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mands et Wallons. Pourquoi certains disciples du doux et divin Maître des langues et des sciences ne vouentpas leur carrière sacerdotale à combler les abîmes de l'incrédulité plutôt qu'à creuser, hélas! de leurs propres mains, un sillon entre les deux langues nationales? Est-ce peur de la France? Elle vient de leur répondre par des votes intelligents.

Dans la pensée de Mansion, la Belgique excite les convoitises des grandes et petites Puissances qui l'entourent. Craignant qu'elle n'en devienne la victime, il repoussait énergiquement, bien avant la guerre, la politique mesquine des patriotes lésinant sur les dépenses militaires. Comment concevoir, s'écriait-il longtemps avant 1914, qu'on économise imprudemment des sommes destinées à la défense nationale, quand un ennemi triomphant peut, en quelques jours, imposer à la patrie des contributions incomparablement supérieures ?

Notre ami souffrit beaucoup durant l'horrible guerre. Il était déjà si malade qu'il ne parvint pas, comme il l'eût tant désiré, à acclamer notre héroïque armée, le Roi loyal, intrépide, victorieux, la Reine parée des grâces de l'intelligence et du coeur, les Princes et la Princesse, joyaux de l'écrin belge.

Nous pûmes le revoir, avant 1919, une seule fois, le 4 avril 1916; alors, la ville de Gand n'était pas encore englobée dans la sinistre étape. Enfin, le 1er avril 1919, nous vînmes l'embrasser. Ce fut la dernière fois. Il était encore au rez-de-chaussée, dans la chambre de famille, assis, fort amaigri, dans son fauteuil. Il voulut nous parler longuement, devant sa femme. Lui qui avait le verbe vif et facile, s'exprima à voix basse, très péniblement. Après nous avoir dit son désir que le Conseil de la Société scientifique choisît Charles de la Vallée Poussin pour lui succéder au Secrétariat général, il nous entretint d'une difficulté particulière

qui lui tenait à cœur et pour la solution de laquelle il invoquait notre intervention. Nous la lui promîmes. Cela réussit. Il en fut satisfait. Puis, il ne s'occupa plus que de se préparer à la mort. Il s'endormit très pieusement, dans les bras du Seigneur, entouré de tous les siens, à Gand, le 10 avril 1919. Il fut inhumẻ à Deurne-lez-Anvers, dans le caveau de famille. Au service funèbre célébré en l'église Saint-Nicolas, sa paroisse, assista une foule recueillie. On y remarquait Sa Grandeur Mgr Seghers, Évêque de Gand, le comte de Kerkove d'Exaerde, Gouverneur de la Flandre Orientale, M. E. Braun, Bourgmestre de Gand, MM. Pirenne et Fredericq, ces héroïques et savants professeurs de l'Université, avec nombre de leurs collègues, le premier Vice-Président de la Société scientifique de Bruxelles et le nouveau Secrétaire général M. Ch. de la Vallée Poussin, Professeur à l'Université de Louvain, le R. P. Willaert, Secrétaire, bien d'autres autorités. M. Witz, Professeur à l'Université de Lille, Président de la Société scientifique, retenu à l'étranger, avait dû se faire excuser.

Ces lignes, cher, bien cher ami, sont une esquisse imparfaite de ta belle vie d'homme, d'époux, de père, de chrétien miséricordieux et généreux, de grand citoyen. Laisse-nous tempérer nos regrets par la douce confiance que tes jours éternels continuent merveilleusement ceux remplis ici-bas avec tant d'humilité, de fidélité et d'amour envers Dieu. A toi, s'appliquent adéquatement ces paroles des Livres Sapientiaux rappelées en ton souvenir pieux : « Combien est grand celui qui a trouvé la sagesse et la science! Mais rien ne surpasse celui qui craint le Seigneur » (1).

(1) Eccli. XXV, 10.

LAGASSE DE Locht.

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Le R. P. THIRION

Parmi bien des figures connues qui manquaient à l'appel dans notre première réunion après la grande tourmente, y en a-t-il une dont l'absence se fera plus cruellement sentir que celle de notre dévoué Secrẻtaire? Qui ne le voit encore, traversant discrètement, de son pas menu, les vestibules et les salles des sections, veillant aux mille détails de l'installation matėrielle, échangeant des poignées de main et des propos aimables avec les survenants, tout en guettant du coin de l'oeil l'arrivée d'un collègue dont on pouvait espérer un article pour le numéro en préparation ou une conférence pour la prochaine assemblée générale? Sa belle tête fine, au profil de médaille, dominée par un front élevé et encadrée de longs cheveux grisonnants rejetés en arrière; ses yeux vifs, mais souvent soucieux, où s'allumait de temps en temps, derrière les lunettes, une flamme de malice; ses lèvres plutôt minces, sur lesquelles jouait volontiers un sourire indulgent ou amusé, mais qui se détendaient rarement dans le rire; une face ronde, enfin, un peu replète et de teint maladif, tout cela lui faisait une physionomie spirituelle et caractéristique, réservée au premier abord, mais toujours sympathique, qui ne passait jamais inaperçue et qu'on n'oubliait pas.

Né à Sclayn (province de Namur), en 1852, Julien Thirion fit ses humanités au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur. Ses études furent solides, s'il faut en croire des succès marqués, surtout dans les mathé

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