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Une fois la matière première créée, Dieu produit avec ordre les diverses parties du monde, selon la série des jours génésiaques. Saint Basile n'exprime pas cette distinction aussi nettement que nous venons de le faire, mais elle ressort incontestablement de son exposition; car, dans ses homélies, tous les jours de la création sont différents et ne se confondent nullement entre eux. Il dit même formellement que les jours génésiaques sont de vingt-quatre heures (1), quoiqu'il semble avoir comme le pressentiment d'une explication plus large en exprimant la pensée que tous les jours sont des jours, mais non d'égale longueur.

Saint Basile croit, à la suite d'Origène et de la plupart des commentateurs antérieurs, qu'il y a une raison mystẻrieuse dans l'expression dies unus au lieu de dies primus (2), et il dit que cette expression est employée pour désigner le premier des jours, afin de marquer sa proche parenté avec l'éternité. « Et du soir et du matin se fit un jour. Pourquoi

(1) Hom. II in Hexaem., 8, ibid., col. 49. Quoique S. Basile ne le dise pas expressément, il suppose que le ciel et la terre avec leur forme et les quatre éléments furent créés avant les six jours génésiaques. Hom. II in Hexaem., 8, col. 48; Hom. II, 1, col. 52. Bossuet n'a fait au fond que reproduire la pensée de S. Basile et de ses imitateurs, quand il dit dans ses Élévations : « La création du ciel et de la terre et de toute cette masse informe que nous avons vue dans les premières paroles de Moïse, a précédé les six jours qui ne commencent qu'à la création de la lumière. Dieu a voulu faire et marquer l'ébauche de son ouvrage, avant que d'en montrer la perfection, et après avoir fait comme le fonds du monde, il en a voulu faire l'ornement avec ses différents progrès, qu'il a voulu appeler six jours. › (5o Élév. 3o sem.)

(2) Gen. 1, 5. Les Septante ont traduit le mot hébreu ÈḤAD, par μía au lieu de ρ qu'ils auraient dû mettre. Le respect qu'avaient les Pères pour les moindres mots de la Bible les porta à croire qu'il y avait dans ce uix quelque secret caché. S. Éphrem, qui voyait, par la traduction syriaque de la Bible, que le premier jour était réellement appelé premier, non un, ne s'est pas arrêté là-dessus, mais il n'en a pas été de même pour les écrivains grecs. Déjà Philon avait attiré l'attention sur ce mot, De mundi opificio, p. 3, Cf. S. Greg. Nyss. Hexaem. Patr. gr. t. XLIV, col. 85; S. J. Chrys. Hom. III in Gen., n. 3, t. LIII, col. 35; S. Ambr. Hexaem. 1. 1, c. x, no 37, cf. no38 et 1. III, c. II, no 8. Migne, Patr. lat. t. xiv, col. 144, 159; S. Cæsar. Greg. fr. Dialog. III, Interr. 115, Patr. gr. t. xxxvIII, col. 997; S. Hippol. Fragm. in Gen., Patr. gr., t. x, col. 585.

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l'Écriture ne dit-elle pas le premier jour mais un jour? Devant nous parler du deuxième, du troisième et du quatrième jour, n'était-il pas plus naturel qu'elle appelât premier celui qui commence la série? Si elle dit un jour, c'est qu'elle veut déterminer la mesure du jour et de la nuit et réunir le temps qu'ils comprennent. Or, vingt-quatre heures remplissent l'espace d'un jour, entendons du jour et de la nuit; et si, à l'époque des solstices, ils n'ont pas tous deux une égale étendue, le temps marqué par l'Écriture n'en circonscrit pas moins toute la durée. C'est comme si elle disait : vingt-quatre heures mesurent l'espace d'un jour, ou bien un jour c'est le temps que le ciel, parti d'un signe, met à y revenir. Ainsi toutes les fois que, dans la révolution du soleil, le soir et le matin s'emparent du monde, leur succession périodique ne dépasse jamais l'espace d'un jour.

