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Mais le pape avait déjà écrit (12 novembre 1431) au cardinal Julien « Depuis notre élévation sur le Saint-Siège, nous n'avons eu rien tant à cœur que la réforme du clergé. C'est pourquoi nous vous avons chargé, aussitôt terminée votre mission relative à la croisade contre les Tchèques, de vous rendre à Bâle, et d'y présider en notre nom. Après la malheureuse et honteuse déroute des catholiques, vous vous êtes rendu dans cette ville. Après une longue attente, on y a réuni un petit nombre de Pères, et c'est avec leur consentement que vous nous avez envoyé Beaupère, afin de nous informer complètement sur la situation du concile, la guerre et les troubles dans ces contrées. Malgré notre maladie, nous l'avons entendu, de concert avec nos cardinaux, et il nous a fait, à nous et plus tard aux commissaires que nous avions chargés de recueillir sa relation, les communications les plus détaillées. Il a dit, entre autres choses, qu'un grand désordre régnait dans le clergé d'Allemagne, et que la peste tchèque avait infecté une grande partie de ee pays, ainsi que Bâle et les environs. Plusieurs bourgeois de cette ville avaient persécuté les clercs, et même fait mourir plusieurs. [444] Il a aussi parlé d'autres difficultés et dangers causés par la guerre entre Philippe de Bourgogne et Frédéric d'Autriche, et qui rendaient très périlleux l'accès de la ville de Bâle. D'un autre côté, il affirmait que la célébration d'un concile général et la réforme de l'Église étaient un des plus pressants besoins de l'époque. Ces faits et bien d'autres, parvenus à notre connaissance, mais que nous voulons taire pour un motif de convenance (ils étaient de nature à désobliger certains membres du concile), bien pesés dans notre esprit; considérant en outre qu'à raison desdits périls, un très petit nombre de prélats seulement sont venus à Bâle, malgré le long délai accordé, et que les sept ans réglementaires sont écoulés ; de plus, que dans le cas d'une nouvelle convocation il serait impossible de forcer les Pères à paraître au concile, toujours à raison des périls qui les y menaceraient; que l'hiver s'approche; qu'une nouvelle invitation, ainsi que Beaupère nous a paru la désirer, serait inutile, attendu que l'empereur des Grees nous a récemment envoyé, à nous et aux cardinaux, un ambassadeur exprimant le désir de célébrer un concile unioniste dont il avait déjà été question avec notre prédécesseur, et l'ambassadeur nous assurant que, parmi toutes les villes proposées par nous à cette fin, celle de Bologne 1 1. Eugène avait été lui-même légat à Bologne pendant dix mois (1423-1424). (H. L.)

agréerait à son maître; attendu aussi que deux conciles célébrés en même temps se feraient tort l'un à l'autre, et que pourtant l'union avec les Grecs est le bien le plus désirable pour la chrétienté en conséquence, de l'avis des cardinaux, nous vous communiquons le plein pouvoir de dissoudre le concile de Bâle s'il est toujours flottant (si quod adhuc pendere videatur), si la mesure vous paraît opportune (circumspectioni tuæ). Nous vous chargeons en outre d'indiquer, avant la dissolution du présent synode, un concile qui sera tenu dans un an et demi à Bologne, et que nous voulons présider nous-même; enfin de désigner, de concert avec les Pères de Bâle, le lieu de réunion d'un deuxième concile, lequel, d'après le décret de Constance, doit être célébré dans le délai de dix ans. Nous approuvons tout ce que vous jugerez à propos de décider relativement à cette affaire, etc. 1 »

Dix cardinaux signèrent avec le pape cet édit 2.

1. Cf. N. Valois, op. cit., t. 1, p. 121-122; Cecconi, Studi storici sul concilio di Firenze, in-8o, Firenze, 1869, t. 1, p. 59, 69. Bologne était une des villes qui avaient le plus de chance d'être agréées pour la tenue d'un concile par l'empercur et par le patriarche de Constantinople. (H. L.)

