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se nommait Urbain René, et remplissait les fonctions de vicaire-général à Nantes, lorsque Louis XV l'appela au

à siége de Dol, qu'il occupa si dignement. La gloire de Dieu , le bien de la religion et le salut de son troupeau, avaient été les seuls mobiles de sa conduite pendant tout son épiscopat. Pasteur zélé, il parcourait à pied les

ງ່ paroisses de son diocèse, soit pour les visiter, soit pour y travailler dans des missions qu'il y faisait donner. Évêque courageux, il ne craignit pas d'exprimer à Louis XVI les inquiétudes de l'Eglise de France et de lui faire connaitre les dangers qui menaçaient le trône ainsi quel’autel. Ce prince, qui jugeait les autres d'après la bonté de son cæur, fut blessé des paroles sévères de M. de Hercé; mais plus tard, il n'eut que trop d'occasions de reconnaitrecombien ces appréhensions étaient fondées. Prisonnier à Auray par dévouement, le vénérable prélat devint le consolateur de ses compagnons d'inforlune. Ils allaient souvent lui offrir leurs hommages dans la chambre qu'il occupait, et, quoiqu'il fût toujours malade, par sa conversation édifiante il adoucissait leurs malheurs. L'évêque de Dol reçut le coup de la mort avec le calme d'un parfait chrétien, et les prêtres qui partageaient son sort imitèrent son exemple. Avec lui périrent MM. François de Hercé, vicaire-général de Dol, frère de l'évèque; René-Vincent Gilard de l'Archantel, chanoine et vicaire-général de Quimper; Jean Marie-Maurice Rolland de Kerloury, chanoine théologal de la cathédrale de Treguier; Louis-Gabriel du Largez, recleur de Plémeur-Bodou, homme vénérable et qui, élant aumônier dans l'armée, s'était entièrement dévoué aux blessés, auxquels il prodiguait les consola

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tions avec les secours spirituels de son ministère ; trois prêtres du diocèse de Saint-Malo : Julien Gauthier, vicaire de Plélan; Jean Girard, vicaire de Montauban ; et

1 Louis-René-Patrice Le Gall, de Bruc; François-Pierre de Rieussec, vicaire-général de Luçon ; Boulard, curé du diocèse de Tours; Langlais, curé du pays de Caux ; Pierre-François Bréhérec, curé du diocèse d'Angers; Jacques-Pierre Gourot, curé de Saint-Georges , même diocèse; Jean-Baptiste Guegné, prêtre de la Vendée; François-Dominique Castin de la Madeleine, de Saintes. Parmi les condamnés se trouva aussi un chantre de la cathédrale de Treguier, nommé Le Cun, frère du P. Le Cun, dominicain, missionnaire à Saint-Domingue; mais nous croyons qu'il ne fut exécuté qu'après M. de Hercé.

Les prêtres dont nous venons de parler ne furent pas

les seuls qui perdirent la vie à la suite de la catastrophe de Quiberon. Il y en eut un qui s'était dévoué aux prisonniers d'Auray, et qui, entendit leurs confessions jusqu'au moment où on le fusilla avec eux. M. Poulain, prêtre angevin, curé d'Athée, qui rendait les mêmes services aux royalistes renfermés à Vannes, subit aussi la mort quelque temps après M. de Hercé. Enfin le précepteur d'un jeune de Rohan fut fusillé à Quiberon avec ce jeune homme, qui avait été pris dans un des combats que les royalistes eurent à soutenir contre les républicains.

Si Dieu, qui voulait encore châtier la France, ne permit pas que les défenseurs de l'autel et du trône obtinssent la victoire à Quiberon, et fissent triompher la noble cause qu'ils soutenaient, il leur accorda une

