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l'Eglise. Comment dès lors attribuer ce livre à Tertullien, puisqu'il a soutenu et enseigné la nécessité d'un second baptême pour les hérétiques convertis? La seule réponse que l'on puisse faire à une objection si grave, c'est que Tertullien s'est montré bien inconstant dans ses opinions : nous le voyons, avant son adhésion aux principes de Montan, soutenir avec zèle la doctrine catholique qu'il va bientôt combattre. Ensuite il se sépare des Montanistes et forme une secte à part. Cette inconstance dans ses doctrines peut faire supposer qu'il a également varié dans son enseignement sur la nécessité d'un second baptême. Mais ce n'est encore là qu'une supposition à peu près gratuite. Je préfère reconnaître et admettre une objection sérieuse que de chercher à la résoudre par de vaines subtilités.

Je ne dissimule pas que dans une question si épineuse on pourrait aisément rencontrer encore de nouvelles difficultés. C'est pourquoi je conclurai en confessant mes doutes, malgré les raisons nombreuses et graves, qui m'ont fait regarder pendant quelque temps Tertullien comme l'auteur de cet ouvrage.

Quoi qu'il en soit, je ne crois pas avoir fait un travail inutile en exposant les rapports intimes qui existent entre le prêtre de Carthage et l'auteur des Philosophumena, entre leur caractère, leurs opinions philosophiques et théologiques, leurs invectives odieuses, leur méthode de controverse; et par conséquent un pas de plus me semble fait dans l'examen de cette question. Il avait été démontré que l'ouvrage n'appartenait ni à Origène, ni à saint Hippolyte, et que Théodoret l'avait connu sans en connaître l'auteur. Il est maintenant prouvé que cet auteur, s'il n'est pas Tertullien, est probablement un de ses disciples, qu'il a été formé à son école, et qu'il a adopté ses doctrines, ses préventions, ses haines et jus.. qu'à sa manière de discuter.

EXAMEN DE L'OPINION QUI ATTRIBUERAIT A CAIUS
L'OUVRAGE DES PHILOSOPHUMENA.

Nous trouvons parmi les contemporains de saint Zéphyrin et de saint Calliste un autre écrivain qui, pour des raisons graves et nombreuses, a été regardé aussi comme l'auteur des Philosophumena. C'est Caïus, prêtre de Rome, que saint Jérôme appelle un homme éloquent, et qui s'est distingué surtout par ses controverses contre les hérétiques. J'exposerai, comme je l'ai fait pour Tertullien, les preuves qui pourraient faire attribuer à cet auteur l'ouvrage qui nous occupe.

1 Caïus était d'abord prêtre de Rome; il fut ensuite promu à l'épiscopat. Photius le nomme intoxоños ¿vov, évêque des nations. Tillemont pense qu'avec cette dignité il avait reçu la mission d'évangéliser les nations infidèles; il aurait donc pu parler de sa haute autorité dans l'Eglise (appareías) et de la succession qu'il avait reçue des apôtres (1).

2o Photius nous apprend que Caïus est l'auteur du livre Hepì tñs toũ navtòs ovcías. Cet ouvrage, dit-il, avait été attribué par les uns à Flavius Josèphe, par d'autres à saint Justin, par d'autres à saint Irénée (2). Quant à lui il croit, il affirme qu'il est de Caïus; et il en donne une raison assez forte : c'est que Caïus était l'auteur du Petit labyrinthe, et qu'il déclare à la fin de ce livre qu'il est l'auteur du Περὶ τῆς τοῦ παντὸς οὐσίας.

3o Nous pouvons croire, d'après un passage de Nicéphore, que Caïus a écrit un ouvrage contre les hérétiques en général, et que cet ouvrage a été perdu. « Plusieurs auteurs, dit cet historien, ont combattu les hérétiques, et parmi eux il faut compter Caïus et Tertullien, qui ont publié plusieurs beaux

(1) Philosophum., p. 3, l. 61.

(2) PHOт., Cod. XLVIII, p. 36, 37.

ouvrages : «< Alii plures adversus hæreticos depugnarunt quibus et Caïus et Tertullianus merito sunt annumerandi, qui plurima certe et pulcherrima ediderunt scripta (1). »

4o Nous avons appris de Photius que Caïus avait composé un ouvrage intitulé le Petit labyrinthe. La raison qui avait déterminé l'auteur à adopter ce titre nouveau et original, c'est qu'il passait en revue les hérésies en les suivant dans leurs égarements, et parcourait, pour ainsi dire, tout le dédale de leurs erreurs. Chose remarquable, au commencement du dixième livre des Philosophumena nous rencontrons la même expression prise dans le même sens : « Τὸν λαβύρινθον τῶν αἱρέσεων οὐ βίᾳ διαῤῥήξαντες, ἀλλὰ μόνῳ ἐλέγχῳ ἀληθείας δυνάμει διαλύ σαντες... (2).

5° On croit que Caïus a été disciple de saint Irénée; on peut le conclure de ces mots placés à la fin des actes de saint Polycarpe Ceci a été transcrit sur la copie de saint Irénée, disciple de Polycarpe, par Caïus, disciple d'Irénée. C'est ce qui expliquerait les nombreux emprunts faits par l'auteur des Philosophumena à l'évêque de Lyon.