2. Mansi, Concil. ampliss. coll., t. xxix, col. 561-564; Ilardouin, Concil. coll., t. vIII, col. 1575-1578; en partie dans Raynaldi, Annal., ad ann. 1431, n. 21, et Cecconi, Studi storici sul concilio di Firenze, t. 1, docum. vii, p. xx sq. Ces deux derniers auteurs donnent la date exacte, 11 idus nov., tandis que Mansi et Hardouin donnent II idus febr. [Monum. concil., t. 11, p. 70; cf. N. Valois, op. cit., t. 1, p. 123. Une deuxième bulle, en date du même jour, 12 novembre 1431, prononçait d'autorité la dissolution du concile actuel et enjoignait à tous les prélats, sous peine d'excommunication, de se rendre à Bologne dans les dix-huit mois, à Avignon dans les dix ans. Monum. concil., t. 11, p. 67]. Sur l'opposition de plusieurs cardinaux à la dissolution et les dix signatures obtenues ou extorquées par le pape pour sa bulle, cf. N. Valois, op. cit., t. 1, p. 123-129. « Voyant Eugène IV malade, les cardinaux voulaient éviter qu'en cas de mort du pape les gens de Bâle entreprissent de lui élire un successeur. Giordano Orsini l'atteste plusieurs des cardinaux qui, dans la suite, désavouèrent cette dissolution l'avaient eux-mêmes réclamée, à tel point qu'Eugène n'était plus libre de s'y opposer: n'avait-il pas juré, lors de son avènemcnt, de tenir le concile dans le lieu que jugerait convenable la majorité du Sacré-Collège? Il est certain qu'il y eut délibération, et qu'excepté un cardinal dont l'opposition fut irréductible, un autre qui n'arriva qu'une fois la résolution prise, tous donnèrent leur assentiment, mêine ceux qui d'abord y avaient mis pour condition qu'on s'assurerait au préalable de l'approbation du concile. Monum. concil., t. 11, p. 330; t. I, p. 194. A vrai dire, en ce qui concerne les dispositions des Pères, il se peut qu'on ait induit les cardinaux en erreur. L'un d'eux, Antoine Correr, désirait qu'on traitât l'affaire à l'amiable: s'il se décida à mettre sa signature au bas de la bulle, c'est sur l'assurance, dit-il, que les Pères

Il est certain que le pape désirait vivement la dissolution du concile, qu'il ne voulait pas cependant ordonner lui-même il préféra remettre l'affaire entre les mains du cardinal-légat, qui agirait selon sa sagesse (circumspectio) et poursuivrait la disso

