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quante sujets, indépendamment de ceux qui lui avaient été proposés déjà, afin de pouvoir choisir parmi eux de quoi compléter ses nominations. La liste qui lui a été remise en consequence de cette demande ne l'a point satisfait, soit qu'il n'y ait pas trouvé de sujets réunissant les qualités éminentes qu'il cherche dans les évêques, soit parce que tous ou presque la totalité étoient originaires du midi de la France. Il a donc fallu lui remettre une seconde liste qui contînt des sujets distingués par leur naissance, leurs qualités morales, et leur capacité (ce qu'à dire vrai il recherche avec un grand soin) et qui comprît des personnes originaires du nord de la République. On n'a introduit le nom d'aucun intrus ni dans l'une ni dans l'autre de ces listes. De semblables opérations, et elles n'ont commencé que dans la matinée de lundi dernier, exigent du temps, comme le voit Votre Éminence, et contribuent ainsi au retard, car le premier consul n'abandonne pas d'une ligne l'idée exprimée dès le principe de vouloir tout ensemble. A ma connaissance, jusqu'à la fin de la journée d'hier, dix-huit anciens évêques légitimes, et quatorze ecclésiastiques, sans distinction. de rang, ont été avertis par des billets qui leur ont été adressés à cet effet de se tenir prêts, soit pour être placés dans les nouveaux siéges, soit pour être faits évêques. Mais à l'heure qu'il est aucun d'entre eux ne sait à quel siége épiscopal ou métropolitain il est destiné. C'est jusqu'à ce moment le secret du premier consul.

Il ne m'a encore été donné aucun avis officiellement, et de là résultera qu'il nous faudra apporter la plus extrême diligence à l'expédition des procès nécessaires, afin qu'on ne puisse pas venir dire qu'il y a le moindre retard de notre fait. Le premier consul désire que je fasse la consécration des évêques, et je me prête volontiers à ce désir; je souhaite autant que qui que

ce soit que les évêques soient dans leur résidence pour Pâques, mais pour peu qu'on tarde encore, les jours fériés manqueront pour faire les consécrations, et à la dernière extrémité je me verrai peut-être forcé de déroger à un point de la discipline prescrite par la sainte congrégation des rites.

Dans la crainte où je suis que parmi les nouveaux évêques il n'y ait quelques intrus de nommés, je me suis abouché avec une personne que le premier consul voit et écoute volontiers, et qu'il ne soupçonnera bien certainement jamais de partialité en faveur des sujets qui ne sont point intrus. J'ai fait connaître à cette personne qu'il ne se passe pas de jour sans qu'on m'adresse les plus vives instances, soit de vive voix, soit par écrit, afin que je fasse tout au monde pour obvier à la possibilité, prévue encore par quelques-uns, qu'on nomme des intrus je lui ai dit que nommer des intrus ce serait porter la discorde dans les diocèses auxquels on les destinerait, que de ces diocèses les ecclésiastiques tout au moins s'éloigneraient pour aller vivre sous le gouvernement d'un évêque catholique, comme ils disent, appelant les intrus schismatiques, et les déclarant indignes d'obéissance et de respect. Je lui ai fait comprendre qu'en agissant de la sorte, au lieu de parvenir à la paix, on ferait naître une guerre de religion dont chacun peut prévoir les conséquences dangereuses et fatales. Je lui ai dit que la nomination d'un seul constitutionnel ferait perdre le fruit de tous les soins si pénibles qui ont été pris pour rétablir la religion catholique en France qu'un semblable acte de la part du gouvernement français causerait la plus profonde douleur au Saint-Père, qui ne s'attend pas à un pareil procédé de la sagesse, de la droiture et de la tendresse que lui témoigne le premier consul, tendresse à laquelle Sa Sainteté ne laisse pas échapper une occasion de répondre par des concessions qui

sont presque sans exemple dans l'histoire. Que moi-même, outre qu'un pareil événement me plongerait dans le plus grand abattement, je ne pourrais me laver de la tache que m'imprimerait l'impuissance où j'aurais été de convaincre le premier consul sur un sujet que tout le monde regarde comme si facile, grâce au caractère qu'on lui attribue. J'ai ajouté enfin que nommer un constitutionnel c'est fournir l'unique arme qu'on connaisse aux évêques qui refusent de se démettre, et qui s'uniraient à tout le catholicisme pour dire qu'on les a privés de leurs siéges pour leur substituer des sujets que tout le monde méprise et qu'on regarde, ou comme auteurs, ou comme complices de l'anéantissement de la religion catholique en France.

La personne à qui je me suis adressé est demeurée tout à la fois persuadée et pénétrée de mon exposé, et elle m'a promis d'en parler, comme on dit, de pied ferme au premier consul. Avant de nous séparer je lui ai dit encore que, lorsque l'on me remettra la nomination officielle des évêques, si je trouve un seul constitutionnel, je ne pourrai pas faire moins que de répéter au premier consul lui-même tout ce que je venais de lui représenter, que je prierai, je conjurerai le premier consul de renoncer à cette idée, et que je pousserai mes instances aussi loin que possible sans porter préjudice à la publication si ardemment désirée du Concordat, mais jusqu'à prendre la résolution d'expédier à Rome et d'attendre les résolutions du souverain pontife. C'est en effet la conduite que je me suis promis de tenir, et j'ai, à cette fin, préparé un mémoire succinct sur cet objet pour le présenter au premier consul.

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Le nouveau réglement concernant les choses du culte et le clergé, dont le premier consul s'est sérieusement occupé,

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Paris, le 4 avril 1802.

Depuis que je suis à Paris je n'ai ni passé une journée phure sponan que celle du samedi 27 mars, ni eu à surmonter

des embarras comparables à ceux que je vais raconter à Votre Éminence.

Vers deux heures de l'après-midi, c'est-à-dire au moment de fermer mon paquet, l'abbé Bernier vint en compagnie d'un des préfets du palais consulaire me faire connaître les décisions du premier consul, qui voulait que je me rendisse le lendemain à l'église de Notre-Dame, que je reçusse des visites, et sur les diverses autres choses dont j'ai informé Votre Éminence par le post-scriptum de ma dépêche à mimarge cotée du n° 91. A la suite de cet avis j'avais donné mes instructions et pris toutes mes dispositions pour que rien ne manquât dans cette conjoncture, et j'avais même arrangé les choses de manière à ce que le digne Montignot Ersking fit partie de mon cortége.

Le même jour, samedi, vers cinq heures, j'étais à dîner, quand on vint m'annoncer la visite du conseiller Portalis et de l'abbé Bernier qui se présentaient chez moi de la part du premier consul. Je me levai de table pour aller dans mes appartements recevoir ces messieurs et apprendre d'eux ce qu'ils avaient à me dire.

Ce fut le conseiller Portalis qui entama la conversation en disant : « L'intention des consuls est de faire intervenir à la cérémonie de demain, au Te Deum qui se chantera à NotreDame pour rendre grâce au Seigneur de la conclusion de la paix, les membres des deux clergés, c'est-à-dire les ecclésiastiques que vous appelez légitimes et qui jouissent de la communion avec l'Église romaine, et les constitutionnels. »

Une pareille proposition n'avait pas de quoi me déconcerter, Votre Éminence le croira aisément, car il était facile d'y répondre et de convaincre en même temps le conseiller Portalis qui jusque-là était le seul qui portât la parole l'abbé Ber

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