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prétentions ambitieuses d'un souverain devant qui l'Europe courbait la tête.

Le cardinal Maury rédigea une adresse qui devait être présentée à l'empereur, au nom du chapitre métropolitain, pour lui faire connaître, d'une manière solennelle, dans ces conjonctures difficiles, les sentiments du clergé à son égard.

Les grands vicaires de Paris et les chanoines de la métropole réunis en séance extraordinaire reçurent préalablement communication de cette adresse, et furent invités à faire leurs observations.

:

M. Émery assistait à cette réunion. Il avait reçu avec amitié, le cardinal Maury, à son retour de Rome il lui avait rendu de fréquents services, le recevait à la campagne avec une bienveillance paternelle, se plaisait même, à lui donner avec une autorité ferme et discrète, les conseils les plus sages, les plus conformes aux intérêts de sa conscience. Ils avaient renoué les liens qui les unissaient dans ces premiers jours de la Révolution, quand ils défen. daient ensemble avec un égal courage et un retentissement inégal la cause de l'Église compromise par les sectaires qui tenaient la France sous leurs pieds.

Il n'y avait done aucune amertume, aucun ressentiment personnel dans le cœur de M. Émery à l'égard du cardinal Maury; mais il ne pouvait pas partager l'opinion de son ami sur les pouvoirs du Chapitre, et sur la nomination des vicaires généraux. Dans les mémoires inédits qu'il composa sur

cette matière délicate, que nous avons sous les yeux, il refusait nettement aux chapitres le droit de révoquer les grands vicaires pour donner tous les pouvoirs spirituels à l'évêque nommé en dehors du Souverain Pontife; il s'élevait aussi fortement, comme il l'avait fait déjà à l'occasion de la constitution civile du clergé, contre la prétention du gouvernement de s'immiscer dans les affaires ecclésiastiques, d'appeler un évêque titulaire, de le transférer, sans consulter le Pape, d'un siège à un autre, par un acte capricieux de son autorité.

Sur tous ces points, M. Émery ne pouvait pas transiger; sa pensée était irrévocablement arrêtée.

Aussi, lorsqu'il entendit la lecture de l'adresse rédigée par le cardinal Maury pour flatter d'une manière coupable l'autorité de Napoléon, en bravant contre toute justice et toute convenance, les prières et les menaces de Pie VII, il se leva, signala avec dignité les erreurs exprimées, et demanda hautement un changement dans la rédaction de l'adresse.

Le cardinal Maury prétendait :

<< 1° Que l'usage constant de toutes les églises de France, était et avait toujours été depuis plusieurs siècles, que les chapitres déférassent aux évêques nommés par le souverain toute la juridiction épiscopale; 2o qu'en conséquence de ce droit ecclésiastique, ce fut par le sage conseil de Bossuet à Louis XIV, que tous les archevêques et évêques nommés depuis 1682 jusqu'à l'année 1693, allèrent

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324 M. ÉMERY ET L'ÉGLISE DE FRANCE

gouverner paisiblement, en vertu des pouvoirs qui leur furent donnés par les chapitres, les églises métropolitaines ou les cathédrales dont ils étaient destinés à remplir les sièges vacants, sans qu'on leur opposât ni le moindre empêchement, ni la moindre réclamation. >>

Le cardinal Maury avait émis une assertion téméraire, en attribuant à Bossuet une parole qu'il n'avait jamais prononcée, une opinion qu'il n'avait jamais défendue. M. Émery le fit observer publiquement, en quelques mots. Après une courte délibération, l'adresse fut modifiée et présentée à la signature des membres de la réunion. M. Émery craignait avec raison une surprise; il opposa un refus et se retira.

Nous verrons bientôt la réalisation des craintes du vénérable supérieur de Saint-Sulpice.

CHAPITRE XII

LE COMITÉ ECCLÉSIASTIQUE ET LE SECOND MARIAGE DE L'EMPEREUR

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SOMMAIRE. Nomination du Comité ecclésiastique. M. Emery en fait partie et se sépare de ses collègues sur des points fondamentaux. refuse de signer leurs résolution. Affaire du second mariage de l'empereur. Difficultés théologiques. Sentiment de M. Emery. Sa réponse au cardinal della Somaglia. Étonnement du pape et conduite diverse des cardinaux dans cette affaire. Les noirs et les rouges. Manifeste des opposants.

I

Tandis que les troupes françaises enlevaient du fort Saint-Ange le drapeau pontifical et s'emparaient par force de la ville de Rome, Pie VII avait signé de sa main une protestation indignée et la bulle solennelle d'excommunication contre l'empereur. Par cet acte de courage il bravait le martyre, mais depuis longtemps, il était prêt à mourir; il avait offert à Dieu pour la défense de l'Église, sa vie pleine de déboires et du dégoût infini des choses humaines.

Enfermé à Savone, traité comme un prisonnier, il se dressait encore dans sa captivité, il résistait sans faiblesse, à celui devant qui tremblaient tous

les souverains; il refusait avec énergie de seconder ses projets schismatiques, de ratifier ses choix pour l'épiscopat.

Irrité de cette résistance qui défiait sa colère et méprisait ses menaces, l'empereur sentait bien qu'il avait déjà fait un abus coupable de sa puissance, en condamnant à l'exil, le chef de l'Église; malgré ses emportements calculés, il ne s'arrêta pas à la pensée de faire un martyr en immolant le Pape; il conçut un autre dessein.

Il y avait malheureusement, dans le clergé français des hommes tremblants devant sa puissance et liés envers lui, par les honneurs dont il les avait comblés. Il leur avait prodigué les décorations, les places au Sénat, les titres de comte et de baron, et, tout en méprisant lui-même ces vains hochets de la faiblesse humaine, il avait su en faire un usage heureux pour s'assurer des serviteurs empressés à seconder ses desseins, à réaliser les espérances de son ambition sans limite.

En présence des difficultés soulevées par l'opposition courageuse de Pie VII, Napoléon institua une commission ecclésiastique dans laquelle il fit entrer quelques-unes de ses créatures et avec eux des hommes d'une dignité irréprochable; il les invita à répondre à un formulaire dont il avait préparé les éléments.

Cette commission était composée du cardinal Fesch, président, du'cardinal Maury, de l'archevêque de Tours, des évêques de Nantes, de Tréves

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