Sayfadaki görseller
PDF
ePub

de livres, vous aurez toujours une Bible: lisez-la attentivement et d'un bout à l'autre; peut-être que ́ cela ne vous est jamais arrivé.

[ocr errors]

Disposez tellement votre temps, qu'il vous en reste la plus grande partie pour la prière et pour l'étude. Si vous pouvez débuter par une retraite, ce serait le mieux : car le point auquel vous devez vous attacher davantage, c'est à former votre intérieur, à purifier vos intentions, et à n'avoir point d'autres vues que la gloire de Dieu : Ne forte, cum aliis prædicaverim, ipse reprobus efficiar.

« Rien n'est plus dangereux pour un prédicateur que les applaudissements; et, s'il n'est pas un homme intérieur, un homme d'oraison, il est fort exposé à périr. Quand nous voyons dans l'Évangile qu'au jour du jugement, des hommes diront à Notre-Seigneur : « N'avons-nous pas chassé les démons et fait des prodiges en votre nom? » et que Notre-Seigneur leur répondra: « Je ne vous connais « pas; retirez-vous, ouvriers d'iniquité! » j'ai toujours cru que cela devait s'entendre des grands prédicateurs.

<< Faites-donc votre capital de la piété. Vous n'en prêcherez que mieux et avec plus de succès.

« Je vous embrasse et je vous recommande à la grâce de Dieu. >>

VI

Cinq ans plus tard, lorsque la Providence appela M. Fournier à l'épiscopat, M. Émery, qui portait le plus grand intérêt à l'âme de son ami, lui renouvela ses conseils paternels, et lui écrivit cette lettre, où se révélent encore les sentiments si chrétiens. et les fortes leçons qu'il vient de rappeler.

« Je ne vous verrai peut-être pas demain, mon cher Fournier, et je ne veux pas tarder à vous donner quelques conseils. Le premier et le plus important est de vous pénétrer, dès à présent, de la grandeur de votre état, des obligations qu'il vous impose, d'en faire l'objet de votre méditation de tous les jours; de toutes les heures, et de vous rappeler sans cesse cette parole de saint Paul: Oportet episcopum irreprehensibilem esse,...sobrium, prudentem, ornatum, pudicum... Souvenez-vous que, dès à présent, vous allez être en spectacle, et par conséquent, que n'ayant rien, par la miséricorde de Dieu, à réformer dans le fond de votre conduite, vous devez réformer dans l'extérieur tout ce qui pourrait donner des impressions moins favorables. Votre gaieté, surtout à table, paraît trop. Vous voulez plaisanter sans cesse, vous dissertez trop

sur les mets qu'on sert à table. Ceux qui ne vous connaissent pas croiraient que vous êtes un homme de bonne chère. Ce n'est de votre part que plaisanterie, bonne humeur. Mais je sais qu'on ne pense pas toujours de même, et qu'à Lyon le pré. dicateur perdit beaucoup dans ses repas et ses sociétés particulières.

« Je crois ne devoir pas perdre un moment pour vous donner cet avis, puisque vous allez être invité chez les ministres. Vous ne tarderez pas à l'être chez M. Cambacérès, qui est de Montpellier, et vous serez très observé. L'Apôtre disait à Tite, ce que je vous répète : In omnibus teipsum præbe exemplum bonorum operum, in doctrina in integritate, in gravitate, verbum sanum, irreprehensibile.

« Vous savez de quel esprit et de quel cœur part ce qui précède. »

C'est avec cette délicatesse et cette autorité fortifiée par la parole divine, que M. Émery faisait accepter ses conseils et dirigeait les âmes, sans les offenser.

Après de longues démarches toujours infructueuses, M. Emery sut intéresser à la cause de M. Fournier un homme qui avait un grand ascendant sur l'esprit du premier consul: c'était M. Fesch, archevêque de Lyon. Le 1er janvier 1803, M. Fournier apprenait à Turin où il avait été envoyé en captivité en sortant de Bicêtre, qu'il était relevé de

la surveillance de la police et mis à la disposition de l'archevêque de Lyon. En lui communiquant luimême cette nouvelle, M. Fesch l'invitait à prêcher le carême dans son église métropolitaine, lui exprimait sa joie d'une délivrance attendue et demandée depuis longtemps par tous ses amis, et lui envoyait, avec une délicatesse touchante, les fonds nécessaires pour régler ses comptes, faire son voyage et s'installer à Lyon.

<«< J'ai à vous apprendre, Monsieur, » écrit le cardinal Fesch, « une nouvelle aussi agréable pour moi que pour vous: c'est celle de votre mise en liberté que je tiens de main sûre. Recevez mes félicitations et le témoignage de la joie que j'en éprouve. Ainsi, Monsieur, vous pourrez rentrer bientôt dans la carrière ouverte à vos talents et à votre zèle que je réclame pour mon compte, car j'espère que nous aurons le plaisir de vous entendre dans l'église métropolitaine de Lyon, au carême prochain. A moi, je m'en réjouis, — appartiendra l'avantage de vos succès évangéliques. Rendez-vous ici, dès que vous le pourrez, rien ne sera plus facile que de vous procurer de Paris vos papiers et tout ce qui vous est nécessaire. Je pourvoirai à tout, et je m'estimerai heureux de vous donner des preuves de mes sentiments pour vous. C'est le premier consul qui m'écrit d'avoir à ordonner de vous relever de la surveillance et de vous mettre à ma disposition. Venez donc, Monsieur, à Lyon, je

serai enchanté de faire votre connaissance. Si vous manquez d'argent, tâchez d'en trouver à Turin, et je m'en charge. Autrement, tirez sur moi directement, et écrivez-moi. »

+ JOSEPH FESCH, archev. de Lyon.

Lyon, 11 nivôse, an XI (1er janvier 1803).

« ÖncekiDevam »