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linaire, ni aucun autre écrivain. Ce qui me porterait à croire que les Philosophumena pour lui, comme pour nous, étaient l'ouvrage d'un auteur anonyme. Ce qui me confirme dans cette croyance, c'est un passage du quatrième livre de l'histoire d'Eusèbe, où, après avoir parlé de plusieurs écrivains, qui, au commencement du ur siècle, c'est-à-dire à l'époque même où notre ouvrage fut composé, publièrent des réfutations contre les hérétiques, ajoute : « Nous avons entre les mains plusieurs de ces ouvrages qui ne portent pas le nom de leur auteur (1). »

EXAMEN DE L'OPINION QUI ATTRIBUE CET OUVRAGE
A TERTULLIEN.

Il était assez facile de prouver que le manuscrit récemment publié par M. Miller n'appartenait ni à Origène, ni à saint Hippolyte. Le dessein que je me propose maintenant offre de bien plus grandes difficultés. En présence d'un ouvrage anonyme, il sera toujours plus aisé de démontrer à qui il n'appartient pas que d'en indiquer le véritable auteur. Il faudrait ici présenter des indications précises, des signes certains et non des conjectures, qui, alors même qu'elles sont accumulées et présentées avec art, ne donnent pas à l'esprit une satisfaction complète. Mais comment rencontrer ces signes certains au n° siècle de notre ère, lorsque les monuments ecclésiastiques qui nous restent de cette époque reculée sont aujourd'hui si peu nombreux! Un jour, je l'espère, le problème maintenant proposé à la critique sera facilement résolu par la découverte de quelques-uns de ces ouvrages qui nous ont été dérobés par le malheur des temps. L'école arménienne de Venise pourra

(1) EUSEB., Hist., lib. V, c. xxvII.

peut-être rencontrer plus tard dans cette littérature trop peu explorée de l'Arménie la version du traité que saint Hippolyte publia contre Caïus, celle des commentaires de Tertullien sur la Genèse, ou celle du Petit labyrinthe; et peut-être alors sera-t-il aisé de résoudre la question qui occupe les critiques.

En exposant ces difficultés, je ne veux pas reculer devant la tâche qui m'est imposée. Je suis même certain de pouvoir offrir, dans l'opinion que je vais émettre, des indications plus précises et des conjectures plus probables que toutes celles qui ont été présentées en faveur d'Origène et d'Hippolyte. Mais, tout en soutenant la valeur de ces probabilités, je ne les donne pas pour des opinions certaines. Elles pourraient tomber un jour devant la découverte de quelque nouvel ouvrage; quel que soit leur sort, jamais aucune découverte ne pourra faire attribuer à Origène ou à saint Hippolyte un livre qu'ils n'ont certainement pas composé.

Ma première pensée, après la lecture de l'ouvrage, fut de l'attribuer à Tertullien, et voici les différents motifs qui m'avaient déterminé :

1o Tertullien a été prêtre de Rome; il y a exercé une grande influence par sa brillante éloquence et par sa vaste érudition. Après avoir adopté les opinions des Montanistes, il fut excommunié par le souverain pontife, et se déchaîna dès ce moment contre l'Eglise romaine. Il se retira ensuite à Carthage, où il vécut jusqu'à une extrême vieillesse. Il avait rassemblé autour de lui un assez grand nombre de disciples et avait formé une secte nouvelle dont il était le chef. Saint Augustin nous dit qu'après s'être séparé des Montanistes, il avait propagé ses doctrines et donné quelques développements à sa secle naissante, « postmodum ab ipsis divisus sua conventicula propagavit (1). » Et nous lisons dans le livre des hérésies,

(1) Aug., lib. de Hæres. Tert.

découvert et publié par Sirmond, que Tertullien avait une basilique à Carthage, où le peuple venait se rassembler autour de lui; que ses disciples y demeurèrent jusqu'au temps de l'évêque Aurélius, et qu'alors, convertis par les arguments persuasifs d'Augustin, ils livrèrent leur église aux catholiques: « Sic apud Carthaginem basilicam habuit (Tertullianus) ubi populi ad eum conveniebant; quæ basilica usque ad Aurelium episcopum fuit, agente enim Augustino Hipponensi episcopo, et rationabiliter cum eis disputante, conversi sunt ecclesiamque suam sanctæ Ecclesiæ transtulerunt (1). »

Tertullien à la tête d'une église et devenu le chef d'une secte particulière, qui le considérait comme le dépositaire de la vraie foi, pouvait dire de sa souveraine autorité ce que nous trouvons dans la préface du livre des Philosophumena (2).

On voit aussi dans ses derniers ouvrages, et entre autres dans son traité de l'Idolâtrie, qu'il prend le ton, je ne dirai pas d'un évêque, mais du souverain pontife lui-même. C'est à ce sujet que Tillemont et Dupin ont observé que dans ce livre <«< il décidait de plusieurs choses comme s'il eût été le maître et l'arbitre de l'Eglise. »

2o Pendant son séjour à Carthage Tertullien a composé un grand nombre d'ouvrages qui étaient déjà perdus au temps de saint Jérôme (3). «On raconte, dit ce grand écrivain, que Tertullien vécut jusqu'à une extrême vieillesse et qu'il com

(1) AUG., lib. de Hæres. ad Quod vult Deum, Tertulianistæ, edit. Sirmon.