6o Dans les fragments qu'Eusèbe nous a conservés de la controverse que Caïus soutint contre Proculus, et dans ceux qui nous sont restés du Petit labyrinthe, nous remarquons le même esprit d'opposition à la philosophie et à la littérature païenne que nous avons signalé dans le livre des Philosophumena. En parlant des hérétiques, voici ce que dit l'auteur : << Ils méconnaissent le Christ lui-même, ne cherchant pas ce qu'enseigne l'Ecriture sainte, mais se demandant continuellement quelle espèce de syllogisme ils pourront trouver pour soutenir leur impiété. Leur objecte-t-on un passage de l'Ecriture, ils examinent si l'on peut en tirer un syllogisme lâche ou serré. Ils laissent de côté et méprisent l'Ecriture

(1) TERT., t. II, p. 1134, edit. Migne.

(2) Philosophum., p. 310, l. 6.

sainte pour étudier la géométrie, car ce sont des hommes terrestres qui ne parlent que de la terre, et ignorent celui qui est venu du ciel. Quelques-uns d'entre eux s'appliquent avec ardeur à la géométrie d'Euclide; ils ont pour Aristote et Théophraste une profonde vénération, quelques-uns même adorent Galien; ils abusent des sciences et des arts païens pour soutenir leurs opinions erronées... qu'est-il nécessaire de dire qu'ils sont bien loin d'avoir la foi (1) ? »

7° Dans son analyse du Περὶ τῆς τοῦ παντὸς οὐσίας, Photius nous apprend que l'auteur de ce livre considérait l'homme comme un composé de feu, de terre, d'eau et d'esprit. «< Aošášel, dit-il, συγκεῖσθαι τὸν ἄνθρωπον ἐκ πυρὸς, καὶ γῆς, καὶ ὕδατος, καὶ ἔτι ἐκ πνεύματος, ὃ καὶ ψυχὴν ὀνομάζει (2). » Si nous prenons la profession de foi qui est au dixième livre des Philosophumena, nous sommes surpris d'y rencontrer les mêmes idées. L'auteur y parle de la création des anges, qui proviennent du feu (Ex Tuρós); il disserte sur le soleil, la lune et les étoiles, qu'il fait sortir du feu et de l'air (Ex πuρòç xαì пνεúμaτos), sur les poissons et les oiseaux dont l'origine est l'eau, dit-il (¿1⁄2 űôαtos); sur les animaux rampants qui naissent de la terre (êx yñs), et il ajoute en parlant de l'homme : « Le Verbe le forma de tous ces éléments divers, ἐκ πασῶν συνθέτων οὐσιῶν ἐσκεύασεν (3). » Il le fit donc de feu, de terre et d'air ou d'esprit. Dans celle opinion singulière, l'auteur du livre Περὶ τῆς τοῦ παντὸς οὐσίας, que Photius avait sous les yeux, s'accorde parfaitement avec l'auteur des Philosophumena.

8° Je ferai observer que plusieurs livres de Caïus ne portaient pas son nom. Eusèbe ne l'a pas trouvé sur le Petit labyrinthe, ni Photius sur le Περὶ τῆς τοῦ παντὸς οὐσίας. Οι, nous avons maintenant devant nous un livre anonyme, com

(1) Reliquiæ sacræ, edit Routh., t. II, p. 10. (2) PHOT., Cod. XLVIII, p. 36.

(3) Philosophum., p. 335, l. 16.

posé par un évêque, qui a résidé à Rome, qui avait été disciple de saint Irénée, et qui était l'auteur d'un ouvrage sur la substance du monde; ne peut-on pas présumer avec quelque raison que cet ouvrage anonyme lui appartient encore ? Une observation ingénieuse de Dodwell vient encore confirmer nos conjectures et s'appliquer très-heureusement à l'ouvrage qui fait l'objet de cette étude. Cet habile critique se demande pourquoi le Περὶ τῆς τοῦ παντὸς οὐσίας aurait été attribué tantot à Josèphe, tantôt à saint Justin et tantôt à saint Irénée. Sa longue étude des manuscrits et l'habitude qu'il a de les juger, lui fournit une réponse facile. Il suppose que cet ouvrage sur la substance du monde avait été composé de fragments empruntés de côté et d'autre à différents auteurs. Il ne serait ainsi qu'une compilation, dans laquelle on trouverait de longs passages pris à saint Justin, à saint Irénée, à Flavius Josèphe; et le copiste, en les rencontrant, aurait transcrit à la marge le nom des différents auteurs. Le livre que nous avons sous les yeux n'est-il pas de ce genre? Si réellement le traité sur la substance du monde, qui est une œuvre de Caïus, n'était pas autre chose qu'un recueil de morceaux empruntés à ses devanciers, n'aurions-nous pas le droit de conjecturer que le livre des Philosophumena lui appartient?

9° L'auteur dont nous cherchons le nom avait composé plusieurs ouvrages, une réfutation générale des hérésies, des commentaires sur la Genèse. Peut-on croire que Caïus a été l'auteur de ces livres ? Rien ne nous empêche de le supposer. L'historien Nicéphore nous assure que cet écrivain a composé un grand nombre de beaux ouvrages : « Quibus (scriptoribus) annumerandi sunt Caïus et Tertullianus qui plurima et pulcherrima ediderunt scripta. >>

10° Si Caïus est l'auteur des Philosophumena, on peut dire qu'il a adopté en grande partie les doctrines et les haines de Tertullien, et qu'il a été l'adversaire de Calliste et de l'Eglise

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