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Louis XI qui, en 1745, commença réellement sa réputation; les Considerations sur les mœurs la consolidèrent.

Appelé à remplir la place d'historiographe, restée vacante par le départ de Voltaire pour la Prusse, il composa les Mémoires secrets des règnes de Louis XIV et de Louis XV; mais ces mémoires n'ont été publiés que depuis la révolution, ainsi que les Considérations sur l'Italie, écrites au retour d'un voyage qu'avaient nécessité des propos trop francs tenus par lui au sujet de l'affaire du ministre d'Aiguillon et de M. de la Chalotais. Duclos prit une part très-active à la rédaction de la nouvelle édition du Dictionnaire de l'Académie, publiée en 1762; ce fut lui qui décida ce corps illustre à substituer l'éloge des grands hommes aux lieux communs de morale, sujets ordinaires des prix d'éloquence décernés annuellement. Quoique lié d'amitié avec le parti des philosophes, Duclos ne partagea point leurs opinions, et sut cependant conserver leur estime. Rousseau le définissait un homme droit et adroit; d'Alembert disait de lui De tous les hommes que je connais, c'est lui qui a le plus d'esprit dans un temps donné. La conversation de Duclos était vive, spirituelle et satirique sans être offensante: on cite de lui un grand nombre de mots très-heureux; il aimait à conter et contait bien, aussi se fâchait-il contre ceux qui gâtaient ses bonnes histoires en les répétant mal.

Comme citoyen, Duclos ne mérite pas moins d'estime que comme auteur. Quoique domicilié à Paris, il fut nommé, en 1744, maire de Dinan, et il prit toujours avec zèle les intérêts de sa ville natale. Il fut ensuite député du tiers aux états de Bretagne, et, sur la demande de cette assemblée, le roi lui accorda des lettres de noblesse (*). Ce pendant il ne renonça pas pour cela à son franc parler, et n'en continua pas moins à poursuivre de ses sarcasmes ces puissants « qui craignent les gens de lettres comme les voleurs craignent

(*) Il était fils d'un chapelier.

les réverbères. » Il mourut à Paris en 1772.

Ducos (Jean-François), né à Bordeaux, en 1765, d'un négociant recommandable de cette ville, manifesta, dès la convocation des états généraux, en 1789, le plus vif enthousiasme pour la liberté. Les électeurs de la Gironde le nommèrent, en 1791, député à l'Assemblée législative. Ducos y siegea à l'extrême gauche, avec Vergniaud. Guadet, Gensonné, etc.; mais, moins accessible que les autres Girondins aux petites jalousies qui finirent par les entraîner d'une querelle d'amour-propre dans une guerre à mort; dédaignant tout ce qui sentait la coterie, et libre de l'influence que la société Roland exerça sur la plupart de ses éloquents et vertueux compatriotes, il se rapprocha du parti démocratique, à la tête duquel s'était placée la société des Jacobins, et contribua puissamment, dans la journée du 10 août, à la chute du trône. Il avait accusé Louis XVI, quelques jours auparavant, de n'être fidèle à la constitution que dans ses discours, et avait appuyé, dans les commencements de la session, la motion faite par Couthon, et qui avait pour but de supprimer les mots de sire et de majesté.

Dans le mois de septembre suivant, il fut réélu par les électeurs de Bordeaux à la Convention nationale. Dans cette nouvelle assemblée, Ducos se rapprocha de la Montagne, comme il s'était, dans la Législative, rapproché des Jacobins ; il s'efforça de réunir les deux partis extrêmes, où brillaient de vives convictions soutenues par de si beaux talents; et discernant au milieu de l'agitation dont leurs débats remplissaient l'assemblée, la faction des prétendus modérés ou neutres, qui couvraient leur ambition du masque de l'impassibilité, il s'écria un jour « Le ventre dévorera les deux bouts, prédiction qui, après le 9 thermidor, ne s'est trouvée que trop bien accomplie.

