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de son second supplément au Dictionnaire des Athées, sans paraître même soupçonner l'inconvënance d'un tel envoi fait à un prêtre dont il oubliait le caractère sacré et les convictions inébranlables. M. Émery lui exprima son étonnement, et fit part ensuite de sa tristesse à Madame de Lalande, niècė du savant astronome qui vivait avec son oncle et gémissait des aberrations de son esprit.

« M. de Lalande, écrit M. Émery, a eu la complaisance de m'envoyer son deuxième supplément. J'ai cru, Madame, devoir le remercier et lui témoigner en même temps la profonde affliction que m'avait causée sa lecture.

<< Il m'a répondu et m'a dit que vous partagiez mon mécontentement. Je vous avoue que cela m'a fait grand plaisir. Dans le vrai M. de Lalande se fait le plus grand tort possible. Votre bon esprit vous le fait sentir et votre excellent cœur s'en afflige.

<< On voit avec douleur que sa manie de vouloir passer pour athée est incurable. Il vise sans cesse à la célébrité, et il y arrive, mais par une voie qui le couvre de confusion et de ridicule, auprès de la généralité des hommes. Il va plus loin dans ce der. nier écrit que dans tous les autres. Il soulèvera contre lui tous les savants, parce qu'il veut abaisser Newton, et affaiblir par là le poids de son autorité. Il proclame et déclare athées beaucoup de personnes vivantes. Je crains qu'il ne s'en trouve quelqu'une qui l'attaque au criminel, et il

est certain qu'après la déclaration qu'il a faite, il n'est presque point de pays dans le monde d'où il ne fût chassé.

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« Comment, quand on connaît M. de Lalande n'être pas affligé de voir un homme si estimable, si bon, si bienfaisant, attaqué d'une manie, on ne peut pas s'exprimer autrement, reuse pour la société, si préjudiciable à son honneur et à son repos ? »

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M. Émery cherchait dans ses conversations intimes et fréquentes avec Lalande, à le ramener à de meilleurs sentiments, pour le délivrer d'une manie qui ne reposait pas sur une conviction sincère.

Les sectaires qui avaient juré, sous le règne de Voltaire, l'anéantissement de la religion chrétienne, et qui étaient organisés, disciplinés, dirigés dans leur abominable campagne, avaient un grand empire sur l'esprit de Lalande; ils ne voulaient pas lâcher leur proie.

Un jour, cependant, après une longue et sérieuse conversation, dans les jardins d'Issy, Lalande révéla le fond de sa nature et de ses convictions; il prit un engagement formel avec M. Émery.

«Mon cher cousin, lui dit M. Émery, nous sommes tous mortels, et vous ne voulez pas, sans doute, sortir de ce monde, sans remplir des devoirs dont vous ne pouvez ignorer l'importance ?

- « C'est bien mon intention,» répond Lalande; «si je vous faisais appeler, consentiriez-vous à me procurer le secours de votre ministère ?

« Vous pouvez y compter, « dit M. Émery; «< comme prêtre, je dois être disposé à me rendre auprès de tout homme qui réclame les secours de la religion; à plus forte raison, s'il s'agissait d'un homme comme vous, qui êtes mon compatriote, mon ami et mon parent. Mais si j'apprenais que vous êtes malade, et que vous oubliez cette promesse, me permettriez-vous d'aller vous rappeler les sentiments que vous me témoignez aujourd'hui ?

« Oh! si le cas arrivait, » répond Lalande, « vous me feriez plaisir d'en user de la sorte. »

Quelques jours après cette conversation, Lalande est frappé d'une maladie grave; M. Émery accourt: il veut entrer; mais les philosophes sectaires veillaient sur leur proie. Ils répondirent que l'état du malade n'était pas alarmant, et qu'on recevrait le prêtre, le lendemain. Pendant la nuit, la mort emporta Lalande dans l'éternité. Dieu n'accorde pas toujours aux mourants la grâce suprême du pardon refusée pendant toute la vie.

M. Émery consterné rencontra la domestique qui avait soigné Lalande, pendant ses dernières heures.

«Oh ! Monsieur, » s'écria-t-elle, en le voyant, « que mon cher maître vous a donc demandé, pendant la nuit de sa mort! Il a prié et conjuré ces Messieurs qui étaient là, de permettre qu'on vous envoyât chercher et il s'est mis en colère contre eux parce qu'ils lui refusaient cette consolation.

«Oh! que de fois ce pauvre défunt vous a réclamé!» Les voies de Dieu sont impénétrables !

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M. Émery avait encore une grande estime pour Deluc, savant naturaliste, membre de l'Institut, qui appartenait à la religion réformée. Il fit imprimer les Lettres sur l'histoire physique de la terre, et le Précis de la philosophie de Bacon de cet écrivain modeste et laborieux. Deluc s'estimait heureux de consacrer son talent, ses vastes connaissances et sa vie même, à la défense de la révélation chrétienne méconnue par les partisans trop nombreux de la religion naturelle et du vague déisme des philosophes du dernier siècle.

En favorisant le succès de ce savant géologue, M. Emery avait sans cesse devant les yeux le salut des âmes, et il était soutenu par l'espérance de voir, enfin, cet homme de bien et de science, élevé dans l'erreur, ouvrir les yeux et confesser la vérité catho lique, dans son intégrité.

Le 28 octobre 1803, M. Émery faisait connaître au cardinal Fesch, dans une lettre sur la situation générale de l'Eglise, son opinion sur le caractère et la valeur de Deluc :

« Il est d'abord très étonnant que le Saint-Pèré trouve sa principale consolation dans l'Église de France. Cependant, en réfléchissant sur ce qui sé passe en Allemagne, je suis moins étonné.

<«< Je suis en correspondance avec un savant Génevois, nommé Deluc, à l'occasion des ouvrages qu'il compose en faveur de la religion chrétienne, et de plusieurs complots contre cette religion qu'il a déjoués à Berlin et ailleurs, jusque là, qu'un impie dans une réponse qu'il lui a faite, lui a reproché d'être l'agent du pape à Londres;

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même Genevois a la qualité de lecteur de la reine à Londres; il m'a appris ce qui se passait en Bavière, et il en était vraiment indigné. Il m'écrivait de Brunswick, le 7 septembre :

« L'impiété se montrait, il est vrai, plus ouvertement dans notre communion protestante, mais, aujourd'hui, la secte anti-chrétienne qui travaille sous le manteau du Christianisme a prévalu en Bavière, et se sert d'un Souverain aveugle, pour avancer son ouvrage. On lui a fait publier des règlements pour l'éducation, qui-livrent la jeunesse à ses instituteurs. On lui a fait adresser aux magistrats d'Augsbourg une lettre de reproches de ce qu'on y permet l'impression et la distribution des livres qui traversent le progrès de l'esprit de lumière; livres, dont il a défendu l'entrée dans ses états, et de ce qu'on a reçu de jeunes Bavarois dans l'institut des jésuites. dont ces magistrats ont ordonné le retour dans des écoles de perversion..... Il a établi des inspecteurs de librairie avec pouvoir de saisir et de confisquer toutes les images des saints et tous les livres de théologie qui ne sont pas conformes à la religion épurée. Ces gens là ont étendu leur influence

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