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Nous longeâmes les murs du côté du midi, et, passant sous la mosquée qui a pris la place du tombeau de David et du Cénacle, sur la montagne de Sion, nous rentrâmes en ville par la porte occidentale, appelée indifféremment de Bethleem ou de Jaffa. On me fit remarquer à main gauche une petite piscine dont on veut faire le bain de Bethzabée, parce qu'on appelle le château voisin la Tour de David, et et que, du haut de ses créneaux, on a vue sur la piscine en question. Rien n'empêche de croire que les terrasses du palais du roi ne s'étendissent jusqu'à cette extrémité du mont Sion voisine du Golgotha, mais il serait absurde d'imaginer qu'une pareille mare puisse avoir rien de commun avec le bain que la femme d'Urie prenait sur la terrasse de

son habitation. D'ailleurs, je demande qui aurait eu intérêt à perpétuer ce souvenir.

Je fus voir en rentrant le père vicaire, et je ne fus pas peu surpris en découvrant que je me trouvais sous le coup d'une excommunication pour avoir cueilli quelques branches aux oliviers de Gethsémani. «< Comment, mon père, m'écriai-je, vous me gâteriez à ce point mon voyage, et je serais venu à Jérusalem pour m'y faire excommunier! » Le révérend me mit la conscience en repos, mais en même temps il me fit convenir par de bons raisonnements de la nécessité d'assurer les lieux saints contre les dévastations des pèlerins par les seules armes défensives que l'Église ait en son pouvoir; il me lut la bulle du pape. Je me tins pour averti, et, comme le cas de restitution n'était pas prévu, j'emportai mon pieux larcin.

Le 15 décembre, nous reprimes au tombeau d'Absalon la promenade de la veille; nous nous arrêtâmes d'abord sur le petit pont qui traverse le torrent de Cédrop, d'où l'oeil plonge dans la vallée, entre le mont Sion et celui de l'Offense ou du Scandale, appelé ainsi à cause de l'apostasie de Salomon. Ce fut là que le plus sage des rois témoigna publiquement sa folie en adorant Chamos et Moloch L'Ecclésiaste oublia qu'il avait écrit : « J'ai reconnu « que la femme est le filet des chasseurs, que son «< coeur est un piége et que ses mains sont des chaî

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nes. Fatal exemple du néant de notre raison! Malheur à nous quand les passions nous font courber et ramener vers la terre ce front que, seuls de toutes les créatures, il nous est donné de lever librement vers les cieux. L'homme ne devrait toucher la terre que des pieds, et comme pour la repousser; mais, hélas! le plus riche en sagesse porte son trésor dans un vase d'argile : l'ennemi l'entoure, le presse; cet ennemi intime qui est toujours là; et la parole de notre divin Maître, prononcée sous ces oliviers mêmes que j'ai sous les yeux, peut s'appliquer à chacun de nous : « Celui qui doit me trahir est bien près. "Et Salomon bâtit un temple aux « idoles des Moabites et des Ammonites, sur la « montagne qui était vis-à-vis de Jérusalem » Cette montagne de l'Offense fait suite au mont des Oliviers. Plus loin, sur son penchant, nous découvrons le village de Silo, près duquel la vallée de Benennom rencontre celle de Josaphat; Jésus avait ici traversé le Cédron, quand on l'entraîna du Jardin chez le grand-prêtre. « Il boira en passant de l'eau du « torrent et il élèvera sa tête. » Le bon père Casto continuait à me contrister. Non-seulement il était convaincu que ce même petit pont, qui aura été emporté vingt fois par le torrent, existait du temps de Notre-Seigneur, et qu'il en avait été précipité par les soldats; mais il reconnaissait sur un roc la trace de ses pas que déjà il m'avait fait remarquer dans

plusieurs autres endroits. «Eh, mon Dieu! lui disais-je, quel besoin avez-vous de ces traces? Vous voulez me faire voir en quelques lieux l'empreinte des pieds du Sauveur, mais je les vois partout; et qu'importe ici le témoignage des yeux? Est-il donc nécessaire que nous mettions nos doigts dans les plaies, comme l'apôtre incrédule, et que nous mesurions ces vestiges, et que nous y placions nos pieds pour croire, à Jérusalem, à la présence d'un Dieu? » Mais jamais nous ne pûmes nous entendre sur ce point. En descendant au fond de la vallée, je me désaltérai à la fontaine de la Vierge, qui coule au fond d'un antre et communique avec celle de Siloé, dont nous trouvâmes, à la racine du mont Sion, le bassin entouré de débris de colonnes : « Allez, dit le Sauveur, vous laver dans la piscine de Siloé »; l'aveugle s'y lava et revint guéri. Le récit de ce miracle est admirable dans saint Jean on se sent frappé du bon sens qui règne dans les réponses de l'aveugle aux questions insidieuses des Pharisiens. « Ce qui est étonnant, c'est que vous ne sachiez d'où il est et qu'il m'ait ouvert les yeux. » Un olivier entouré d'une muraille marque le lieu de l'affreux supplice que Manassé fit subir au saint prophète Isaïc, et, plus loin, c'est dans cette profonde citerne que Néhémias retrouva le feu sacré. « Car, lorsque nos pères furent « emmenés captifs en Perse, ceux des prêtres qui craignaient Dieu, ayant pris le feu qui brûlait sur

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«<l'autel, le cachèrent en secret dans une vallée où «< il y avait un puits profond et à sec, et ce lieu de<«< meura inconnu à tout le monde; mais beaucoup «< d'années s'étant passées, lorsqu'il plut à Dieu de « faire envoyer Néhémias en Judée, il chargea les petits-fils de ces prêtres de chercher le feu qu'ils << avaient caché, et ils ne le trouvèrent point, comme « ils nous l'ont dit eux-mêmes, mais seulement une <«<eau bourbeuse. Cette eau ayant été répandue sur « l'autel et sur les sacrifices, fut soudainement allu«mée par le feu du ciel, et l'événement ayant été « rapporté au roi de Perse, après avoir considéré « ce qu'on lui disait et s'être assuré de la vérité par << une exacte recherche, il fit bâtir un temple en ce « lieu même. »

A l'orient, les murs de la ville ont pour fossé la vallée de Josaphat, et à l'ouest et au midi ils sont pareillement défendus par la vallée de Benennom ou fils d'Ennom, la vallée des cadavres et des cendres où le ver ne meurt point, où le feu ne s'éteint jamais, parce que c'est celle où aux jours de l'idolâtrie, les Israélites brûlaient leurs enfants en l'honneur de l'infâme Moloch. Elle borde la montagne de Sion. Nous y trouvâmes des tombeaux ruinés; un d'eux avait été transformé en chapelle, et on aperçoit encore dans l'intérieur des traces de stuc et de peinture; l'entrée d'un autre est décorée d'une frise sculptée; et un dernier, vers le couchant, porte sur

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