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rent peu à peu dans les masses, et l'on ne tarda pas à en apercevoir les heureux effets dans la tolérance des luthériens pour les calvinistes. Cette tolérance, réclamée par le synode de Charenton, était justifiée d'ailleurs par la nouvelle doctrine d'une grande partie de l'Église réformée sur la prédestination. Arminius (voy.), qui avait enseigné l'universalisme protestant et avait combattu de toutes ses forces le particularisme des calvinistes rigides, avait trouvé de nombreux partisans non-seulement en Hollande, mais en Angleterre, en France et en Allemagne.

schismes; mais leurs opinions pénétrè- | ric-Guillaume se déclara prêt à abandonner le dogme de la prédestination absolue si, de leur côté, les luthériens voulaient cesser d'employer le lectionnaire, l'aube, la chasuble et les cierges dans la célébration de la Cène *. La plupart des communautés protestantes y consentirent. Mais à la mort de ce prince, Frédéric II ayant rapporté l'ordonnance de 1736, les luthériens reprirent la chasuble et les cierges, et les réformés revinrent à leurs anciennes opinions sur la prédestination. Il était réservé aux progrès des sciences et surtout de la philosophie d'opérer une union si désirée et qui paraissait si difficile. Leibnitz s'était opposé à tout L'opinion publique, quoique moins rapprochement entre l'église luthérienne mal disposée envers les réformés*, n'é- et l'église calviniste, mais Wolff y contait pas encore mûre cependant pour une tribua puissamment en réveillant l'esprit réunion complète: aussi Frédéric 1er de systématique, en donnant plus d'autorité Prusse échoua-t-il dans ses projets. En à la raison en matière de dogmes, et Kant vain assembla-t-il des espèces de syno- appuya de tout le poids de son grand des à Berlin; en vain fit-il construire nom les idées de Calixtus et de Spener: à Berlin et à Charlottenbourg des égli- Les perfectionnements successifs apportés ses où les deux confessions devaient cé à l'exégèse, l'étude des langues orientales, lébrer leur culte en commun; en vain la comparaison de l'hébreu avec l'arabe ordonna-t-il d'admettre indistinctement et le syriaque, l'explication de la Bible dans les maisons d'orphelins de Berlin par l'histoire, la géographie, les descripet de Koenigsberg les enfants des luthé- tions de voyages en Orient, l'interprétariens et ceux des calvinistes; en vain es- tion historique opposée à l'interprétation saya-t-il en fin d'introduire la liturgie angli- dogmatique, le système d'accommodacane dans ses états: toutes ses tentatives tion (voy.), les travaux des savants sur ne firent qu'aigrir les esprits. Dans d'au- l'histoire des dogmes, les résultats d'une tres pays les résultats furent les mêmes. critique plus profonde appliquée aux liPfaff, théologien de Tubingue, fit pré-vres saints, l'étude des littératures fransenter aux députés protestants, à la diète de Ratisbonne, un projet d'union qui fut adopté, mais que combattirent avec tant d'emportement et de succès les consistoires de Dresde et de Gotha que tout en resta là, excepté en Prusse, où Frédéric-Guillaume Ier voulut le mettre

à exécution.

çaise et anglaise, la lecture des ouvrages des sociniens et des arméniens, la liberté de la presse, la liberté d'enseignement accordée pour la première fois en Prusse; toutes ces causes agirent avec tant d'efficacité et d'énergie qu'à la fin du XVIIIe siècle il n'existait plus de partis, pour ainsi dire, et que les rangs des défenseurs du lutheranisme rigide s'éclaircissaient tous les jours. L'indifférence pour le dogme avait remplacé presque généralement un zèle mal entendu. Les

Les souverains de la Prusse étaient réformés depuis l'année 1614, où l'électeur de Brandebourg, Jean Sigismond, avait renoncé à la doctrine de Luther pour embrasser celle de Calvin. Frédé-obstacles à la réunion des deux églises s'aplanissaient de toutes parts. Aussi

l'une suivre le culte de l'autre quand ils

(*) Le lecteur se rappelle que le mot réfor-vit-on souvent dès lors les adhérents de més ne désigne pas, comme le mot protestants, les partisans de la réforme en général, mais que c'est un appellatif réservé aux membres de la confession helvétique, aux disciples de Zwingle et de Calvin.

S.

