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CHAPITRE II

Rapports concernant la deuxième section : Culte eucharistique

Rapport de M. Dupé, curé de Brissac (diocèse d'Angers)

Les messes solennelles : nécessité et moyens d'associer de plus près les jeunes gens et les hommes aux chants et aux cèrėmonies de la messe. Places qu'il faut leur réserver autant que possible. Les messes et communions réparatrices, célébration du premier vendredi du mois avec les hommages au Sacré

Cœur.

A peine entré dans le ministère paroissial, le prêtre ne tarde pas à sentir la nécessité de donner au culte eucharistique plus de vie, de splendeur et d'attraits. Sans doute il trouve encore des âmes d'une foi très ardente dont la piété se plait au profond silence de l'adorable Mystère, au recueillement du sanctuaire et du tabernacle, au cœur à cœur intime de la communion et de l'action de grâce. Mais cette ferveur, ce goût de l'Eucharistie, n'est le partage que d'un tout petit nombre. Chez la plupart des chrétiens la foi, de plus en plus amoindrie et languissante, a besoin pour se ranimer ou se conserver des magnificences du culte extérieur. On leur a dit pourtant et redit maintes fois, pendant les années du catéchisme, l'obligation rigoureuse d'entendre la messe tous les dimanches : le devoir tout seul ne suffit plus pour les amener régulièrement à l'église. De bonne heure, dans certaines paroisses du moins, les enfants et les jeunes gens s'affranchissent de la loi du dimanche et n'assistent

plus à la messe. Ou bien s'ils y viennent encore, ce n'est plus avec ce respect, cette religieuse attention que l'on remarquait autrefois parmi les chrétiens dans la maison de Dieu, pendant qu'à l'autel se déroulaient les actes du saint sacrifice. Le sens de ces augustes cérémonies n'échappait, semblait-il, à personne, tant la prière de tous était recueillie, chacun ayant à la main soit un chapelet, soit un livre de messe. Aujourd'hui, là où les hommes et les jeunes gens ne craignent pas de venir le dimanche à l'église, combien n'y apportent qu'un esprit distrait, n'y cherchent qu'une occasion de rire et de causer, n'y trouvent qu'un sujet d'ennui, ne sont présents que de corps et s'en vont, la messe achevée, sans avoir prié ni honoré leur Dieu!

Devant cette indifférence, le prêtre se demande par quels moyens il pourrait tenter de réveiller la foi qui s'endort et se meurt dans les âmes. A tout propos, dans ses instructions, dans ses catéchismes, dans ses avis il parle de l'Eucharistie, de la présence réelle, de la messe. Mais cela ne suffit pas encore. Il embellit son église, il ne souffre pas que l'œil y puisse rencontrer la moindre tache pauvre et modeste peut-être, cette église du moins sera d'une propreté telle qu'on l'aimera, qu'on y viendra avec plus de fierté. Il veille surtout à ce que dans le sanctuaire, à l'autel, dans les ornements de la messe, tout soit digne du Saint-Sacrement et propre à relever, dans l'esprit des fidèles, le respect profond dû à l'Eucharistie. Là ne s'arrêteront pas ses efforts. N'est-il pas possible en effet, sans enfreindre les prescriptions de la liturgie sacrée, de rehausser l'éclat des cérémonies? Nous sommes dans un temps où les hommes, plus que jamais, se laissent prendre aux brillantes apparences des choses; sans se donner la peine de réfléchir, de raisonner sur le fond des doctrines diverses qui se répandent dans le monde, indifférents à la vérité comme à l'erreur, prompts à s'ouvrir à toutes les influences nouvelles, ils se ferment d'autant à celles de l'immuable religion et de l'évangile.

I importe donc souverainement, pour ne pas abdiquer sa mission salutaire ici-bas, que le prêtre s'applique à revêtir les dogmes de la foi, l'eucharistie en particulier, d'une parure éclatante qui, par les yeux et les oreilles, atteigne jusqu'aux âmes et les soumette à Jésus-Christ. De là, les choeurs d'enfants formés à chanter, pendant la messe et les vêpres, les parties les

plus faciles. De là, des messes plus solennelles aussi fréquemment que les circonstances le permettent, où, avec les enfants, les hommes et les jeunes gens sont appelés à unir leurs voix et contribuent, dans un rôle actif dont généralement ils sont très flattés et très fiers, à donner au culte chrétien une splendeur inaccoutumée. La musique, une musique religieuse et digne, est alors substituée au plain-chant dont la monotonie fatigue nos chrétiens d'aujourd'hui, parce qu'ils n'en sentent plus la beauté profonde et le charme austère. Ou bien, si c'est encore le plainchant, du moins prend-il en passant par la bouche des enfants, quand ils sont habitués au Kyrie, au Gloria, au Credo, aux hymnes et aux psaumes, un caractère plus allègre et plus piquant.

Il semble qu'il y ait de précieux avantages à rehausser de cette manière toutes les cérémonies du culte eucharistique. Le premier, c'est d'attirer à l'église les paroissiens et de rendre plus régulière et plus assidue l'assistance aux offices. Dans bon nombre de nos paroisses, la foi n'est plus assez vive ni la pensée du devoir assez forte pour vaincre la négligence et la paresse, pour triompher des hésitations de volontés qui s'embarrassent de tout. La certitude de trouver à l'église, dans tous les exercices du culte, la ponctualité, le bon ordre, la dignité, tout un ensemble de choses belles à voir ou agréables à entendre, est une des causes les plus efficaces pour y amener les indifférents et changer peut-être leur indifférence en fidélité exemplaire. Le second avantage, c'est que ceux-là même qui ont oublié complètement le chemin de l'église et abandonné toute pratique religieuse ne peuvent échapper entièrement à l'influence d'une religion qui a su s'entourer de tant de prestige et de magnificence. En certains milieux, comme j'en pourrais nommer, où presque tous les hommes sont des violateurs systématiques ou haineux de la loi du dimanche, on a vu s'imposer à leur estime un culte et des cérémonies à la beauté desquelles tous les arts apportent leur concours, la musique en particulier, dont la connaissance est plus répandue et l'action plus puissante sur le peuple. Les sottes plaisanteries, les vieilles objections voltairiennes, les critiques absurdes tombent souvent en présence de toutes ces solennités où les plus difficiles ne voient rien que de très beau, de très digne et de très brillant. A une époque où l'on ne juge plus