» Faut-il plutôt en croire une raison mystérieuse? Dieu, qui fit la nature du temps, l'a mesuré et déterminé par les intervalles des jours; et, voulant lui donner la semaine pour mesure, il a ordonné à la semaine de rouler sans cesse sur elle-même pour compter les mouvements du temps, formant la semaine d'un jour tournant sept fois sur lui-même: véritable cercle qui est à lui-même son commencement et sa fin. Tel est aussi le caractère de l'éternité · de tourner sur elle-même et de n'avoir jamais de fin. Si donc le commencement du temps est appelé un jour plutôt que premier jour, c'est que, par ce nom, l'Écriture veut établir sa parenté avec l'éternité. Il était, en effet, convenable et naturel d'appeler un ce jour dont le caractère est d'être entièrement isolé et séparé de tous les autres. Que si l'Écriture nous parle de plusieurs éternités, en disant partout: Dans l'éternité de l'éternité, dans les éternités des éternités, on ne la voit pas énumérer une première, une deuxième, une troisième éternité. Elle veut plutôt distinguer des états divers et des actes différents que nous montrer des révolutions, des fins et des successions d'éternités. Le jour du Seigneur, dit-elle, est grand

et illustre (Joel; II, 11); et ailleurs: Pourquoi chercher le jour du Seigneur ? Ce jour est celui des ténèbres et non de la lumière (Amos, v, 18), jour de ténèbres pour ceux qui sont dignes de ténèbres. Non, ce jour sans soir, sans succession et sans fin n'est pas inconnu à l'Écriture, et c'est lui que le Psalmiste appelle le huitième jour, parce qu'il est en dehors des semaines de ce temps (Ps. VI, 1). Ainsi, appelle-le jour, appelle-le éternité: tu exprimes la même idée. Donnes-tu à cet état le nom de jour : il n'y en a point plusieurs, il n'y en a qu'un. L'appelles-tu éternité: elle est seule encore (1). >>

L'illustre docteur de l'Église grecque a donc entrevu ou soupçonné qu'il y avait dans l'Écriture des jours plus longs que ceux que mesurent un lever et un coucher de soleil, mais ce n'est qu'un éclair fugitif, et il était réservé à notre époque de découvrir clairement le vrai sens des jours cosmogoniques (2).

Il explique la distinction des trois jours cosmogoniques, qui ont précédé la création du soleil, de la manière suivante: « Le jour est produit actuellement, depuis la création du soleil, par l'air qu'illumine le soleil, tandis qu'il luit dans l'hémisphère, au-dessus de la terre, et la nuit par l'ombre qui couvre la terre, quand le soleil se cache; mais alors le jour et la nuit se succédaient, non pas en vertu du mouvement du soleil, mais au moyen de la diffusion ou de la disparition de la lumière primitive, selon la mesure réglée par Dieu (3). »

(1) Hom. II. in Hexaem. 8 (fin). Traduction de M. Fialon, Étude historique et littéraire sur S. Basile, suivie de l'Hexameron, traduit en français, Paris. 18652 p. 345-351. Voir le texte, Migne, Patr. gr. t. xxix, col. 49 et 52.

(2) Zöckler, Geschichte der Beziechungen zwischen theologie und Naturwissenschaft, t. 1, p. 188.

(3) Τότε δὲ οὐ κατὰ κίνησιν ἡλιακὴν, ἀναχεομένου τοῦ πρωτογόνου φωτὸς ἐκείνου καὶ πάλιν συστελλομένου κατὰ τὸ ὁρισθεν μέτρον παρὰ Oεou. Hom. II in Hexaem. 8, Ibid., col. 48. Cette explication fut adoptée plus tard par S. Jean Damascène et par d'autres auteurs grecs. S. Augustin la combat, De Gen. ad. litt. 1. 1, c. xvi, no 30-31. Opera, édit. Gaume, col. 216.

Quant aux eaux supérieures dont parle Moïse, saint Basile dit qu'elles ne sont pas autre chose que les nuages ou les vapeurs qui s'élèvent de la mer et des fleuves et retombent en pluie sur la terre (1).

Saint Basile n'admet pas que le ciel soit de cristal, sé séparant avec raison de l'opinion d'un grand nombre d'anciens (2).

En ce qui concerne la configuration de la terre, l'EspritSaint ne nous la fait point connaître. « Ceux qui ont écrit sur le monde, dit-il, ont eu beau discuter sur la forme de la terre. Qu'elle soit sphérique ou cylindrique, qu'elle ressemble à un disque et soit de toutes parts parfaitement arrondie ou qu'elle ait la forme d'un van et soit creuse par le milieu, toutes conjectures imaginées par les faiseurs de systèmes, chacun d'eux renversant celui de son devancier, on ne m'amènera pas à faire moins de cas de notre création du monde. Et pourtant le serviteur de Dieu, Moïse, s'est tu sur la figure du monde; il n'a pas dit que la terre a cent quatre-vingt mille stades de circonférence; il n'a pas mesuré dans quelle étendue de l'air son ombre se projette pendant que le soleil tourne au-dessus d'elle, ni comment cette ombre, en se portant sur la lune, produit les éclipses. Tout ce qui est sans importance pour nous, il l'a passé sous silence comme inutile (3). »

(1) Hom. III in Hexaem. 7, col. 69.

