Sayfadaki görseller
PDF
ePub

comme pour me la faire signer sans examen, et qu'en y jetant les yeux, afin de m'assurer de son exactitude, je m'aperçus que ce traité ecclésiastique n'était pas celui dont les commissaires respectifs étaient convenus entre eux, dont était convenu le premier consul, mais un tout autre.

« Un procédé de cette nature, incroyable sans doute, mais réel, et que je ne me permets pas de caractériser,

- un sem

la chose parle d'ailleurs d'elle-même, blable procédé me paralysa la main prête à signer... Le frère du premier consul ne sut que répondre. Il arrivait de la campagne, où il traitait des affaires d'Autriche; étant appelé précisément pour la cérémonie de la signature du traité, dont il ne savait rien pour le fond, il était tout neuf et ne se croyait choisi que pour légaliser les conventions admises de part et d'autre... Comme l'autre personnage officiel, le conseiller d'État Crétet, en affirmait autant, je ne pus m'empêcher de me retourner vivement vers l'abbé Bernier... Ce fut alors que, d'un air confus et embarrassé, il balbutia qu'il ne pouvait nier la vérité de mes paroles et la différence des Concordats que l'on proposait de signer; mais le premier consul l'avait ainsi ordonné et lui avait affirmé qu'on était maître de changer tant qu'on n'a pas signé.

« Je ne détaillerai pas ce que je répliquai à un aussi étrange discours... Ce que je relevai bien plus vivement encore, ce fut le mode, la surprise employée pour réussir. >>

Il ne saurait y avoir qu'une opinion sur un pareil procédé, s'il était vrai. Mais le cardinal avertit luimême le lecteur « que s'il trouve dans ses Mémoires

des contradictions ou des inexactitudes touchant les hommes, les événements ou les faits, il doit avoir recours aux dépêches écrites de sa main pendant sa légation, sans s'arrêter à des détails nécessairement défectueux, puisqu'ils sont racontés après douze années et qu'il ne pouvait pas alors consulter sa propre correspondance. >>

Le père Theiner a exhumé des archives secrètes du Vatican et publié les dépêches auxquelles Consalvi renvoyait. Voici celle qu'il adressait, le 16 juillet 1801, au cardinal Doria sur l'incident rapporté dans ses Mémoires :

<< Dans la matinée (du 13 juillet), de bonne heure, je reçus un billet confidentiel de l'abbé Bernier, dans lequel il m'annonçait qu'il avait été chargé, avec Joseph Bonaparte et Crétet, de signer le traité. Peu de temps après, je reçus du même un autre billet dans lequel il m'informait que dans deux heures il devait venir me conduire en la maison de Joseph Bonaparte, où le traité devait être signé. Mais comment pourrai-je exprimer ma surprise, lorsque, dans ce billet, je trouvai annexée la minute d'un nouveau projet que les plénipotentiaires me proposaient à signer, dans lequel se retrouvaient des articles dont, après vingt-cinq jours d'efforts, j'avais obtenu l'abandon! J'envoie la copie de cette minute, que j'ai fait faire à la volée avant de la restituer, avec les ratures mêmes de l'original. Dans l'excès de ma douleur, je répondis de suite par un billet à l'abbé Bernier, dans lequel je lui exprimais mon étonnement et mon angoisse d'être appelé, non à signer le projet arrêté et convenu, mais à discuter tout de nouveau et avec des personnes absolument nou

velles dans la négociation. Peu après arriva l'abbé Bernier qui, de vive voix, me répéta, avec de douces paroles, les assurances qu'il m'avait données dans son billet de ne pas me désespérer et que l'affaire finirait bien. Mais nous lui fîmes connaître combien était fort ce qu'on faisait à notre égard et combien de telles illusions nous paraissaient peu fondées.

