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longtemps un grand travail sur les Crustacés, sujet peu étudié et qui lui a coûté plusieurs années de recherches. Il a particulièrement dirigé ses efforts sur les formes plus ou moins douteuses, telles que les Mysis, les Cumacées, les Praniza, ainsi que sur le groupe inépuisable de parasites récurrents, tels que les Peltogaster et les Sacculines. A la fin de son mémoire sur ce sujet, il décrit avec tous les détails nécessaires les nombreux Crustacés de notre littoral. Cette publication remarquable lui a valu le prix quinquennal de 1862.

Après avoir étudié précédemment les Campanulaires et les Tubulaires, notre savant voulut entreprendre une œuvre plus complète sur les Polypes. En 1866, il présenta à l'Académie son grand mémoire sur l'histoire naturelle des Polypes. Van Beneden emploie tour à tour le crayon et le pinceau pour mieux rendre la délicatesse et la fragilité de ces organismes curieux. "Les naturalistes, dit-il, qui n'ont pas étudié ces êtres en vie ne peuvent se faire une idée de leur élégance et de leur beauté. Les Polypes sont les fleurs de l'océan; ils réunissent à la richesse et à la variété des formes le coloris le plus brillant et le plus varié ; ils luttent d'élégance avec les plus belles productions de la nature. Notre collègue élucide quelques points obscurs du développement de ces animaux pour faire ensuite la description de plus de 25 groupes différents de Polypes propres aux côtes belges. Ce magnifique travail lui fit aussi obtenir le prix quinquennal en 1866.

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Si à toutes ces publications magistrales on ajoute les notes nombreuses et variées insérées dans les Bulletins de l'Académie, on se fera une idée de la quantité prodigieuse de matériaux que cet esprit supérieur a mis en œuvre dans la description de la faune littorale de son pays.

Dans l'intervalle, plusieurs circonstances amenèrent Van Beneden à étudier les Mammifères aquatiques et les Thalassothériens fossiles. En 1859, on découvrit à St-Nicolas un très grand nombre d'os fossiles qui furent l'objet de ses observations; il parvint à reconstruire plusieurs animaux de grande dimension dont il fixa les espèces. En 1861, une tête de Ziphioïde fut mise au jour à Edeghem, près d'Anvers; par une étude approfondie, il fut conduit à ériger ce cétacé en genre nouveau, et lui donna le nom de Placoziphius Duboisii. Ce fossile avait été trouvé dans l'argile que Dumont désigne sous le nom de système rupélien. Enfin, en 1864, un Squalodon fut retiré du crag d'Anvers; il en fait le sujet d'un mémoire où il apprécie les affinités qui lient

les Squalodons aux Zeuglodons, d'après lesquelles il est porté à réunir ces animaux dans une même famille, les Zeuglodontes. Bientôt son patriotisme devait se manifester d'une manière éclatante par une entreprise dont l'issue devait être si glorieuse pour la Belgique. On sait qu'à la fin de l'époque tertiaire la mer recouvrait encore une partie de la province d'Anvers, et pendant une période géologique très longue, des Phoques, des Dauphins, des Baleines venaient s'ensevelir dans le sable jaune et rouge de cette région. On n'ignorait pas les richesses géologiques du sol d'Anvers; une circonstance particulière vint les mettre au grand jour. Pour établir les fortifications de notre métropole commerciale, des terrassements considérables ont été effectués. En creusant le sol à une très grande profondeur et sur une longueur de 31 000 mètres, on déterra une quantité énorme d'os fossiles, qui furent transportés au Musée royal d'histoire naturelle; une salle de 65 m. de long sur 11 m. de large ne suffit pas pour les contenir. Tous ces ossements rencontrés dans les sables noirs, verts, gris et jaunes appartiennent à d'anciens animaux marins qui permettent de deviner les changements survenus dans la mer et ses habitants; ils sont tous différents de ceux qui vivent aujourd'hui. En possession d'une richesse si encombrante, le personnel intelligent du Musée se mit à l'œuvre pour opérer un premier classement. Il fallait ensuite un homme supérieur pour utiliser cet immense trésor au profit de la science. Seul, Van Beneden, par l'étendue de ses connaissances, son jugement sûr et son génie de la synthèse était capable de mener à bonne fin une telle entreprise. Il avait déjà montré, comme l'immortel Cuvier, qu'avec des ossements isolés on pouvait reconstruire un animal perdu. Poussé par un sentiment de patriotisme autant que par amour pour la science, il accepta la mission difficile qu'on voulait bien lui confier. Ses observations s'appliquèrent d'abord sur les os fossiles d'Amphithériens ou Phoques. Il est parvenu à en restaurer une dizaine appartenant au terrain pliocène scaldisien et cinq au terrain miocène supérieur. Parmi les Cétacés, il retrouve les genres Balaenula, Balaena, Balaenotus, Balaenoptera, Burtinopsis, Erpetocetus et Plesiocetus. Leurs descriptions avec tous les caractères qu'ils présentent forment quatre livraisons des Annales du musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles. Ainsi, non seulement Van Beneden a fait parler les êtres vivants pour leur arracher le secret de leur organisation, de leur nature, de leurs mœurs; il a fait revivre les morts pour ressaisir quelques bribes de la vie dans le passé.

