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Voilà donc ces systèmes mis à néant par des arguments empruntés aux sciences qu'ils invoquent en leur faveur, ou dont ils se servent pour établir leurs doctrines.

Il suit des démonstrations que nous avons faites, que l'auteur de la matière n'a pas pu. la créer éternelle, et qu'il ne saurait communiquer à aucun être l'éternité de son existence. Dieu peut augmenter indéfiniment le nombre des êtres créés; il peut prolonger indéfiniment leur durée a parte post, comme on disait dans l'école, mais il ne s'ensuivra jamais l'éternité de la matière, dans la véritable acception. du mot, a parte ante, ni l'infinité proprement dite. L'immortalité qui attend l'homme au delà du tombeau se prolongera réellement dans une durée sans limite; mais quand l'intelligence voudra remonter en arrière, elle arrivera toujours et nécessairement à un premier instant qui borne l'existence des êtres créés, et qui sépare l'ensemble de la création de l'Etre incréé, éternel, infini et seul nécessaire.

Je me suis étendu un peu longuement sur ces systèmes, malgré leur faiblesse logique et scientifique, parce qu'ils sont tout à fait à l'ordre du jour et qu'ils menacent de tout envahir, science, littérature et arts (1). Ils s'étalent sous les noms les plus di

(1) Le matérialisme a donné en métaphysique le positivisme, qui nie la métaphysique; en psychologie la psycho-physiologie, ou physiologie psychologique, qui explique les phénomènes du moi par les seules

vers et sous les formes les plus inattendues; dans des ouvrages sérieux comme dans les feuilles à un sou; au théâtre et à la tribune; dans les conférences et dans les livres classiques; dans la chaire des professeurs officiels, à tous les degrés de l'enseignement, depuis le Collège de France jusqu'au pupître du magister de village. Ils partent du cerveau de quelques observateurs ingénieux, auxquels il manque d'avoir fait de bonnes études philosophiques, et qui accumulent par un travail de patience des quantités énormes de faits, mais qui ne savent pas borner leurs conclusions aux données de l'expérience. Ils vont trop loin et s'arrêtent trop tôt.

Ils vont trop loin, parce qu'ils franchissent le

propriétés de la matière, et en fait de simples fonctions chimiques du cerveau; en histoire naturelle et en anthropologie, le transformisme; en morale, la morale indépendante, ou sans Dieu, qui conduit aux excès que l'on sait; en histoire, le futalisme; dans les arts et la littérature le réalisme, dont on a des exemples dans les œuvres des Carpeaux et des Courbet, dans la musique de l'avenir de Wagner; en littérature dans la dernière manière de Victor Hugo et de tant d'autres, jusqu'à l'Assommoir, honteux spécimen de ce que peut devenir une langue sans frein, et dont le succès est une triste démonstration de l'abjection où descend le goût d'un peuple qui perd sa foi, surtout quand ce peuple est celui qui a produit le siècle de Louis XIV.

Et je suis loin d'avoir donné une énumération complète. Il y aurait une étude fort intéressante à faire de ces influences du matérialisme sur la poésie, les arts, la littérature et les sciences soit physiques soit philosophiques.

cercle de l'expérience auquel, d'après leurs principes, l'intelligence est forcée de se borner (1). Leurs inductions sont vicieuses, parce qu'elles dépassent la limite de ce qui est, et arrivent jusqu'à ce qui leur paraît devoir être. Ils s'arrêtent trop tôt, puisqu'ils n'osent pas remonter jusqu'à la cause première des phénomènes; leur raison les y pousserait, car enfin une chaîne sans fin, sans premier anneau, une série d'événements, qui se succèdent les uns aux autres, sans qu'on puisse assigner un commencement à cette succession, ce sont des idées que repousse la raison, nous l'avons démontré. Sans doute l'Etre de Dieu est un mystère, sa nature, son essence sont incompréhensibles; mais n'est-ce pas un mystère aussi que cette suite infinie de faits et d'êtres sans principe, sans cause première, sans raison logique? Or entre deux mystères il est rationnel et sage de choisir celui qui satisfait le mieux les besoins de l'intelligence, qui, tout inexplicable qu'il soit, n'offre rien de contradictoire ni d'absurde, et qui a pour lui les preuves les plus fortes, les plus écla

