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Bonaparte chargea le général Berthier de faire publier cette proclamation dans la Vendée et d'aviser en même temps le général Hédouville qu'il pourrait faire espérer aux prêtres de ces provinces des avantages plus grands encore quant à l'exercice du culte, pourvu qu'ils observassent l'engagement déjà pris d'être fidèles à la Constitution (1).

Au général Berthier, ministre de la guerre.

Paris, 8 nivòse an VIII. (29 Décembre 1799.)

« Vous trouverez ci-joints, citoyen ministre, une proclamation et plusieurs actes du gouvernement relatifs à la situation de la Vendée. Vous y verrez, 1° que les habitants auront le libre exercice du culte; 2° que les églises non vendues sont mises à la disposition des communes ; 3° que les prêtres ne seront tenus de prêter d'autres serments que celui de fidélité à la Constitution; que les prêtres diront la messe quand ils le voudront.

<«<Le général Hédouville laissera espérer aux prêtres que, lorsque le gouvernement sera sûr qu'ils n'emploient leur influence que pour le consolider, et qu'ils sont fidèles aux principes de l'Evangile, qui leur prescrit de ne point se mêler des affaires temporelles, il pourra alors faire davantage pour eux ».

BONAPARTE.

C'est l'abbé Bernier, devenu ensuite si célèbre, qui a contribué le plus à la pacification politique et religieuse de ces provinces par l'immense influence qu'il exerçait, non-seulement sur les peuples, mais aussi sur les généraux de la République, qui y devaient rétablir l'ordre et étouffer cette guerre civile dévastatrice. Bonaparte en ayant été informé par le général Hédouville, désira ardemment de voir Bernier et chargea le général Brune de l'inviter à se rendre à Paris afin de concerter avec lui les plus sûrs moyens de pacifier entièrement ces provinces (2).

(1) Corresp. tom. vi, no 4477, pag. 70.
(2) Corresp. tom. vi, no 4535, pag. 122.

AU GÉNÉRAL BRUNE

Commandant en chef de l'armée de l'Ouest.

Paris, 28 nivòse an vIII. (18 Janvier 1800.)

« Ce n'est pas avec moins de satisfaction que le premier consul a arrêté son attention sur la conduite du citoyen Bernier, excuré de Saint-Laud, et sur les espérances de tranquillité que sa lettre au général Hédouville a fait naître. Les démarches de d'Autichamp, et le renvoi qu'il a fait d'une partie de ses forces, se présentent aussi d'une manière favorable. Bernier et lui n'ont pas besoin d'être encouragés par vous pour amener la paix si désirable des départements situés sur la rive gauche de la Loire. Le premier consul s'en rapporte, à cet égard, aux mesures que vous ne manquerez point de prendre. Il désire toutefois que vous fassiez connaître à l'un et à l'autre, et particulièrement à Bernier, que le gouvernement approuve les soins qu'ils prennent, et que vous leur fassiez entrevoir qu'il ne sera point sans reconnaissance des services essentiels qu'ils peuvent rendre pour assurer le repos de leurs concitoyens. Après la réussite, Bernier pourra, s'il le désire, venir à Paris, et vous l'enverrez alors au gouvernement.

<< Tels sont, citoyen général, les objets dont le premier Consul m'a chargé de vous entretenir ».

Par ordre du premier Consul.

Bonaparte, le 22 Janvier 1800, fit connaître le même désir empressé au général Hédouville lui-même (1).

AU GÉNÉRAL HEDOUVILLE,

Lieutenant du général en chef de l'armée de l'Ouest.

Paris, 2 pluviôse an VIII. (22 Janvier 1800.)

<«< Le général Brune m'a communiqué, citoyen général, que les premiers pas pour le rétablissement de la tranquillité

(1) Corresp. tom. VI, no 4545, pag. 131.

dans les départements de la gauche de la Loire étaient faits. Faites connaître aux principaux habitants de ces départements que, quelle qu'ait été leur conduite pendant le cours de la Révolution, le gouvernement appréciera avec impartialité et saura récompenser les services qu'ils rendront dans cette circonstance essentielle.

« J'ai lu avec un vif intérêt la lettre de Bernier; elle est d'un homme éclairé et digne de coopérer au bonheur et à la gloire de la patrie. Je le verrai avec plaisir.