et Cesarini lui-même y étaient consentants. Un autre, Jcan de Rochetaillée, allègue une indisposition pour expliquer la signature qu'il donna de son lit, sans avoir été, disait-il, suffisamment informé (ibid., t. 11, p. 379, 380). Deux autres des signataires de la bulle manquaient d'indépendance, créatures d'Eugène et dont la toute récente promotion (19 septembre 1431) avait produit une impression pénible; c'étaient François Condolmerio, neveu du pape, et Angelotto de' Foschi, dont la popularité, les succès diplomatiques ne faisaient pas oublier les mœurs peu édifiantes. Puis, en regard de ces partisans, plus ou moins convaincus, de la dissolution, il convient de ranger neuf cardinaux alors éloignés de Rome, qui ne furent point consultés. Deux autres, à Rome même, manifestèrent leur répugnance. Ces derniers ne comptaient pas parmi les moins considérables. Louis Aleman, neveu du camerlinguc, vice-camérier lui-même, successeur en Romagne de Gabriel Condolmerio, avait gouverné la Chambre apostolique pendant six ans, et (détail qu'on ignore) venait d'être forcé de résigner son titre afin de céder la place au neveu d'Eugène IV: soit conviction, soit dépit, il multiplia les objections, inaugurant alors un rôle d'opposition qu'il devait soutenir avec la plus étrange ténacité. Jean Cervantes paraît avoir aussi reproché au pape d'outrepasser son droit; il allégua les décrets du concile de Constance, dont il conservait soigneusement les actes par devers lui et en appela au témoignage du vieux Giordano Orsini : celui-ci, en effet, n'était autre que le président de la session du 9 octobre 1417 où avait été promulguée la constitution Frequens. Aleman et Cervantès seraient allés jusqu'à prédire qu'Eugène IV, tôt ou tard, serait forcé de revenir sur une mesure qu'ils jugeaient inconsidérée (ibid., t. 11, p. 75, 380; t. 11, p. 192). On voit ce qu'il faut penser, dans cette circonstance, de l'unanimité du Sacré-Collège. Au surplus, l'opposition toute canonique de Cervantès était un symptôme alarmant: Elle ne se fût pas produite sans doute sous Martin V. On se rappelle le peu de cas que le feu pape avait fait d'une protestation analogue, et à combien de reprises il avait affirmé son droit de dissoudre et de transférer les conciles généraux. Eugène IV, à cet égard, ne pensait pas autrement que son prédécesseur. C'était Martin V qui, par sa bulle du 1er février, avait investi le légat du droit de dissoudre le concile de Bâle: Eugène IV, par sa bulle du 12 novembre, ne faisait qu'engager Cesarini à user de cette faculté. Pour lui, comme pour Martin V, il n'y avait rien là d'incompatible avec l'application du décret Frequens. Sept ans après le concile de Sienne, on avait tenu le concile de Bâle. Dix ans après le concile de Bâle, on tiendrait celui d'Avignon. Et pour écarter l'objection que ces assemblées étaient des leurres, puisque le Saint-Siège les dispersait avant qu'elles eussent rien pu faire, on annonçait l'ouverture imminente à Bologne d'un concile complémentaire et la ferme intention d'y réparer le temps perdu. Qu'on déplore donc, si l'on veut, les conséquences fatales de la décision du 12 novembre; mais qu'on cesse de la considérer comme le coup de tête irraisonné d'un pape à courte vue, dominé par la peur des discussions et des réformes. Il n'est même pas besoin de supposer chez Eugène, à cette date de novembre, des sentiments hostiles à l'égard d'un concile où pas

lution, si le concile est encore dans un état incertain, adhuc pendere videatur, c'est-à-dire s'il n'est pas encore consolidé, ou s'il existe 445] encore, s'il ne s'est pas dissous.

Le pape envoya cette lettre à Bâle par Daniel de Rampi, évêque de Parenzo. Nous ne savons à quelle époque ce prélat y arriva 1. Cecconi, se fondant sur un diarium inédit 2, pense que ce ne fut

une parole n'avait été encore prononcée, pas une motion mise en avant (il le croyait du moins) qui pût lui porter ombrage. Jusqu'alors les ecclésiastiques rassemblés à Bâle avaient saisi toutes les occasions de prôner sa sainteté, d'exalter son zèle. Ils comparaient à la venue de l'ange Gabriel l'avènement de Gabriel Condolmerio, et le nom d'Eugène leur présageait une génération heureuse due à la collaboration du pape et du concile (ibid., t. 1, p. 79, 100). A ce moment même, ils profitaient de l'envoi d'une nouvelle ambassade pour complimenter le souverain pontife sur sa convalescence; ils le remerciaient de leur avoir donné comme président un homme de la valeur de Cesarini; ils le priaient de leur écrire quelquefois, de leur témoigner de la bienveillance, de les encourager, de les diriger, surtout là où l'intérêt et l'honneur de Rome étaient en jeu. « Il sera nécessaire, disaient-ils, que le pape aide continuellement l'assemblée de ses conseils. » Et cette dernière protestation devait écarter toute méfiance: « Ici chacun nourrit à l'égard de Sa Sainteté les sentiments constants et sincères qui conviennent à des fils dévoués, à de fidèles serviteurs. » (J. Haller, op. cit., t. 11, p. 549, 550.) Si respectueux et si soumis qu'ils se montrassent à l'égard du Saint-Siège, les Pères venaient pourtant d'accomplir une démarche qui, quand elle fut connue du pape, l'indisposa singulièrement. Désespérant de vaincre les hussites par les armes, ils invitèrent ceux-ci à venir discuter avec eux leurs doctrines à Bâle (15 octobre). Eugène IV, épouvanté, vit aussitôt remises en question les condamnations portées contre l'hérésie bohémienne. Cette audience illégale et anticanonique accordée par un concile à des clercs et à des laïques frappés d'excommunication, naguère encore déférés à la vindicte séculière, lui fit l'effet d'un attentat contre l'autorité du Saint-Siège et d'un manque de respect à l'égard des précédents conciles. Appréhendant un nouveau danger pour la foi, il n'en fut que plus impatient de disperser un conciliabule qui se permettait de telles incartades. Avant peut-être d'avoir reçu la dernière ambassade dont il a été question plus haut, et qui, d'ailleurs, par la nature alarmante de certaines de ses communications, l'eût sans doute confirmé dans le dessein d'en finir, il fit un nouveau pas, cette fois décisif, dans la voie périlleuse où il s'était engagé. Je ne parle pas des lettres du 22 novembre convoquant le clergé au concile de Bologne: elles ne furent certainement pas envoyées à cette date. Il s'agit d'un acte solennel, dont le retentissement fut immense. Les bulles du 12 novembre étaient en route pour Bâle, connues peut-être seulement des cardinaux et de quelques clercs. Celles, au contraire, qui portent la date du 18 décembre furent, ce jour même, publiées à Rome, en consistoire, devant toute la cour pontificale et le pape s'empressa d'en envoyer copie aux quatre coins de la chrétienté. » N. Valois, op. cit., t. 1, p. 125-128. (H. L.)