(2) Empédocle, vers 470 av. J.-C.; Plutarque, Philosophorum placita, 9, p. 518, édit. Reiske; Josèphe, Ant. jud. I. 1., Sévérien de Gabales, Orat. Ilde Creat. mundi, n. 3, t. LVI, col. 442; Theodor. Cyr. Quæst. in Gen. Interr. xi, t. LXXX, col. 91; S. Ambroise Hexaem. 1. 1, c. vIII, no 28, t. xiv, col. 138 dit : cælum ut fumus solidatum. Cf. Petau, l. 1, c. 10, De opificio mundi, t. iv, p. 272. S. Basile admet cependant un ciel solide, attachant au mot grec employé par les Septante pour désigner le firmament, σTepέwp.a une valeur étymologique qu'il n'a point. Hom. III in Hex., no 4, t. xxIx, col. 60-61. S. Grégoire de Nysse rectifie son frère sur ce point. Hexaem. t. XLIV, col. 80-81.

(3) Hom. ix, 1, col. 188-189; trad. Fialon, Étude sur S. Basile, p. 491. Voici les systèmes auxquels S. Basile fait allusion: « Thalès et les Stoïques et ceux de leur escole tienent que la terre est ronde comme une boule; Anaximander qu'elle est semblable à une pierre en forme de colonne ; Anaxi

Les passages où l'Écriture parle des fondements de la terre ne sont que des métaphores (1): la terre ne repose sur aucun appui :

« Ce n'est pas une couche d'air qui porte le monde, ou bien il faudra expliquer pourquoi une substance si déliée ne s'affaisse pas sous le fardeau de cette masse énorme. Même difficulté si l'on prétend que la terre repose sur les eaux comme un vaisseau sur la mer. Si l'on cherche une base ou une colonne quelconque pour porter le monde, il en faudra chercher une seconde pour étayer la première, puis une troisième, et de même à l'infini, où l'on devra placer des fondements de plus en plus puissants pour maintenir l'immense échafaudage (2). »

Aristote, qui rapporte toutes ces opinions, nous apprend qu'elles avaient été soutenues, la première par Anaximandre, Anaximène et Démocrite; la seconde par Thalès de Milet, qui pensait que la terre était étendue sur l'eau et nageait comme du bois, la troisième par Xénophane de Colophon qui disait que la terre n'a pas de fond et que ses racines s'étendent à l'infini (3). Saint Basile juge avec

ménès, qu'elle est plate comme une table; Leucippus, qu'elle a la forme d'un
tambourin; Démocritus, qu'elle est plate comme un bassin mais creuse par
dessous. » Plutarque, Opinions des philosophes, 111, 10; trad. Amyot. « La terre
a de toute nécessité la forme d'une sphère, dit Aristote, De Cœlo, II, 14... Il est
clair qu'un corps dont les extrémités se portent également de toutes parts
vers le centre, formera nécessairement une masse semblable de tout point.
Est igitur tellus median sortita cavernam
Aeris, et toto pariter suspensa profundo;

Nec patulas distenta plagas, sed condita in orbem
Undique surgentem pariter, pariterque cadentem.

Manlius, Astron. I.

(1) Hom. IV in Hexaem. 1, col. 80; Hom 1,8-9, col. 21-24. Cf. Comm. in Is. XIII, 270, Migne, Patr. gr. t. xxx, col. 592-593 et Fialon. Étude sur S. Basile, p. 266.

(2) Hom. I in Hexaem. 8, col. 21. Traduct. Cruice, Essai critique sur l'Hexaméron de S. Basile, p. 52-53. Cf. Fialon, Étude historique et littéraire sur S. Basile, p. 319.

(3) Aristote, De Cœlo, 1, 1, c. 13. S. Basile a emprunté la plupart de ses renseignements scientifiques à Aristote. Voir Cruice, Essai, p. 54-55, 66, 72-74; sur Thalès, Renouvier, Manuel de philosophie ancienne, t. 1, p. 98.

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