<<< Faites-moi connaître nominativement tous ceux qui se donnent le plus de mouvement pour éclairer leurs concitoyens, et s'entremettent pour empêcher l'effusion du sang français. Leur zèle est beau. Ils se réuniront à vous pour détruire ces hommes sans aveu qui profitent de l'esprit de vertige qui s'empare des masses pour se livrer à leur penchant criminel. En vous aidant à délivrer la contrée de ces malheureux, ils auront bien mérité de la nation entière, du gouvernement et spécialement de leurs concitoyens ».

BONAPARTE.

Bernier ne tarda pas à se rendre aussitôt pour cette belle mission auprès du premier consul, et il faut qu'il ait été bien satisfait de ses premiers entretiens avec lui, puisqu'il pouvait déjà, le 15 Février de cette année, écrire de Paris à ses compatriotes une longue lettre empreinte de toute la verve de son âme généreuse et ardente pour le bien de l'Eglise, et dont nous donnons les paroles suivantes (1):

«Le premier consul, écrivait-il, est un homme extraordinaire, qui sent parfaitement que tous les sacrifices faits par les Vendéens ne peuvent être condamnés à la stérilité. Quand je lui raconte la piété et les traits de courage dont plus d'une fois j'ai été le témoin, sa figure s'anime; on croirait qu'il est jaloux de ces soldats qu'il n'a pas commandés; il

(1) Archives du Ministère de la guerre, à Paris.

m'a dit plus d'une fois : « Je serais fier d'être Vendéen »; et il me demanda si c'était seulement pour leurs princes que nos paysans affrontaient ainsi tous les dangers. Je lui répondis que les Bourbons avaient bien leur part d'un semblable dévouement, mais que le plus grand nombre des paysans ne combattaient ainsi que parce qu'on avait touché à leur foi et à leurs prêtres. Il m'a répété plusieurs fois : « Je leur rendrai tout cela ne faut-il pas faire quelque chose pour ceux qui ont tant fait en faveur de la religion?» J'ai la certitude qu'il le fera jamais peut-être homme n'a si bien saisi la portée des choses ».

Bernier informa le même jour le général Hédouville de ces dispositions bienveillantes de Bonaparte envers les Vendéens en l'exhortant, en son nom, d'employer tous les moyens possibles pour la pacification des provinces de l'Ouest (1).

(1) Loc. cit.

CHAPITRE TROISIÈME.

Circonstances et raisons qui ont déterminé le général Bona. parte à conclure le Concordat.

Nécessité d'un culte pour toute association humaine, et de la religion catholique pour la France: motifs qui poussent Bonaparte à la rétablir. - Obstacles qu'il rencontre; systèmes qu'on lui prosystème de l'inaction. Système d'une Eglise française dont le premier Consul serait le Système d'un fort encouragement au protestantisme. Opinion du premier consul sur les divers systèmes proposés. Il forme le projet de rétablir la religion catholique en appropriant sa discipline aux nouvelles institutions de la France.

pose

chef.

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Personne n'a tracé avec plus de précision et de pénétration, la situation grave et difficile, où Bonaparte se trouvait, et contre laquelle il avait à lutter, quand il médita de mettre la main à la grande œuvre du rétablissement du culte catholique en France, que M.Thiers, l'illustre historien du Consulat et de l'Empire. Qu'il nous permette de reproduire ici ses belles pages, qui trouvent leur pleine justification dans ce que nous venons d'exposer le plus rapidement possible dans les deux chapitres précédents. Ces pages peuvent en même temps servir d'introduction à notre Exposé sur la négociation du Concordat de 1801.

Après avoir décrit les graves et désolents désordres, qui devaient nécessairement agiter la société en France par l'existence de deux clergés, d'un clergé catholique, dépendant plus ou moins de ses évêques légitimes, qui vivaient en exil, et d'un clergé constitutionnel, qui n'avait point de mission légitime et était en discrédit près de la majeure et de la plus saine partie de la nation, l'historien continue ainsi (1) :

(1) Histoire du Consulat et de l'Empire. Paris, Paulin, 1845, tom. 111, pag. 204-223.

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