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L'ANNUAIRE

DU

BUREAU DES LONGITUDES

Il y a un siècle, le 7 messidor an III (25 juin 1795), le conventionnel Grégoire donnait lecture aux représentants de la Nation, au nom des trois comités de l'Instruction publique, de la Marine et des Finances, de son rapport sur le projet Lakanal relatif à l'établissement d'un Bureau des longitudes à Paris.

Dans le style grandiose de l'époque, où les exemples de la république d'Athènes se mêlent au souvenir des expéditions de Pythéas, et les sentences de Thémistocle aux vers des poètes, l'orateur dépeint l'influence que les sciences ont exercée de tout temps sur la marine et le commerce, au grand profit de la civilisation générale; il montre qu' << une des mesures les plus efficaces pour étouffer la tyrannie britannique est de rivaliser dans l'emploi des moyens par lesquels cet état est devenu une puissance colossale. La prospérité du commerce, la sûreté de nos vaisseaux vous intéressent, continue le rapporteur; vous ne voulez pas que la vie de nos marins soit abandonnée à des ignorants. Certes, vous avez quelques officiers éclairés; mais il faut en augmenter le nombre si vous voulez une marine puissante. Il faut leur donner des

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règles sûres et applicables dans toutes les circonstances; il faut établir un corps qui soit chargé d'étudier les mouvements des astres, de les prédire avec certitude et longtemps d'avance, et de doter vos vaisseaux de tous les éléments astronomiques dont ils auront besoin. Voyez ce que les Anglais ont fait. Ils ont confié ces difficiles et indispensables calculs astronomiques à un Bureau des longitudes tel que celui dont nous vous proposons la création.

» Leur Bureau est composé, à Londres, de dix-huit membres dont six sont des lords de l'Amirauté. Celui de Paris sera moins nombreux dix membres et quatre adjoints. Mais vos comités vous proposent des hommes que l'Europe nous envie, qui sont créanciers de la postérité (1). » Nous verrons que cet éloge n'avait rien. d'exagéré.

Les conclusions de ce rapport furent votées d'enthousiasme, et le Bureau des longitudes de Paris immédiatement constitué. La loi Lakanal mettait entre ses mains tout le personnel et tout le matériel astronomique existant en France, et lui confiait, entre autres soins, la charge de publier la Connaissance des temps et un Annuaire propre à régler ceux de toute la République ».

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La Connaissance des temps n'est pas un recueil de météorologie, destiné à nous renseigner sur le temps... qu'il a fait, mais une série d'éphémérides, basées sur les tables fondamentales relatives aux principaux corps du système solaire et faisant connaître, jour par jour et longtemps à l'avance, la position des astres dans le ciel et toutes les circonstances des phénomènes qui peuvent intéresser les astronomes et les navigateurs.

C'est en 1678 que parut pour la première fois la

(1) A. 1883; 825 (Faye). Cette notation abrégée signifie: Annuaire pour l'an 1883, page 825, article signé Faye. Nous continuerons à en faire usage dans tout le cours de ce travail.

Connaissance des temps sous la forme d'un petit in-12 de 60 pages. L'abbé Picard, l'un des fondateurs de l'observatoire de Paris, était l'auteur anonyme de cet ouvrage qu'il avait entrepris pour faire suite aux Ephemerides motuum caelestium de J. Hecker.

Dans les années suivantes, Picard augmenta son recueil de tables et de notices intéressantes sur la topographie, la longueur du pendule à secondes, les dimensions et la mesure de la terre, etc. (1). Le volume de 1683 fut le dernier qu'il publia.

Les volumes suivants furent rédigés sur le même plan par Lefebvre. Une dispute qu'il eut avec Gabriel La Hire, et dont Lalande nous a conservé le souvenir (2), lui fit retirer le privilège par l'Académie, qui le raya même de la liste de ses membres. Lieutaud le remplaça en 1702, et eut Godin pour successeur en 1730. Lorsque, cinq ans plus tard, la Connaissance des temps passa aux mains de Maraldi, sa rédaction s'était déjà beaucoup améliorée.

En 1760, Lalande fut appelé à s'en occuper. Il perfectionna beaucoup le fond et la forme de cet ouvrage dont la réputation avait été grandissant, et s'efforça d'y rassembler tout ce qui pouvait intéresser les astronomes et permettre aux navigateurs de déterminer avec précision la longitude en mer, problème dont la solution était, à cette époque, ardemment poursuivie.