(*) L'usage de plusieurs de ces objets s'est maintenu jusqu'à ce jour en Prusse et dans d'autres églises protestantes des pays du Nord. S.

n'avaient pas de temple particulier, ainsi | signer l'église protestante et l'église réque cela se voit aussi parmi les protes- formée unies, et un ordre du roi avait tants de France, où il n'est pas rare de trou- enjoint, le 27 septembre, aux ecclésiasver un pasteur de la confession d'Augs-tiques de procéder à la réunion. Elle s'efbourg dans la chaire d'une église réfor- fectua avec solennité le 30 et le 31 octomée, et vice versa. bre, à Berlin et à Potsdam, par la célébration de la Cène à laquelle participèrent les fidèles des deux communions. Peu de communautés cependant voulurent se soumettre au décret royal, et l'union rencontra surtout des adversaires dans la Silésie et la Prusse proprement dite, où les réformés sont peu nombreux. Le gouvernement voulut faire alors ce qu'il aurait dû faire dès le principe: il ordonna d'adopter dans toute la monarchie la liturgie de Berlin; mais ses ordres ayant rencontré une vive opposition, il assembla une commission ecclésiastique chargée d'en composer une nouvelle. Cette liturgie (Agende) parut le 19 août 1829 sous ce titre Liturgie pour l'Église évangélique de la monarchie prussienne. Malgré les légères modifications qu'on lui avait fait subir, l'adoption n'en rencontra pas moins une résistance plus opiniâtre encore. Scheibel, pasteur à Breslau, se mit à la tête des opposants: il fallut le destituer en 1832. Cette mesure irrita tellement ses partisans que l'intervention de la force armée devint nécessaire. Halle et Erfurt, en 1836, se déclarèrent également contre la nouvelle liturgie et refusèrent obstinément de l'admettre dans leurs églises.

Ce ne fut cependant qu'au jubilé de la réformation, en 1817, que s'opéra solennellement l'union des deux confessions. Le duché de Nassau donna le sigual. Les réformés et les luthériens se réunirent en un synode et décidèrent de ne plus faire qu'une seule église sous le nom d'Église évangélique, décision qui fut sanctionnée par le duc le 11 août et mise à exécution le 31 octobre. Le synode se garda bien de soumettre à aucune controverse les formules dogmatiques : il se borna à choisir pour l'administration liturgique de la sainte Cène des textes bibliques susceptibles d'être interprétés par chaque église dans son sens, en défendant aux pasteurs de les commenter ou de les modifier. Cette conduite pleine de sagesse et de prudence fut imitée par la plupart des autres synodes. Celui de Kaiserslautern, en 1818, qui proclama l'union dans la Bavière rhénane, admit l'Écriture sainte seule comme fondement de la foi, rejetant les livres symboliques (way.) et supprimant dans son catéchisme le dogme du péché originel. Le synode qui s'assembla dans le grand-duché de Bade en 1834 composa également une liturgie, un catéchisme, un livre de cantiques, et révisa jusqu'aux histoires de la Bible qu'on met entre les mains des enfants dans les écoles. Quelques autres, eependant, celui de Lichtenberg par exemple, se contentèrent de décréter la réunion des deux églises, en laissant à chacune ses livres symboliques, sans s'apercevoir que c'était décréter l'impossible, puisque c'est précisément dans ces livres symboliques que sont exprimées avec le plus de force les différences entre les deux communions.

Les luthériens rigides sont vigoureusement soutenus dans la plupart des localités par le bas clergé qui accuse le gouvernement de porter atteinte à l'égalité par l'établissement de ses synodes de cercle et de province.

Ces synodes, composés presque partout d'un nombre égal de laïcs et d'ecclésiastiques, sont chargés des affaires de l'Église sous la présidence, les premiers d'un surintendant ecclésiastique, les seconds d'un surintendant général ou Le gouvernement prussien, qui avait doyen (Probst). Ils surveillent les pasmivi les mêmes errements, ne tarda pas teurs, administrent les revenus des églii sentir la faute qu'il avait commise. Une ses, font observer les règlements, veillent ordonnance ministérielle en date du 30 à la pureté de la doctrine et prennent juin 1817 avait prescrit de n'employer des décisions qui ne sont toutefois valadans les rapports officiels que la déno-bles qu'après la sanction du gouvernemination d'Église évangélique pour dé-ment. Cette organisation de l'Église est

assurément préférable à l'anarchie qui régnait auparavant; mais les luthériens zélés ne veulent pas la reconnaître. Ils sont luthériens, disent-ils : les surintendants ne sont pas leurs véritables pasteurs spirituels; ils ne regarderont comme tels que ceux qui appartiendront à l'église luthérienne et non à l'église évangélique unie; enfin ils demandent de former une Église à part, cette Église luthérienne dont l'existence est garantie par l'acte fédéral d'Allemagne.

