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et de violence, et de les faire mourir par la faim (1). On peut affirmer, sans exagération, que les constitutionnels, tant évêques que prêtres, ont été les bourreaux de l'épiscopat et du sacerdoce catholique et de la monarchie, bien plus que les Jacobins eux-mêmes, puisque ce furent eux qui excitèrent et déchaînèrent la rage du jacobinisme contre l'Eglise et ses ministres et contre Louis XVI; ce furent eux qui préparèrent et amenèrent les massacres et les égorgements des évêques et des prêtres à l'Abbaye et aux Carmes, à Paris, dans ces jours funèbres mais glorieux pour l'Eglise, des 2 et 3 Septembre 1792, qui furent suivis bientôt par d'autres massacres de prêtres dans les provinces et reçurent leur complément affreux dans les noyades de Nantes (2).

Lamourette, autre évêque départemental du Rhône-etLoire, dans la séance du 29 Août 1792, poussa sa rage barbare contre l'infortuné Louis XVI, déjà renfermé au Temple, jusqu'à demander qu'il fût séparé de la reine et de sa famille. La plume se refuse à reproduire les paroles inhumaines, prononcées en cette occasion, par ce sauvage.

Un autre membre de cette Eglise régicide, Henri Grégoire, évêque de Loir-et-Cher, dans la séance du 21 Septembre 1792, fut le premier à faire la motion expresse d'abolir tout à fait la royauté, en assurant ses collègues que toutes les dynasties étaient des races dévorantes, « ne vivant que de chair << humaine, que les rois étaient dans l'ordre moral, ce que << les monstres sont dans l'ordre physique » », et que leur histoire était «<le martyrologe des nations (3) ». Ce jour, fut proclamée la République, qui vint bientôt, par un décret du 5 Octobre, armée d'un nouveau calendrier, tenter d'effacer dans l'esprit du peuple tout souvenir de la religion et de la royauté.

(1) Jager, loc. cit., tom. III, pag. 14, 100-106.

(2) M. l'abbé Jager nous a donné une description touchante de ces exécutions sanglantes. Tom. III, pag. 443-555.

(3) Moniteur, séance du 29 Août 1792; Jager, loc. cit., tom. III, pag. 376. séance du 21 Septembre 1792, pag. 1125 et 1135.

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Ce fut lui aussi, Grégoire, qui poursuivit jusque dans son cachot Louis XVI, qu'il avait contribué à faire descendre de son trône et qui prononça, le 15 Novembre de la même année, à l'Assemblée, un discours long et véhément, où il parlait « des <<< crimes, des trahisons et des perfidies » de ce prince, l'appelait un «<bourreau », soutenait qu'il fallait le « traiter en ennemi », le mettre en jugement, et que son impunité serait un « outrage « à la justice et un attentat », et déclarait enfin que « les rois, <<< cette classe d'êtres purulents, furent toujours la lèpre du gou<< vernement et l'écume de l'espèce humaine ». Ce discours valut à l'orateur d'être nommé, le jour même, président de la « Conven<«<tion ». Le 21 Novembre, répondant en cette qualité aux députés de la Savoie nouvellement conquise, il se fit encore applaudir par des tirades énergiques et démoniaques contre la royauté. << Les statues des Capets ont roulé dans la poussière, dit-il; si << quelqu'un tentait de nous imposer de nouveaux fers, nous <«<les briserions sur sa tête... Périssent tous les Français, plutôt «<que d'en voir un seul esclave!... » Il parlait dans le même sens, le 27 Novembre, à l'occasion de la réunion de la Savoie à la France, et fut chargé d'aller révolutionner ce pays (1).

Lorsque enfin allait se consommer le grand forfait, lorsque fut votée la condamnation à mort de l'innocent monarque, de dix-sept évêques constitutionnels, qui siégeaient à la Convention, deux seulement votèrent son bannissement, neuf furent pour la détention, les cinq autres se prononcèrent simplement pour la peine de mort. Grégoire, qui était en mission en Savoie pour révolutionner ce pays, pour en bouleverser les siéges épiscopaux et créer sur leurs ruines celui du Mont-Blanc, envoya son vote dans une lettre du 19 Janvier 1793, où il déclarait qu'il votait << pour la condamnation de Louis Capet, sans appel << au peuple ». Depuis il applaudit à la mort de Louis XVI (2).

(1) Moniteur, séance du 21 Novembre 1792 et le Procès de Louis XVI. (Recueil en 9 vol. à Paris, chez Debarle, au 111.) Tom. 1, pag. 101 et 106.

(2) Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté, par Grégoire. Paris, an II de la République. Didot, 1 vol. in-8°.