(2) Philosophum., p. 3, 1. 61. Μετέχοντες ἀρχιερατείας τε καὶ διδασκα λίας.

(3) Fertur (Tertullianus) vixisse usque ad decrepitam ætatem, et multa, quæ non exstant, opuscula condidisse. (B. HIERON., lib. de Viris (illustribus, c. LIII.

posa un grand nombre de livres qui n'existent plus. » Parmi ces ouvrages plusieurs étaient en grec.

Dans le traité du Baptême que Tertullien écrivit contre les hérétiques afin de démontrer qu'ils ne possèdent pas ce sacrement, il renvoie à un ouvrage grec qu'il a composé. « J'en ai parlé, dit-il, avec plus d'étendue dans mon ouvrage grec (1). A ce sujet, Philippe le Prieur, qui a publié tous les ouvrages de ce Père de l'Eglise, dit dans une de ses notes: << Vous voyez que Tertullien avait déjà écrit en grec sur cette matière comme sur d'autres, ainsi que plusieurs auteurs l'ont observé (2). » Je puis joindre à ce témoignage celui de J. Pamélius, qui, disait en parlant de l'Apologétique : « Ce livre a été traduit en grec, mais je ne suis pas sûr que ce soit par l'auteur lui-même, quoique je sois porté à le croire, parce qu'il a composé quelques autres ouvrages en grec et en latin (3). » De plus, nous lisons dans une préface où l'on parle de l'édition de Pamélius (4) : « Hæc excipiunt græcorum operum fragmenta: ad amicum philosophum de Nuptiarum angustiis seu de Virginitate; de Fato; de Mundis et immundis animalibus; de Circumcisione; de Vestibus Aaron; de Trinitate, de Censu animæ adversus Hermogenem; adversus Apellatianos; de Paradiso de Spe fidelium; de Ecstasi libri sex; adversus Apollonium. »>

:

Mais Tertullien a-t-il composé un ouvrage grec contre

(1) Sed de isto plenius jam nobis in græco digestum est. (Lib. de Baptismo, t. I, c. xv, p. 1216, edit. Migne.)

(2) Vides Tertullianum græce prolusisse in hac materia, ut in aliis, quod multi observarunt. (Lib. de Baptismo, l. I, c. xv, p. 1216.)

(3) An ab auctore ipso (translatus fuerit), an alio quovis factum sit, non satis liquet, quanquam priori sententiæ magis foveam, quod etiam alios quosdam libros latine et græce conscripserit. (T. II, p. 1118.)

(4) T. I, p. 41.

toutes les hérésies en faisant connaître les opinions qui étaient particulières à chacune? Un passage de Nicéphore Calliste, historien de l'Eglise, nous porterait à le croire. Après avoir parlé des écrivains qui ont défendu la vérité, il ajoute : << Plusieurs autres auteurs, animés par un esprit profondément chrétien, ont combattu pour la foi et attaqué les hérésies. En acceptant la discipline et les mœurs de l'Eglise, et en transmettant dans les livres les traditions écrites ou orales qu'ils avaient reçues de leurs ancêtres, ils laissèrent un grand nombre d'ouvrages à la postérité. Parmi eux il faut compter avec raison Caïus et Tertullien, qui ont mis au jour beaucoup de livres excellents, que mon dessein n'est pas d'énumérer en détail (1). »

Pour expliquer ce passage et nous convaincre qu'il ne s'agit pas ici seulement des ouvrages que nous connaissons, nous avons deux témoignages, l'un desaint Vincent de Lérins et l'autre de saint Optat de Milève. Voici celui du premier : <«< Les Marcion, les Apelles, les Praxéas, les Hermogène, les Juifs, les Gentils, les Gnostiques, et les autres sectaires que Tertullien a renversés par d'innombrables et d'énormes volumes, semblables à la foudre, savent s'il a composé un plus grand nombre d'écrits contre les hérétiques (2). » Et dans saint Optat de Milève, je trouve que Marcion, Praxéas, Sabellius et les autres hérétiques contemporains ont été réfutés par

(1) Alii plures christiano plane animo pro fide nostra decertarunt, et adversus hæreses depugnarunt; Ecclesiæque statu ac moribus receptis, aliisque, quæ vel scriptis vel sine scriptis a majoribus accepissent, in litteras relatis, libros plurimos posteritati reliquerunt. Quibus Caïus et Tertullianus merito sunt annumerandi, qui plurima certe et pulcherrima ediderunt scripta, quæ sigillatim recensere præsentis instituti non est. (Hist. eccl., NICEPH. CALL. Cf. TERTUL. Opera, t. II, p. 1134.)

(2) An plura scripserit (Tertullianus) adversus hæreticos... Sciunt Marciones, Apelles, Praxeæ, Hermogenes, Judæi, Gentiles, Gnostici,

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