Cette opposition ne cessera pas vraisemblablement par suite de mesures gouvernementales. L'histoire nous apprend❘ où conduisent les atteintes portées à la liberté religieuse. Une impartialité sévère de la part du gouvernement, l'influence des pasteurs éclairés, la diffusion des lumières, le temps enfin, feront plus pour l'union des deux églises que toutes les ordonnances possibles.

Francfort-sur-le-Mein (1817), Weimar (1818), Hanau (1818), la Bavière rhénane (1818), la principauté d'AnhaltBernbourg (1819), celle de Waldeck et de Pyrmont (1821), le grand-duché de Bade (1821), la Hesse rhénane (1822) et le grand-duché de Hesse-Darmstadt (1822), ainsi que Hildburghausen et quelques communautés du Würtemberg (1824), ont aussi proclamé la réunion des deux communions. Quant aux autres contrées de l'Europe, elle ne s'est encore opérée nulle part, pas même en France, malgré l'initiative qu'ont prise à cet égard, en 1817, les pasteurs des deux communions à Paris, et bien que tout paraisse mûr pour consommer un tel acte; mais cependant il est plus que probable que dans peu d'années les réformés et les luthériens ne formeront plus qu'une seule et même église, non-seulement en Europe, mais dans le monde entier. C. L. m. ÉVANGÉLISTES, voy. ÉVANGILE. ÉVANGILE. Le mot grec Evayyśkov, composé de ɛ, bon, et άyyédia, message, nouvelle (de ayyɛlos, messager, ange), désigne, dans son acception la plus étendue, la bonne nouvelle de la naissance, de la vie, de la doctrine, de la mort et de la résurrection de JésusChrist. Dans un sens plus restreint, on désigne sous ce mot la doctrine chrétienne,

par exemple lorsqu'il est question de la prédication de l'Évangile; quelquefois enfin il indique seulement l'un des quatre écrits historiques qui se trouvent à la tête des livres du Nouveau-Testament (voy.saint Matthieu, Marc,Luc, Jean), ou bien l'un des écrits connus sous le nom d'évangiles apocryphes (voy. APOCRYPHES). C'est à ce sens, en quelque sorte littéraire, du mot évangile, que nous nous attacherons ici, renvoyant pour les deux autres aux articles CHRISTIANISME, JÉSUS-CHRIST, etc.

A la tête des livres du Nouveau-Testament se trouvent placés les évangiles, quatre livres dont l'importance ne saurait être contestée par aucun de ceux qui sont attachés de cœur à la religion chrétienne, ni par ceux même qui ne l'envisagent que sous un point de vue purement historique ou philosophique. Les évangiles servent de base à tous les autres livres de ce recueil. Ils font connaître les doctrines des premiers chrétiens, renferment en germe toutes les grandes vérités religieuses qu'on a développées plus tard, et nous expliquent même jusqu'à un certain point comment telles ou telles erreurs ont pu s'introduire dans l'Église. Chacun des quatre auteurs de ces livres ayant eu son caractère propre et un point de vue particulier, qui se montre dans le choix et l'arrangement des faits racontés et des discours reproduits, il a dû en résulter dans chacun des évangiles une manière différente de nous présenter la personne du Sauveur du monde. Et néanmoins ils sont d'accord sur tous les points essentiels : ils nous montrent tous Jésus-Christ sublime dans sa doctrine comme dans ses œuvres; ils nous le présentent comme Fils de Dieu, dans le sens le plus relevé, et confirmé comme tel d'abord par un événement extraordinaire qui accompagna son baptême, puis plus tard par ses miracles et par sa résurrection, et encore plus particulièrement par le caractère de sa doctrine, où il nous apparaît comme le régénérateur du genre humain, le consolateur des affligés, l'ami du pécheur repentant. Dans chacun de ces quatre livres enfin nous voyons le Seigneur appeler à lui tous ceux qui sentent leur

procher de Dieu, dont ils s'étaient éloignés par le péché.

