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de suite à respecter la logique, à ne satisfaire qu'aux nécessités de la construction. C'est là le grand principe de l'art de bâtir. Tout dans une construction doit être raisonné, même les plus petits détails du décor.

Dans les écoles Saint-Luc « l'enseignement n'est point étouffé « par la connaissance vaine et l'admiration stérile du passé ». Le but qu'on se propose c'est « d'atteindre, par les formes de «l'art, l'idée chrétienne et nationale. Avant tout on veut rechercher dans les monuments du pays, élevés à une époque où la << société était pénétrée de principes chrétiens, les modèles les «< plus élevés. Ces monuments nationaux qu'artistes et artisans << voient tous les jours, ces monuments bâtis par leurs pères sont « pour eux un enseignement continuel et toujours sympathique. » Dans les salles des expositions de fin d'année, ce qui frappe en effet l'étranger, c'est de voir qu'on a choisi pour les travaux des concours, des sujets dont les éléments s'offrent dans la rue, à tout venant, comme un thème obligé. C'est la restitution de son aspect primitif aux vieux quartiers de Gand, de Bruxelles, de Liège ou de Tourcoing, la construction d'une église, d'un palais de justice, d'une gare, d'un château, d'une chaumière, dans le style flamand, brabançon ou mosan, et cadrant, non avec un milieu quelconque, mais avec un entourage bien déterminé.

M. le rapporteur démontre ensuite que les écoles de Saint-Luc ont raison de n'être ni éclectiques ni cosmo'polites; puis il continue:

Les écoles Saint-Luc, en restaurant l'art national, ont contribué encore à donner aux cérémonies du culte un caractère de beauté sans égal. Elles ont renoué les traditions pour le décor des rues et des églises, pour l'organisation des grands cortèges religieux. Les jours de procession du Saint-Sacrement, l'ornementation des rues, en Belgique, offre un caractère artistique dont on n'a pas l'idée ailleurs et c'est très bien. Les solennités ne laissent souvent un souvenir profond, dans l'esprit des peuples, que si l'on y déploie un luxe extraordinaire. Le peuple est sensible à tout ce qui est beau, il a faim de voir comme d'entendre, il est grand artiste et grand poète à ses heures. Nos pères le savaient. Aussi, les jours de grand cortège religieux,

quand passait dans les rues le « Corpus Domini », ils tendaient les murs de leurs maisons de riches bandequins, ils tiraient de leurs coffres et mettaient à leurs fenêtres les magnifiques draps d'or broché, rapportés par les croisés de Damas ou de Smyrne, les riches étoffes persanes ou sarrasinaises, les tapisseries historiées d'Arras, de Bruxelles ou de Tours. Ils faisaient, sur le pavé, des jonchées de fleurs et d'herbes odoriférantes, ils tendaient d'un toit à l'autre les riches pavillons de brocart, ils suspendaient des couronnes et des corbeilles. Le peuple, aujourd'hui, n'a plus la foi de ses pères. Il faut frapper son imagination, davantage encore s'il est possible, par des choses qui se voient pour préparer son cœur à l'appel de Dieu. Il faut l'intéresser aux choses divines par le décor et la beauté des cérémonies. Les élèves des écoles Saint-Luc ont compris cela et de bonne heure ils se sont mis en frais. Depuis plus de 30 ans, à l'occasion de certaines solennités extraordinaires, ils ont inventé les immenses drapeaux suspendus à des cordes par dessus les rues. D'aucuns se sont associés pour procurer aux particuliers des tentures à mettre devant les portes et les fenêtres, des oriflammes fort gracieuses et de dessins variés qui se balancent entre les maisons des rues ou au sommet des mâts. D'autres se sont chargés de composer des scènes merveilleuses pour les brancards, « pour les torches » comme on disait autrefois à Angers. D'autres encore dessinent pour les groupes des costumes historiques, vraies merveilles au point de vue de la richesse et de la vérité historique. Dernièrement, j'assistais à Gand à la procession du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel. De ma vie je n'ai vu rien de si beau, de si artistique, de si imposant sous le soleil du bon Dieu.

M. l'abbé Houdebine explique ici les Gildes ou associations, que forment ensemble les anciens élèves des écoles de Saint-Luc, et leur chrétienne influence et il conclut que les écoles du baron Béthune, étant désormais appréciées et imitées en Angleterre, en Autriche, dans les pays scandinaves, dans le nord de la France, cette institution aurait aussi sa place marquée parmi nous.