Au reste, quoique ses sympathies et une amitié qui avait commencé avant sa carrière législative l'entraînassent

DUCOS

L'UNIVERS.

vers les chefs du parti de la Gironde, Ducos, ainsi que Boyer-Fonfrède, son beau-frère, se sépara de ce parti à l'occasion du procès du roi. Il rejeta l'appel au peuple, soutenu par Vergniaud, Guadet, etc., et vota ensuite la mort sans sursis. Porté néanmoins sur la liste de proscription imposée à la Convention par les insurrections du 31 mai et du 2 juin 1793, il en fut retiré sur la réclamation de Marat, qui s'était cependant montré l'adversaire le plus implacable de ses amis. Ducos prit ensuite une part très-active à la discussion de la constitution, rédigée par Hérault de Séchelles, et qui est connue sous le nom de Constitution de 1793. Mais bientôt après, eut lieu le rapport d'Amar sur la conspiration des Girondins. Incarcéré à la suite de ce rapport, Ducos refusa de se dérober à la surveillance de ses gardiens, et ne voulut pas, comme quelques-uns de ses coaccusés, aller, même pour se sauver, susciter la guerre civile dans les départements, et favoriser ainsi le triomphe des ennemis de la république. Il conserva toute sa gaieté pendant son séjour à la Conciergerie, et composa, peu de jours avant de paraître au tribunal révolutionnaire, un pot-pourri plein de verve, sur l'évasion de Bailleul. Condamné à mort le 9 brumaire an II, il chanta constamment la Marseillaise pendant le trajet de la prison au lieu où il devait être exécuté, et cria: Vive la république! en plaçant sa tête sous le couteau. Il était âgé de vingt-huit ans.

Ducos (Roger), né en 1754, était avocat à l'époque de la révolution; il en adopta les principes, et fut nommé, en 1792, député à la Convention, par les électeurs du département des Landes. I siégea parmi les membres de la Plaine, vota, dans le procès de Louis XVI, contre l'appel au peuple, et s'exprima ensuite en ces termes sur la peine à appliquer : « Sur la première question, j'ai déclaré Louis coupable « de conspiration : j'ai ouvert le Code « pénal; il prononce la mort. J'ai vu « dans quelques opinions imprimées qu'on le présentait plutôt comme

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DUCOS

complice que comme auteur des at<< tentats; j'ai encore consulté le Code pénal; j'y ai vu la même peine contre << les complices. Je vote donc pour la temps après, d'une mission en Belgi«< mort sans sursis. » Chargé, peu de que, il revint à Paris avant le 31 mai, et se prononça alors contre les Girondins. La société des Jacobins le choisit, pour son président. Il ne prit aucune au commencement de janvier 1794, part à la réaction du 9 thermidor, et passa au Conseil des Anciens après la clôture de la session conventionnelle. de Job Aimé, et parla en faveur de la Il s'y opposa vivement à l'admission loi du 3 brumaire, qui interdisait l'end'émigrés. Appelé plusieurs fois au trée du Corps législatif aux parents fauteuil, il l'occupait pendant la fameuse séance du 18 fructidor an v, laquelle la déportation fut décrétée tenue à l'École de médecine, et dans contre les membres de la représentation nationale qui avaient participé aux Clichy. trames royalistes des conspirateurs de

Roger Ducos sortit du Corps législatif dans le courant de la même année, et fut réélu par l'assemblée électorale furent annulés comme entachés de jade l'Oratoire (Paris), dont les choix cobinisme. Il retourna alors dans ses foyers, et y fut nommé juge de paix. Barras, devenu directeur, et cherchant à se donner des collègues sur la docisuite entrer au Directoire. Roger Ducos lité desquels il pût compter, le fit enpour aller remplir la première dignité quitta donc ses modestes fonctions de la république. Il était encore directeur lors du coup d'État du 18 brumaire. Il conspira, avec Sieyès, le renversement du gouvernement républicain, et fut récompensé de l'appui qu'il donna à Bonaparte, dans cette provisoire. On raconte qu'à la première circonstance, par le titre de consul réunion des consuls, au Luxembourg, Sieyes, impatient d'apprendre s'il pourrait obtenir la prééminence qu'il amd'embarras : « Qui de nous présidera? bitionnait, demanda avec une espèce Vous voyez bien, lui répondit

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Roger Ducos en montrant Bonaparte « qui avait déjà pris place au fauteuil, « que c'est le général qui préside.