« C'est après tous ces incidents et dans d'aussi douloureuses circonstances que nous nous rendîmes dans la maison de Joseph Bonaparte. »

Ainsi, d'après le cardinal Consalvi lui-même, il est inexact qu'il connût seulement chez Joseph, au moment où il allait prendre la plume, les modifications introduites dans le traité à la dernière heure: elles lui avaient été communiquées dans la matinée, chez lui, avant qu'il se rendît chez Joseph. Il est inexact que l'abbé Bernier ait essayé d'extorquer sa signature, en lui présentant, sans l'avertir, un traité modifié au lieu du traité convenu. Dans la matinée, l'abbé Bernier avait envoyé le texte même des modifications, et Consalvi en avait pris copie pour les envoyer au cardinal Doria.

III

Du serment du sacre.

On croit généralement que le serment que Napoléon prêta lors de son sacre, de respecter les lois du Concordat et la liberté des cultes, fut prêté entre les mains de Pie VII. C'est une erreur.

La messe finie, le Pape se retira dans la sacristie. C'est alors que le grand aumônier présenta à l'Empereur

le livre des Évangiles. En même temps, François de Neufchateau, président du Sénat; Defermon, le plus. ancien président du Conseil d'État; Fontanes, président du Corps législatif, et Fabre de l'Aude, président du tribunat, lui apportèrent la formule du serment constitutionnel, et l'Empereur assis, la couronne sur la tête et la main levée sur l'Évangile, prononça le ser

ment.

§ 3. Explication des articles du Concordat (1).

I

Le Concordat reconnaît la Révolution de 89, et réconcilie l'Église avec elle.

Les innovations essentielles de cette Révolution avaient été, dans l'ordre religieux : la sécularisation de l'État et la destruction d'une religion dominante, l'expropriation des biens du clergé, l'abolition des corporations religieuses, le renversement de l'ancienne circonscription ecclésiastique; dans l'ordre politique : la déchéance de la dynastie des Bourbons.

Le préambule du concordat se contente, pour le catholicisme, de la déclaration « qu'il est la religion de la majorité des Français et des consuls ». Ainsi est consacrée l'abolition d'une religion dominante et la sécularisation de l'État.

Consalvi a remarqué l'importance de l'expression: « Tous les efforts tentés, a-t-il dit, pour qu'on déclarât la religion catholique religion de l'État n'avaient abouti

(1) Voir ÉMILE OLLIVIER. L'Église et l'État au Concile du Vatican, tome Ier, p. 110. Le Concordat est-il respecté?

à rien, quoiqu'ils eussent été des plus vifs. Le gouvernément arguait toujours que la base fondamentale de la Constitution, c'est-à-dire l'égalité des droits, des personnes, des cultes et de toutes choses en un mot s'y opposait, et cela d'une manière si décisive, qu'on devait regarder comme une grande victoire d'avoir, je dirai plutôt arraché qu'obtenu, pour le concordat que je fis, la déclaration qu'au moins la religion catholique était en France la religion de la majorité des citoyens (1) ».

L'article 13 dit que : « Ni Sa Sainteté ni ses successeurs ne troubleront en aucune manière les acquéreurs des biens ecclésiastiques aliénés, et qu'en conséquence la propriété de ces mêmes biens, les droits et revenus y attachés, demeurent incommutables entre leurs mains ou celles de leur ayant cause. » Par là, toutes les abbayes, tous les prieurés, bénéfices, toutes les fondations sans distinction et sans exception sont anéantis. Ainsi est ratifiée l'expropriation des biens du clergé.

Les articles 11, 12, 15 ne considèrent comme indispensables au culte que les évêchés, les cures, les chapitres, les séminaires, les fondations en faveur des églises. Aucune mention n'est faite des congrégations religieuses. Cette omission est intentionnelle. «< Le Pape, explique Portalis, avait autrefois, dans les ordres religieux, une milice qui lui prêtait obéissance, qui avait écrasé les vrais pasteurs et qui était toujours disposée à propager les doctrines ultramontaines. Nos lois ont licencié cette milice... Désormais, nous n'aurons plus qu'un clergé séculier, c'est-à-dire des évêques et

(1) Consalvi, Mémoires, I, p. 374.

« ÖncekiDevam »