propre faiblesse et le besoin de se rap- | raient simplement traduit, et de telle sorte que l'un aurait eu recours quelquefois à la version déjà faite par l'autre; la même traduction, retouchée et augmentée à différentes reprises, remaniée par d'autres auteurs, aurait enfin donné lieu aux trois premiers évangiles, tels que nous les possédons. Cet original syrochaldaïque, servant de base à nos trois premiers évangiles, a été appelé par Eichhorn évangile primitif ( Ürevangelium). Cette hypothèse, dont la première idée paraît être due à Le Clerc (Clerici Histor.eccles. duor. primor. sæc., Amst., 1716, p. 429, ad ann. 64, § 11), fut particulièrement développée par Eichhorn (Allgemeine Biblioth. d. bibl. Lit

Cependant ces ouvrages ne contiennent ni l'histoire complète de la vie de Jésus-Christ, ni un exposé systématique de sa doctrine : ce sont en quelque sorte de simples mémoires sur sa vie, et des notions sur les points les plus im- | portants de la religion qu'il a enseignée aux hommes. Des auteurs contemporains des événements qu'ils rapportent ne pouvaient donner une autre forme à leurs récits: c'est ainsi que Xénophon s'était borné à des mémoires sur Socrate, et ce furent des auteurs qui vécurent à une époque beaucoup plus reculée qui donnèrent la biographie de ce philo-terat. t. V, p. 761 et suiv., et avec quelsophe.

ques changements dans les différentes éditions de son Introduction au Nouveau-Testament ). Elle fut adoptée et modifiée par plusieurs savants, entre autres par Marsh (Additions à la traduction

En comparant attentivement les trois premiers évangiles, on remarque dans quarante-deux différents passages desaint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc, une coincidence qui va jusqu'à repro-anglaise de l'Introduction de Michaelis) duire les mêmes pensées sous des expres- et par Gratz (Neuer Versuch die Entsions presque littéralement les mêmes. steh. der 3 erst. Evangelien zu erklæLes différences qu'on trouve dans ces ren, Tub., 1812). Quelque vraisemblapassages proviennent presque toutes d'ex-ble qu'elle paraisse, et quelque ingénieux pressions synonymes dont paraissent que soient les développements que les s'être servis trois traducteurs d'un même savants lui ont donnés, elle est abanoriginal; et dans les endroits où ces di- donnée aujourd'hui, comme trop artifivergences sont un peu plus frappantes, cielle, par la plupart des critiques. Pluune plus grande liberté de la part de l'un sieurs autres hypothèses qu'on a avancées ou de l'autre de ces trois traducteurs pa- n'ont pas réuni davantage les suffrages rait y avoir donné lieu. De plus, nous des divers théologiens. Telle est entre trouvons dans saint Matthieu et dans autres celle qui a été admise surtout par saint Marc une douzaine de passages Paulus (Theol. exeg. Conservat., Heisemblables, qui ne sont pas dans saint delb., 1822, p. 86 et suiv.), par Gieseler Luc; cinq dans saint Marc et dans saint (Hist. crit. Vers. üb. d. Entsteh. der Luc que saint Matthieu ne rapporte pas; schriftl. Evang., Leipz. 1818, p. 42 et quatorze dans saint Luc et dans saint suiv.), et par Schott (Isagoge, Jéna, 1830, Matthieu qu'on chercherait vainement p. 54 et suiv.), et d'après laquelle la dans saint Marc; enfin saint Matthieu base commune des trois premiers évannous offre cinq, saint Marc deux et saint giles serait au contraire la tradition oraLuc neuf passages qui ne se trouvent le, dont les principales parties, répétées chez aucun des autres évangélistes. fort souvent par les premiers témoins des œuvres de Jésus-Christ, auraient bientôt pris une forme arrêtée, pour ainsi dire stéréotypée, qui se serait reproduite littéralement dans les passages communs à plusieurs de nos évangélistes.

