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EXAMEN

DES RAISONS PRÉSENTÉES PAR LE D' WORDSWORTH

DANS SON OUVRAGE:

HIPPOLYTUS AND THE CHURCH OF ROME,

POUR APPUYER

L'OPINION DE MM. JACOBI ET BUNSEN.

Le docteur Wordsworth, chanoine de Wetsminster, à Londres, a publié dernièrement un ouvrage sur saint Hippolyte et l'Eglise de Rome au commencement du m° siècle. Tout en adoptant l'opinion de M. Bunsen, il censure et rejette sa critique, qui lui semble légère et parfois irréfléchie. Il reconnaît que l'ouvrage des Philosophumena ne peut être celui que saint Pierre d'Alexandrie, le pape Gélase et Photius avaient sous les yeux. Et, par cet aveu, il démolit en grande partie l'échafaudage de preuves que M. Bunsen avait élevé; mais, tout en démolissant, il prétend reconstruire d'une autre manière, et voici le nouveau plan qu'il a adopté :

Saint Hippolyte serait l'auteur de deux ouvrages sur les hérésies: l'un serait une exposition courte et abrégée de toutes les erreurs des hérétiques; il se trouve mentionné au commencement du livre des Philosophumena, et c'est celui-là même que saint Pierre d'Alexandrie, le pape Gélase et Photius avaient entre les mains; l'autre serait le livre anonyme qui vient d'être publié. Le docteur Wordsworth ne produit aucune preuve nouvelle pour démontrer l'authenticité de ce dernier ouvrage. Les raisons qu'il met en avant avaient été alléguées déjà par MM. Jacobi et Bunsen, et nous les avons

réfutées. La seule opinion nouvelle qui distingue sa critique de celle de ses devanciers, consiste dans la supposition d'un autre livre sur les hérésies, appartenant à saint Hippolyte, et renfermant ce que Photius, Gélase et Pierre d'Alexandrie y lisaient. Cette supposition n'a pour objet que d'écarter les trop fortes objections provenant des témoignages de saint Pierre d'Alexandrie, de Gélase et de Photius. C'est, pour ainsi dire, un innocent subterfuge; et je m'étonne que le savant critique, ordinairement si grave dans ses discussions, si sérieux dans son langage, puisse se contenter lui-même d'une pareille hypothèse et en amuser ses lecteurs.

Cette supposition d'une réfutation abrégée des hérésies, par saint Hippolyte, se trouve appuyée, dans l'ouvrage du docteur Wordsworth, par une allusion que fait l'auteur des Philosophumena à un livre composé antérieurement contre les erreurs des hérétiques. L'honorable critique ne s'est-il pas aperçu qu'il faisait ici un cercle vicieux? C'est le livre des Philosophumena qui prouve que saint Hippolyte a composé un autre livre contre les hérétiques; et c'est cet autre livre qui, en nous délivrant des objections tirées de Photius, de Gélase et de saint Pierre d'Alexandrie, servirait à démontrer que le livre des Philosophumena appartient à saint Hippolyte.

Je demanderai aussi quels sont nos droits pour affirmer que le livre mentionné au commencement des Philosophumena était celui-là même que Photius, Gélase et saint Pierre d'Alexandrie avaient sous les yeux. Rien ne le prouve; et même le contraire semble probable. Relisons les paroles de notre auteur: il déclare qu'il a déjà réfuté les hérétiques d'une manière générale et par des raisonnements qui s'adressent à tous; il n'est pas entré dans le détail; il n'a pas fait connaître les erreurs de chaque secte en particulier (1). Ces paroles nous

(1) P. 2, 1. 26, 27.

désignent un livre assez semblable aux Prescriptions de Tertullien, et non un catalogue où l'auteur aurait passé en revue, comme le dit Photius, trente-deux sectes hérétiques.

Le docteur Wordsworth rappelle avec raison que, dans l'antiquité païenne et chrétienne, les auteurs, après avoir composé un ouvrage, en donnaient quelquefois un abrégé ; parfois aussi, d'autres leur rendaient ce fatal service, et l'abrégé faisait oublier l'ouvrage principal. Ici, le contraire serait arrivé, l'abrégé serait perdu, et nous aurions retrouvé l'original. Je m'étonne encore que de tels arguments puissent contenter la critique et l'érudition du docteur Wordsworth. N'a-t-il pas remarqué que le dixième livre des Philosophumena est l'abrégé de tout l'ouvrage? Nous avons, par conséquent, le livre lui-même et son abrégé. Pourquoi donc supposer un second abrégé ? Pour quel objet saint Hippolyte l'auraitil composé? Je comprends trois ouvrages d'un même auteur, dont l'un serait une réfutation générale des hérésies, semblable aux Prescriptions de Tertullien, l'autre une exposition détaillée des erreurs de chaque secte en particulier, et le troisième un abrégé de ce dernier ouvrage, un catalogue ou une revue rapide des hérésies. Mais je ne comprends pas qu'un auteur commence par composer un abrégé, et qu'il développe ensuite son travail pour y adjoindre un second abrégé. Remarquons encore que si le livre des Philosophumena avait suivi un autre ouvrage moins étendu et n'en était que le développement, il présenterait d'une manière plus étendue les opinions émises déjà dans l'abrégé, et, par conséquent, nous devrions y rencontrer l'hérésie des Dosithéens dont parle Photius, et les citations que nous rencontrons dans Gélase et dans saint Pierre d'Alexandrie. Les expressions pourraient être différentes, mais les idées reparaîtraient et avec de plus grands développements.

