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cons. On le considéra de plus en plus comme celui qui devoit non 1561. seulement introduire l'Inquisition d'Espagne, mais encore préparer Février. les voies à la tyrannie des Espagnols.

La pièce suivante, écrite après que les troubles des Pays-Bas eurent duré déjà plusieurs années, semble devoir trouver ici sa place. Elle est de Granvelle et contient des éclaircissements sur sa politique..

Il n'y a nulle nation au monde de laquelle ceux que en sont, s'aydent plus l'un l'aultre que l'Espagnole, et mesme la Castillane, set de sorte que, combien entre eux ils ayent leurs passions et discords, et peult estre plus vives, combien que plus dissimulés »que aultres, si est-ce que, pour se soustenir l'un l'aultre et s'ayder, de tant plus où il est question de la réputation de la nation, ils font tout ce que leur est possible; lequel je ne dis pas pour les blasmer, mais j'en les louerois grandement, ne fût que, pour s'ayder en ce, ils chargent souvent les aultres à tort pour couvrir leur faultes, que leur provient de la gloire que leur est si propre et naturelle, et que les stimule aussy à faire choses mémorables, et ordinairement s'attribuent en tout ce qu'ils traictent, soit en faict de guerre, négociation, ou aultres entremises, tout ce que se faict bien, oyres que quelquesfois ils y ayent, à la vérité, ou peu ou point de part, et, si quelque faute succède en partie par leur faulte, comme il advient souvent, pour s'en démesler, procurent de la jetter sur aultres qui ne sont de leur nation, oyres qu'iceux n'ayent culpe quelconque; j'en pourroys dire infinis exemple, pour les avoir hanté tant d'années et tenu lieu où j'ay pen veoir beaucoup des choses et mesme de leurs faict, estant yà la quarantiesme année que je suis receu au Conseil d'Estat de »feu sa M. impériale et tousjours au service jusques oyres, despuis >que le Roy son filz luy succéda à l'administration de ses Royaume set pays; ayant suivi sa M. impériale en tous ses voyages qu'elle a faict, dans celuy de Provence, au retour duquel je le vins trouver »à Gennes, et aultres que le père et le fils ont faict depuis, où ils se sont trouvées en personne, ayant tousjours hanté les dicts

1561. Espagnols, les ayant recueilly' et favorisé, et de sorte que je pourFévrier. vrois faire un volume, si je voulois faire récit de ce que j'ay sollicité

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Ȉ leur occasion, et pour avoir si vivement, et sans aultre respect
que de mon debvoir, tenu le party de mes dits deux M., post-
posant à ce toutes aultres choses, et m'estant employé en services
notables et d'importance avec grand et continuel travail, combien
»que d'iceux, et de ceux faicts par les miens, nous soyons à pro-
portion estés fort mal recognus et recompensés; mais le mesme
>est entrevenu à plusieurs qui ne sont de la nation Castillane
»laquelle procure de par tout usurper le tout, el comporte mal que
>aultres que eux soyent employés aux charges, oyres que souvent
ils ne donnent pas fort bon compte de celles aux quelles l'on les
employe, que provient, oultre tant d'autres causes, qu'il me
d'une [constance3] qu'ils ont d'eux-mesmes,
se persuadants que de toutes entremises ils puissent donner bon
>compte, oyres que le plus souvent ils soient mal propres à icelles,
any n'ont le sçavoir ny la patience pour comporter le soing et
»travail requis à ce qu'ils entreprennent, d'où provient souvent
gran fortcompte, au grand préjudice des affaires; et, si voulons
réduire en mémoire ce qu'est passé au Pays-d'Embas, depuis dix
ans ençà, et les maulx que ils sont entrevenus par leur mauvais
gouvernement et à l'ur occasion, je serois trop prolix, mais la
mémoire en est freische et y aura plusieurs qu'en auront tenu
notte et en escriront, pour excuser ceux du Pays-d'Embas des
calomnies que l'on leur a voulu imposer, pour les mal imprimer
envers le Roy, afin de pouvoir continuer tant les chefs que les
officiers et soldats particuliers, et à tirer leur prouffit particulier,
comme ils ont faict largement, du sang innocent et de la substance
de plusieurs bons subjects, au lieu qu'ils donnoient à entendre
que la guerre qu'ils faisoyent estoit pour le subject du maistre;
amais en plusieurs endroicts, comme il se pourra bien monstrer,
c'estoit contre sa vie propre, luy minant, comme ils ont faict,
ses pays pour en tirer leur profit particulier, luy ayant consumé
asubtilement si grand nombre de millions d'or, que c'est horreur
3 cuidance, bonne opinion ?)..
4. Peut-être ruinant.

