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Religion, il envoyait d'une main tremblante à M. de Bausset ses derniers conseils et l'expression touchante de ses espérances.

L'évêque d'Alais offrit plus tard à M. Garnier, le premier exemplaire de l'histoire de Bossuet, en exprimant ainsi ses regrets et le chagrin dont son cœur était rempli.

<< Voilà, Monsieur, cette histoire de Bossuet, dont le bon M. Émery n'a guère vu que les premiers livres, et que je n'ai pris la détermination d'écrire qu'à sa sollicitation. C'est à lui que je dois l'idée · d'avoir osé essayer de rendre hommage aux deux plus grands évêques qui ont honoré l'Église de France dans le plus beau siècle de la monarchie.

« Il ne se passe pas un jour de ma vie où je ne bénisse la mémoire de cet excellent homme, dont les sages et utiles instances m'ont ainsi forcé de donner cette estimable direction à mes études et à mes travaux.

<< En pensant aux services immenses que M. Émery a rendus à la Religion et à l'Église, on ne peut s'empêcher de regretter que de pareils hommes ne soient pas immortels, car il n'est aucune époque critique, il n'est aucune affaire importante où l'on ne s'aperçoive du vide que de pareils hom. mes laissent toujours après eux, »

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Inspiré par son zèle pour le salut des âmes et la gloire de la religion, M. Émery aimait à se rapprocher des hommes qui, par le prestige du talent et le retentissement de leurs travaux, pouvaient contribuer d'une manière plus efficace à la défense de la vérité chrétienne. Sa correspondance et ses relations fréquentes avec Charles Bonnet, le naturaliste le plus célèbre de la Suisse n'avaient pas d'autre objet, et il continua, pendant son séjour à Paris, au lendemain de la révolution, à rechercher le commerce des savants égarés qu'il voulait ramener à Dieu.

Il voyait souvent son compatriote, le célèbre astronome Lalande, qui avait été le compagnon des premiers jeux de son enfance, au pays de Gex, et que

l'on considérait à Paris comme un des chefs les plus ardents du parti de l'incrédulité arrivée à l'athéisme le plus absolu.

Elève des jésuites, au collège de Lyon, Lalande eut pour professeur de sciences, pendant sa jeunesse, un mathématicien célèbre, le Père Bereaud, à qui il exprima plusieurs fois, avec insistance le désir d'entrer comme novice dans la compagnie de Jésus. Jeune encore, après avoir fini ses études classiques, attiré vers l'étude des sciences physiques et de l'astronomie, il fit un séjour à la cour de Frédéric II, roi de Prusse, et devint l'ami de ces philosophes impies dont le roi sceptique aimait à s'entourer: Maupertuis, Lamettrie, Dargens. Ses succès précoces et ses relations mauvaises, l'orgueil et les fréquentations suspectes étouffèrent la foi dans son âme, sans lui faire perdre son amitié d'enfance pour M. Émery.

Esprit faux, gonflé d'orgueil, très versé dans les sciences expérimentales, mais d'une profonde ignorance en matière de philosophie et de religion, Lalande avait encore le défaut singulier d'être un fanfaron d'incrédulité, et d'étaler à tout propos, avec une audace imperturbable, son dédain pour les pratiques religieuses. Il disait, un jour, à M. Garnier, qui, d'ailleurs, n'avait pas de peine à le réfuter : « Je ne vois dans le magnifique spectacle du firmament et des lois admirables des corps célestes que des forces et du mouvement, mon intelligence n'a aucune idée de la cause première

qui a fait ces mondes et déterminé les lois eternelles de leur évolution.

M. Émery ne l'évitait pas, malgré son impiété publique, le recevait à la campagne d'Issy, les jours de promenade, et il aimait à répondre aux craintes exprimées par M. Garnier, avec une tristesse respectueuse : « M. de Lalande n'est pas plus athée que vous et moi. Il se dit athée par une vanité ridicule, et pour faire parler de lui. »

L'orgueil fit perdre à Lalande jusqu'au sentiment des convenances; il commettait souvent des maladresses éclatantes dont il n'avait ni le sentiment ni le regret. Son Dictionnaire des athées était son œuvre de prédilection, il le considérait comme l'expression la plus heureuse et la plus complète de ses pensées à l'égard de la religion. Voulant donner plus d'autorité et de longueur à la liste des athées célèbres qu'il avait dressée, il eut l'impertinence d'affirmer dans son dictionnaire que le cardinal, archevêque de Tours, ne croyait pas à l'existence de Dieu. Le vénérable cardinal se plaignit avec douleur de la calomnie de Lalande à sa parente, l'impératrice Joséphine qui en informa Bonaparte, en ce moment à la tête de ses troupes, et à la veille de la glorieuse bataille de Marengo. - Bonaparte adressa aussitôt à l'Académie dest sciences de Paris une lettre énergique et pressante qui devait être lue publiquement, en présence de Lalande, et de tous les membres de la compagnie. Il y disait qu'il était étrangement surpris que, dans

un temps où la Providence se manifestait avec tant d'éclat en faveur des armées françaises, il y eût alors, au sein même de l'Académie, des hommes assez absurdes pour soutenir qu'il n'y a point de Dieu, qu'il espérait que l'Académie ferait son devoir à l'égard de M. de Lalande, et qu'au reste, si elle négligeait de le faire « que M. de Lalande n'oubliát pas qu'il irait lui-même le mettre à la raison. »

Lalande humilié, confus, abattu dans son orgueil immense, par cette correction publique, éclatante qui le couvrait d'ignominie au yeux de toute la France, exprima quelques jours après son chagrin dans cette lettre à un de ses amis.

<< Cette semaine il m'est arrivé trois avanies dont chacune aurait suffi autrefois pour me faire mourir; mais, aujourd'hui, je n'ai plus de nerf; je suis comme insensible, n'étant pas mort de chagrin, La première, c'est l'affront que j'ai reçu de l'empe reur lui-même, en présence de l'Académie. La seconde, c'est que, quoique président du bureau des longitudes, je n'ai pas pu faire recevoir mon neveu que les examinateurs ont refusé malgré ma protection et mon crédit. La troisième, enfin, que le même neveu m'a donné un soufflet. »

II

Ces avertissements sévères et ces leçons de l'expérience ne pouvaient pas, cependant, redresser son esprit, et, en 1805, il fit hommage à M. Émery,

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