Sayfadaki görseller
PDF
ePub

voulait se retirer du monde pour penser sérieusement à son salut, l'aurait plutôt appris d'eux, et depuis enseigné à Lyon.*

Ænée Sylvius Piccolomini, depuis pape, dit de leur doctrine dans son Histoire de Bohême, Que le pape est égal aux autres évêques ; qu'entre ceuxci il n'y a point de différence, un prêtre n'étant plus que l'autre en dignité mais en bonne vie; que les âmes au sortir du corps vont à la peine ou à la joie eternelle; qu'il ne se trouve point de feu de purgatoire; qu'en vain on prie pour les morts, et que ce n'est qu'une invention de l'avarice des prêtres ; qu'il faut effacer les images de Dieu et des saints; que les bénédictions des eaux et des palmes ne sont que moqueries; que les gens d'église ne doivent pas être riches; qu'il ne faut point pécher pour éviter quelque mal que ce soit; que qui est coupable de crime ne doit être admis en dignité séculière ni ecclésiastique; que la confirmation par le chrême, et l'extréme-onction, ne sont point sacremens de l'église; que la confession auriculaire est une fable, et qu'il suffit à chacun de se confesser à Dieu; que le baptême doit se faire d'eau; que les cimetières ont été inventées pour gain; que ceux qui bâtissent des églises monastères et oratoires, comme si la Divine Bonté se trouvait là plus propice qu'ailleurs, réduisaient à

* Philippe de Mornay, Hist. de la Papauté.

le

Tétroit sa majesté; que les vêtemens sacerdotaux, ornemens d'autels, corporaux, platines, et autres tels vaisseaux ne sont rien à estimer; qu'un Prêtre peut administrer le corps de Jésus Christ, et l'administrer à ceux qui le demandent, en quelque lieu que ce soit, seulement avec les paroles de l'institution du sacrement; qu'en vain on a recours aux suffrages des saints qui régnent au ciel avec Christ; qu'on perd son temps à dire ses heures canoniques; qu'il ne faut chômer que le dimanche, et non les fêtes des saints.*

Ces articles rapportés par un homme qui ne les aimait pas, comme cela paraît par son ouvrage, les délivrent des imputations odieuses qui leur ont été faites par des ignorans. Aussi l'Empereur Frederic II. dans les constitutions qu'il fit contre eux, ne les accuse-t-il que de s'étre séparés de l'église Romaine et de ses services et cérémonies, sans leur imputer autres crimes, comme cela se voit és Epitres de Pierre de Vinci son Chancelier.†

2. Les Vaudois, persécutés par l'archévêque de Lyon, Jean de Belle-Maison, furent cités au concile de Latran; où ils ne voulurent pas comparaître, parceque le pape était leur juge et leur partie. Ensuite des décrets de Latran ils furent pérsécutés, poursuivis, et massacrés par

* Enée Sylv. cité par de Mornay.

+ P. de Mornay.

tout; et on donna des indulgences à ceux qui leur courraient sus; de sorte que leur dissipation, par une providence particulière de Dieu, donna naissance à un grand nombre d'églises par toute l'Europe. Je crois devoir en rapporter ici ce qu'en disent quelques écrivains* de ce tems-là quoique leurs adversaires, qu'on tint une conférence à Réalmont en Albigeois, dans laquelle disputèrent de la part des Vaudois, Pontique Jourdan, Arnould Aurisan, Arnould d'Othon, Philibert Casliel, et Benoît Thermes: de la part des Catholiques Romains, Pierre de Castelnau moine de Citeaux et légat du pape ; Didacus évêque, et Dominique, tous deux Espagnols; arbitres, deux de la noblesse, Bernard de Ville-Neuve et Bernard d'Arre, et deux du tiers d'état, Raymond Gode et Arnould Ribérie; Là (disent-ils) ces docteurs Vaudois maintinrent constamment que l'église Romaine n'était point la sainte église, mais une église imbue d'erreurs; que la messe n'était point de l'institution de Jésus Christ, ni de ses apótres, mais une invention humaine: et ils se séparèrent sans convenir de rien.

3. Les Vaudois multipliaient en France, maintenant et publiant partout la doctrine que nous avons dit ci-dessus, et avaient gagné de

* Guill. de Puy Laurent. et Noguieren, Hist. de Thoulouse.

puis les Alpes jusqu'aux Pyrénées, de sorte que, soit à la campagne soit dans les villes, il y en avait peu qui ne se départissent des traditions de l'église Romaine. Les plus grands même y adhéraient. :-Raymond Comte de Thoulouse et de St. Gilles Cousin du Roi de France, Raymond Roger Vicomte de Beziers et de Carcassonne, Pierre Roger Seigneur de Gabaret, Raymond Comte de Foix proche parent du Roi d'Arragon, Gaston Prince de Béarn, le Comte de Bigorre, la Dame de Lavaur, le Comte de Carman, Raymond de Thermes, Amaulry de Montreuil, Guillaume de Minerbe, et un nombre infini d'autres seigneurs et gentilshommes personnages qui n'eussent pas voulu hazarder leurs vies, leurs biens, et honneurs, ni pour des gens vicieux, ni pour des erreurs si abominables que les moines du tems, satellites, leur imputaient. En effet Guill. Paradin, reconnait avoir lu quelques histoires qui justifiaient les Vaudois, et ces princes et seigneurs leurs fauteurs, des imputations à eux faites par les moines, et affirme qu'ils n'ont été poursuivis que parcequ'ils avaient prêché contre les traditions et abus de l'église Romaine.*

* Guill. Paradin, liv. ii. des Annales de Bourgogne.

4. Les Vaudois, persécutés en Languedoc et pays voisins, se repandirent en Allemagne. Tritheme rapporte, qu'en la ville de Strasbourg on en brûla jusqu'à 80, et dans son territoire on en tua cent dans un jour. Naucler dit, qu'en Alsace, cette doctrine, qu'il appelle hérésie, augmentait tant parmi la noblesse que parmi le peuple;―il ajoute, "que tous les ans ils envoyent à Milan quelque collecte pour entretenir leurs docteurs." Bruschius rapporte, qu'à Mayence on en brûla 39. On n'y apportait ni tolérance ni connivence: car le moine Godefroi, dans ses Annales d'Hirgause, dit, Conrad de Marbourg, inquisiteur apostolique, avait accoutumé d'éprouver ceux qui étaient atteints d'hérésie, judicio ferri candentis, en leur faisant manier un fer rougi au feu, et s'il les brûlait, les livrait au bras séculier pour être brûlés hérétiques. Ainsi, peu exceptés, tous ceux qui avaient été une fois accusés, venus à son examen, étaient condamnés au feu. Il y en avait qui croyaient qu'il avait condamné plusieurs innocens, parceque le fer chaud ne trouvait personne exempte de péché, encore qu'ils n'eussent aucune tache d'hérésie. Il ajoute quelques feuillets après, Ence tems-là plusieurs nobles et ignobles, clercs, moines, Nonnains, Bourgeois, citoyens, paysans, en divers lieux de l'Allemagne, furent condamnés au feu sous le nom d'hé

« ÖncekiDevam »