Après tant de publications si remarquables qui ont attiré l'attention du monde entier sur la Belgique, n'est-il pas vrai que Van Beneden fut un grand citoyen autant qu'un savant incomparable ?

Notre collègue, dans ses nombreux voyages, eut l'occasion de voir les hommes les plus distingués de l'Europe. Il connaissait particulièrement l'illustre J. Muller qui, en 1848, était recteur de l'université de Berlin. Ce savant vint, à cette époque, faire un séjour à Louvain, et dans une conversation scientifique, il lui exprimait le regret que tous les efforts des zoologues n'avaient pu encore déterminer la nature des Linguatules et des Tétrarhynques. Van Beneden lui répondit que ces desiderata n'existaient plus; que les Linguatules étaient des animaux articulés et les Tétrarhynques des vers incomplets. En effet, par ses découvertes sur les Cestoïdes, il avait constaté que les Tétrarhynques ne sont que des vers vésiculaires. De plus, une circonstance particulière lui avait permis d'étudier les Linguatules. M. Kets, directeur du jardin zoologique d'Anvers, lui avait envoyé un Mandrill mort non adulte. Il y rencontra un ver extraordinaire qui lui parut se rapprocher des Linguatules. Quelques jours plus tard, il reçut de la même source un jeune Boa très bien conservé. L'intérieur du poumon contenait plusieurs Linguatules encore en vie. Ces animaux avaient beaucoup intrigué les savants. Le zoologue Diesing avait proposé d'en faire un ordre distinct sous le nom d'Acanthotèques, et les helminthologistes avaient adopté cette manière de voir. Van Beneden, profitant de l'occasion, ne se contenta pas d'étudier les Linguatules au point de vue anatomique, mais il voulut observer avec la plus grande attention leurs embryons; il soupçonnait que le premier âge de ces animaux lui apporterait quelque lumière. Il reconnut, après beaucoup de tâtonnements, que par l'appareil de génération et le système nerveux les Linguatules s'éloignent complètement des Helminthes; que les sexes sont séparés ; que les jeunes embryons portent deux paires de pattes articulées jouissant d'une très grande mobilité. Il en conclut, ce que l'on ignorait alors, que les Linguatules ne sont pas des Helminthes, mais des animaux articulés voisins des Lernéides. Cette découverte eut à cette époque un certain retentissement.

Je ne puis m'arrêter aux publications de notre collègue sur les Ascidies, les Nicothoées, les parasites et les commensaux des poissons; j'ai hâte de signaler le mémoire remarquable qui lui valut en 1858 le grand prix des sciences physiques à l'Institut de France. Il s'agissait de traiter la question suivante: " Faire

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connaître par des observations directes et des expériences le mode de développement des vers intestinaux et celui de leur transmission d'un animal à un autre ; appliquer à la détermination de leurs affinités naturelles les faits anatomiques et embryogéniques ainsi constatés. „ Van Beneden, par ses observations sur les vers cestoïdes et ses connaissances variées, était on ne peut mieux préparé pour répondre complètement aux désirs des membres de l'Institut. En 1849, il avait déjà publié dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique les phases du déve loppement des Tétrarhynques. Il avait démontré que les vers vésiculaires (Cysticerques, etc.) sont des Ténioïdes incomplets; que les Tétrarhynques sont aux Rhynchobothrius ce que les Cysticerques sont aux Ténias. Il fallait ajouter à ces affirmations la sanction de l'expérience.

