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A propos de la même question, M. de Farcy a donné de curieux détails sur la chapelle qui servait de reposoir permanent à la procession de la Fête-Dieu, à Angers.

Cet édifice, nommé Tuba, dans le cartulaire de l'abbaye du Ronceray, était antérieur à 1119. Voici, d'ailleurs, avec quelques additions, la note que M. de Farcy a consacrée à ce monument, dans la Semaine religieuse du diocèse d'Angers (21 juillet 1901) :

Le pape Calixte II, après avoir, en 1119, consacré l'autel de l'église du Ronceray, se rendit dans le cimetière Saint-Laurent. Là, il fit une allocution au peuple du haut d'une éminence, suivant les uns, monté sur une tombe, suivant les autres. Que dit le cartulaire de l'abbaye du Ronceray? Assurément rien de cela. En voici le texte : « Papa vero postea TUBAM, quæ est in cemeterio Sancti Laurentii ascendit... » Faute de comprendre le sens de TUBAM, on a traduit comme s'il y avait Tumbam. Certains auteurs ont eu néanmoins la conscience de copier exactement le mot latin; d'autres ont corrigé hardiment, quelques-uns ont mis tumbam entre parenthèse, mais aucun n'a hasardé la traduction. On s'est dit bravement l'écrivain du Cartulaire se sera trompé; tubam n'a pas de sens, il a voulu mettre tumbam (éminence, tombe): voilà comment s'écrit l'histoire trop souvent.

Le Livre Censif du Ronceray (Bib. de la ville, ms. n° 764, pp. 22 et 67) va donner raison au Cartulaire contre les demisavants du XVIIe siècle. On y mentionne en effet, pour l'année 1385, une redecance de XXX sous, due par moitié par Jehan Rousseau, prêtre, et Jehan Lecomte pour un herbergement que tint Jamin Lefeuve devant LA TUBBE, joignant à la maison de la chapellenie...

Même mention pour l'année suivante 1386, seulement le mot TUBE n'a plus qu'un seul b: peu importe.

La copie du cérémonial de 1498 (dont l'original n'existe plus) s'exprime ainsi au sujet du départ de la procession sortant du Ronceray pour aller au Tertre : « Cantabitur antiphona Regina

cœli in choro dominarum : accepto sacro, processio vadat ad tumbam (mis évidemment pour TUBAM) in Tertro S. Laurentii... »

En homme consciencieux, Thorode, secrétaire du Chapitre, écrit ceci dans les Conclusions du Chapitre (qu'il rédigea si longtemps): Die mercurii 5 junii 1776. Augustissimum Christi corpus crastina die eundo processionaliter ad TUBAM sancti Laurentii deferent domini Decanus et Major Archidiaconus. Même expression le 28 mai 1778. (Archives départementales G 269, pp. 69 et 200.) Enfin, M. d'Espinay, en 1876, en citant le texte du cartulaire, se garde bien de changer TUBAM en tumbam ou de se permettre d'ajouter entre parenthèse tumbam après le fameux mot, comme pour corriger le Cartulaire : il réserve la question. Que conclure de tout cela? une chose évidemment, c'est que TUBA n'avait pas le même sens que Tumba.

Pour moi, le mot TUBA, en français tubbe ou tube, est un terme d'architecture désignant un édifice d'une forme particulière, ce que nous appelons aujourd'hui un dôme.

Écoutons Lehoreau: « La chapelle Saint-Laurent (?), sur le Tertre, est pour ainsi dire une double chapelle. Dans le bas, il y a un autel (celui de Notre-Dame de Pitié), où l'on célèbre la messe tous les jours de fondation, et au-dessus il y a un DÔME où l'on expose le Saint-Sacrement le jour du sacre. »

Le Cérémonial, imprimé à Château-Gontier en 1731, appelle le monument chapelle du Saint-Sacrement au Tertre SaintLaurent.

