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D'après ce que nous venons de voir et d'après l'examen des diagrammes ci-dessus, on constate que les daltoniens ne confondent pas indistinctement toute espèce de couleurs. En effet, ils peuvent souvent se baser, pour corriger leur infirmité, sur l'intensité de la sensation lumineuse que l'objet coloré produit sur eux. Mais, même à intensité lumineuse égale, les confusions ne se font pas indifféremment. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, chez l'aveugle pour le rouge, le vert pur et surtout le vert bleuâtre ne produiront pas une sensation colorée exactement semblable à celle déterminée par le rouge spectral; car dans ce dernier cas les éléments verts sont seuls excités, tandis que les deux verts (pur ou bleuâtre) affectent également un certain nombre d'éléments violets.

C'est une des raisons pour lesquelles les daltoniens ne confondent pas tous les verts avec tous les rouges, mais seulement certaines espèces de ces couleurs. Telle personne vous dira confondre tel tapis vert avec la fleur du coquelicot, alors qu'elle fait une différence entre cette dernière et le feuillage des arbres.

Il est aussi très important de remarquer qu'il peut exister d'autres formes de cécité pour les couleurs que les formes-types que nous avons décrites. C'est ainsi que deux espèces d'éléments rétiniens peuvent faire défaut; alors il n'y a plus possibilité de distinguer aucune couleur, puisqu'elles agissent toutes sur les mêmes éléments. C'est ce qu'on nomme la cécité totale pour les couleurs. Dans d'autres cas, le vice de la vue peut tenir, non à une atrophie absolue ni à une paralysie complète d'une espèce d'éléments, mais à une diminution plus ou moins grande de l'excitabilité de ces éléments. C'est ce que M. Holmgren appelle la cécité incomplète pour les couleurs. Enfin il peut arriver que les trois espèces d'éléments nerveux sont uniformément affaiblies. C'est ce que le même physiologiste désigne du nom de sens chromatique faible.

D'après cette théorie, il existe donc différentes gradations

dans le sens chromatique, lesquelles s'étendent depuis le sens normal jusqu'à la cécité totale pour les couleurs. D'où la classification suivante :

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Le professeur Hering, de Prague, a, pour édifier sa théorie, quitté les voies battues. Au lieu de prendre pour point de départ de ses études les phénomènes physiques des couleurs, il se place au point de vue purement physiologique. Il recherche directement ce que peuvent être les phénomènes physiologiques déterminés par les impressions lumineuses.

Le cadre restreint d'un article de revue ne me permettra pas d'exposer cette théorie avec tous ses développements. Je devrai passer sous silence les expériences que l'auteur a instituées afin d'établir ses idées ingénieuses, et je me bornerai aux lignes fondamentales, laissant de côté une foule de données physiologiques, très intéressantes peutêtre, mais non indispensables pour la question qui nous

occupe.

M. Hering croit qu'il existe dans l'appareil optique une substance organique spéciale, qu'il nomme substance visuelle (Sehsubstanz). Il ne recherche pas son siège; elle pourrait exister soit dans le cerveau, soit dans le nerf optique, soit dans la rétine. Toutes les sensations lumineuses sont dues à une modification des molécules organiques de cette substance.

D'autre part, l'ingénieux physiologiste établit par l'expé

rience et le raisonnement que, contrairement à l'opinion qui avait cours, il existe deux sensations lumineuses (ou plutôt visuelles) non colorées; en d'autres termes, que la perception de l'obscurité ou du noir est une sensation tout aussi réelle que celle de la clarté ou du blanc. On peut imaginer toute une série de sensations intermédiaires qui conduisent graduellement et insensiblement du blanc pur au noir absolu; au milieu de cette série, à égale distance des deux termes extrêmes, se trouve la sensation du gris. Les deux sensations du blanc et du noir peuvent coexister; se produisent-elles en même temps et avec une égale intensité, il en résulte la sensation de gris. L'intensité proportionnelle des deux sensations mélangées rapprochera plus ou moins la résultante du blanc pur ou du noir absolu.