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Lors de l'établissement des consuls définitifs, Roger Ducos fut remplacé par Lebrun, et entra au sénat en qualité de second président. Il fut pourvu, en 1804, de la sénatorerie d'Orléans et de toutes les décorations que la complaisance sénatoriale obtenait de la munificence de l'empereur; il adhéra néanmoins au décret de déchéance prononcé, en 1814, contre Napoléon, ce qui ne le fit pourtant point admettre à la chambre des pairs, en 1815. Il fit partie, avec la plupart des anciens sénateurs, de celle qui fut établie par Napoléon pendant les cent jours; mais la loi d'amnistie du 12 janvier 1816 le força, bientôt après, de sortir de France. Il se tua, au mois de mars de la même année, dans les environs d'Ulm, en s'élançant hors de sa voiture prête à verser. [Voy. BRUMAIRE (coup d'État du 18) et DIRECTOIRE.]

DU COUÉDIC de Kergoualer (Ch. Louis, vicomte), né en 1740, au château de Kerguelenen, en Bretagne, entra dans la marine en 1756, et fut, en 1778, chargé du commandement de la frégate la Surveillante. Il avait déjà fait un assez grand nombre de prises sur le commerce anglais, et livré d'heureux combats à plusieurs corsaires, et il se trouvait, le 7 octobre de l'année suivante, à la hauteur d'Ouessant, lorsqu'il rencontra le Québec, frégate anglaise commandée par le capitaine Farmer. Le combat fut extraordinairement vif et sanglant entre ces deux marins, également jaloux de soutenir l'honneur de leur pavillon. « Le canon avait brisé tous leurs mâts; les deux bâtiments étaient rasés comme des pontons. Du Couédie, renversé par un coup de biscaïen à la tête, tomba évanoui, reprit ses sens, et continua de commander. Il reçut une balle dans le ventre, et ne laissa aucun de ceux qui étaient près de lui s'en apercevoir. Une seconde balle le frappa à côté de la première; alors, voulant profiter d'un reste de forces, il commanda l'abordage. Les grenades lancées par les

Français enflammèrent un amas de goudron sur la frégate ennemie; le feu s'étendit rapidement : il allait se communiquer aux poudres. Du Couédic cria à Farmer d'amener son pavillon, et que les Français l'aideraient à éteindre l'incendie. Farmer releva son pavillon abattu, et le cloua à un débris de mât. Sur ce refus héroïque de se rendre, la frégate française s'éloigna pour n'être pas emportée par l'explosion presque tous les Anglais se je tèrent à la nage, et Farmer sauta avec son bâtiment. Les Anglais étaient trois cents en commençant le combat : quarante-trois furent sauvés des flots par les Français. Louis XVI renvoya de tels prisonniers avec honneur dans leur patrie. Du Couédic mourut à Brest, de ses blessures (le 7 janvier 1780); le roi lui fit élever un monument, et acquitta envers sa veuve et sa famille la dette de la France (*). » Quelques semaines avant sa mort (le 20 octobre), du Couédic avait été élevé au grade de capitaine de vaisseau. La pension de la veuve fut de 2,000 livres, réversibles par égales portions sur ses trois enfants, qui, eux-mêmes, eurent chacun une pension de 500 livres.

Le monument élevé à la mémoire de ce brave marin, en 1780, fut détruit en 1793; mais un arrêté du département du Finistère, rendu en 1805, et approuvé par l'empereur, en ordonna le rétablissement. L'inauguration s'en fit avec éclat, et l'amiral Ganteaume présida à la cérémonie.

DUCRAY-DUMINIL (François-Guillaume), né à Paris, en 1761, mort en 1819. Ce romancier fécond, dont le nom a été, à une certaine époque, presque aussi populaire que l'est aujourd'hui celui de Walter Scott, mérite une mention comme représentant le goût d'une masse de lecteurs et la manière d'écrire d'un grand nombre de littérateurs au commencement de ce siècle. Une vogue pareille à celle dont il a joui ne prouve pas le talent de l'auteur: mais l'on peut dire que lorsque

(*) Histoire du règne de Louis XVI par J. Droz, t. I, p. 330.

