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A NOTRE TRÈS CHER FILS EN JÉSUS-CHRIST, LE ROI TRÈS CHRÉTIEN DES FRANÇOIS, PIE V, PAPE.

Notre très cher fils en Jésus-Christ, salut et bénédiction apostolique.

Nous n'ignorons pas que Votre Majesté considère toutes les choses sous le rapport de la piété ; qu'elle ne fait rien si ce n'est guidée par la prudence, surtout lorsqu'il s'agit de ce qui ne concerne pas moins sa propre sûreté et celle de son royaume, que l'utilité de toute la république chrétienne. Néanmoins, frappé de la nouvelle généralement répandue parmi le peuple, et du bruit constant qui nous parvenoit d'une paix qui devoit prochainement se conclure entre Votre Majesté et les hérétiques, ennemis communs de tous les catholiques et rebelles à son pouvoir, nous n'a

Édition Goubau, livre 4, lettre 1, p. 266.—Sommaire : Saint Pie V détourne le roi de faire la paix avec les hérétiques et les rebelles, et il prouve que qu'on doit les dompter.

c'est

par

les armes

vons pu négliger, comme l'exigent les devoirs de notre charge et le soin paternel que nous prenons de vos intérêts, de vous prier par nos lettres de considérer la chose, avant de prendre un parti, avec toute l'attention et la maturité qu'elle mérite.

Si nous croyions qu'il fût possible de négocier entre vous et vos adversaires un accommodement qui relevât la cause de la religion catholique, ou qui contribuât à rétablir la tranquillité dans ce royaume, troublée par une longue guerre, certes nous n'oublierions pas quel est l'emploi dont Dieu

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-puissant nous a chargé, et nous ne serions pas assez étranger à nos devoirs, pour ne pas interposer toute notre activité et toute notre autorité afin d'assurer au plus tôt cette paix désirée. Mais comme nous comprenons fort bien, et Votre Majesté l'a souvent éprouvé, qu'il ne peut y avoir rien de commun entre la lumière et les ténèbres, aucun arrangement entre des catholiques et des hérétiques, si ce n'est un arrangement plein de faussetés et de piéges, nous ne pouvons nous empêcher de concevoir des craintes, tant pour vo

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Nullam luci cum tenebris communionem, nullamque catholicis cum hæreticis nisi fictam insidiisque plenam, compositionem esse posse....

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tre propre sûreté et pour celle de la république chrétienne tout entière, que pour la conservation de la foi catholique. C'est pourquoi nous exhortons Votre Majesté à ne songer qu'à élever son esprit, naturellement porté aux grandes choses et toujours préparé aux actions éclatantes, qu'à diriger toute son intelligence vers la recherche des moyens propres à anéantir les restes de cette guerre intestine, venger par ses justes armes ses propres injures et celles de Dieu tout-puissant, restaurer et consolider pour elle-même et ses successeurs ce royaume déchiré par la criminelle conspiration d'abominables hérétiques. Vous devez en avoir l'espoir d'autant mieux fondé, que le même Dieu, qui vous a si souvent arraché par sa miséricorde à tant d'embûches et à de si grands périls, et qui vous a accordé une double victoire sur vos ennemis, qui sont les ennemis communs, ne vous abandonnera pas lorsque vous marcherez dans la bonne voie et que vous combattrez pour la cause de la religion catholique. S'il est pour nous, qui sera contre nous?

Il ne faut pas que Votre Majesté fasse en cela rien de nouveau ou d'insolite; il suffit qu'elle se conduise à l'avenir comme elle s'est toujours conduite jusqu'à ce moment, c'est-à-dire que, mettant de côté toutes pensées mondaines, toutes voluptés

terrestres qui pourroient la détourner de son devoir, elle n'ait qu'une sollicitude, elle n'ouvre l'oreille aux discours de qui que ce soit qui lui donneroit des conseils contraires; mais qu'elle se rende à nos avis paternels, qu'elle écoute les paroles de notre très chère fille en Jésus-Christ, sa très chère mère, et de tous ceux qui veulent réellement le bien de Votre Majesté. Beaucoup de dangers et des dangers de toutes les sortes, de la part des conseil lers perfides, menacent Votre Majesté à l'âge où elle est parvenue : elle ne pourra les éviter que par le secours de Dieu tout-puissant et des conseillers fidèles.

Nous avons écrit toutes ces choses à Votre Majesté dans la plénitude de notre amour paternel envers elle puisqu'elles procédent d'un excellent motif et du zèle pour votre conservation et celle de votre dignité, nous espérons que Votre Majesté les aura pour agréables. Nous souhaitons que Dieu tout-puissant lui fasse remporter une victoire complète et définitive sur les ennemis communs.

Donné à Saint-Pierre de Rome, le 29 janvier 1570, la cinquième année de notre pontificat.

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LETTRE XXIX

I

A NOTRE TRÈS CHÈRE CATHERINE, REINE TRÈS CHRÉTIENNE DES FRANÇOIS.

Notre très chère fille en Jésus-Christ, salut et bénédiction apostolique.

Quoique votre éclatante piété envers Dieu toutpuissant, clairement démontrée à nos yeux au milieu de tant de changemens et de troubles dans les affaires de ce royaume, nous défende de croire qu'on y agisse jamais, sinon après un mur examen et dans des intentions religieuses; cependant, frappé du bruit généralement répandu parmi les hommes, et des nouvelles qui nous annoncent que la paix entre votre très cher fils et des hérétiques, ennemis de Dieu et rebelles à la France, est sur le point d'être conclue, les devoirs de notre charge et notre sollicitude paternelle pour les intérêts du royaume ne nous ont pas permis de négliger d'en écrire à Sa Majesté, et de lui dire franchement notre opinion,

'Édition Goubau, livre 4, lettre 2, p. 269.—Sommaire ; Même objet que la précédente lettre.

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