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hébraïque n'ayant aucun mot pour exprimer cet élément, Moïse s'est servi du terme qui désigne l'élément dans lequel vivent les poissons (1).

Nous rencontrons un autre imitateur de saint Basile, mais d'une valeur inférieure à Jean Philopon dans l'Héxaméron ou chronique qui porte le nom d'Eustathe d'Antioche (2). Son commentaire n'est guère qu'un extrait des homélies de l'évêque de Césarée, dans ce qu'il dit des quatre premiers jours de la création (3). Sa zoologie est remplie de fables souvent très bien contées, mais plus d'une fois aussi ridicules. Il explique dans les termes suivants comment la terre avait été préparée pour l'apparition de l'homme: « Après la création du monde, Dieu fit enfin l'homme, lorsque la chaleur eut vaincu le froid (4), lorsque l'humidité eut été desséchée par la sécheresse et la sécheresse tempérée par l'humidité (5).

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Le dernier des grands théologiens orthodoxes qu'ait produits l'Église d'Orient, saint Jean Damascène (vers 676-vers 760), se rattache aussi aux Cappadociens. Quoiqu'il n'accepte pas toutes leurs explications cosmogoniques, ils sont ses auteurs de prédilection. Le choix qu'il fait entre les opinions des écrivains qui l'ont précédé montre parfaitement l'entière liberté dont jouissaient les docteurs de l'Église par rapport aux questions scientifiques soulevées dans le

(1) Ibid., 1. III, c. 14 et suiv. p. 538 et suiv. Εἶτε ὑδατῶδες, εἶτε ἀερῶδες. George de Pisidie, diacre et archiviste de l'église de Constantinople vers 630, réfuta Philopon dans un poème intitulé: Hexaemeron ou Kosmourgia (Migne, Patr. gr. t. xc, col. 1425-1578), dont il ne nous reste plus qu'un abrégé. L'auteur s'est beaucoup servi de l'Hexaméron de S. Basile.

(2) Il a été publié pour la première fois par Léon Allatius, à Lyon, en 1629. Il n'est certainement pas de S. Eustathe. Voir Fessler, Institutiones Patrologia, t. I, p. 418. L'Hexameron de S. Basile fut traduit de bonne heure en latin par un traducteur qui se nommait Eustathe. Voir Migne, Patr. gr. t. XVIII, col. 795.

(3) Voir dans Migne, Patr. gr. t. xvIII, col. 813 et suiv. les nombreux emprunts faits à S. Basile par le faux Eustathe.

(4) Tuxpov, qui signifie glacé aussi bien que froid.

(5) Com. in Hexaem. Migne, ibid., col. 749.

premier chapitre de la Genèse. Il ne se décide pas d'ailleurs aisément dans les questions controversées et assez souvent il se borne au rôle de simple rapporteur. Ainsi, il expose sur la forme du monde le sentiment des Syriens qui considèrent le ciel comme un pavillon étendu au-dessus de la terre,et celui de saint Grégoire de Nazianze et de saint Grẻgoire de Nysse qui croient que la terre est une sphère enveloppée de tous côtés par le ciel. Il incline cependant davantage vers l'opinion des Cappadociens (1). Il se range du côté de saint Basile contre saint Grégoire de Nysse, au sujet des trois premiers jours de la création, et il les explique comme lui, non au moyen de la théorie de la rotation, soutenue par l'évêque de Nysse, mais au moyen de l'émission et de la disparition de la lumière primitive (2). Quant à la grandeur relative du soleil, qui, d'après les Cappadociens, est bien supérieure à celle de la terre, il reste de nouveau indécis (3). Sur quelques autres points, il adopte les interprétations de saint Éphrem, de Sévérien de Gabales, etc. (4). On peut remarquer cette singularité dans saint Jean Damascène qu'il traite de la création des astres en même temps que de la création de la lumière (5), comme l'avait déjà fait avant lui Lactance, dans l'Église latine.

Ainsi, autant l'explication dogmatique de la cosmogonie biblique a été uniforme, constante, autant l'explication scientifique a été changeante et variable. Les incertitudes que nous signalons dans saint Jean Damascène, nous les rencontrons aussi à des degrés divers chez les autres Pères. Saint Grégoire de Nysse en exposant sa manière de voir ne

(1) De fide orthodoxa, 1. 11, c. 6, Migne, Patr. gr. t. xciv, col. 880 et suiv. Les écrivains auxquels S. Jean Damascène emprunte le plus sont S. Basile et Sévérien de Gabales.

(2) Ibid., col. 888. Il reproduit les paroles mêmes de S. Basile. Voir plus haut P. 44-45.

(3) Ibid., col. 896.

(4) Il admet, col. 889, que le monde a été créé au printemps.

(5) Ibid., 1. 11, c. VII, col. 885 et suiv. Zöckler. Geschichte der Beziechungen zwischen Theologie und Naturwissenschaft, t. 1, p. 218-219.

dit pas cela est ainsi, mais je crois, oiua, que cela est ou peut être ainsi (1).

De tout ce que nous venons de dire il résulte que les Pères cappadociens et leurs imitateurs ont tenté une sorte de conciliation entre les Alexandrins et les Syriens ils évitent les excès de l'allégorisme des uns et les exagérations du littéralisme des autres; ils admettent le nom et l'idée de création simultanée, comme Origène et saint. Athanase; ils repoussent l'explication purement symbolique des premiers chapitres de la Genèse, mise en vogue. par Philon; ils distinguent, avec les Syriens, six jours réels dans l'œuvre de la création, mais ils ne se rendent pas trop esclaves de la lettre, et, mieux qu'eux, ils ont une allure plus scientifique dans leurs recherches et dans leur exposition. Il est évident, par leurs écrits, qu'ils n'ont pas douté que le commentaire du récit de Moïse ne doive être puisé dans l'étude de la nature même et dans les œuvres des savants.