Le Dr Kuchenmeister, en 1851, eut l'honneur de confirmer le premier par un fait remarquable les théories de notre collègue. Il fit prendre le Cysticerque pisiforme du lièvre et du lapin à des chiens et à des chats; il vit le Cysticerque se transformer en Ténia. La même expérience fut répétée par von Siebold avec le même succès. En Allemagne, on commençait donc à se familiariser avec le phénomène de la transmigration des vers. Il n'en était pas ainsi en France. Van Beneden crut nécessaire de faire une expérience décisive à Paris en présence de quelques membres de l'Institut. Il avait préparé chez lui quatre chiens auxquels il attribua les nos 1, 2, 3, 4. Les nos 1 et 3 prirent un certain nombre de Cysticerques à 3 et 4 époques différentes; les nos 2 et 4 n'en reçurent aucun. Notre collègue partit pour Paris accompagné de ses quatre chiens. Il se rendit au laboratoire de M. Valenciennes, et là, en présence de Milne-Edwards, de Quatrefages et Haime, il déclara par écrit que les chiens 1 et 3 seuls avaient pris des Cysticerques, en indiquant leur nombre et les époques. Après avoir fait étrangler les chiens par le gardien, on procéda immédiatement à leur autopsie. Le n° 1 portait 17 Ténias de trois âges différents; le no 3, qui était en traitement depuis plus longtemps, avait l'intestin grêle complètement obstrué par des Ténias de générations diverses. Les nos 2 et 4, qui n'avaient rien pris, ne présentèrent aucun Ténia. L'expérience était concluante; elle fut répétée plus tard par Lacaze-Duthiers au Muséum d'histoire naturelle. Ce ne sont là que des faits isolés; Van Beneden fit des essais nombreux et variés, avec différents parasites, et il affirme qu'ils ont toujours réussi. D'ailleurs, après la lecture de son mémoire, le doute n'était plus possible. Ce beau travail débute

par la description, l'anatomie et l'embryogénie d'un très grand nombre de vers Trématodes et Cestoïdes; il établit les affinités qui existent entre ces deux groupes. Il aborde ensuite les questions multiples relatives à la transmigration des parasites. Quelques vers naissent tout formés et vivants; ils parcourent leur évolution dans un même milieu; mais presque tous les vers parasites, les Trématodes comme les Cestoïdes, changent de patron, et en même temps de forme et de caractère. Ce phénomène s'explique par la loi générale des êtres vivants, que le nombre d'œufs de chaque espèce est en rapport avec les chances de vie. Les vers parasites ont moins de facilité d'atteindre leur but, puisque leurs œufs ne se développent pas dans l'animal qui les nourrit ; tout embryon doit chercher un hôte pour trouver sa subsistance; il est donc fort exposé à périr. De là résulte une plus grande fécondité dans ce genre; mais plus les œufs sont nombreux, plus il sont petits; l'embryon qui en provient, ne trouvant pas une dose suffisante de vitellus alimentaire, choisit un animal aux dépens duquel il se nourrira. Les scolex des Cysticerques habitent les animaux à régime végétal qui servent de pâture aux carnassiers; c'est dans l'intestin de ceux-ci qu'ils deviennent adultes; les scolex des Tétrarhynques vivent dans les poissons osseux qui sont la nourriture des Plagiostomes, et c'est dans ces derniers qu'ils arrivent à leur complet développement.

La question des vers a une importance exceptionnelle dans le règne animal. La mer, les fleuves dit notre collègue, la terre sous l'eau et l'air libre, les corps morts et les corps vivants, les animaux comme les végétaux servent d'habitation à ces êtres singuliers. Que d'obscurités, de mystères, de contradictions parmi les savants relativement à leur théorie! Van Beneden est venu apporter la lumière dans ce chaos; il a partagé les vers en groupes rationnels suivant leur importance et indiqué la place qu'ils doivent occuper dans l'échelle des êtres vivants. C'est là un des grands progrès de la zoologie en ce siècle.

Van Beneden, tout entier aux profondes recherches scientifiques, consacra peu de temps aux œuvres de vulgarisation. Nous citerons sous ce rapport les ouvrages suivants : Anatomie comparée, dans la collection de l'ENCYCLOPÉDIE POPULAIRE; Poissons et pêches, dans PATRICA BELGICA; Commensaux et parasites, dans la BIBLIOTHÈQUE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE ; La Vie animale et ses mystères, dans la REVUE BELGE ET ÉTRANGÈRE. Ensuite, ses beaux discours dans les séances solennelles

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