Quant aux autres arguments présentés par le docteur

Wordsworth, je les ai déjà examinés et réfutés dans ma discussion contre MM. Jacobi et Bunsen, et je crois avoir le droit de conclure que le savant et honorable chanoine de Westminster, malgré les secours d'une critique plus judicieuse et plus grave, n'a pas donné plus d'autorité à l'opinion qui attribue à saint Hippolyte le livre des Philosophumena.

THÉODORET A CONNU LE LIVRE DES PHILOSOPHUMENA; IL EN A EXTRAIT PLUSIEURS PASSAGES, MAIS IL EST PROBABLE QU'IL N'EN A PAS CONNU L'AUTEUR.

Après m'être assuré que l'ouvrage n'appartenait ni à Origène, ni à saint Hippolyte, je me suis demandé quel pouvait en être l'auteur. La pensée m'est venue de consulter les ouvrages du même genre que l'antiquité ecclésiastique nous a laissés. Peut-être, me disais-je, pourrai-je rencontrer, dans ces histoires et ces réfutations des hérésies anciennes, quelques traces du livre que j'ai maintenant sous les yeux. J'avais déjà examiné saint Irénée, et je m'étais convaincu que l'auteur lui avait emprunté plusieurs passages. Pourquoi, me disais-je alors, d'autres n'auraient-ils pas puisé dans notre auteur, comme il a puisé lui-même dans le traité de l'évêque de Lyon ? J'ai aussitôt examiné avec soin les ouvrages de saint Epiphane, de Théodoret et de saint Jean Damascène sur les hérésies. J'ai vu dans saint Epiphane un traité complet dont l'auteur s'était proposé de faire connaître toutes les hérésies qui avaient paru jusqu'à son temps. C'est même, si nous en croyons Photius, le traité le plus étendu et le plus utile qu'on eût fait jusqu'alors contre les hérésies, parce qu'on y trouve rassemblé tout ce que les autres avaient dit de bon sur cette matière. Cet ouvrage est divisé en trois parties et combat

quatre-vingts hérésies. Saint Epiphane dit que, pour le composer, il a consulté saint Hippolyte et plusieurs autres écrivains (1). Mais, comme en examinant de près ce que notre auteur rapporte sur les hérétiques, et ce qu'en dit saint Epiphane, je n'ai trouvé aucun emprunt, j'ai conclu que l'évêque de Salamine n'avait pas puisé dans notre livre. C'est ici une nouvelle raison de conclure que le traité des Philosophumena ne peut être attribué à saint Hippolyte, puisque c'est à ce docteur de l'Eglise et à saint Irénée que saint Epiphane a emprunté ses documents.

Quant à saint Jean Damascène, je n'ai remarqué dans son livre qu'une chose qui puisse avoir de l'à-propos dans la question que je traite. C'est le plan même de l'ouvrage. J'ai déjà fait observer que les livres contre les hérétiques étaient composés d'après un même plan. On commençait ordinairement par la philosophie, puis on parlait des hérétiques et on terminait par une profession de foi. Tel est l'ordre suivi par saint Epiphane, par Théodoret et par notre auteur. Il fut suivi d'une manière très-remarquable par saint Jean Damascène. Ce Père de l'Eglise écrivant postérieurement aux autres, et adoptant leur méthode, l'a singulièrement développée. Ces trois parties, qui ne formaient qu'un tout dans les ouvrages de ses prédécesseurs, forment ici trois ouvrages différents et comme une magnifique trilogie: son premier ouvrage est sur la dialectique, le second sur les hérésies, et dans le troisième il expose la doctrine catholique. Les copistes de certains manuscrits n'avaient pas compris le plan de l'auteur ; ils osèrent en intervertir l'ordre. L'un d'eux ajoutait à la suite d'un manuscrit de la dialectique de saint Jean Damascène : « Quoique ce saint ait promis dans sa lettre d'exposer les dogmes des hérétiques après les doctrines des phi

(1) S. EPIPH., Hæres., I, p. 2.

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