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« de la vérité. Mais parce que nul n'est sauvé sans sa propre volonté, car nous avons le libre arbitre, il veut que nous voulions « le bien, afin que, lorsque nous l'aurons voulu, il veuille lui« même accomplir les desseins qu'il a sur nous (1). Jésus-Christ est « mort pour tous les hommes: lui seul a été trouvé digne d'être « offert comme une victime sans tache pour tous ceux qui étaient << morts par le péché (2). S'il y en a dans le monde dont Jésus« Christ n'efface pas les péchés, Jean-Baptiste ment donc, lorsque, « montrant le Messie du geste et de la voix, il dit : Voici l'agneau « de Dieu, voici celui qui efface les péchés du monde (3). » Ailleurs: « La volonté de celui qui vient est que tous croient, et que tous « soient sauvés (4). »

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172. Saint Augustin n'est pas moins exprès : il se fait d'abord cette question : « Si la bonne volonté par laquelle on croit est un « don de Dieu, pourquoi n'est-elle pas donnée à tous, puisque • Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, et arrivent à la con« naissance de la vérité?» Puis il ajoute : « Dieu veut que tous les « hommes soient sauvés, et arrivent à la connaissance de la vérité; << mais il le veut de manière à ne point leur ôter le libre arbitre, selon le bon ou le mauvais usage duquel ils seront jugés avec a justice. Ainsi, lorsque les infidèles refusent de croire à l'Évangile, ils agissent contre la volonté de Dieu, sans cependant la « vaincre; mais ils se privent eux-mêmes du souverain bien, et ils éprouveront dans les supplices la puissance de celui dont ils « auront méprisé la miséricorde et les dons (5). » Dans un autre

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(1) Vult salvari omnes, et in agnitionem veritatis venire. Sed quia nulins absque propria voluntate salvatur (liberi enim arbitrii sumus), vult nos bonum velle: ut cum voluerimus, velit in nobis et ipse suum implere consilium. Comment sur le ch. 1 de l'épitre aux Éphésiens. — (2) Christus pro omnibus mortuus est. Solus inventus est, qui ut immaculata hostia pro omnibus qui erant in peccatis mortui, offerretur. Comment. sur l'épitre uo aux Corinthiens. (3) Mentitur Joannes Baptista, et digito Christum et voce demonstrans : Ecce agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi, si sunt adhuc in sæculo, quorum Christus peccata non tulerit. Lettre à Occanus. — (4) Voluntas venientis hæc fuit, ut omnes crederent et salvarentur. Comment. sur le ch. Lxш d'Isaïe. (5) Si voluntas bona qua creditur, est donum Dei, cur non omnibus datur, cum Deus velit omnes salvos fieri, et in agnitionem veritatis venire? Vult autem Deus omnes homines salvos fieri, et in agnitionem veritatis venire; non sic tamen ut eis adimat liberum arbitrium, quo vel bene vel male utentes justissime judicentur. Quod cum sit, infideles quidem contra voluntatem Dei faciunt, cum ejus Evangelio non credunt: nec ideo tamen eam vincunt, verum seipsos fraudant magno et summo bono, malisque pœnalibus implicant, experturi in suppliciis potestatem ejus, cujus in donis misericordiam contempserunt. De Spiritu et littera, c. xxxi.

endroit : « Dieu miséricordieux voulant délivrer les hommes de la ⚫ mort éternelle, s'ils ne sont pas ennemis d'eux-mêmes, et s'ils - ne résistent pas à la miséricorde de leur Créateur, leur a envoyé * son Fils unique (1). » Nous voyons ici, comme dans le passage précédent, la volonté de Dieu de sauver les hommes en général, sans en excepter aucun; mais une volonté conditionnelle, à laquelle on peut résister : si sibi ipsi non sint inimici, et non resistant misericordiæ Creatoris.

173. Suivant le même docteur, le Sauveur jugera le monde avec équité : « il n'en jugera pas une partie, parce qu'il n'en a pas ra« cheté une partie. Il doit le juger tout entier, parce qu'il l'a racheté « tout entier (2). - Enfin, dans plusieurs endroits de ses écrits, et particulièrement dans ses livres contre Julien, il prouve, d'après saint Paul, l'universalité même de la Rédemption du genre humain, Il reconnaissait donc que Jésus-Christ a versé son sang pour tous les hommes, pour tous absolument; puisqu'il croyait que tous (si on excepte la sainte Vierge Marie, dont il n'a pas voulu parler) sont entachés du péché de notre premier père.

