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trompe, il me remettra dans ses voies. Je compte sur vos prières, et vous supplie d'agréer les assurances de mon respectueux attache

ment.

«FRAYSSINOUS (1). »

Ce n'était pas une triste pensée d'ambition vulgaire ou l'amour de la gloire qui déterminaient le brillant conférencier de Saint-Sulpice, le précurseur de Lacordaire, à se séparer des membres d'une Compagnie qui avait eu les prémices de son courage et de son apostolat. M. Frayssinous, si grand et si simple à la fois dans ses manières et dans sa vie, était, lui aussi, de la race des saints. A l'exemple de M. Émery, il cherchait avant tout le royaume de Dieu et sa justice, le triomphe de l'Église et le salut des âmes.

Le vénérable et saint évêque de Versailles, M. Borderies, disait de M. de Frayssinous: « C'est le prêtre que je vénère le plus. Il serait un martyr. Je ne suis pas digne de délier les cordons de ses souliers. Je baiserais ses pieds. >>

Lorsqu'il eut la douleur de sortir de la Compagnie, pauvre des biens de la terre, plein d'abandon à la volonté de Dieu, attiré vers cette jeunesse de

(1) On conserve ces deux lettres de Frayssinous au séminaire Saint-Sulpice.

Paris qu'il voulait ramener au bien au prix d'un dévouement sans limites, il fit un sacrifice pénible à la nature; il ne connaissait pas encore les faveurs même temporelles que la Providence réservait à sa piété désintéressée et à son courage. Il devint plus tard évêque d'Hermopolis, grand maître de l'Université, ministre des affaires ecclésiastiques, pair de France, membre de l'Académie française; puis, quand il sentit, après une vie consacrée sans relâche et sans défaillance à la défense des droits

de l'Église et de la vérité chrétienne, que la fin de sa carrière était proche, il sortit modestement de Paris, sans regret et sans bruit, se retira dans la paix solitaire de son pays natal, au pied de ces hautes montagnes du Rouergue que son cœur n'oublia jamais. C'est là qu'il s'endormit dans le Seigneur, avec la piété profonde et la foi pleine d'espérance des prédestinés.

IX

Ces séparations étaient toujours pénibles au cœur de M. Émery, qui aimait à témoigner une affection paternelle à tous les membres de sa Compagnie, Mais aucune considération humaine, aucun sentiment ne pouvait le détourner de l'oeuvre capitale de sa vie il travaillait avec un courage béni de

Dieu, au prix des plus grands sacrifices, à relever les séminaires abattus par la tempête révolutionnaire, à réveiller dans le cœur des prêtres devenus ses auxiliaires le dévouement aux séminaristes et l'éloignement du ministère extérieur,

Il avait de la peine à suffire aux demandes qui lui étaient faites, de tous les points de la France, par des évêques empressés à donner à leur séminaire une base solide. Lyon reprend son ancien éclat; le vénérable abbé Meilloc est placé à la tête du séminaire d'Angers. M. Levadoux, arrivé de Baltimore, est envoyé au séminaire de Saint-Flour; celui d'Aix est confié à M. Roux, ancien supérieur d'Avignon ; celui de Toulouse, à M. de Saint-Félix, émigré en Espagne pendant la Révolution; celui d'Autun, à M. Saulnier réfugié en Italie. Le vénérable M. Chanut, successeur de M. Bouillaud, relève le séminaire de Clermont dans l'ancien couvent des Ursulines, de Montferrand, et l'anime de son esprit. A Viviers c'est M. Vernet, qui s'entoure de quelques prêtres du diocèse, réunit vingt élèves et reprend, au prix des difficultés les plus pénibles l'œuvre capitale de la formation du clergé. A Nantes, M. Dorin, secondé par MM. Joubert et Chevalier, et protégé par M. Duvoisin, évêque d'un rare mérite, s'installe avec ses nouveaux élèves dans l'ancienne maison Saint-Charles, autrefois ha bitée par des religieuses. M. Émery envoie à Limoges, M. Chudeau qui était directeur dans le séminaire de ce diocèse, avant la Révolution, et

le vaillant M. Dilhet, dont M. Émery a fait cet éloge « M. Dilhet a de l'expérience, du zèle, de l'activité. Il a travaillé dans le centre de l'Amérique. Puisqu'il a réussi auprès des sauvages, il n'aura pas de peine à réussir auprès des Limousins. »

Tous ces hommes, dont la plupart avaient souffert mille épreuves, pendant les jours sombres de la Révolution, d'une foi inébranlable, d'une piété éminente, d'un zèle et d'une perfection sacerdotale dont le souvenir effraie notre faiblesse obéissent à l'impulsion du supérieur de Saint-Sulpice. Ils affrontent de nouveaux dangers, bravent la misère et les privations les plus douloureuses, résistent aux dégoûts et aux déboires. Rien ne peut ralentir l'ardeur de leur courage inspiré par l'amour le plus généreux de l'Église; et, sur tous les points de la France ouverts à leur activité surnaturelle ils préparent de nouveaux ouvriers évangéliques, réveillent l'esprit sacerdotal, relèvent les ruines amoncelées par l'impiété révolutionnaire. Quels hommes! et quel spectacle! Il fallait de nouveaux apôtres au pays ravagé par une invasion de nouveaux barbares. Les fils de M. Olier répondent à ce besoin.

La Compagnie, échappée au naufrage de la révolution, reconstituée par son second fondateur M. Émery, retrouve dans le culte des traditions qui ont fait sa grandeur dans le passé, le secret de sa force nouvelle, et de la fécondité de son apostolat.

CHAPITRE VII

M. EMERY ET LE CARDINAL DE BAUSSET

SOMMAIRE.

Son

M. Emery fait l'acquisition des manuscrits de Fénelon. dessein de publier la Vie et une édition des OEuvres de Fénelon. Il propose ce travail à M. de Bausset. Ses lettres à M. de Bausset, ses conseils et ses avis. Il console M. de Bausset de la perte de M. de Bassompierre. Il l'encourage à se présenter à l'Académie. cardinal Dubois.

Son travail sur le

Reconnaissance de l'évêque d'Alais.

I

M. Émery, accompagné de M. Garnier, l'un des prêtres les plus distingués de la Compagnie se rendait souvent chez les libraires de Paris; il passait des soirées entières à examiner les ouvrages, à dépouiller les papiers, les débris des grandes biblio. thèques enlevées aux monastères et aux maisons religieuses, qui avaient été cachés et entassés quelquefois sans discernement dans des réduits obscurs, au lendemain de la révolution. Il y avait là des trésors ignorés, oubliés par la rapacité grossière des recéleurs, des éditions rares, des collections pré cieuses, des livres de prix, de grands ouvrages, condamnés à disparaître, vendus au poids, après avoir été volés aux plus illustres représentants de la science ecclésiastique dans notre pays.

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