de la Religion par ses dogmes, ses sacrements ou même son divin Fondateur, mais uniquement par ceux qui la prêchent et la pratique, n'est-il pas nécessaire de montrer aux indifférents, aux sceptiques, que la science comme la vertu, les connaissances humaines non moins que les divines, les arts unis à la piété ne sont exclus, loin de là, ni de l'Église, ni du clergé, ni des assemblées chrétiennes. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à regarder ou même à entendre raconter les admirables offices du culte catholique, la variété merveilleuse des cérémonies inspirées par la sainte et adorable Eucharistie. Enfin, pour les enfants, les jeunes gens et les hommes qui ne sont plus seulement des témoins muets à la messe, mais qui y prennent, par leurs chants, une part active et publique, quelle source de bénédiction et de grâces! Entre Notre-Seigneur et ces âmes-là ne se forme-t-il pas des liens plus étroits, par conséquent plus durables? Assurément on objectera que ces choeurs et ces chants ne sont pas toujours inspirés par la foi, ni accompagnés de tout le respect et du silence qu'exige le lieu saint; mais pourtant ils sont venus avec empressement, ces hommes, ils ont pris, pour s'exercer, sur le temps du repos ou du plaisir, ils chantent à pleine voix et à plein cœur des paroles auxquelles sans doute ils ne prennent pas garde, mais qui n'en sont pas moins les louanges du Seigneur, du Dieu de l'Eucharistie. On dira encore, et c'est vrai, que ces lèvres, ce matin employées à bénir le bon Dien, n'en blasphemeront pas moins ce soir et demain; non pas tous, car la plupart sont des chrétiens édifiants, mais plusieurs qui ne sont peut-être que des ouvriers venus de loin, et qui dans leurs étapes diverses et les ateliers par où ils ont passé, ont contracté l'habitude du blasphème. Eh bien, faudra-t-il à cause de cela les repousser? Ces heures consacrées par eux à prier, à chanter la gloire de Dieu, n'est-ce pas autant d'arraché à l'esprit du mal? J'ai toujours pensé qu'en regard des paroles blasphématoires et impies sorties de ces bouches d'enfants ou de jeunes gens, l'ange de la miséricorde prenait plaisir à inscrire toutes celles qui publiquement bénissaient Dieu et célébraient son amour ou sa grandeur. Est-il téméraire de voir là, pour le salut de ces àmes, une source d'espérances? et se pourrait-il que le cœur compatissant de Jésus ne tienne pas en réserve, pour ceux dont les voix ont si longtemps chanté ses bienfaits, des grâces et des

faveurs particulières ? L'expérience prouve du reste que ces hommes, encore qu'ils aient vécu de longues années dans l'indifférencé et l'oubli de leurs devoirs chrétiens, sont toujours à leurs derniers moments plus faciles que d'autres à ramener au bon Dieu, comme si toutes les puissances du mal n'avaient pu réussir à briser les liens formés jadis entre leurs âmes et la sainte Eucharistie.

Pratiquement, voici les moyens que j'ai employés, dans les différentes paroisses où le ciel m'a appelé, en vue de rendre le culte extérieur plus éclatant, pour l'honneur de la divine Eucharistie. Quatorze ans vicaire dans une paroisse où la moitié au moins des petits garçons fréquentaient une école libre tenue par les Frères, je donnais plusieurs fois par semaine des leçons de solfège et de plain-chant. Très facilement et en peu de temps, un grand nombre de ces enfants pouvaient chanter en toute sûreté les différentes messes de notre propre angevin, Kyrie, Gloria et Credo, les psaumes des Vêpres en n'importe quel ton, la plupart des hymnes et les saluts du Saint-Sacrement. Parmi eux, les meilleures voix étaient admises, par groupes de deux ou trois, à chanter seules un psaume ou un motet facile. Bientôt une petite maîtrise, composée des vingt ou trente plus forts, parvenait à chanter des messes en musique à deux voix. Lorsque ces enfants eurent grandi, leurs voix de jeunes hommes formèrent un choeur à part, lequel, s'unissant à celui des enfants, permit d'aborder des choses plus difficiles et d'exécuter des messes plus brillantes. Et les hommes eux-mêmes ne dédaignèrent pas de se joindre aux jeunes et de faire leur partie à l'église, pendant la messe, les vêpres ou les saluts. Et enfin, parce que dans la paroisse il y avait un certain nombre de bons musiciens, un orchestre se composa de violons, de flûtes, etc., pour accompagner, dans les fêtes solennelles, nos chanteurs de plus en plus ravis.

Dans la paroisse où je suis depuis huit ans, il n'y a pas d'école libre pour les garçons. Impossible par conséquent de faire sur la semaine, en dehors du jeudi, des répétitions de chant, et encore pendant la majeure partie de l'année, toute la matinée du jeudi est consacrée aux catéchismes. Dans la soirée, ils sont pour la plupart au patronage et le temps est consacré soit aux promenades, s'il fait beau, soit aux jeux, soit à des

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