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grâce pour eux bien plus précieuse, celle de mourir en Jiéros chrétiens. Il y avait parmi ces militaires des hommes qui remplissaient tous leurs devoirs de religion avec une régularité exemplaire. D'autres en avaient négligé les pratiques ; mais elle reprit sur leurs ames tout son empire, dès qu'ils se virent dans le malheur et proche de leurs derniers moments. Parmi les premiers on remarquait surtout le comte de Soulanges, de Montaigu en Poitou, chef d'escadre, aussi recommandable par ses vertus et sa piété que par son courage et ses talents militaires. Il s'était mis à la tête de tous les pieux exercices de préparation à la mort établis dans la prison d'Auray, où il se trouvait détenu. Son émule pour la piété était le comte de Kergariou de Locmaria, natif de Ploubezre, près de Lannion, capitaine de vaisseau et déjà âgé. Il avait avec lui un jeune neveu nommé Henri Delage de Volude, de Lannion, chevalier de Malte. Ce jeune homme fixait l'attention de ses compagnons d'infortune par la ferveur de sa dévotion. Ceux des émigrés destinés à être immolés les premiers, après avoir passé à la commission militaire, étaient renfermés dans une chapelle d'Auray qui servait autrefois à la congrégation des femmes, et que les soldats républicains appelaient alors avec raison l'antichambre de la mort, car les prisonniers n'en sortaient que pour aller au supplice. MM. de Soulanges, de Kergariou el de Volude, ayant été conduits avec beaucoup d'autres dans cette chapelle, y donnèrent, là surtout, l'édifiant exemple d'une préparation à la mort véritablement chrétienne. On leur avait offert de la paille pour se coucher; mais ils préférèrent s’en priver et avoir de la

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lumière pour prier. Quarante prisonniers se trouvaient réunis dans ce lieu, des émigrés, des domestiques qui avaient suivi leurs mailres à l'expédition, et des royalistes du pays. Les émigrés, presque tous officiers de la marine royale, s'étaient retirés dans un coin de la chapelle. M. de Kergariou s'y trouvait et récila l’office des morts ; tous les autres étaient prosternés et se frappaient la poitrine avec force en répondant ces prières. Elles étaient d'autant plus ferventes qu'ils avaient été avertis qu'ils devaient être fusillés le lendemain matin de bonne heure. Le jeune de Volude surtout se montrait vivement pénétré de sa situation ; mais il l'envisageait en chrétien. « Ses sanglots, dit un témoin de cette » scène touchante, son visage påle et flétri par la dou» leur, ses longs regards, que l'amour de Dieu élevait » vers le ciel et que la pénitence ramenait vers la terre, » ses discours où régnait, avec le ton passionné de l'a» dolescence, l'austérité de la vieillesse, tout en lui rap

pelait ces premiers martyrs, que leur piété conduisait » à l'héroïsme et consacrait à la vénération des siècles. » Comme il avait l'air très-jeune, tous ses compagnons l'assuraient qu'il pourrait se sauver, s'il se donnait une ou deux années de moins que son âge véritable. Il consulta M. de Kergariou : « La vie, lui demanda-t-il, » est-elle d'un prix égal à la vérité? » « Vaut mieux » mourir que de l'acheter par un mensonge, » lui répondit son oncle, et cette réponse le décida à périr plutôt que de la trahir. On le questionna ensuite, afin de savoir pourquoi il n'avait pas sollicité un sursis : « J'ai préféré la mort à un mensonge, » dit-il avec une douceur et une fermeté admirables.

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Quelques prisonniers, sentant le besoin de prendre de la nourriture, en avaient manifesté le désir : « Oc» cupons-nous de nos ames, » telle fut la réponse imposante que leur avait faite M. de Kergariou, et c'était alors qu'il avait commencé l'office des morts. Cet office étant achevé, M. de Soulanges, à genoux, parla avec effusion de cæur pour disposer les prisonniers à une fin prochaine. Après lui son domestique prit la parole et déploya une éloquence dont tous les détenus furent aussi touchés que surpris. Son esprit était nourri des livres saints, et les approches du supplice semblaient enflammer son zèle. L'un et l'autre supplièrent leurs malheureux compagnons de pardonner à leurs assassins, et presque tous employèrent une partie de la nuit à prier Dieu qu'il leur pardonnat lui-même. Ces hommes de foi portèrent la générosité chrétienne jusqu'à l'héroïsme, car se dépouillant du peu d'argent et des effets qui leur restaient, ils prièrent les militaires qui étaient en faction près de la croisée de les accepter en signe de réconciliation, et les chargèrent de dire à leurs camarades qu'ils leur pardonnaient leur mort.

Le jour même où les prisonniers royalistes furent conduits dans la chapelle, il s'y passa un incident qui prouve combien ils étaient attachés à la foi catholique, et ce ne sera pas la seule preuve de cet attachement que nous aurons à rapporter. A la chute du jour, ils virent, à leur grand étonnement, paraitre un prêtre, vieillard d'un aspect vénérable. C'était M. Erdeven, recteur de Sauzon, à Belle-Ile-en-Mer. Il se présentait pour

leur offrir les secours de son ministère. Ils

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