leur ayant fait accueil.

2 Lacune.

de le penser et grand regret, quant l'on considère qu'avec si 1561. grandes sommes l'on pourroit conquérir tout l'Orient, au grand Février. bien de la république chrestienne, honneur extrême et prouffit

de sa M., et, au lieu de ce, il trouvera que si grandes sommes ne se sont employés que à la ruyne de ses propres pays, mettant en >extrême nécessité, et tous ses affaires à tous costés en confusion, sans que de si grandes sommes subtilement consumées l'on aye donné jusques oyres compte quelconque, pour ce que ceux ade la nation de Castille, qui s'aydent, comme dessus est dit, J'un l'aultre, et ceux qui ont dépendu d'eux, en ont heu la maniance. Je ne veux pas nier qu'il n'y ayt heu du désordre au dits Paysd'Embas, qu'avoit besoing de remède, et n'est de merveille que »les dits désordres fût entrevenu après une guerre continuelle de neuf ans contre France, aux frays la plus part de dicts pays, qu'ont comporté les plus grands frais, oyres que la guerre ne fust >commencé à leur occasion, et si chacung an des dictes n'en sont soustenu en campagne armée Royale, comme le sçavent ceux qui se sont trouvés, et après les guerres, pour les reliques de la licence que l'on y prend facilement, se treuve après en la continuation des dits desordres; à ceux icy n'a rien aydé ce que sa M. fut forcée se partir incontinent après la conclusion de la paix vers Espagne, devant que d'avoir donné l'ordre requis, tant de son partement, combien que de luy fut faicte très-humble requeste par plusieurs de son Conseil mesme, où que je me suis trouvé, sur les dicts advertissements de maux que, faulte de ce, pourroyent succéder; et à tout cecy aydoit le changement du père au fils, en ce qu'en plus de choses ordinairement entreviennent qu'il n'est besoing icy plus particulièrement déduire; mais tout ce désordre, ne déplaise à ceux qui y on mis la main, se pouvoit mieux, plus facilement, avec moindre frais, et sans si grande ruine, remédier, si avoient volu croire aux advis et advertissements >sincères de ceux qui cognoissoient autant ce que convenoit au service de sa M. et au bien du dicts pays que ceux qui y sont Festés entremis, qui par les œuvres ont monstré combien peu il entendoient, et se devoit prendre l'exemple de ce que de fresche mémoire s'estoit faict en Espagne pour remédier aux Communau

1561. tés(1) advenues avec moins de fondement et plus légière occasion, Février. et de ce que fit feu l'Empereur, quant, si facilement et si bien,