Pour expliquer cette coincidence d'une part et ces divergences de l'autre, on a été amené à cette conjecture qu'il a dû exister un texte primitif probablement écrit en syro - chaldéen, source commune de nos évangiles actuels, mais qui serait perdu pour nous. Ce texte primitif, les trois premiers évangélistes l'au

Pour trouver l'origine la plus naturelle des évangiles, il nous paraît nécessaire d'admettre qu'il existait une ré

daction primitive, antérieure à ce qu'on peut appeler leur publication. Il est probable que cette publication n'eut lieu que plus tard et à une époque où peut-être la mort de plusieurs apôtres en faisait sentir le besoin. Les chrétiens formant des communautés dispersées par tout le monde civilisé, et n'étant visités que de temps à autre par quelques disciples du Seigneur, ou par des missionnaires qui ne l'avaient pas connu, il leur importait nécessairement de pouvoir lire des récits authentiques sur la vie et la doctrine de celui qu'ils adoraient comme leur maître et leur sauveur. D'un autre côté des personnes qui n'avaient encore du christianisme qu'une connaissance vague, mais qui déjà se sentaient attirées vers lui, devaient désirer qu'on leur offrit des renseignements exacts et authentiques sur lesquels elles pussent former leurs convictions: c'est dans ce but par exemple que saint Luc écrivit son évangile et l'adressa à son ami Théophile. Enfin ceux qui se trouvaient à la tête des églises avaient besoin de posséder un livre qui fût la base et le guide des enseignements qu'ils donnaient à leur troupeau. Tout cela explique suffisamment ce qui a pu amener la publication des évangiles.

Mais la rédaction primitive des écrits qui ont servi de base aux évangiles de saint Matthieu et de saint Jean aurait-elle eu lieu à la mème époque seulement? Cela nous paraît peu probable, quoique cet avis ait été assez généralement adopté par les théologiens protestants. Si les disciples de Jésus-Christ avaient ignoré que leur maitre ne resterait pas longtemps avec eux, s'ils avaient vu le Seigneur lui-même écrire ses discours, comme l'avaient fait plusieurs prophètes (voir Jérémie, XXXVI), ou s'ils n'avaient pas su qu'ils etaient appelés à devenir les apôtres de l'Evangile, nous concevrions qu'ils n'eussent pas songé à consigner par écrit leurs souvenirs; mais Jésus leur avait annoncé sa mort longtemps avant de la subir (Matth. XVI, 21); mais il ne paraît pas avoir laissé une seule ligne écrite de sa main, et sa lettre à Abgar, roi d'Édesse, transcrite par Eusèbe (Hist. Eccl., I, 13) est évidemment un écrit supposé;mais enfin Jésus-Christ leur

avait dit à plusieurs reprises que c'était eux qu'il avait choisis pour répandre sa doctrine. Nous concevrions encore que cette rédaction primitive des évangiles n'eût eu lieu qu'à une époque déjà éloignée des événements, si des hommes contemporains des faits qu'ils racontaient n'eussent écrit des mémoires connus aux apôtres, comme cela paraît démontré, et si Papias, disciple des amis des apôtres, n'assurait pas expressément que saint Marc prenait des notes sur ce que saint Pierre racontait de JésusChrist (Eusèbe, H. E. III, 39). Dira-t-on que les apôtres étaient tellement inhabiles à écrire que la force des circonstances pouvait seule les y engager? Mais quelles difficultés pouvaient présenter des récits aussi simples que ceux qui sont contenus dans les quatre évangiles? D'ailleurs les épîtres que saint Jean nous a laissées prouvent suffisamment que cet apôtre n'était pas privé des connaissances nécessaires à une semblable composition, et saint Matthieu, en sa qualité de publicain ou de receveur des contributions, devait avoir quelque usage de l'art d'écrire. Puis, ce devait être un besoin, pour le cœur de saint Jean surtout, de fixer par l'écriture ce qui aurait pu échapper à sa mémoire, quelque fidèle qu'on la suppose, lui qui prenait tant d'intérêt à tous les discours d'un maître dont il était le disciple bien-aimé.

Il nous sera donc permis d'admettre une rédaction primitive antérieure à la publication des évangiles, et cette opinion devient encore plus plausible pour peu que nous examinions les passages qui font allusion à des notes prises peu de temps après les événements. Dans saint Jean, ch. XIV et suivants, par exemple, l'évangéliste reproduit avec une scrupuleuse exactitude les paroles de JésusChrist, sinon dans l'ordre même suivant lequel elles étaient sorties de la bouche du Seigneur, au moins de manière à nous convaincre que peu de temps après les avoir entendues il les avait mises par écrit, au fur et à mesure qu'elles lui revenaient à l'esprit et que sa mémoire les lui rappelait.

Cependant le fait de la résurrection de Lazare, qui ne se trouve pas dans

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