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de France. Comment avez-vous pu faire l'envoi d'un décret qui ordonne l'exécution de jugements qui n'ont jamais été présentés au gouvernement, qui sont intervenus dans des formes contraires à nos lois, et dont les dispositions foncières sont inconciliables avec la dignité nationale et avec les droits de tout gouvernement?

<«< Nos lois particulières, les principes du droit des gens et ceux de la religion exigent de vous, dans une aussi grave occurrence, que vous retiriez tout de suite votre décret et tout ce qui l'a suivi.

« Les évêques et ecclésiastiques qui obtempéreraient à ce décret, seraient criminels d'État, et vous auriez la terrible responsabilité des maux qui en seraient la suite, et qui auraient pour principe la violation formelle que vous auriez faite des conditions sous la foi desquelles on a reconnu vos pouvoirs.

<< PORTALIS. >>

Le cardinal Caprara se rendit aux observations du conseiller d'État chargé de toutes les affaires concernant les cultes, et retira le décret de prorogation des pouvoirs et la formule de soumission qu'il avait envoyés.

VIII

M. Émery connaissait les détails de cette affaire; il était bien renseigné sur les agissements des constitutionnels et sur les projets du gouvernement il communiqua des avis confidentiels à l'abbé Le Sure, en le priant de les faire tenir au cardinal légat; il lui apprit ainsi que le gouvernement avait promis aux constitutionnels de n'exiger d'eux aucune rétractation, et de se contenter d'une adhésion très explicite au Concordat.

Bernier offrit alors sa médiation. Il eut avec les évêques constitutionnels réunis chez lui une longue conférence, à la suite de laquelle il fit savoir au cardinal légat qu'il avait pleinement réussi dans sa mission, que chacun des huit évêques constitutionnels avait signé la formule de rétractation exigée par la cour de Rome, reçu l'absolution des censures encourues, promis obéissance au Saint-Siège, et reconnu l'autorité de ses jugements dans les affaires ecclésiastiques de France. Après cette attestation munie de la signature de M. de Pancemont, ancien curé de Saint-Sulpice, trompé lui-même par Bernier, l'institution canonique fut accordée aux évêques constitutionnels. Cette lamentable affaire paraissait enfin terminée.

Les douze évêques constitutionnels étaient Charrier, Lecoz, Beaulieu, Lacombe, Perrier, Bécherel, Montault, Saurine, Reymond, Berdollet, Belmas et Primat, l'ancien oratorien, apostat et archevêque de Toulouse, qui mourut en 1816, d'une apoplexie foudroyante, après avoir écrit au Pape et obtenu sa réconciliation tardive.

· Bernier avait-il encore une fois altéré la vérité et trompé le cardinal légat, pour extorquer au prix d'un mensonge l'institution canonique attendue par les huit constitutionnels? Dominique Lacombe, nommé à l'évêché d'Angoulême, déclara publiquement, dans une lettre adressée à un prêtre constitutionnel de son diocèse, Binos, ancien chanoine de Saint-Bernard, qu'il n'y avait pas eu de rétractation, que l'on s'était contenté d'une simple adhésion au Concordat, que Bernier et Portalis pouvaient affirmer ce fait. Cet indigne prélat ajouta ces paroles, qui restent comme une flétrissure à sa mémoire :

« Vous désirez savoir si Son Éminence le cardinal Caprara nous a demandé la rétractation du serment de la constitution civile du clergé, et si les évêques constitutionnels réélus ont fait cette rétractation. Je vous réponds oui; je vous réponds non. Il est très vrai que M. le légat a voulu une rétractation; il est très vrai qu'il ne l'a pas obtenue. Nous nous présentâmes à lui, le jeudi saint, pour lui demander l'institution prescrite par le nouveau Concordat. Il nous proposa de signer une lettre à Sa Sainteté, lettre tout à fait propre à nous révol

ter... Nous refusâmes de la signer. Par qui ce refus fût-il fait ? d'abord, par les évêques constitutionnels de Rennes, de Dax et de Clermont; ensuite, par les évêques constitutionnels de Rouen, de Carcassonne et de Bordeaux. Nous allâmes ensuite chez le citoyen Portalis, chargé de toutes les affaires ecclésiastiques; nous l'instruisîmes de ce qui venait de se passer. Il parut improuver les prétentions de M. le légat: il dit qu'il y apporterait remède dans la journée; que le gouvernement ne voulait point de rétractation; qu'il ne serait exigé qu'une pure et simple adhésion au Concordat. Il demanda que sur-le-champ fùssent réunis chez lui tous les évêques constitutionnels. Il fit appeler en même temps l'évêque Bernier; il le chargea de parler à M. le légat, et de lui dire que l'affaire des évêques constitutionnels devait finir dans la journée. Celui-ci consentit à la commission: il proposa et rédigea une lettre bien différente de la première. Nous l'adoptâmes. Maintenant, si quelqu'un ose vous dire que nous nous sommes rétractés, ne craignez pas de lui dire: Mentiris impudentissime. On vous dira peut-être que M. le légat nous a donné l'absolution; que la preuve en est dans les registres de sa légation; qu'on y a vu, au rapport du nouvel évêque de Versailles et de quelques autres, plusieurs exemplaires d'un décret d'absolution humblement demandé par plusieurs de nous et charitablement accordé à plusieurs de nous... Vous direz avec moi que M. le légat a donné

une absolution qui n'était ni voulue mi demandée; que, lorsque le décret en fut remis par l'évêque Bernier à quelques-uns d'entre nous, ils en ont fait justice en le jetant au feu, sous les yeux du citoyen Portalis. >>

Le 8 juin 1802, Portalis écrit aux nouveaux évêques que, pour répondre aux intentions du premier consul, ils doivent prendre un grand vicaire dans les rangs des prêtres constitutionnels, et que ceux-ci doivent entrer dans la proportion du tiers au quart sur la liste des curés, chanoines, etc. Il ajoute que le mariage des prêtres est licite; qu'il ne faut pas refuser la bénédiction nuptiale à ceux qui contractent un second mariage après le divorce; qu'il appartient au gouvernement de statuer sur les chapelles domestiques, les oratoires particuliers, le refus public des sacrements. C'est ainsi que ce conseiller d'Etat, trop étranger à la théologie pour comprendre l'inconvenance maladroite et les erreurs grossières de ses prescriptions, prétendait assurer le libre exercice du culte catholique et se conformer à la lettre aussi bien qu'à l'esprit du Concordat.

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