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devait évoluer. Il n'est pas besoin pour cela de long discours, et mon premier point est déjà réglé.

Ce sera un peu plus long pour le second. Il consiste à rendre les honneurs et à faire présenter les armes à mon régiment. Je veux rendre les honneurs à nos aînés, à ceux qui, nous ayant précédés dans la carrière, nous ont brillamment, quoique souvent sans victoire, tracé le chemin et montré la route. Il est beau de combattre quand on croit au succès; c'est plus beau encore quand on ne combat que pour l'honneur.

Honneur donc à ceux-là qui, n'ayant pour toute satisfaction que celle du devoir accompli, n'ayant pour toute espérance que celle d'un avenir qu'ils n'étaient pas sûrs de voir, n'ayant pour toute consolation que celle de laisser des successeurs, ont supporté la chaleur du jour, et qui arrivent aujourd'hui au soir de la vie sans être assurés après avoir accompagné le Christ au Calvaire, d'être les premiers témoins de la résurrection. (Applaudissements.)

C'est avec intention que je porte ce toast parce que je ne voudrais pas qu'on supposât que la Jeunesse Catholique a pris trop au pied de la lettre ces mots de l'office eucharistique : Recedant vetera, nova sint omnia. Nous estimons au contraire que nous sommes les continuateurs de nos aînés et que si le quatrième commandement de Dieu oblige les individus, il oblige aussi les États, et en même temps que les États, les Associations particulières. (Applaudissements) Nous sommes des hommes de tradition, et si nous ne plongions pas profondément aux racines dans le sol de la France chrétienne, nous ne serions que des roseaux que le premier vent déracinerait. (Nouveaux applaudissements.) Vous avez été des apôtres, Messeigneurs et Messieurs, qui êtes nos ainés, des apôtres ecclésiastiques et des apôtres laïques. Toute notre ambition est d'entrer à notre tour dans ce collège des apôtres. La place que nous y réclamons est peut-être une place de choix, mais nous nous rappelons que le plus jeune des apôtres était saint Jean, le disciple bien-aimé et en ces jours de fêtes eucharistiques il peut être bon de rappeler que lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ institua le sacrement de son amour, il voulut voir reposer sur son cœur son disciple bien-aimé. (Applaudissements.) Vous vous en êtes souvenus, Éminence et Messeigneurs, et je crois que je puis dire sans

mentir que dans ces jours-ci notre Jeunesse catholique a reposé sur vos cœurs et dans vos cœurs. (Applaudissements.) Soyez-en bėnis, soyez-en remerciés! Cette allégorie de saint Jean trouve d'autant mieux son application ici, que saint Jean, d'après la Sainte Écriture, a accompagné Notre-Seigneur au Calvaire, et nous aussi qui somme nés au lendemain des défaites nationales et au jour des défaites religieuses, nous sommes les enfants du Calvaire. Nous ne sommes pas entrés dans la Jeunesse Catholique par ambition. Si nous l'avions fait, nous ne serions pas à notre place. Les ambitions sont de l'autre côté, et du moins nous avons la gloire du désintéressement. Nous avons accompagné le Christ au Calvaire, nous l'avons suivi dans toute la voie douloureuse de ses humiliations et nous espérons bien être comme saint Jean les premiers témoins de la résurrection. Saint Jean avait sans doute des jambes plus alertes que son aîné saint Pierre, puisque dans l'O Filii on chante que saint Jean arriva avant saint Pierre, le premier, au sépulcre du Christ. Puissions-nous arriver les premiers. Oh! sans doute nous ne sommes pas encore au jour de la résurrection, mais nous sommes au moins à la veille, et l'époque que traverse aujourd'hui l'Église de France me rappelle un peu la journée du Samedi-Saint où l'Église est encore en deuil du Christ, en jeûne et en pénitence, mais où à un certain moment renaît le son des cloches qui se mettent à sonner à toute volée quand le prêtre entonne le Gloria puis l'Alleluia. Nous avons aujourd'hui un singulier mélange de deuil et de tristesse, de désolation et d'espérance, mais c'est encore l'espérance qui domine et nous voyons déjà blanchir par dessus les collines les premières lueurs de la résurrection. Eh bien, nous ne sommes pas égoïstes; nous voulons que le jour où le pays du fier Sicambre courbera définitivement la tête devant le Christ, le jour où elle brûlera ses idoles d'antan et adorera Celui qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'adorer, ce jour-là nous voulons qu'au sépulcre du Christ se trouvent à la fois les jeunes et les vieux.

Je bois à la santé de ceux qui ont été nos aînés en leur disant : Ad multos annos!

Que Dieu nous accorde encore de longues années et qu'Il nous conduise non seulement jusqu'aux premières lueurs de la résurrection, mais jusqu'au jour même du triomphe, afin qu'unis même dans le Christ nous puissions chanter d'une seule voix :

Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat. (Triple salve d'applaudissements.)

Toast de S. E. le Cardinal Langénieux

Archevêque de Reims

Messeigneurs,
Messieurs,

Comment me refuser à un désir de votre vénérable et bienaimé pontife qui, tout à l'heure, excitait notre admiration en exposant les pensées radieuses, les sentiments paternels, les grandes envolées d'une âme apostolique, d'un pasteur qui aime son troupeau du fond du cœur et qui va chercher tous les enfants de l'Église et ceux-là même qui, éloignés d'elle, la méconnaissent et la blasphèment. Vous me pardonnerez si j'obéis à un désir que je suis peu capable de satisfaire pleinement mais qui se traduit par des larmes qui viennent de tomber de mes yeux en entendant une jeunesse qui parle comme parlerait un Lacordaire ou un Bossuet et dont les accents vibrants et enflammés ébranlent tous les cœurs de pensées qui pourront être utiles à la grande cause de l'Église, à la cause de Dieu, la cause de la France. (Salce d'applaudissements.)

à

Je vous remercie d'avoir rappelé par une attention délicate le baptistère de Reims. C'est là que nous attend d'une manière définitive le Christ-Jésus pour nous rendre la vie des anciens jours. Vos comparaisons étaient donc très bonnes en même temps que très éloquentes et je félicite dans votre personne tous ces camarades qui rivalisent avec vous de zèle, d'éloquence et de dévouement. (Noureaux applaudissements.) Combien je goûte votre parole, vos pensées, vos résolutions; ne détruisons rien du passé. Votre arbre aura ses racines dans le vieux sol, là où des héros chrétiens ont trouvé la force de donner à la patrie leur sang, là où vivent des héros qui, détachés de l'armée officielle, se font les soldats aveugles d'une sainte cause et par leur exemple donnent à l'Église des défenseurs précieux. (Applaudissements.)

H

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