Thorode écrit de son côté : « La chapelle de saint Geoffroi, située dans le cimetière de la Trinité, proche l'église SaintLaurent, est un bâtiment singulier, fait en forme de CLOCHER ou de LANTERNE. Elle est voûtée. Le bas est occupé par l'autel; au-dessus est une plate-forme qui sert tous les ans de reposoir au Saint-Sacrement. >>

Enfin, Péan de la Tuillerie s'exprime ainsi : « Il y a, dans le cimetière, une chapelle dédiée à Notre-Dame de Pitié, au-dessus de laquelle est une chapelle fort élevée et en forme de DÔME, avec cinq ouvertures, qui lui donnent beaucoup de jour. C'est dans cette dernière chapelle qu'on expose le Saint-Sacre

ment... >>

Si le vocable de la chapelle (qu'on aurait dû restreindre, à

mon avis, à la chapelle basse) varie, peu importe; ces diverses descriptions s'accordent à exprimer l'idée d'un DÔME, d'une LANTERNE, d'un édicule élevé percé de cinq grandes fenêtres et coucert d'une coûte.

Or, c'est là précisément ce qui, à mon avis, constitue la TUBA. Je m'appuie pour cela sur quatre textes, empruntés à l'Histoire de l'Art dans la Flandre, par M. Dehaisnes, t. I, p. 113 et aussi à l'Histoire artistique de la cathédrale de Cambrai, œuvre très remarquable de M. Houdoy.

Vers 1310 Expensæ pro THUBA ecclesie reparanda... En 1360, le Chapitre de Notre-Dame de Cambrai paie LIX 1. X s. à Jacques de Trélon, plombier pro nova cruce de novo facta et posita super TUBAM ecclesiæ ». Il s'agit d'une croix, posée sur la lanterne ou clocher central, dont l'intérieur, percé de huit fenêtres comme à Coutances, à Laon et ailleurs, formait un véritable DÔME. C'est ainsi que M. Houdoy traduit TUBAM (page 25).

En 1399, il est urgent de consolider la flèche de la cathédrale de Cambrai, qui se dressait à l'extrémité occidentale de la nef : on dut percer des murs en huit endroits pour y poser des barres de fer par dessus les cloques (cloche) où la TUBE se commenche...», c'est-à-dire à l'endroit où la tour passe du plan carré à l'octogone, pour former une pyramide de pierre.

Les deux travées de la nef, de l'église Saint-Ours de Loches, entre la tour d'entrée et le clocher central, furent couvertes au XII siècle par Thomas Pactius, prieur, décédé le 27 avril 1168, de deux pyramides tout en pierre, en guise de voûte. On `désigne encore sous le nom de Dubes ces étonnantes couvertures qui remplacèrent un lambris. Voici le passage de la chronique de Notre-Dame de Loches, relatif aux Dubes :

« Ad extremum videns Thomas quod cœlum mediæ ecclesiæ « pictis compactum asseribus trabes et tignamina vetustate « putrefacta jam minarentur ruinam, medium ecclesiæ quod « est inter duo campanaria, remotis veteribus trabibus et lignis « et asseribus, mira texit opertura, duabus scilicet turriculis « quas nos DUBAS appellamus, arcus quoque lapideos et « columnas quæ sustextant DUBAS fecit fieri. »

Le Congrès Archéologique de France, tenu à Loches en 1869, auquel j'emprunte le texte précédent, donne aux pages 33 et

34 l'élévation et la coupe longitudinale de l'église Saint-Ours : ces deux planches permettent de se rendre un compte exact de l'aspect des Dubes.

Le Dictionnaire de l'Architecture, de Viollet-le-Duc (t. IV, p. 366) représente une des Dubes de Loches; elles constituent, d'après le savant architecte une des constructions les plus solides qu'il soit possible de combiner.

Une nouvelle visite est faite en 1453 à la tour centrale de NotreDame de Cambrai : « Fut visité le TUBE de l'église et conclurent d'ôter les chassis de bois portant verrières et faisant clôture par dehors ledit TUBE et y édifier certaine hauteur de machonnerie...