Ducray-Duminil écrivait, il y avait une infinité de romans plus nuls, plus niais, plus mal écrits encore que Victor, le Petit carillonneur, les Soirées de la chaumière, etc., etc.

DUCRET, officier dont le nom se rattache aux souvenirs les plus glorieux de nos armées de terre et de mer. Sergent-major au 3o bataillon du 67o régiment de ligne, en 1800, il se signala, pendant la guerre contre les Autrichiens, par un trait de courage qui sauva le drapeau de son bataillon: à la tête de dix-sept hommes, honorable débris de sa compagnie, dont tous les officiers avaient été tués, il fut assez heureux pour résister à tous les efforts des grenadiers hongrois et pour les repousser.

En 1805, Ducret, lieutenant au même corps, fut embarqué sur le vaisseau l'Atlas, et y commanda la fusillade sur le gaillard d'avant, au combat naval qui eut lieu par les 42 et 43 degrés de latitude. Quoique blessé grièvement, il refusa de quitter son poste pour se faire panser, et soutint, par son admirable dévouement, le courage des grenadiers du 2o de ligne, dont le capitaine avait été renversé par l'explosion du banc de quart. Au combat de Trafalgar, où il commandait les cinq premières pièces de la seconde batterie du vaisseau l'Achille, il refusa également d'abandonner son poste, malgré la gravité des blessures qu'il avait reçues dès le commencement de l'action: il fallut, pour réduire au repos cet indomptable courage, que l'excès de la fatigue et une hémorragie considérable le missent hors d'état de diriger le feu. Enfin, aussitôt qu'il eut repris quelques forces, on le vit encore travailler avec la plus grande activité à arrêter le progrès des flammes, persister jusqu'au dernier moment, et ne se jeter à la mer que l'un des derniers. Tant d'héroïsme lui valut le grade de capitaine.

Le capitaine Ducret a suivi le 67° de ligne dans toutes ses campagnes, depuis 1792 jusqu'en 1811. Ce ne fut qu'après dix-neuf années de services qu'il le quitta, pour passer chef de ba

taillon au 3o régiment d'infanterie légère, où il soutint sa réputation d'officier intrépide. Il commandait, à la bataille de Bautzen, le 21 mai 1813, un bataillon de conscrits qui se signala par son courage et sa constance.

Le 19 octobre 1813, il se trouvait dans la ville de Leipzig, où, conformément aux ordres qu'il avait reçus, il donna tête baissée avec sa troupe dans une colonne ennemie qui entrait par le faubourg de Bormia. Le bataillon à la tête duquel chargea Ducret y périt presque tout entier, et lui-même fut percé d'un coup de baïonnette et meurtri de plusieurs coups de crosse de fusil; mais, pendant qu'il était ainsi aux prises avec l'ennemi, et qu'il affrontait les plus grands dangers, une partie de l'armée française, maréchaux, généraux, officiers et soldats, traversait la rivière et avait déjà échappé au désastre occasionné par la déplorable négligence du colonel Montfort et par la terreur panique d'un caporal. L'explosion du pont avait eu lieu depuis plus d'une demi-heure. Le chef de bataillon Ducret, ayant perdu presque tout son monde dans cette affaire, tomba enfin au pouvoir de l'ennemi, qui le dépouilla, dit-on, entièrement, mais qui ne put lui ravir l'insigne honneur d'avoir rendu à l'armée française un de ces services qui sont au-dessus de tous les éloges et de toutes les récompenses.

DUCROISI (Philibert-Gassaud), l'un des comédiens les plus distingués de la troupe de Molière, y fut enrôlé en 1659, après la rentrée de Pâques, et contribua puissamment aux succès du nouveau théâtre. Molière ne craignit pas de lui confier le rôle de Tartuffe, et Ducroisi le créa avec une supériorité incontestable. C'était un gros homme de bonne mine, dont le jeu avait beaucoup d'originalité. Après la mort de Molière, il se retira à Conflans, près Paris, avec une pension de 1,000 livres, et y mourut en 1695, à l'âge de 65 à 66 ans. Il fut si vivement regretté par son curé, que ce digne ecclésiastique n'eut pas le courage de célébrer lui-même la cérémonie funè

bre. Ducroisi était fils d'un gentilhomme de la Beauce.

