BULLETIN DU COMITÉ D'HISTOIRE ET D'ARCHÉOLOGIE. DE LA DIPLOMATIQUE SACRÉE ET DE QUELQUES ACTES IMPORTANTS DONT ELLE ENSEIGNE LA FORME ET LES CARACTÈRES D'AUTHENTICITÉ. Dans son acception la plus générale, la Diplomatique est une science qui a pour objet de faire juger sainement des diplômes, des chartes et autres actes publics, par la connaissance des écritures anciennes, des formules et des pratiques employées pour rédiger ces sortes de titres, et leur donner les divers caractères d'authenticité dont ils doivent être revêtus. Dom Jean Mabillon, célèbre bénédictin, l'une des gloires de la France et de la Congrégation de Saint-Maur, créa la Diplomatique au XVIIe siècle. Son livre de re diplomaticâ parut en 1681, et posa des principes de la plus haute importance dans les recherches qui préparent les monuments de l'histoire. D'autres bénédictins étendirent et perfectionnèrent les utiles enseignements qu'il renferme. Mais jamais ils ne prétendirent amoindrir le mérite hors ligne du modeste et savant religieux qui, après avoir obtenu les applaudissements de l'Europe entière, refusa TOME III. Ire LIVR. Janvier et Février 1862. également, et les récompenses de Colbert, et les faveurs du Souverain Pontife. Nous avons déjà donné une idée succincte des caractères généraux que la diplomatique énumère dans les anciens titres dont elle recherche l'authenticité. Et pour en faire mieux saisir l'application, nous les avons mis en lumière à propos de la charte comtale des coutumes du Fezensac (1). Notre intention, dans ce nouvel essai, est d'indiquer les conditions spéciales de certains diplômes dont l'objet se rapporte aux matières religieuses. Tels sont, par exemple, les RESCRITS qui émanent des Souverains Pontifes, soit à l'adresse d'un personnage en particulier, soit dans un but d'utilité publique. LES RESCRITS PONTIFICAUX. Nous ne prenons cette expression que dans le sens le plus large de lettres apostoliques, sous quelle forme qu'on les expédie et quels que soient les objets dont elles traitent. Néanmoins, il ne saurait être ici question des missives si nombreuses d'une sorte de correspondance qu'on pourrait presque dire privée, entre les Souverains Pontifes et différents personnages tant séculiers que réguliers, de toutes les nations et de tous les siècles de notre ère. Cette importante collection est sans doute une mine inépuisable de richesses historiques, dont l'intérêt est proclamé, de nos jours, dans le monde savant, plus haut encore qu'aux époques antérieures. Mais le caractère qui leur est propre place ces lettres innombrables en dehors du cadre spécial que nous nous sommes tracé par le titre qu'on vient de lire en tête de cet article. Nous n'entendons pas non plus parler des simples réponses que le Souverain Pontife fait à une supplique sur la feuille même qui porte la demande, bien que cette seconde écriture prenne le nom (1) Tome I, page 249 et suivantes de cette Revue. |
