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Instruit de cette parole par M. Émery, le cardinal légat rédigea une formule de rétractation et de soumission à l'autorité du Saint-Siège, qu'il résolut d'imposer à tous les sujets que le gouvernement lui présentait pour l'épiscopat. Il exigeait en particulier de chacun des évêques constitutionnels « qu'il détestât la part qu'il avait prise au prétendu concile national, tenu l'année dernière dans l'église cathédrale de Paris ». Les constitutionnels avaient organisé ce simulacre de concile, à l'instigation de Bonaparte lui-même, qui cherchait alors à intimider le Pape.

Dans l'espérance d'obtenir un Concordat plus conforme à ses rêves de domination, il agitait le fantôme d'un schisme ou d'une Église nationale indépendante de la Papauté.

La formule rédigée par le cardinal déplut aux constitutionnels, ils exposèrent à Portalis les causes de leur mécontentement et de leur refus.

VII

Portalis, irrité de la démarche si légitime du cardinal légat, prit en main la défense des constitutionnels dans une dépêche officielle, il accusa le représentant du Pape d'avoir insulté le gouvernement, en reprochant aux évêques de s'être réunis

par ses ordres, pour traiter des affaires de l'Église ; il ajoutait que la nation ne souffrirait pas cet affront.

Bernier, nommé à l'évêché d'Orléans, était l'homme de confiance de Portalis : il joua dans cette affaire un rôle en harmonie avec son caractère malheureux..

Le 15 avril 1802, Portalis écrivit à Bernier :

« J'ai eu, citoyen évêque, plusieurs conférences avec les évêques constitutionnels. Nous sommes convenus de la formule que j'ai l'honneur de vous adresser. Dans cette formule, on renonce formellement, de cœur et d'esprit, à la constitution civile du clergé, et on promet une véritable obéissance au Pape. Rien de plus positif que cette renonciation; vous jugerez vous-même qu'on ne peut aller au delà sans avilir la nation elle-même. La déclaration que la formule renferme, doit rassurer entièrement le Saint-Siège. Je vous invite à faire agréer cette formule à Son Éminence M. le cardinal légat. Il importe au bien de la religion et au succès des opérations si heureusement commencées que cette affaire soit terminée dans le jour.

« J'ai l'honneur de vous saluer.

« PORTALIS. >>

Bernier envoya cette pièce au cardinal légat, avec cette invitation :

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« Je viens de recevoir de M. Portalis la lettre cijointe. Je supplie, je conjure Votre Éminence de la prendre en considération, et de se souvenir que, notre institution n'étant que provisoire, Sa Sainteté sera juge définitif, et qu'ainsi il peut, par une indulgence provisoire, nous tirer d'un pas si difficile. Il faut en finir et ne pas irriter. Je vois qu'on est monté, et, très sûrement, on ne paraît pas vouloir fléchir au delà de ce que cette lettre contient. Je recommande avec larmes à Votre Éminence de sauver l'Église de France par sa bonté. »

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Mais il n'était plus question, comme Bernier le prétendait, d'une institution provisoire, qui aurait rendu plus facile l'acquiescement du Saint-Siège. Le cardinal Caprara s'empressa de signaler cette erreur, dans une réponse brève et pleine de dignité.

« Le cardinal Caprara fera toujours tout ce qui est en lui pour contribuer au bien de la religion et au succès des heureuses opérations déjà commen

cées; mais il déclare à M. l'évêque d'Orléans que, quelques dispositions de condescendance qui soient dans son cœur, et qu'il a déjà manifestées, il lui est impossible d'aller au delà des conditions qui lui sont impérieusement prescrites par le SaintSiège.

« Il observe, en second lieu, que le principe avancé par M. l'évêque d'Orléans, « que l'institution canonique donnée par le légat n'est que provisoire et que Sa Sainteté est juge définitif », est un principe sans fondement, puisque les évêques institués jouissent d'une juridiction pleine et entière sur leurs diocèses.

« 15 avril 1802. »>

<< Cardinal CAPRARA.

Consulté par des évêques qui attendaient une prorogation des facultés extraordinaires dont ils avaient besoin dans leurs diocèses, et une formule authentique de rétractation pour réconcilier les constitutionnels avec l'Église, le cardinal Caprara avait cru pouvoir répondre en s'adressant directement à ces prélats. Portalis, informé de cette intervention du cardinal, et se croyant offensé parce qu'il n'avait pas été consulté, écrivit une lettre dont la raideur injuste exprime les intentions du gouvernement et son attitude en présence de la cour romaine. Les

articles organiques sont déjà invoqués; ils de viennent sous la plume de Portalis une arme de combat.

« Paris, 19 prairial, an X de la République (juin 1802).

<< Il circule, Monsieur le cardinal, dans le diocèse de Nancy et dans d'autres diocèses, une formule de rétractation par vous remise aux évêques, et que ceux-ci sont chargés d'exiger des prêtres constitutionnels. Vous savez que, d'après l'arrêté des consuls portant vérification des pouvoirs, aucun acte émané de vous ou de Rome ne peut être envoyé dans les diocèses, ni autrement circuler en France, par voie directe ou indirecte, sans l'annexe du gouvernement.

<< La circulation de la formule dont il s'agit, est une infraction manifeste aux conditions sous lesquelles vous avez été reçu, et dont vous avez solennellement promis l'obéissance par un serment de cœur. Une telle infraction tend à compromettre et à égarer les évêques et les autres ecclésiastiques qui connaîtraient assez peu leur devoir pour exécuter des brefs ou bulles venant de Rome ou de votre légation, sans avoir préalablement été admis ou sanctionnés par la puissance publique.

« Je sais que si quelques évêques vous ont demandé une formule de réconciliation, vous les y avez induits par l'envoi que vous leur avez fait de votre décret du 10 mai dernier, portant exécution des brefs de Pie VI sur les affaires ecclésiastiques

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