C'est ainsi que se souillèrent ces misérables, les pères de la nouvelle Eglise, devant Dieu et la postérité tout entière ! Y a-t-il lieu de s'étonner que ces mêmes hommes, peu de mois après, le 7 Novembre de cette même année, ne rougirent point de renoncer publiquement, en pleine assemblée, au christianisme, au milieu de scènes païennes et impies, qui révoltèrent même un Danton, le fameux chef des « frères rouges » et des « septembriseurs », lequel, à son tour, le 5 Avril 1794, expia ses crimes sur l'échafaud, et de professer comme seul«< culte public» et « national », celui << de la liberté, de la sainte égalité, et de la raison ? » C'est ce que firent Gobel, évêque de Paris, et les évêques de l'Eure, de la Haute-Vienne, de la Meurthe et du Doubs. Leur exemple fut suivi par plusieurs prêtres et ministres protestants. Peu de jours après plusieurs autres évêques de la Convention et des provinces, au nombre de dix-sept, donnèrent le même scandale.

Plusieurs de ces évêques, au nombre de treize, contractèrent des mariages, et pour comble de honte il y en eut qui exhortèrent leurs prêtres à se marier aussi. Forné, évêque du Cher, commit l'infamie, le 12 Août 1793, de marier publiquement, dans sa cathédrale, un prêtre avec une religieuse, en y prononçant un discours dégoûtant contre le célibat ecclésiastique. Diot, évêque de la Marne, donna le même scandale. Pontard, évêque de la Dordogne, poussa l'impiété plus loin encore; il osa célèbrer les saints mystères, une pique à la main, avec le bonnet rouge sur la tête, et en présence de sa femme placée près de l'autel.

Environ douze mille prêtres (sans compter des religieux de "V différents ordres) égarés et encouragés par la turpitude de leurs évêques, se marièrent (1).

A l'aspect de ce triste spectacle, il y a bien lieu de dire: Telle vie, telle fin. Le juste châtiment de Dieu ne tarda pas à frapper plusieurs de ces misérables et ignobles évêques dès ce monde.

(1) Ces tristes faits se trouvent relatés, en abrégé, par M Picot: Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique du XVIIe siècle. Paris, 1815, tom. III, pag. 216, 258, et en détails dans : Procès-verbaux de la Convention, tom. xxv et XXVII; Journal prophétique, rédigé en 1792 et 1793 par Pontard, renégat et évêque de la Dordogne; Annales de la Religion, publiées en 1795 par Desbort, évêque constitutionnel de la Somme.

Cinq évêques constitutionnels payèrent de la vie leur honteuse apostasie de la foi, peu de semaines après, et furent guillotinés par leurs confrères eux-mêmes, les Jacobins; c'étaient : Roux, métropolitain des côtes de la Méditerranée et les évêques Dumouchel du Gard, Fauchet du Calvados, Gobel de Paris, et Lamourette du Rhône-et-Loire, métropolitain du Sud-Est. Ce dernier, trois jours avant son exécution, avait le bonheur de se rétracter (1)! On croit que Gobel fit de même (2).

(1) Mémoires d'Auribeau, tom. II, pag. 838, où cette rétractation se trouve imprimée. Voyez aussi la belle lettre de M. l'abbé Emmery sur cette rétractation, chez Theiner: Documents inédits, tom. I, no 141, pag. 441. Emmery s'est trouvé en prison avec Lamourette.

(2) Picot: Mémoires loc. cit. tom. III, pag. 289. Voir aussi sur Gobel les lettres intéressantes de l'abbé Barruel, chez Theiner, loc. cit., tom. 1, no 119-123, pag. 353-366.

CHAPITRE DEUXIÈME.

Le général Bonaparte et l'Église catholique
avant le Concordat.

Ce qui fait la force et la faiblesse de l'Église constitutionnelle : pourquoi Bonaparte la ménageait.— Son sympathique respect pour l'Église catholique: marques qu'il en donne. Il s'empare peu

à peu du pouvoir la persécution contre le clergé durait toujours; lui seul la fait cesser; reconnaissance du clergé. - Pacification de la Vendée. L'abbé Bernier.

Une Eglise, comme l'Eglise constitutionnelle, qui s'était mise au service de la Révolution et avait le plus sonné le tocsin contre la religion, contre l'épiscopat légitime, contre la royauté et contre tout l'ordre social, ne pouvait guère être la base sur laquelle Bonaparte voudrait élever le nouvel édifice social de la France; et pourtant, il la ménageait, assurément plus par crainte que par affection, et surtout par un noble sentiment d'humanité. Il faut aussi convenir que cette Eglise, au moment où Bonaparte, par une admirable disposition de la Providence, s'était emparé des rênes du gouvernement, était tant soit peu revenue de sa première licence et de son impiété. Elle gémissait, elle commençait à sentir l'état anormal et illégal de son ignoble existence. La journée du 7 Novembre 1793 et ses suites avaient couvert cette Eglise d'un opprobre ineffaçable: elle se trouvait moissonnée par les tristes événements dont nous avons fait mention, et lorsque ses évêques, après les jours de terreur, cherchèrent à se réunir, on en comptait à peine cinquante. Ils firent quelques tentatives pour se maintenir et pour se donner une organisation plus ecclésiastique; mais leurs efforts, malgré leurs pompeuses lettres encycliques du 13 Mars et du 15 Dé

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