174. Troisièmement : les conciles enseignent la même doctrine que les Pères de l'Église : celui d'Arles, de l'an 475, approuve la lettre de Fauste, évêque de Riez, à Lucidus. Or cette lettre contient un anathème contre celui « qui dit que Jésus-Christ n'est pas mort « pour tous les hommes, et qu'il ne veut pas que tous les hommes « soient sauvés (3). » Le concile de Kiersy, qui eut lieu en 853, à l'occasion des erreurs de Gothescalc, a rendu plusieurs décrets, parmi lesquels on remarque les deux suivants : « Dieu, qui est tout-puissant, veut que tous les hommes soient sauvés, quoique tous ne se - sauvent pas. Que les uns soient sauvés, c'est le don de celui qui les « sauve; que d'autres périssent, c'est leur propre faute. Comme il n'y a pas d'homme, comme il n'y en a jamais eu et qu'il n'y « en aura jamais, dont Jésus n'ait pris la nature, il n'y a pas d'homme, il n'y en a jamais eu, et il n'y en aura jamais, pour « qui Jésus-Christ n'ait souffert; quoique tous ne mettent pas à ." profit le mystère de la Rédemption (4). »

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(1) A quo interitu, hoc est pœnis sempiternis Deus misericors volens homines liberare, si sibi ipsi non sint inimici, et non resistant misericordiæ Creatoris sui, misit unigenitum Filium suum. De catechizandis rudibus, cap. xxvi. —(2) Judicabit orbem terrarum in æquitate: non partem, quia non partem emit. Totum judicare debet, quia pro toto pretium dedit. In psalm. xcm. (3) Anathema illi qui dixerit quod Christus non pro omnibus mortuus sit, nec omnes homines salvos esse velit. Labbe, Concil., tom. iv, col. 1043.

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4) Deus om

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175. C'est aussi la doctrine du concile de Trente: « Le Pere céleste, dit ce concile, le Père des miséricordes et le Dieu de << toute consolation... a envoyé Jésus-Christ son Fils aux hommes, << et pour racheter les Juifs qui étaient sous la loi, et pour que les « gentils, qui ne recherchaient point la justice, parvinssent à la « justice, et qu'ainsi tous reçussent l'adoption des enfants de Dieu. Il l'a proposé pour être la propitiation, par la foi que nous au« rions en son sang, pour nos péchés, et non-seulement pour nos péchés, mais encore pour les péchés du monde entier (1).

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Ce n'est donc pas sans fondement que les papes Innocent X et Alexandre VII ont condamné comme fausse, téméraire et scandaleuse, la proposition de Jansenius, qui avait osé avancer que c'est être semi-pélagien, de dire que Jésus-Christ est mort ou a versé son sang pour tous les hommes sans exception, pro omnibus omnino hominibus (2).

176. Dieu veut le salut de tous les hommes; il le veut, non d'une volonté de signe, d'une volonté apparente, mais d'une volonté de bon plaisir, d'une volonté proprement dite, réelle, sincère, toujours suivie de la grâce, qu'il ne refuse à personne. Un effet de cette volonté est d'accorder à tous, en vertu des mérites de Jésus-Christ, les moyens ou les secours nécessaires pour arriver au salut. Mais ces moyens, quoique vraiment suffisants pour tous, ne sont pas les mêmes pour tous : ils sont plus abondants pour les uns que pour les autres, plus efficaces dans les prédestinés que dans ceux qui ne le sont pas. Le Seigneur est maître de ses dons; il les distribue à chacun comme il lui plaît, sans que l'on ait droit de se plaindre de recevoir moins qu'un autre, vu que tous reçoivent plus qu'il ne leur est dû, la grâce étant essentiellement gratuite.

177. Pour ce qui regarde les enfants, il n'en est pas de leur

nipotens omnes homines sine exceptione vult salvos fieri, licet non omnes salvemur. Quod autem quidam salvantur, salvantis est donum: quod autem quidam pereunt, pereuntium est meritum. Christus Dominus noster, sicut nullus hominum est, fuit, vel erit, cujus natura in illo assumpta non fuerit; ita nullus est, fuit, vel erit homo pro quo passus non fuerit, licet non omnes passionis ejus mysterio redimantur. Labbe, Concil., tom. vin, col. 57. — (1) Cœlestis Pater, Pater misericordiarum, et Deus totius consolationis, Christum Jesum, Filium suum.... ad homines misit, ut et Judæos qui sub lege erant, redimeret; et gentes, quæ non sectabantur justitiam, justitiam apprehenderent, atque omnes adoptionem filiorum reciperent. Hunc proposuit Deus propitiatorem per fidem in sanguine ipsius pro peccatis nostris; non solum autem pro nostris, sed etiam pro totius mundi. Sess. vi, ch. 11. —(2) Voyez, ci-dessus, le no 161.

