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par la nomination d'Antoine de Neufchâtel au siége de Toul, se réveilla bientôt plus violente que jamais, au sujet de la possession d'Épinal. Cette ville, que Louis XI avait promis de céder au Maréchal, promesse retirée, ensuite sur les remontrances des bourgeois, venait de se donner volontairement au duc de Lorraine. Le Maréchal, indigné de cet affront, résolut de s'en venger et de reconquérir par les armes une place qu'il regardait comme ayant été injustement arrachée de ses mains. Rien ne fut négligé par lui pour faire triompher son entreprise; il rassembla toutes les forces dont il pouvait disposer, demanda des secours à son parent le duc de Bourgogne, et écrivit à son fils, Antoine de Neufchâtel, évêque de Toul, de lui livrer les forteresses de l'Évêché. Les chanoines qui prévoyaient les funestes résultats de cette guerre pour le pays toulois, si leur évêque, épousant la querelle de son père, cédait à ses instances, le sollicitèrent vivement, au nom de la paix et du bien public, de garder la neutralité et de ne prendre fait et cause pour aucun parti. Antoine, sans expérience, et ayant plus à cœur les intérêts de sa famille que ceux de son évêché, fut sourd aux prières de son Chapitre, méprisa ses conseils, et ouvrit aux troupes bourguignonnes les portes des forteresses de Liverdun, de Brixey et de Mézières. Les craintes des chanoines ne tardèrent pas à se justifier: le prince Nicolas, fils du duc de Lorraine,

s'avança à la tête d'une armée pour châtier la conduite d'Antoine et pour mettre le siége devant Toul, menaçant d'incendier les faubourgs si cette ville ne se rendait pas immédiatement et refusait de recevoir ses troupes. Les bourgeois lui répondirent que n'ayant rien de commun avec leur évêque, et qu'étant totalement étrangers au parti qu'il avait adopté, ils le priaient de ne pas troubler leur tranquillité; que d'ailleurs ils lui faisaient la promesse de ne prendre aucune part dans cette guerre, et de garder la plus stricte neutralité. Nicolas, satisfait de cette déclaration, s'éloigna des murs de Toul, et marcha sur Void dont il occupa le château, du consentement des chanoines. Il revint ensuite sur ses pas, et fit le siége de la forteresse de Liverdun, qui se rendit à discrétion après six jours d'attaque. Toutefois le maréchal de Bourgogne ne fut pas long-tems avant de reprendre cette place, et de réparer les échecs qu'il avait d'abord essuyés : il se rendit maître de toutes les maisons fortes du Toulois, et ses troupes, qui occupaient les châteaux de Chaligny, de Châtel et de Liverdun, exercèrent d'horribles dégâts dans le duché de Lorraine.

Louis XI et le duc de Bourgogne favorisaient alors sourdement la guerre que le Maréchal faisait à Jean II, dans le but d'empêcher ce dernier prince de mettre à exécution ses projets sur le royaume d'Arragon.

Au milieu de ces circonstances difficiles, le prince Nicolas, en l'absence de son père, ne crut pouvoir mieux faire que d'assembler les états de Lorraine à Nancy, pour les consulter sur les moyens. de chasser les Bourguignons de l'évêché de Toul. Il était évident que l'occupation du siége de cette ville par Antoine de Neufchâtel était un obstacle invincible pour y parvenir; aussi les États décidèrent-ils, dès la première séance, que le duc Jean, alors en Catalogne, serait prié d'écrire aux chanoines de Toul pour les inviter à déposer leur évêque et à en élire un autre, devant se fonder sur la raison que ce prélat n'avait satisfait à aucune des conditions stipulées dans ses bulles et repétées dans le serment qu'il avait prêté lors de sa prise de possession.

Le duc de Calabre approuva cette résolution, et adressa au Chapitre une lettre rédigée dans ce sens; elle plongea ce corps ecclésiastique dans le plus profond embarras; il chercha de tous côtés un expédient qui pût faire désister le Duc de son projet, et n'en trouva aucun. Indécis et alarmé, il resta dans l'inertie la plus complète. C'était le meilleur parti qu'il eût à prendre, car le maréchal de Bourgogne, instruit des démarches du duc Jean près des chanoines, pénétra de nouveau en Lorraine avec six mille hommes, et porta partout le ravage et la désolation. Ce ne fut qu'après le pillage et l'incendie de cinq cents villages, que le

conseil du Duché donna l'ordre à Jean de Fénétrange d'assembler une armée et de marcher sur l'ennemi. Les Lorrains repoussèrent les Bourguignons dans l'évêché de Toul, et livrèrent ce pays à toutes les horreurs de la guerre. La forteresse de Liverdun, défendue par quatre cents hommes que commandait Rolin de Castres, châtelain de Châtel, résista six semaines aux attaques vigoureuses du seigneur de Fénétrange, et ne se rendit qu'à la dernière extrémité. La garnison fut faite prisonnière, et les habitans, arrachés de leurs maisons, furent chassés impitoyablement. Les Lorrains pillèrent et brûlèrent la ville, s'abandonnèrent à tous les excès d'une place prise d'assaut, et rasèrent les fortifications. Une perte irréparable fut celle des archives de l'Évêché, qui depuis plusieurs siècles étaient conservées dans le château de Liverdun, et qui furent presque totalement consumées dans l'incendie. Le maréchal de Lorraine fit de vains efforts pour arrêter la violence des flammes; elles en dévorèrent plus des deux tiers, et le surplus fut déposé par son ordre dans l'église de Saint-Georges à Nancy.

La prise de Liverdun fut bientôt suivie de celle des forteresses de Brixey, de Mézières et de Chaligny.

Tant de désastres dans le diocèse de Toul jetèrent la confusion dans tous les esprits, et le mal n'était pas près de finir; des discussions intermi

nables devaient encore s'élever au sujet de l'élection d'Antoine de Neufchâtel, et de nouveaux efforts devaient être tentés par le duc de Lorraine pour faire nommer un autre évêque. Rien ne fut négligé par ce prince auprès du Chapitre pour le décider à recourir à cette mesure. Celui-ci s'étant plaint des dommages considérables que la guerre venait de causer à ses nombreux domaines, Jean ordonna que tous les serfs de l'Évêché seraient rappelés du dehors, qu'on les ferait travailler, et qu'après leur nourriture et leur entretien soldés, le surplus du bénéfice de leurs travaux viendrait au profit des chanoines. Triste et nouvel exemple du déplorable sort des peuples dans les tems féodaux ! Rentrés dans leurs foyers après avoir combattu sous la bannière de leur seigneur, les pauvres serfs des campagnes ne peuvent réparer, dans la paix, les maux qu'ils ont endurés pendant la guerre; ils sont contraints de se livrer à un dur travail, pour indemniser un corps riche et puissant, des pertes que lui même à éprouvées.

Les chanoines satisfaits sur leurs demandes, dit le père Benoît, auraient suivi volontiers les inclinations de ce prince, si le Pape, qui était averti de ses projets, ne leur eût défendu par un bref une nouvelle élection. Ils craignaient d'ailleurs Louis XI et le duc de Bourgogne, qui les menaçaient s'ils en venaient à cette extrémité. Le duc de Calabre leur représentait que pour remédier

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