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puissance sur la pensée et sur la parole, qu'il n'était pas possible qu'on les eût hasardés sans sa permission. Le corps diplomatique, à Rome, s'en entretenait ; on les répétait avec une telle assurance, que le pape crut devoir faire une réponse devant le même grand officier: « On a répandu qu'on pourrait nous retenir en France, eh bien ! qu'on nous enlève la liberté tout est prévu. Avant de partir de Rome nous avons signé une abdication régulière, valable; si nous sommes jeté en prison, l'acte est hors de la portée du pouvoir des Francais; le cardinal Pignatelli en est dépositaire à Palerme, et quand on aura signifié les projets qu'on médite, il ne vous restera plus entre les mains qu'un moine misérable, qui s'appellera Barnabé Chiara

monti. »

Le soir même, les ordres de départ furent mis sous les yeux de l'empereur, et l'on n'attendit plus que les convenances raisonnables de la saison.

CHAPITRE VIII.

PIE VII se mit enfin en route pour Rome, tandis que Napoléon se dirigeait vers Milan, pour se faire sacrer roi d'Italie. Le saint Père fut singulièrement consolé, dans son voyage, par l'accueil et les honneurs qui lui furent rendus par les autorités et par les troupes, et surtout par les preuves de dévotion données par les peuples. Il entra à Rome le 16 mai 1805.

Suivant l'ordre qu'il avait donné, sa voiture prit directement le chemin de l'église de Saint-Pierre. Là, Sa Sainteté devait rendre grâces de son heureux retour. Le cardinal d'Yorck, malgré ses quatre-vingts ans, recut le pape à la porte de la basilique.

La bénédiction terminée, le pontife s'approcha encore une fois de l'autel pour faire

sa dernière prière avant de sortir. Il paraît que lorsqu'il fut à genoux, alors, comme une sorte d'extase s'empara de lui. L'idée de se retrouver dans le principal temple de sa capitale, cent quatre-vingt-cinq jours après un départ si douloureux, le souvenir des dangers qu'il avait courus, ou qu'il croyait avoir du courir pendant un aussi long trajet, le préoccupaient tellement, qu'il restait comme immobile au pied de l'autel. Cette immobilité se prolongeait ; l'église, où l'on était entré vers la fin du jour, et qu'on n'avait pas pensé à éclairer pour une cérémonie de nuit, commençait à s'assombrir. Plus de trente mille personnes, indécises au milieu de ce silence et de l'approche de l'obscurité, ne concevaient pas la cause de cet évènement.

Le cardinal Consalvi se leva doucement, s'approcha du pape, lui toucha doucement le bras, et lui demanda s'il éprouvait quelque faiblesse. Le pape serra la main du cardinal, le remercia, et lui expliqua que cette prolongation de sa prière était un effet de joie et de bonheur. On ramena le pape dans sa chaise à porteurs. Il était trèsfatigué, et l'on exigea de lui que le soir

même il se retirât en n'accordant aucune

audience.

Ce voyage avait électrisé l'àme du saint Père. Il parlait avec feu de ce qu'il avait vu; il montrait, avec une sorte de satisfaction, les médailles qui avaient été frappées à son occasion. Il s'interrompait à tout instant pour dire des choses nouvelles. L'établissement des sœurs de la Charité de Paris, qui sont si utiles aux malades, avait excité vivement son intérêt, et il pensait à répandre cet ordre en Italie, en Allemagne et en Irlande. Il revenait ensuite aux motifs qu'il avait eus de se féliciter de son voyage. Tout-à-coup sa physionomie devint plus sérieuse. Il se recueillit un instant, comme pour parler d'une chose grave, puis il eut l'air de repousser l'idée qui venait de se présenter; sa figure redevint riante. « Nous voulons, dit-il, vous raconter un évènement qui vous prouvera à quel point nous avons lieu d'être content de l'excellent peuple français.

«< A Châlons-sur-Saône, nous allions sortir d'une maison que nous avions habitée pendant plusieurs jours; nous partions pour Lyon; il nous fut impossible de traverser

la foule; plus de deux mille femmes, enfants, vieillards, garçons, nous séparaient de la voiture, qu'on n'avait jamais pu faire avancer. Deux dragons, (le pape appelait ainsi les gendarmes à cheval, parce que les seuls corps de cavalerie, qu'il eût à son service, étaient de l'arme des dragons), deux des dragons chargés de nous escorter, nous conduisirent à pied jusqu'à notre voiture, en nous faisant marcher entre leurs chevaux bien serrés. Les dragons paraissaient se féliciter de leur manoeuvre, et fiers d'avoir plus d'invention que le peuple. Arrivé à la voiture, à moitié étouffé, nous allions nous Ꭹ élancer avec le plus d'adresse et de dextérité possible, car c'était une bataille où il fallait employer la malice, lorsqu'une jeune fille, qui à elle seule eut plus d'esprit que nous et les deux dragons, se glissa sous les jambes d'un des chevaux, saisit notre pied pour le baiser, et ne voulait pas le rendre, parce qu'elle avait à

le

passer à sa mère qui arrivait par le même chemin. Prêt à perdre l'équilibre, nous appuyâmes nos deux mains sur un des dragons, celui dont la figure n'était pas la plus sainte, en le priant de nous soutenir.

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