Or, dit M. Hering, à toute sensation doit correspondre un processus physiologique spécial dans l'appareil mis en activité. C'est ainsi qu'aux deux espèces de sensations (blanc ou clair, et noir ou obscur), doivent correspondre deux espèces de modifications de la substance visuelle. Ces modifications sont, sans aucun doute, de même nature que celles qui se passent dans toute matière organisée vivante, savoir l'assimilation et la désassimilation. La désassimilation de la substance visuelle produirait, d'après l'auteur, la sensation du blanc ou de la clarté, l'assimilation donnerait lieu à la sensation du noir ou de l'obscurité; la première ne peut se faire que par l'excitation directe des éléments organiques; la seconde peut se manifester sans excitation de la substance sensible, d'où sensation du noir en l'absence de rayons lumineux.

Il est connu que, dans tous les tissus organiques, l'assimilation et la désassimilation coexistent, se font en même temps; mais l'une peut devenir prépondérante aux dépens de l'autre, et vice versa. L'appareil visuel ne doit pas faire exception à cette loi générale. Les processus d'assimilation et de désassimilation peuvent et doivent s'y produire en même temps, d'où il résulte que les sensations du blanc et

du noir peuvent coexister. La qualité (claire ou sombre, blanche ou noire) d'une sensation lumineuse, non colorée, dépendra du rapport qu'il y aura entre l'assimilation et la désassimilation dont la substance visuelle est le siège. C'est ainsi que le gris correspondrait à cet état dans lequel les deux processus auraient la même intensité, de telle sorte que la substance visuelle demeurerait inaltérée. Dans une sensation claire ou blanche, la désassimilation serait plus grande que l'assimilation; plus la différence serait grande, plus la sensation se rapprocherait du blanc pur. Au contraire, dans une sensation noire ou obscure, l'assimilation l'emporterait sur la désassimilation; plus la différence serait grande, plus la sensation se rapprocherait du noir absolu.

Toutes ces données, qui reposent sur des expériences très ingénieusement conduites, permettent à M. Hering d'expliquer quelques phénomènes visuels assez connus, tels que le contraste simultané, les sensations lumineuses par induction simultanée ou successive, le contraste successif. Ces phénomènes étaient considérés par beaucoup d'auteurs, et c'est encore l'opinion de M. Helmholtz, comme résultant d'un travail de l'esprit plutôt que comme des faits physiologiques.

Essayons maintenant d'exposer comment M. Hering applique ces données à l'étude de la perception des couleurs.

Si on se place au point de vue purement subjectif, c'està-dire physiologique, on doit admettre quatre sensations colorées simples. Le violet est évidemment une couleur composée; nous y reconnaissons du bleu et du rouge. Le rouge peut donc être perçu en même temps que le bleu; mais il peut aussi être perçu avec le jaune; nous voyons, en effet, souvent du rouge tirant plus ou moins sur le jaune. Voilà donc, en partant du rouge, deux séries de sensations colorées; l'une de rouge-bleu, l'autre de rouge-jaune; au milieu de cette série se trouve le rouge pur, qui se perd

insensiblement de chaque côté, pour aboutir soit au bleu pur, soit au jaune pur.

D'autre part, le vert peut être perçu en même temps que le bleu, et on le voit souvent aussi coexister avec le jaune; d'où une nouvelle série de sensations colorées; au milieu se trouve le vert pur, qui se perd insensiblement de chaque côté pour aboutir soit au bleu pur, soit au jaune pur.

Le Dr Happe a cherché à rendre ces idées plus compréhensibles par la figure que nous reproduisons ici (1).

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Le rouge, le vert, le jaune et le bleu sont donc, au point de vue subjectif, les quatre couleurs simples.

On se demandera si le rouge ne peut coexister qu'avec le bleu ou le jaune, et pas avec le vert. La réponse doit être négative. Nous ne connaissons, en fait, aucune sensation colorée où nous puissions retrouver en même temps du rouge et du vert. Chaque fois que ces deux sensations se rencontrent, il en résulte une sensation de blanc. La même observation peut s'appliquer au bleu et au jaune. Ces couleurs, qui avaient été nommées complémentaires, ont donc plutôt quelque chose de contradictoire. C'est pourquoi

(1) Dr Happe. Ueber den physiologischen Entwicklungsgang der Lehre von den Farben. Leipzig, Veit. 1877.

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