1. Il y arriva le 23 décembre. (H. L.)

2. Studi storici sul concilio di Firenze, t. 1, p. 41.

que le 23 décembre. S'il en est ainsi, les Pères de Bâle avaient reçu auparavant la nouvelle qu'on s'occupait à Rome de la dissolution du concile, puisque, dès la fin de novembre ou le commencement de décembre, ils envoyèrent des ambassadeurs au pape et au roi Sigismond, afin de s'opposer à la dissolution. Ils choisirent à cet effet Jacques de Sirk, scolastique de Trèves, et Thomas Fiene, official de Paris, qui se rendirent d'abord à Milan auprès de Sigismond. Celui-ci venait d'y recevoir la couronne de fer le 28 novembre, et voulait aller à Rome s'y faire couronner empereur. Sigismond annonça, le 11 décembre, au cardinal Julien et aux Pères de Bâle l'arrivée de leurs deux ambassadeurs, promit de les appuyer à Rome, par des lettres de recommandation et plus tard par sa présence personnelle dans cette ville. Il s'élevait ensuite hautement contre toute tentative de dissolution, sans toutefois nommer le pape 2.

De Milan, les ambassadeurs partirent pour Rome; on conserve encore le billet par lequel Sigismond priait le pape de leur faire un accueil favorable 3. Cecconi s'autorise d'un ms. du Vatican pour soutenir que les ambassadeurs n'avaient quitté Bâle que le 30 décembre. Ce qui précède montre que cette donnée n'est pas exacte 4.

784. Les deux premières sessions de Bâle.

pour l'existence du concile.

Conflit

Cependant, le cardinal Julien Cesarini avait régularisé la situation jusqu'alors indécise du concile, et en avait proclamé de fait l'existence selon toutes les formes du droit par la célébration de la première session solennelle dans la cathédrale de Bâle le 14 dé- [446] cembre 1431. C'est le 7 décembre qu'on avait résolu de tenir cette première session dans la salle de l'église Saint-Léonard de Bâle. L'évêque de Coutances 5, Philibert [de Montjeu], l'ouvrit par une

1. Deutsche Reichstagsakten, t. x, p. 204; N. Valois, op. cit., t. 1, p. 130. (H. L.) 2. Mansi, op. cit., t. xxix, col. 583 sq.; Hardouin, op. cit., t. vIII, col. 1595 sq. 3. Mansi, op. cit., t. xxix, col. 582; Hardouin, op. cit., t. vi, col. 1593; Monum. concil., t. 11, p. 43; N. Valois, op. cit., t. 1, p. 127, note 2. (H. L.)

4. Cecconi, op. cit., t. 1, p. 41 et 54, note 23.

5. Æneas Sylvius le nomme un integræ probitatis famæque pater dans son Comment. de rebus Basileæ gestis, qu'il n'écrivit que lorsqu'il fut évêque de Trentc; dans Fea, Pius II a calumniis vindicatus, p. 44.

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