IV

LES PÈRES LATINS.

Les Pères de l'Église d'Occident ne se groupent pas, comme ceux d'Orient, en écoles compactes et bien tranchées. Dans les pays latins, il n'existait aucun grand centre littéraire, où l'enseignement fût donné par des professeurs et des maîtres, comme saint Pantène, Clément et Origène, à Alexandrie, Diodore de Tarse, à Antioche. Privés de ce secours, les docteurs des Églises d'Italie, d'Afrique et des Gaules, séparés d'ailleurs, la plupart, les uns des autres par les temps comme par les lieux, se sont formés euxmêmes d'une manière indépendante. Aussi, en dehors de

(1) S. Greg. Nyss. Hexaem., t. XLIV, col. 116 et passim.

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l'unité doctrinale commune dans les questions qui n'étaient pas décidées par l'Église, ils ont puisé leurs opinions particulières dans l'étude, la lecture et leurs réflexions personnelles. Les écrits de leurs devanciers, grecs et latins, ont naturellement exercé sur leur esprit une grande influence et souvent, quand ils ne les ont pas trouvés d'accord ensemble, ils ont cherché à les concilier par des opinions moyennes, comme nous allons en voir des preuves nombreuses.

Le plus ancien auteur latin, dont nous possédions un commentaire sur la cosmogonie biblique, est saint Victorin qui, d'orateur, devint évêque de Petavium dans la Pannonie supérieure et souffrit le martyre, probablement sous Dioclétien, au commencement du ive siècle. Son commentaire porte le titre de Tractatus de fabrica mundi et n'est peut-être qu'un fragment d'une explication complète de la Genèse (1). Il est d'une grande brièveté et n'entre dans aucune explication scientifique. Saint Victorin admet la distinction réelle des jours et entend littéralement la création, mais ce qui l'occupe le plus, ce sont des rapprochements de nombre (2).

Lactance a touché à la cosmogonie biblique dans ses Institutions divines (3), mais nous ne nous arrêterons point à en faire l'analyse, parce que son exposition est surtout dogmatique. Il admettait que Dieu n'avait créé qu'un couple de chaque espèce d'animaux, comme l'ont pensé en Orient Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Procope (4). Avec saint Hilaire (vers 300-367) nous voyons apparaître en Occident la théorie alexandrine de la création simul

(1) Lumper, Prolegomena, art. 11, Migne, Patr. lat. t. v, col. 285.

(2) Migne, Patr. lat., ibid., col. 301-314. S. Victorin devait avoir étudié beaucoup Origène. S. Jérôme dit que le commentaire de S. Victorin, aujourd'hui perdu, ressemblait à celui d'Origène. S. Hieronymi Comm. in Eccles. IV, 13, Patr. lat., t. 23, col. 1050.

(3) Lactantii Institut. divin., 1. 11, 5-13; Migne, Patr. lat., t. vi, col. 276

(4) Div. Inst., l. II, c. 11, t. VI, col. 311.

tanée. << Tametsi habeat dispensationem sui, secundum Moysem, firmamenti solidatio, arida nudatio, maris congregatio, astrorum constitutio, aquarum terræque in ejiciendis ex se animantibus generatio, non tamen cœli, terræ cæterorumque elementorum creatio,ne levi saltem momento operationis discernitur (1). » L'évêque de Poitiers n'a pas d'ailleurs commenté la Genèse.

Nous devons encore citer de lui un passage que nous lisons dans son Homélie sur le Psaume LI et dans lequel il observe justement que le mot jour peut désigner dans l'Écriture une série d'années. « Diem pro ætate vel tempore hominis nuncupari solere meminimus cum dicitur : diem hominis non concupivi; vel rursum cum Abraham diem Domini desideravit (2). »

Le premier Père latin qui ait écrit longuement sur l'Hexameron est saint Ambroise, évêque de Milan (vers 340-397). Il s'est beaucoup servi des homélies de saint Basile et, comme la plupart des écrivains occidentaux, il a adopté à peu près sa manière, tenant une sorte de milieu entre l'école d'Alexandrie et celle d'Antioche, exposant tout à la fois le sens littéral et le sens mystique de la sainte Écriture. Il a emprunté aussi à Origène et à saint Hippolyte.

L'explication du premier chapitre de la Genèse a été prêchée à Milan pendant le carême de 389. Elle est divisée aujourd'hui en six livres qui correspondent aux six jours de la création (3).

(1) De Trinit. XII, no 40, t. x, col. 458. Suarez refuse cependant de reconnaître, dans ce passage de S. Hilaire, contrairement à d'autres théologiens, la simultanéité absolue de la création. « Ubi, dit-il, in solo opere creationis simultatem agnoscit, cætera vero opera, eo modo quo narrantur, censet fuisse disposita. » De opere sex dierum, 1, 6, p. 40.

(2) S. Hilar. Tract. in Psalm. LI, no 5, t. Ix, col. 311. S. Hilaire dit aussi in Psal. LV, no 3: « Diem frequenter significari pro ætate cognovimus, ut ubi dies tota est, illic omne vitæ tempus ostensum sit. » Ibid., col. 358. Ce qu'il écrit Tract. in Psalm. cxxxv, no 11, col. 774, paraît favorable à l'opinion qui enseignait la sphéricité de la terre.

(3) L'Hexaméron de S. Ambroise contient de magnifiques descriptions où se manifeste un profond sentiment des beautés de la nature. Les littérateurs

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