Jeaurat remplaça Lalande en 1776 et eut Méchain pour successeur en 1788. C'est des mains de ce dernier que la loi du 7 messidor an III, reprit la rédaction pour la remettre aux membres du Bureau des longitudes qui en chargea spécialement Lalande (3). Les troubles de la révolution avaient retardé la publication; Lalande s'empressa

(1) Picard admettait que la longueur du pendule à secondes est la même à toute latitude, et proposait de la prendre comme unité de longueur. (2) Bibliographie astronomique, p. 341.

(3) Souchon. Traité d'astronomie pratique, Paris 1883. Introduction historique, p. XIII.

de faire paraître le volume de l'an III (1795). En l'offrant à Lakanal, il lui écrivait : « J'ai bien à cœur de vous présenter le volume de la Connaissance des temps, au nom du Bureau des longitudes qui vous reconnaît pour son créateur et qui vous rend hommage en cette qualité.

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Lalande, aidé de ses collègues, continua à rédiger les éphémérides françaises et à les enrichir de nombreuses et importantes additions, jusqu'en 1803, époque où Delambre en prit la direction. Largeteau commença à s'en occuper en 1849. L. Mathieu en fut chargé à partir de 1856. Enfin, à la mort de Mathieu, en 1875, M. Maurice Loewy recueillit sa succession qu'il conserve encore aujourd'hui.

C'est à la seconde publication, l'Annuaire, que le Bureau des longitudes doit aussi faire paraître chaque année, que nous voulons consacrer spécialement cet article. Nous avons cru qu'il serait intéressant de retracer l'histoire de ce petit livre que la richesse de ses renseignements et l'intérêt de ses notices ont rendu si populaire. Nous comptions d'abord nous en tenir à cela; mais en parcourant la collection, il nous a semblé qu'un simple aperçu historique, sans un inventaire au moins rapide des richesses qu'elle contient, n'en ferait pas assez ressortir la grande valeur.

Dans une de ses notices sur la comète de Halley (A. 1836), Arago s'excuse de reproduire textuellement une partie assez considérable d'une de ses notices antérieures. - S'il m'était permis de supposer, dit-il, que nos Annuaires, plus favorisés sous ce rapport que les autres almanachs, sont conservés dans les bibliothèques au-delà de l'année qui les a vus paraître, je renverrais au volume de 1832, pour l'explication des expressions techniques dont il faudra inévitablement que je fasse usage; mais il n'y a pas vraiment moyen de se faire pareille illusion: sans cela aurions-nous trouvé naguère dans le monde tant de personnes qui demandaient, très sérieusement, comment

rait ses pages aux premiers jours a été conservé, pour rappeler, sans doute, son antique origine et son étroite parenté avec la Connaissance des temps qui avait et a gardé le même encadrement. Toutefois, lorsque les notices scientifiques eurent pris beaucoup de développement et qu'on jugea bon de les réunir à la fin du volume, on supprima pour elles l'encadrement, afin de rappeler qu'elles sont étrangères à l'Annuaire proprement dit, et constituent une faveur que le Bureau des longitudes accorde au public par surcroît.

L'impression s'est naturellement beaucoup améliorée depuis l'an V; elle a atteint la perfection entre les mains de MM. Gauthier-Villars, qui ont poussé la coquetterie jusqu'à orner de fleurons les quatre coins de l'antique cadre noir.

A la table des matières ordinaire on a joint, depuis 1880, une table alphabétique et, depuis 1888, une table des principaux chapitres, insérée au commencement du volume et reproduite sur la dernière page de la couverture. L'Annuaire pour l'an 1851 contient, à la fin de la notice d'Arago sur le Calendrier, une table abrégée des principaux articles scientifiques insérés dans l'Annuaire depuis 1798 jusqu'à 1851.

La publication de l'Annuaire n'a jamais subi d'interruption, mais elle a été retardée parfois par les événements. Ainsi le volume de 1871 parut très tard et n'eut probablement qu'une vente restreinte plusieurs des collections que nous avons rencontrées en sont privées. Le volume pour l'an VII a eu deux tirages; le second porte au titre deuxième sextile ». Le calendrier républicain appelait sextile l'année de 366 jours, qui exigeait l'intercalation de six jours complémentaires. L'an III avait été la première année sextile de l'ère républicaine; l'an VII était la deuxième. Le second tirage semble avoir eu pour but de remanier et de compléter l'exposé du nouveau système de mesures décimales que l'on étend à la division.

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