DU DEFFANT (Marie de VichyChamroud, marquise). Elle naquit en 1697, d'une famille noble de Bourgogne. Après avoir été assez mal élevée dans un couvent, elle fut mariée à un homme avec lequel elle n'avait aucune conformité de goûts ni d'humeurs, et qui était beaucoup plus âgé qu'elle: mais elle n'avait point de fortune, et on ne lui permit pas de refuser un parti qu'on jugeait avantageux. Les deux époux ne vécurent pas longtemps en bonne intelligence, et madame du Deffant, s'affranchissant d'une société qui lui était insupportable, vécut libre et indépendante dans un monde qui pardonnait aisément le scandale en faveur de l'esprit et de la beauté. Elle fut bientôt une des femmes les plus admirées et les plus célèbres de l'époque. On recherchait avec empressement le plaisir de s'entretenir avec elle de nombreux rivaux se disputaient l'honneur d'attirer ses regards et ambitionnaient la possession de son cœur. Elle ne le défendait pas avec trop de sévérité, et le donna plusieurs fois. Le président Hénault fut celui qui lui inspira le sentiment le plus durable. Quand l'âge de la galanterie fut passé, elle continua à plaire et à régner par son esprit. Ce qui est singulier, c'est que cette femme, si bien faite pour s'intéresser à tous les objets que la vie humaine présente à la pensée, et pour trouver autour d'elle des sujets de distraction, des occasions de plaisir, était sans cesse poursuivie d'un ennui qu'elle combattait par tous les moyens, et contre lequel tous les remèdes étaient impuissants. Aussi ce fut pour elle un grand malheur, plus grand que pour tout autre, lorsqu'à cinquante ans elle sentit sa vue s'affaiblir, et devint bientôt aveugle. C'est alors qu'elle songea à se donner une compagne en qui elle pût trouver les soins de l'amitié et les charmes de l'esprit. Elle prit avec elle mademoiselle de Lespinasse, femme non moins remarquable qu'elle par la force de l'intelligence et le dédaín des préjugés. Mais leur union ne dura

guère; une rivalité de femme et de bel esprit s'engagea entre elles, et une rupture éclatante vint les séparer sans retour. Les nombreux amis de madame du Deffant cherchèrent, autant que possible, à consoler et à divertir sa vieillesse, et à la préserver de cet ennui dont elle se plaignait sans cesse. Du reste, en se plaignant toujours, elle avait une grande force d'âme, et conservait un grand sang-froid. Ses plaintes n'ont pas un ton de faiblesse, et ne partent pas d'une âme abattue et désespérée. Elle se piquait d'être philosophe, et avait de justes droits à cette prétention. Très-incrédule, elle ne faisait point étalage de son scepticisme, et donnait un bon exemple de discrétion aux encyclopédistes ses amis. Elle mourut intrépidement, sans fausse bravade, froide et calme, comme elle avait vécu. Ce qui distingue surtout sa correspondance, c'est la justesse d'un esprit vif, la rectitude d'un jugement sain, et la fermeté d'une raison sérieuse et profonde. C'est par là qu'elle plaît, plus que par les grâces de l'imagination et le charme de la sensibilité. La partie la plus intéressante de sa correspondance est celle qui est adressée à Walpole et à Voltaire. Les lettres qu'elle leur écrit jugent sévèrement la société de l'époque, les hommes du monde, les écrivains les philosophes : c'est la conversation d'une femme pessimiste, mais sans amertume et sans fiel. Elle dit les choses comme sa raison les voit, et d'ordinaire sa raison ne voit que trop juste; comme son esprit en est frappé, et son esprit est fin, brillant, naturel, digne en tout des éloges de Voltaire, bon juge en cette matière. Voltaire, frappé de la pénétration avec laquelle elle observait les hommes alors qu'elle ne pouvait plus les voir, l'appelait l'aveugle clairvoyante. Elle mourut en 1780, âgée de 80 ans.

DUDEVANT (madame). Nous ne parlerons ici que des ouvrages de madame Dudevant, ou, pour la désigner par le pseudonyme qu'elle a adopté, et qui est devenu son nom populaire, de George Sand. Nous n'essayerons

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