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dans ses mains les rênes de l'Église, et elles justifiaient la prudence légitime de ses résolutions.

Mais Dieu manifesta d'une manière sensible et surnaturelle la protection qu'il ne refuse jamais à l'heure du danger, il rendit inutiles les dernières précautions du Pontife mourant. La Russie, l'Allemagne et la Turquie, des nations étrangères hostiles même par leurs croyances religieuses à l'Église catholique, devenues subitement les défenseurs d'une cause abandonnée par les nations chrétiennes, avancent leurs rangs, se précipitent sur l'Italie pour arrêter les projets ambitieux du Directoire, servi par un capitaine de génie, et dégagent la ville de Venise. Leurs soldats montent la garde pendant que le conclave, après avoir appelé sur ses délibérations les lumières de l'EspritSaint, se réunit dans le monastère de Saint-Georgesle-Majeur, et donne un pape à l'Église catholique, dans la personne de Pie VII, de la famille illustre des Chiaramonti.

C'était un fardeau redoutable et bien lourd que le conclave imposait aux épaules du successeur de Pierre. Sur tous les points de l'Église catholique où s'arrêtaient ses yeux voilés de tristesse, Pie VII, ne rencontrait que des sujets d'alarmes, des épreuves, des révoltes, d'effrayantes menaces. Jamais le secours de Dieu ne lui fut plus nécessaire qu'à cette heure, où le présent et l'avenir n'avaient plus ni consolation ni espérances.

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En apprenant cette heureuse élection, quelques évêques sollicités par M. de Bausset, résolurent d'adresser au nouveau Pontife un mémoire sur la situation des affaires ecclésiastiques en France, et de demander à Celui qui est le centre de l'Église catholique ses conseils, ses lumières et une direction conforme à ses vues.

M. Émery fut chargé par M. de Bausset et par ses collègues dans l'épiscopat de rédiger en leur nom ce mémoire, auquel ils donnèrent la sanction et l'autorité de leur signature (1).

II

Après avoir exprimé ses regrets de la mort de Pie VI et offert ses félicitations respectueuses à son successeur, M. Emery fait un tableau fidèle de l'état lamentable de l'Église de France: il rappelle l'impiété s'affirmant sans pudeur, les temples fermés, les prêtres exilés, déportés, égorgés, les évêques schismatiques installés, après le serment criminel de fidélité à la constitution civile, à la place des évêques légitimes; il parle des faux évêques qui égarent les fidèles en les retenant dans l'erreur et dans la révolte contre la chaire de Pierre,

(1) On conserve au séminaire Saint-Sulpice ce mémoire, écrit tout entier de la main de M. Émery, le 15 mai 1800.

des prêtres qui les suivent, et qui se sont emparés, par une complicité coupable, des cathédrales et des paroisses; il ne cache pas non plus les tristes contestations qui se sont élevées entre les évêques fidèles, à l'occasion des serments demandés : malentendus déplorables, qui contribuent à diviser encore aujourd'hui des cœurs également dévoués à l'Église et soumis au vicaire de Jésus-Christ.

<< Il est un autre mal, » écrit M. Émery, « dans le même genre, que Votre Sainteté ne connaît peutêtre pas, et qu'il est heureusement en son pouvoir de faire cesser. Nous avons tous cru, et plusieurs de nos collègues qui sont dehors, l'ont pensé avec nous, qu'on pouvait évidemment remplir les condi tions qui ont été successivement prescrites aux prêtres, pour qu'il leur fût loisible d'exercer publiquement leur ministère, en différentes formules, dépendantes ordinairement pour le sens, de ceux qui en étaient les auteurs. Nous avons été plus à portée que nos collègues, exilés dans des pays lointains, de savoir quelles étaient ces intentions, et de reconnaître qu'on pouvait souscrire ces formules sans blesser aucune règle de la foi ou de la morale. Un grand nombre de nos collègues, au dehors, ont été d'une opinion contraire; et il n'est pas jusqu'à la simple déclaration de soumission aux lois de la République, qu'ils n'aient jugée illicite et qu'ils n'aient défendu de faire dans leurs diocèses, jusqu'à obliger à la rétractation et priver de toute fonction ceux qui l'auraient faite... Con

séquemment, il n'y a point eu de culte dans une grande partie de la France; le peuple est demeuré sans instruction et sans secours spirituels. Et Votre Sainteté voit facilement quels inconvénients entraîne une semblable cessation.

<< Il est indubitable que tous ceux qui ont fait ces serments et ces déclarations dans la vue de ne point laisser les fidèles sans culte, n'ont rien à changer dans leurs sentiments intérieurs; qu'ils sont parfaitement d'accord, pour le fond, avec ceux qui les ont refusés, et que les uns et les autres ne diffèrent que dans la manière d'interpréter les formules. Oh! qu'il était facile de s'entendre! et combien il aurait été sage de suivre l'esprit et la méthode de saint Athanase, dans le concile qu'il tint à Alexandrie, au retour de son exil! Il trouva entre les chrétiens, qui d'ailleurs, étaient tous prononcés contre l'Arianisme, une multitude de divisions sur des points d'une haute importance : toute l'Église en était troublée. Il conféra avec les divers partis, les fit s'expliquer les uns en présence des autres, les réconcilia, et rendit ainsi à l'Église un service que saint Grégoire de Nazianze met au-dessus de tous les jeûnes, de toutes les mortifications, de tous les écrits et de tous les travaux de ce grand évêque (1).

« Les différentes formules qui ont donné lieu aux contestations, sont aujourd'hui abolies. On leur en a

(1) Oratio xxi.

substitué une, qui est la promesse de fidélité à la constitution. Nous avons cru qu'on pouvait la permettre. Avant de prendre un parti, nous aurions bien désiré qu'il fût possible de consulter le SaintSiège et d'attendre sa réponse, mais le délai dans une affaire qui nous a paru souffrir peu ou point de difficulté, entraînait de trop grands inconvénients : car c'en est un sans doute très grand que de laisser pendant un temps notable tout un peuple sans culte, sans instructions, sans sacrements. De plus, il aurait résulté de la cessation du culte public dans les lieux où il était auparavant exercé, que les schismatiques se seraient emparés des églises

vacantes. >>

M. Émery énumère ensuite les arguments qui justifient la conduite de ceux qui ont cru, en conscience, pouvoir prêter et conseiller les serments, et il termine le mémoire par ces paroles d'un fils soumis de l'Église :

« Au reste, Très Saint Père, prononcez dans votre sagesse, et faites connaître votre jugement. Nous ne céderons en docilité et en soumission à aucun de nos collègues. Nous sommes disposés à dire hautement que Pierre a parlé par votre bouche, ainsi que le disait le quatrième concile œcuménique dans ses acclamations à la lettre de saint Léon. »

Ce mémoire rédigé avec une grande modération et dans le dessein de faire connaître au chef de l'église les sentiments de l'épiscopat à son égard et

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