salut comme du salut des adultes. Après comme avant la venue du Messie, les adultes doivent personnellement répondre à la grâce qui les prévient, et qui ne manque à personne : soit qu'ils se sauvent, soit qu'ils se perdent, ils ne se sauveront point et ne se perdront point sans leur propre volonté. Non-seulement Dieu leur a préparé des moyens de salut, mais il les leur offre directement, eu les prévenant par sa grâce toutes les fois qu'ils ont à observer quelque précepte. Les choses sont différentes pour les petits enfants: comme ils n'ont pas l'usage de raison, ni par conséquent l'usage du libre arbitre, ils ne peuvent s'appliquer eux-mêmes le moyen de salut qui doit leur ouvrir le royaume de Dieu; dans tous les temps, l'application en a dépendu, et il dépend encore principalement des parents. Cependant, parce que ce moyen, ce remède vient de Dieu, il est très-vrai de dire que Dieu veut, d'une volonté sincère et non stérile, le salut des enfants comme des adultes, quoique, soit par la faute ou la négligence des parents, soit par suite de quelque accident que Dieu n'est pas plus tenu d'empêcher que de faire un miracle, il arrive que plusieurs enfants soient privés de la régénération spirituelle. Mais aussi, à la différence des adultes, qui sont punis pour avoir résisté à la grâce, les enfants ne le sont point pour avoir été privés du baptême : cette privation n'étant point le résultat d'un acte qui leur soit personnel, ils sont simplement, comme descendants d'Adam, exclus du royaume céleste, que Dieu ne devait point à l'homme (1).

CHAPITRE III.

De la prédestination.

178. Comme, par un acte unique et souverainement simple, Dieu voit tout ce qui est, tout ce qui a été et tout ce qui sera; ou, ce qui revient au même, comme il n'y a ni passé ni futur par rapport à Dieu, et que la science divine est plutôt la vue ou la vision de ce qui est, qu'une prescience ou prévision, il n'y a pas, à proprement parler, de prédestination de la part de Dieu. Ce

(1) Voyez, ci-dessus, le n° 136, etc.

pendant, parce que nous ne pouvons parler de la volonté de Dieu, relativement au salut des hommes, que d'après notre manière de concevoir les choses, en tant qu'elles sont passées, présentes ou futures par rapport à nous, nous en parlerons comme d'un décret antérieur à la création du monde, comme s'il y avait succession de temps dans l'Éternel.

ARTICLE I.

De la notion et du décret de la prédestination.

179. Le mot prédestination signifie grammaticalement une destination antérieure; mais, dans le langage théologique, il exprime la volonté ou le dessein que Dieu a formé, de toute éternité, de conduire par sa grâce un certain nombre d'hommes au salut éternel, de manière à les y faire arriver infailliblement, sans leur ôter le libre arbitre. Selon saint Augustin, la prédestination est la préparation de la grâce, gratiæ præparatio (1). Elle n'est pas autre chose que la prescience et la préparation des bienfaits de Dieu, par lesquels sont très-certainement délivrés tous ceux qu'il délivre: prædestinatio nihil aliud est quam præscientia et præparatio beneficiorum Dei, quibus certissime liberantur quicumque liberantur (2). Saint Thomas nous donne la même notion: après avoir dit que la prédestination est la manière dont Dieu conduit la créature raisonnable à la vie éternelle (3), il la définit la préparation de la grâce pour la vie présente, et de la gloire « pour la vie future; prædestinatio est præparatio gratiæ in "præsenti, et gloriæ in futuro (4). » D'après cette notion, on peut considérer la prédestination sous deux rapports sous le rapport de la grâce, sans laquelle on ne peut rien dans l'ordre du salut, et sous le rapport de la gloire qui est accordée à ceux qui ont été fidèles à la grâce.

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180. Quoique Dieu donne à tous les hommes les grâces nécessaires au salut, c'est un dogme catholique, qu'il ne leur donne pas à tous les mêmes grâces; qu'il a des grâces particulières, des grâces de choix, qu'il accorde aux uns plutôt qu'aux autres; et

(1) Liv. de la Prédestination des saints, c. x. — · (2) Liv. du Don de persévérance, c. XIV. (3) Prædestinatio est ratio transmissionis creaturæ rationalis in vitam æternam. Part. 1, quæst. xxı, art. 1. - (4) Ibidem, art. 11.

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