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Ces quatre citations concordent avec les descriptions précédentes et aussi avec le dessin de l'édicule, donné par Bruneau de Tartifume (le seul auquel il faille s'arrêter à mon avis et aussi suivant M. d'Espinay). Ce dessin accuse nettement un édifice octogonal, dont les angles sont ornés de grosses colonnes formant contrefort comme celles des absides du Ronceray (Détail d'architecture caractéristique du xre siècle, d'après M. Viollet-le-Duc et M. d'Espinay). Il est donc permis de dire que la TUBA, dans laquelle monta Calixte II en 1119 pour parler au peuple, était non pas une éminence ou une tombe, mais l'édicule roman du milieu ou de la fin du xr° siècle, dessiné par Bruneau de Tartifume, démoli à la Révolution et dont quelques chapiteaux ont été retrouvés et transportés au musée Saint-Jean.

Quelle était la destination primitive de la TUBA? Je ne puis y voir une sorte de lanterne des morts, comme on l'a insinué. Ces édicules étaient toujours très étroits; on n'a aucun exemple de lanterne des morts de 8 à 10 mètres de diamètre, comme ici. Faut-il laisser croire qu'elle fut bâtie exprès pour recevoir le Saint-Sacrement dès la fin du xr° sièle? aucun texte ne m'y autorise; ce serait trancher une question très difficile. Je réserve donc jusqu'à nouvel ordre la question de la date exacte de la construction et de la destination du monument; mais je crois avoir prouvé qu'il existait en 1119, que le nom de TUBA lui convenait parfaitement, enfin, qu'on a eu tort jusqu'ici de lui donner le sens de tombe ou d'éminence.

M. l'abbé Rondeau m'a communiqué un texte tiré du Dictionnaire de l'ancienne langue française du Ixe au xv siècle par

Godefroid, au mot tubete : « Pour le tabernacle faire et la tubete et la reprise.» (1328-29). Archives hospitalières de Paris, II, 175. Bordier.

Bien que le sens de tubete ne soit pas bien net, il s'agit ici d'un terme d'architecture comme dans les textes de Cambrai.

Le même auteur donne au mot Dube, le sens de couvercle en bois, espèce de coupole surélevée : La Dube des fons (C. de 1521, Société Archéologique de Touraine, VII, p. 196).

De tout ce qui précède concluons ceci : Les vieux mots Tuba ou Duba, Tube, Tubbe ou Dube avaient autrefois le sens de pyramide, de coupole, de lanterne ou de dôme.

Rapport de M. le chanoine Urseau, sur l'adoration du Saint-Sacrement, à Sainte-Croix d'Angers, avant la Révolution.

Messieurs, ce n'est point un rapport de la valeur de ceux que vous allez entendre, c'est une simple note, que j'ai l'honneur de vous soumettre, afin de répondre à l'une des questions de notre programme.

Il s'agit de l'adoration

je ne dirai pas perpétuelle, mais journalière du Très Saint-Sacrement, en l'église SainteCroix d'Angers, avant la Révolution.

L'église Sainte-Croix, dont il ne reste plus aujourd'hui la moindre trace, était située presque au chevet de la cathédrale, dans l'axe de la rue Saint-Aubin.

Cette église avait été fondée au vr siècle, par saint Lezin. Son nom lui vient d'un miracle que le saint évêque aurait opéré, à l'endroit même où elle s'éleva, en guérissant d'un signe de croix douze pauvres, aveugles et boiteux, qui demandaient l'aumône.

Ce n'était pas un monument bien remarquable que cette modeste église. Petite, pauvre, « vétuste et menaçant une ruine prochaine » au milieu du xvi siècle, elle était dominée de 8 ou 10 pieds par les terres du cimetière. Pourtant, dit un vieux chroniqueur, elle était « la plus honorée de la province par l'exposition perpétuelle du Saint-Sacrement ».

Voici, d'après le même auteur, quelle fut l'origine de cette

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