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le bien de la religion; parce qu'après tout, il n'y en a point de plus importante pour nous que celle que Dieu nous a confiée avant toutes les autres. >>

La restauration du grand séminaire de Lyon, qui avait subi tant d'épreuves, était l'objet particulier des préoccupations du cardinal Fesch. Relever les études dans le séminaire, attirer des jeunes gens pieux et intelligents, rétablir les anciens usages, combler dans les rangs du clergé les vides nombreux faits par la révolution, c'était l'œuvre essentielle du moment. Pour la mener à bonne fin, le cardinal Fesch comptait sur M. Émery.

MON TRÈS CHER M. ÉMERY,

<< Depuis dix-huit mois j'écrivais à Lyon de tenir la main ferme à faire porter la soutane; les plus revêches étaient les personnes à leur aise, même les plus riches... J'ai dû me fâcher, et même l'ordonner. J'apprends que la généralité s'y conforme en approuvant; les autres obéissent en protestant.

<«< On travaille, mon cher Monsieur Émery, avec beaucoup d'activité à la réparation de Saint-Irénée. J'ose espérer que le séminaire sera en état d'être habité avant la fin d'octobre. J'ai tenu ma parole; tenez vos promesses. C'est à vous à y envoyer les sujets convenus. L'archevêque d'Aix, tout en refusant, me laissait une porte ouverte pour me permettre de prendre ou pour me donner vos

Messieurs. Voyez d'organiser mon séminaire le plus tôt possible. Vous serez le seul responsable devant Dieu. N'ayez point de regret de me donner plusieurs de vos bons sujets. L'an prochain, il faudra bien m'en donner autant. Je suis au moment d'obtenir les Collinettes, au-dessus et auprès de Saint-Irénée. C'est là que j'établirai mon séminaire diocésain. Ces deux maisons pourront contenir quatre cents théologiens, dont j'aurais besoin pour couvrir le déficit actuel de deux cent cinquante prêtres et de soixante autres qui meurent dans l'année. Le supérieur de Saint-Irénée pourrait l'être ainsi des deux maisons.

<< Prenez donc vos mesures, veuillez bien m'en écriré, et sachez que je n'aurai de repos et que je ne vous laisserai tranquille que lorsque vous m'aurez mis en état d'être content de cette partie de mon ministère. Si vous voulez bien me contenter, pensez à me donner des hommes qui vous ressemblent un peu. Je suis un très grand ambitieux, je l'avoue, et je le suis au point que vous devez craindre mon ambition.

<< Comment alimenter, me direz-vous, cette quantité de sujets? où trouver quatre cents théologiens? Je n'ai pas de secret pour vous. J'ai déclaré la guerre aux curés qui n'établissaient pas une pédagogie dans leurs paroisses. J'ai déjà obtenu la promesse de plusieurs curés. Dans un an, j'espère faire la visite de mon diocèse, et sans doute j'établirai des écoles. Je trouverai des sujets que les curés

fourniront jusqu'au moment de leur admission dans les petits séminaires.

« Pour les fonds, en établissant un don à donner pour plus de neuf cents fabriques, avec les aumônes et les revenus du secrétariat, je pourrai les trouver. En réalité, l'archevêque et les grands vicaires marcheront avec des besaces. Du reste, comptons-nous pour rien la Providence?

Vous avez donc juré la mort de mon cher Fournier? Ce pauvre poitrinaire est fatigué par le carême; vous le mettez au grand air prêcher dans le désert. Vous êtes un saint confesseur, qui faites des martyrs. Profitez bien de mon éloignement. Sij'arrive à Paris, je ne vous l'abandonne plus (1). »

III

M. Émery ne partageait pas l'inquiétude du cardinal Fesch au sujet de M. Fournier, délivré de sa captivité et très mortifié encore de sa détention à la maison des fous de Bicêtre dans sa réponse, il dit avec enjouement que la santé du prédicateur est excellente, et qu'il doit s'estimer heureux de ressembler à Notre-Seigneur, en prêchant comme lui, en plein air, dans les bourgades et dans les rues.

(1) Lettre du 1er juin 1805

La réorganisation générale des séminaires selon les idées du cardinal Fesch, paraissait difficile à M. Émery; il opposait des difficultés pratiques au plan qui avait été élaboré sous l'inspiration de l'archevêque de Lyon. D'après ce plan, on devait ouvrir des séminaires diocésains, avec les cours ordinaires de théologie et la préparation directe au sacerdoce, et des séminaires métropolitains ou supérieurs, dont les professeurs recevraient un traitement de l'État.

Il fallait choisir avec soin les élèves les plus distingués, qui seraient admis dans les séminaires métropolitains, les soumettre à des études théologiques et scientifiques plus étendues, les exercer à la discussion, à la polémique, à la soutenance des thèses, les obliger à couronner leurs études en prenant leurs grades aux Facultés reconnues par l'État. Ces sujets d'élite, ainsi préparés et munis de leurs titres, seraient seuls appelés à occuper les principales cures, les places de grand vicaire et les canonicats.

Ce plan, si conforme d'ailleurs à l'esprit et aux traditions de l'Église, qui n'exige pas seulement la piété, mais qui attend aussi la science de ceux qu'elle appelle à défendre la vérité chrétienne dans les hautes situations ecclésiastiques, indique bien la largeur de vues et l'élévation de pensées du cardinal Fesch. Il avait l'intelligence des besoins particuliers de l'Église dans les conditions nouvelles de la société française.

M. Émery était favorable à la pensée fondamentale du projet; mais l'intervention de l'État, qui avait perdu son caractère ouvertement et entiè rement chrétien, ou qui pouvait le perdre, effrayait sa clairvoyance; il prévoyait les abus redoutables de cette ingérence de l'autorité civile dans le domaine des choses religieuses.

Il exprimait ses craintes dans cette lettre adressée au cardinal Fesch, le 3 septembre 1805:

« Ce qu'il y a de plus intéressant dans l'établissement des séminaires métropolitains, c'est le traitement du supérieur et des direteurs, dont vous seriez déchargé. Mais combien de réflexions n'aurais-je pas à faire à Votre Éminence sur les séminaires tels qu'ils ont été réglés !

<< Plus j'en étudie le plan et la forme, plus je les trouve imparfaits, vicieux, désastreux même pour l'autorité spirituelle des évêques. C'est M. Jauffret qui a conçu le premier plan très à la hâte. Il le communiqua à M. de Crouzeilles ; ils me le communiquèrent l'un et l'autre. En général il me déplut; je fis des observations importantes, auxquelles on eut égard.

« Je prédis que le gouvernement s'emparerait de la nomination des professeurs; on prétendit que non. M. Portalis est bien convenu que cette nomination appartient aux évêques. Mais le plan porté au conseil reçut des modifications et des additions capitales.

«Il est vrai que le gouvernement ne doit nommer que des sujets présentés par le métropolitain

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