En effet, nous avons une architecture angevine. Notre sol est couvert de magnifiques monuments. N'allons point chercher nos modèles à l'étranger, sur les bords du Tibre, à Byzance ou à Athènes. Restons au pays de l'ardoise fine et toujours Angevins. Au lieu d'élever des édifices, qui trop souvent sont des masses incohérentes et composites, sans nul rapport avec nos traditions, avec notre histoire, bâtissons dans le style de notre région et gardons à notre pays son cachet artistique. Les modèles les plus variés ne nous font point défaut. L'antique abbaye de Fontevrault, Notre-Dame de Cunault, la nef de Saint-Maurice, les églises de Toussaint et du Puy-Notre-Dame, les choeurs de Saint-Serge et d'Asnières, l'Hôpital Saint-Jean, les châteaux du Plessis-Macé et du Plessis-Bourré, le logis Barrault et l'Hôtel Pincé, les chapelles de l'Esvière et de Sainte-Émérance, la Tour Saint-Aubin, voilà des monuments dont nous pouvons être fiers. Étudions-les sous tous leurs aspects et cherchons à nous en inspirer.

« Les élèves des Écoles Saint-Luc se créent facilement des << positions honorables, écrivait il y a quelques années, notre « Président, au retour d'un voyage en Belgique. Les uns, à la « fin de la dernière année d'études, ont été chargés de la cons«truction, de l'assemblement d'édifices considérables, les autres

sont recherchés pour diriger des cours de dessin, travailler << dans les bureaux d'architectes, dans les industries. Pourquoi n'en serait-il pas de même à Angers où les ateliers d'ameuble«ment, de sculpture, de vitraux peints, de statuaire, qui « réclament de bons dessinateurs, sont si nombreux? Les chefs «< de ces établissements seraient les premiers à bénéficier de la «formation donnée à leurs futurs ouvriers. Je ne me vante pas « qu'ils acceptent l'idée d'une création de ce genre avec faveur. » Puis quelles ressources la fondation d'une école Saint-Luc à Angers nous apporterait pour l'ornementation de nos églises, pour le décor des rues, un jour de procession solennelle du Saint-Sacrement. Espérons que bientôt Angers n'aura plus rien à envier aux pays voisins. Alors, l'étranger de passage au milieu de nous, après avoir parcouru nos vignes, nos terres à blé et nos prairies, après avoir admiré nos églises et nos châteaux, après avoir suivi nos processions un jour de Fête-Dieu ou de mi-août, emportera de son séjour en Anjou le souvenir

d'une contrée où tout aura été pour lui caractéristique, imprévu et charmant. Pour nous, Angevins, qui aimons notre pays comme le paysan aime son village, au retour d'un voyage dans les régions lointaines, nous redirons avec orgueil ce vers d'un compatriote :

Plus je vis l'étranger, plus j'aimai ma patrie.

C'est le vœu d'un professeur d'histoire, ami de tout ce qui est national et régional; c'est le vœu d'un prêtre qui, par le respect des choses anciennes, désire garder à sa province quelque chose de la vieille chanson : le patriotisme et la foi, ces deux nobles causes pour lesquels nos pères ont versé leur sang.

Vœux déposés par M. Jean de Bonnefon

Dans les autres sections de ce Congrès, plein d'idées, débordant de dévouements, il a partout été question d'union, de solidarité, de fédération, de syndicats.

La Jeunesse française, par les voix de ses jeunes maîtres, nous a dit qu'elle doit son rapide succès à l'organisation de la camaraderie.

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L'art chrétien qui est l'art catholique a besoin, lui aussi, d'union comme le savoir et comme l'action. Qu'il soit ici permis de semer le germe sec d'une œuvre catholique et française qui rendrait la vie à l'art chrétien!

Nos desservants des campagnes, nos valeureux curés de la plaine riche et de la montagne sublime, trouvent aide et appui pour leurs œuvres pies ou sociales; si leur église n'est pas classée comme monument historique, ils ne trouvent aucun lieu où prendre un conseil d'art.

Pour obvier à ce danger, la quatrième section du Congrès eucharistique émet les vœux suivants :

«1° Qu'il se forme un syndicat de l'art chrétien, une vaste fédération, recueillant tous les documents, les plans, les photographies, les dessins des monuments et des objets d'art religieux non classés; et que ces documents soient réunis au chef-lieu religieux, qui est l'évêché.

« L'étranger, le touriste, l'artiste, le simple ouvrier d'art, n'aura dès lors qu'à se rendre dans ce chef lieu pour trouver les images des objets. Il pourra ensuite se rendre au sanctuaire où repose l'original.

2° Que les doubles de tous ces documents diocésains soient centralisés à Paris et réunis dans des cartons classés par diocèse d'abord, par objet ensuite; que cette collection soit largement ouverte à quiconque.

3° Qu'il se forme un Comité pratique d'art, à Paris et plus tard dans d'autres villes, pour donner tous conseils, tous avis aux curés ou aux desservants qui veulent faire un achat, une construction ou une simple restauration. Ce Conseil ne contraindra en rien les intéressés; mais il servira à les guider dans leurs relations avec les architectes ou les marchands. »

Pour rendre pratiques ces vœux, l'administration de l'Art et l'Autel offre gratuitement de vastes locaux et son personnel pour créer le centre parisien de ces archives, qui seront la table des richesses inconnues de l'Église de France.

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