre situation présente, il peut être utile de reproduire l'opinion de ces deux écrivains.

«< coutumes,

« Le moindre changement dans les dit le citoyen de Ge« nève (1), fût-il même avantageux à << certains égards, tourne toujours au préjudice des incurs. Les coutumes

(1) Préface de Narcisse.

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<< sont la morale du peuple; et dès qu'il cesse de les respecter, il n'a

plus de règles que ses passions, ni de " frein que les lois, qui peuvent quelquefois contenir les méchans, mais jamais les rendre bons. D'ailleurs, quand la philosophie a une fois ap

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pris aux peuples à mépriser ses cou«<tumes, il trouve bientôt le secret d'é« luder ses lois. Je dis donc qu'il est « des mœurs d'un peuple comme de « l'honneur d'un homme; c'est un tré« sor qu'il faut conserver, mais qu'on << ne retrouve plus quand on l'a perdu.

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En effet, les les institutions dans lesquelles les peuples ont été formés; les usages qu'une longue suite d'années a consacrés parmi eux, s'identifient à leur existence civile, et en font partie, comme l'air qu'ils aspirent est le principe de leur existence physique. Ces vérités sont triviales ; il n'y a que l'excès du savoir qui puisse les contester.

Aussi les insensés et les pervers que

la Providence destine à la destruction des empires, comme elle envoie les catarres et la goutte pour accélérer le terme de notre vie, ne disentils pas dans leurs projets régénérateurs, qu'ils viennent détruire les coutumes et les usages existans. S'il faut les en croire, ils n'ont d'autre intention que de les perfectionner.

Ce ne sont donc pas les peuples qui s'abandonnent d'eux-mêmes aux terribles chances des révolutions; ce n'est pas dans leur caractère qu'il faut en rechercher la cause: on peut dire seulement que par les dispositions de ce caractère, tel peuple, plutôt que tel autre, peut être susceptible des violences et des excès nécessaires à ces grands désordres; mais ces excès et ces violences ne sont que les instrumens avec lesquels on commence l'action; c'est la hache du bourreau qui abat la tête d'un criminel, et qui cependant n'est pas la cause première de sa mort,

mais le moyen dont on se sert pour lui ôter la vie.

La partie des nations que nous appelons peuple, dans notre langue française, n'est pas plus attachée à telle sorte de gouvernement qu'à telle autre : le système de Romulus ou celui de Valèrius-Publicola, ne l'intéressent guères; et s'il se divise pour ces grands objets, c'est qu'on est parvenu à le fanatiser. Le peuple est monarchiste ou républicain, comme les servantes de ma petite ville, qui s'arrachaient les cheveux pour la bulle Unigenitus, étaient Jansenistes ou Molinistes. Ce n'est jamais que la présence d'une douleur cruellement incisive, et l'intime persuasion qu'il va suivre un bien-être immédiat, qui peuvent le mettre en mouvement: hors ces deux cas, quand il a contracté l'habitude de vivre de telle manière, il ne se porte jamais spontanément à détruire l'ordre de choses qui la maintient.

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