(1) Si les positivistes étaient conséquents avec leurs principes, ils ne devraient admettre ni l'existence de l'éther en physique, ni celle des atomes en chimie ; cependant ils aboutissent à l'adoption de ces éléments par le même procédé de raisonnements qui nous conduit à l'existence de Dieu; d'une part, les fails physiques et chimiques ne peuvent pas s'expliquer sans l'éther et les atomes; d'autre part, le fait de l'univers ne peut pas s'expliquer sans Dieu.

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tantes, les plus nombreuses. Car nous n'avons touché que les arguments physiques de l'existence de Dieu, sans même faire allusion aux preuves métaphysiques et morales, dont l'ensemble constitue la plus solide démonstration qui se puisse faire, démonstration dont l'évidence ne le cède en rien à celle des vérités mathématiques (1).

Je ne vous ai pas parlé des conséquences morales de l'athéisme et du matérialisme; cette étude n'entre pas dans le cadre que je me suis imposé. Mais il suffit d'un instant de réflexion pour voir que ces systèmes conduisent aux résultats pratiques les plus pernicieux : ils mènent au fatalisme. « L'homme est << soumis aux lois physiques et à la fatalité qui do<< mine tous les êtres,» avoue Büchner (2); ils nient la vie future et suppriment par là même la notion de récompense et de châtiment, de devoir et de vertu, de bien et de mal; ils anéantissent la morale: << Les lois de la nature, dit K. Vogt, sonts des forces « barbares, inflexibles, elles ne connaissent ni mo<< rale ni bienveillance » (3). En sorte que l'homme

(1) Je sais que Fénelon a dit que l'argument métaphysique est la voie la plus directe et la plus sûre pour arriver à Dieu, mais il ajoute que la preuve physique est la meilleure pour les intelligences peu habituées aux raisonnements purement métaphysiques; et personne n'ignore avec quelle éloquence et quelle poésie il a développé cette dernière preuve. (Existence de Dieu, Ire partie, chap. I et II.)

(2) Force et Matière, page 93.

(3) Büchner, ubi suprà.

doit se laisser dominer par ses passions, puisqu'il ne peut pas leur résister; de là à commettre tous les crimes, il n'y a qu'un pas. L'espèce humaine, dans ce cas-là, ne serait bientôt qu'une société de bêtes fauves, et mieux vaudrait cent fois vivre au milieu des tigres que d'habiter avec des athées convaincus et conséquents; car les tigres s'arrêtent une fois leurs instincts naturels satisfaits, tandis que l'homme sans Dieu ferait le mal avec intention, par plaisir, et avec tous les raffinements de cruauté que lui suggèrerait son intelligence. On l'a vu bien des fois, et trop récemment encore au sein de la capitale de la civilisation moderne. Voltaire le savait bien quand il écrivait cette phrase: « Si le monde était gouverné par << des athées, j'aimerais autant être sous l'empire << immédiat de ces êtres infernaux qu'on nous peint « acharnés sur leurs victimes (1). »

Aussi, il est illogique qu'un athée ou un matérialiste soit un honnête homme. Cette proposition, qui paraîtra peut-être outrée, n'est pas de moi, elle est de La Bruyère : « Je voudrais voir un homme, dit-il, « sobre, modéré, chaste, équitable, prononcer qu'il n'y a point de Dieu ou point d'âme immortelle : « il parlerait sans intérêt; mais cet homme ne << se trouve pas (2). » Et Jean-Jacques Rousseau

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(1) Homélie sur l'athéisme. (2) Caractères, chap. XVI.

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