il remédia à ce de Gand, que plusieurs fois et à temps a esté ›ramentu', mais les fauls advertissements que l'on donnoit à sa M. Det vains espoir aulcuns de luy former, de confiscations et nouvelles inventions des impositions et charges grandes, revenus ordinaires et trésoirs pour soustenir par delà la guerre, sans y employer »deniers de Castille, et beaus espoirs de grande victoires de temps »à aultre et de tost achever le tout, et bien tout entretenir [aux] frais, et faict si longuement différer les remises d'où l'on la chante »longuement sans effect, et cependant ce suyvant tout ce que pouvoit contre ceux des Pays pour le mestre en ombre et diffidence, pour faire entendre que sans eux les dits Pays ne se pouvoient »soustenir en obéysance de sa Majesté, afin d'y continuer leur absolu commendement et les pilleries et roberies d'où les soldats »se sont enrichys, enchargant tous les désordres et faultes des »guerres sur ceux des pays, qu'eux-mes mes faisoient, pour suivre en ce leur accoustumé, comme dessus est dit; mais de ce ensui>virent, comme je dis plus particulièrement, aultres, pour descharger aulcuns que l'on a voulu charger à grands torts; et, de fraische >mémoire, nous avons veu si, quand ilz sont seuls, ils font des >fautes lourdes et qu'ils ne peuvent charger sur aultres que sur euxmesmes, et signamment en la guerre advenue depuis peu d'années contre les Moures de Grenade et ce qu'ils ont souffert, je peu dire si honteusement, d'une poignée des gens que se barbe et, si d'Afrique et de Turquie ils fussent estés aydés, comme ils sollicitoient, l'on en eut veu aultre jeu, et ne diront yà ceux de »leur nation que la faulte soit d'aultre que d'eux-mesme, puisque aultres n'y sont estés entremis; et pour retourner à ceux des dits Pays d'Embas, il est clair que les derniers tumultes qu'ont endurés et [pourtés], n'ont heu aultre principal fondement que »l'imposition de vint et dix en Alcanal3 qu'on les vouloit sans

anne à leur

(1) Communautés. Il s'agit des troubles dans les Villes d'Espagne en 1520.

, rappelé. ⚫ déprédations. 3 decimus denarius, quod Alcanales Hispani vocant: Viglii Comm. super impos. dec. den., in Anal. Belg. 1.1. p. 288,

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>nul fondement de raison charger, et l'on se garda bien de les 1561. mestre en praticque au Royaulme de Naples, dont l'on parla Février. avec aulcuns; car c'est un discours que yà de long temps on a ›faict, que l'on a voulu donner ceste charge et de faire entretenir aux Pays d'Embas un terce de douze mil Espagnols, que je me souviens avoir contredit au retour du peu heureux siège de Mets, net que je dis que l'on feroit bien d'en parler avec feu sa M. ›impériale qui connoissoit les pays, que je suis asseuré l'eut rabrouhé' et rejetté, et je désiroys que fuy en parla devant sa retraite, de laquelle il nous avoit à aucuns déclairé confidemment »son intention, et je ne sçay si l'on luy en parla, mais l'on n'en fit depuis semblent; et quant au dict Alcanal, ceux à qui l'on le >communiqua à Naples, le reboutarent fort loing, disant que, si l'on le veuloit mettre en prattique, que le Royaulme salteroit3, vet les choses estoient lors en termes, que l'on se contenta de n'en faire plus semblant. Mais au Pays d'Embas l'on pensoit que avec sune grande crainte de tant de morts, forces et violences, que tout se pouvoit faire, que je contredis dois lors et ensuivant où il appartenoit, et à ceulx-mesmes qui le vouloient mettre en termes, usant en ce de ma rondeur et sincérité accoustumée, mais je n'en fut creu, ou l'on voulu porfier, dont il succéda que, au lieu que le Prince d'Orange ne trouva en sa première entrée le pays, ny en la noblesse, ny aux villes que l'on craignoit, et que tous montrarent l'affection deue à sa Majesté et prompt vouloir à se maintenir à son obéissance, pour garantir et défendre coutre la dicte imposistion, aulcuns appelarent le dict Prince d'Orange et nuls des pays de toutes les dix-sept provinces n'y voulurent consentir, et aussi n'estre chose, comme je l'escript, pratticable en lieu de commerce, où une mesme chose se vent en un jour et dix et douze fois, et Dont mieux entendu les anciens ce qu'emporte entretenir le commerce pardeçà, puisque sans iceluy le pays ne se peut soustenir, comme l'entendent ceux qui de la qualité d'iceluy ont

I

1 repoussé.

reboutèrent," 3 sauteroit, se perdroit, ou falteroit, feroit faute. 4 persévérer (de l'Espagnol porfiar). De même, par ex. se espanteroit pour s'étonneroit (de espantarse): Procès du Comte

d'Egmont. 11. 268.

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