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NEUVIÈME LEÇON

CONSTITUTION PRIMITIVE DE la matière d'après moïse.

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LE CHAOS EXPLIQUÉ PAR LES DONNÉES DE LA SCIENCE MODERNE.

Maintenant que nous savons comment la science comprend la composition élémentaire des corps, et comment elle explique par la force agissant sur la matière tous les phénomènes de l'univers, nous pouvons aborder l'explication complète du premier verset de la Genèse. Nous savons déjà que le mot BARA désigne la création proprement dite ou le passage instantané, à l'ordre de Dieu, de la nonexistence à l'existence, l'action de tirer du néant; nous savons, de plus, que ce que Dieu créa dès le commencement, c'est la substance; nous pouvons actuellement préciser davantage l'objet de cette création, en disant que Dieu tira du néant les éléments constitutifs ou atomes de la matière, soit pondérable, soit impondérable; les données scientifiques que je vous ai exposées dans les leçons qui précèdent, nous conduisent logiquement à cette conclu

LA RELIGION EN FACE DE LA SCIENCE.

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sion. Je me propose de vous montrer aujourd'hui que le texte mosaïque, loin de s'y opposer, y amène naturellement, et que, ici encore, la révélation biblique est en parfait accord avec les découvertes les plus modernes de la science.

Le premier verset de la Genèse est celui-ci, comme vous le savez: Au commencement Dieu CRÉA LE CIEL ET LA TERRE.

Nous avons expliqué les premiers mots: Au commencement Dieu créa; il nous reste à examiner la signification des deux derniers, le ciel et la terre. Ces mots indiquent l'objet de la création et laissent déjà entrevoir en quel état se trouvait la substance au moment de la création, état qui sera précisé au verset suivant.

Que faut-il entendre par ces expressions, le ciel et la terre? Quel état Moïse assigne-t-il à la matière après la création? Telles sont les questions que nous abordons aujourd'hui.

Etat primitif de la matière d'après Moïse.

L'état primitif de la matière, au moment de la création, est indiqué dans les deux mots: le ciel et la terre. Nous allons voir 1o comment on a interprété ces mots en dehors des récentes théories scientifiques, et 2o comment on peut les interpréter avec le secours de ces théories.

1o Opinions diverses.

Les questions que je viens de formuler ne se posent pas aujourd'hui pour la première fois. Presque tous les Pères de l'Eglise, tous les commentateurs se sont demandé ce que Moïse avait voulu précisément désigner par ces mots, le ciel et la terre. Je me contenterai de vous indiquer rapidement quelquesunes des interprétations données à ces termes.

Saint Cyrille d'Alexandrie, Petau (1) et beaucoup d'autres pensent que ce premier verset résume l'œuvre des six jours tout entière, et que Moïse, dans les versets suivants, ne fait que répéter en détail ce qu'il dit ici en gros. Cette interprétation n'est pas admissible, parce que le mot BARA indique l'acte créateur, tandis que les autres mots IATSAR et ASHA, que Moïse emploie dans la suite, signifient une formation, un arrangement, une organisation de choses déjà existantes. De plus, si on attache au mot BARA le même sens qu'aux mots employés plus bas, il faudra conclure, ou bien que Moïse n'indique nulle part l'acte créateur, ce qui est opposé à l'enseignement de l'Eglise, ou bien que l'acte créateur s'est répété plusieurs fois, opinion que nous n'adoptons

pas.

(1) Voir, pour les textes, la dissertation du P. Pianciani, § XXVI.

Saint Ambroise pense que Dieu créa d'abord la matière dans son ensemble, désignée par les mots le ciel et la terre, et qu'ensuite il l'arrangea par une série de transformations indiquées dans la suite du récit (1).

Saint Augustin partage cet avis, en plusieurs endroits de ses livres; mais son opinion ne paraît pas solidement fixée, parce que, dans d'autres passages, il essaie des interprétations différentes : « Cette matière informe, dit-il, que Dieu tira du néant est d'abord appelée le ciel et la terre, non pas parce qu'elle était déjà le ciel et la terre, mais parce qu'elle pouvait le devenir. En effet, il est écrit que le ciel fut fait plus tard (2). »

Saint Grégoire de Nysse entend par le ciel et la terre le chaos d'où plus tard furent tirés tous les éléments (3).

Saint Thomas dit que saint Basile et saint Chrysostôme ont enseigné que la matière informe a précédé, dans le temps, la matière formée (4).

Les auteurs juifs, et à leur tête Salomon-Ben-Melech, pensent qu'il faut entendre par ces mots les

(1) Hexaemeron, lib. II, cap. vii.

(2) Informis illa materia quam de nihilo fecit Deus appellata est primo cœlum et terra, non quia jam hoc erat, sed quia hoc esse po→ terat. Nam et cœlum scribitur postea factum. (De Genes. contra Manich., lib. I, cap. VII.)

(3) Cornelius a Lapide; comment. in Gen., ad verb. cœlum el terram. (4) Pianciani, loc. cit.

éléments de ce qui fut plus tard le ciel et la terre (1). La version syriaque (2) et saint Ephrem adoptent la même interprétation.

Tertullien fait fort bien ressortir le sens qu'il faut attribuer à ces mots, en remarquant que, aux versets suivants, Dieu forme le monde, et que si, au premier verset, Moïse n'indiquait pas la création de la matière dont tout le reste est formé, on ne saurait pas d'où vient cette matière qui prend diverses formes à la voix du Tout-Puissant; on pourrait tirer de là des conclusions favorables au dualisme, puisqu'on pourrait dire que Dieu trouve la matière existante, et qu'il en forme le ciel, la terre et tout ce qu'ils renferment (3).

Certains auteurs ont pensé qu'on devait entendre par le ciel l'ensemble des corps célestes, et par la terre les corps qui composent notre globe; cette opinion ne saurait être soutenue, si on entend que ces choses étaient déjà distinctes au moment de la création; si on entend qu'elles étaient mélangées et confondues, cette explication s'accorde en partie avec celle que nous adopterons.

Enfin quelques commentateurs, entre autres Cor

(1) « In principio creavit Deus essentiam cæli et essentiam terræ. » Pianciani, loc. cit.

(2) Voir, dans la leçon suivante, quelques indications sur les différentes versions de la Bible.

(3) Tertullien, contra Hermog.

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